Test - Vasara Collection - Sans amour et 100 yens

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Sortis respectivement en 2000 et 2001 en arcade au Japon, Vasara 1 et 2 arrivent enfin sur console, pour la première fois. Basée à Kyoto et connue des joueurs pour ses nombreux titres sur Neo Geo dans les années 90, la société Visco nous a livré en ce début de millénaire sa vision du danmaku (aussi appelé “Bullet Hell” ou encore “Manic Shooter”), un sous-genre du shmup défini par la présence massive de tirs à l’écran. La moindre collision avec les projectiles entraîne immédiatement la perte d’une vie, mais il est toujours possible de s’en sortir notamment grâce à un masque de collision minuscule couplé à une géométrie relativement prévisible des motifs de tir. Non content de nous proposer les deux titres originaux, les brésiliens de QUByte Interactive en charge de cette collection se sont permis d’y ajouter un remake développé spécialement pour l’occasion, le tout pour un prix à la sortie allant de 5 à 10€ selon les plateformes. De quoi piquer notre curiosité ...

Visco Night

Le mode timeless en multijoueur jusqu’à 4

Comme dans tout bon shoot’em up arcade qui se respecte, le principe est simple : terminer l’ensemble des niveaux sans utiliser de “continue”, soit l’équivalent de venir à bout du jeu avec une seule pièce en salle d’arcade. Une épreuve dont le succès n’est réservé qu’à la petite frange de joueurs qui auront le courage et la détermination de travailler leurs esquives, d’apprendre les attaques et les patterns de tir des boss jusqu’à maitriser les 6 et 12 niveaux qui constituent les titres. Ainsi, la durée de vie d’un shmup comme Vasara ne se mesure pas à la longueur ou au nombre de stages, mais au temps qu’il vous faudra pour maîtriser le jeu et atteindre le fameux “One Credit Clear”, souvent abrégé “1CC”.

Avant de plonger dans le vif du sujet, il est important de préciser que Vasara 1 & 2 sont des jeux verticaux, prévus initialement pour des écrans 3/4 (comprendre : un écran 4/3 renversé). Vous aurez donc la possibilité de jouer avec des grosses bandes sur les côtés de l’espace de jeu, ou si vous disposez d’un écran rotatif, vous trouverez dans les options un mode “Tate” qui vous permettra de profiter d’une surface de jeu bien plus grande. Aussi, une grande surface de jeu et une proximité avec l’écran sont fortement recommandés, dans la mesure où l’expérience arcade proposait généralement un écran de 29 pouces à 50 cm de vos yeux …

L’amour du risque

Les boss balancent la sauce

Dans le premier jeu Vasara, vous disposez de 3 attaques : le tir classique, une attaque chargée et la bombe. L’attaque chargée est au coeur du gameplay : elle stoppe votre tir normal pendant quelques instants, ce qui vous rend beaucoup plus vulnérable. En contrepartie, l’attaque chargée vous permettra de faire beaucoup de dégâts de proximité, tout en faisant disparaître les tirs ennemis qui entrent dans la zone de l’attaque.

Contrairement à la plupart des titres du genre, la collision avec les ennemis n’est ici pas mortelle, mais vous repousse légèrement. Cette mécanique couplée à l’attaque chargée fait de Vasara un jeu très brutal, qui vous demandera en permanence d’aller au contact des ennemis, tout en exigeant régulièrement d’arrêter vos tirs pour pouvoir vous protéger d’une salve de balles touffue.

L’attaque chargée est également utile pour maximiser votre score : un multiplicateur de points se déclenche à chaque utilisation, et dépendra du nombre d’ennemis tués pendant cette courte période.

Récupérer les gemmes lâchées par les ennemis vous permet également de charger une jauge qui, une fois pleine, transformera votre prochaine attaque chargée en “attaque Vasara” : un mouvement offensif plus long, plus puissant et qui fera mathématiquement monter plus haut le fameux multiplicateur.

Vasara 2 reprend la formule de son aîné, supprime la bombe mais découpe la barre Vasara en 3 compartiments, ce qui permet de déclencher l’attaque beaucoup plus régulièrement. En résulte un jeu beaucoup plus dynamique, mais toujours aussi difficile.

Enfin, Il faudra également veiller à ne pas laisser filer les ennemis équipés d’un drapeau et les « mid-boss » afin d’obtenir un bonus de points en fin de stage.

Vous l’aurez peut-être déjà deviné, les jeux Vasara sont relativement exigeants, et il vous faudra beaucoup de persévérance pour en voir le bout. La vitesse est d’ailleurs relativement lente dans les 2 jeux, en résulte une légère impression de flottement qui ne plaira pas forcément à tout le monde.

Vasara Timeless, une expérience 100% originale

Un filtre blur est activé par défaut, n’hésitez pas à l’enlever dès votre première partie

La grosse surprise de cette Vasara collection, c’est la présence du mode Timeless : un mode de jeu assimilable à un remake : les décors et les vaisseaux sont maintenant intégralement en 3D, conservant la vitesse de déplacement du défilement vertical mais sur une surface de jeu horizontale 16/9, beaucoup plus large. Un dash qui se recharge assez vite a donc été ajouté, très utile pour aller détruire un ennemi trop éloigné, ou pour esquiver une salve mortelle. L’ensemble des personnages des deux premiers jeux sont présents, et choisir un personnage de Vasara 1 ou 2 influencera le fonctionnement de l’attaque Vasara (et la présence ou non d’une bombe) pour correspondre au jeu duquel il est issu.

Plutôt ennuyeux de prime abord, le jeu va rapidement se montrer beaucoup plus généreux en gemmes, ce qui vous permettra de charger très rapidement votre attaque Vasara, voire même de récupérer immédiatement votre barre le temps de l’attaque en profitant du boost de vitesse associé pour récupérer encore plus de gemmes.

Ce mode est par ailleurs jouable à 4 en local sur le même écran, qui laissera place à un carnage visuel qui ne manquera pas de rappeler un certain Gigawing 2.

Malheureusement, si l’idée d’une collection à petit prix regroupant deux titres oubliés dans les salles d’arcade japonaises couplés à un remake exclusif semble attirante, il ne faudra pas longtemps pour découvrir que sous le vernis se cache un titre bancal, voire cassé par endroits.

Vasara des pâquerettes

Non content d’ajouter une couche vraiment kitsch à l’artwork principal du jeu (qui remporte ainsi l’award de la jaquette la plus moche de l’année dans sa version physique), les éléments de l’interface, le menu principal, et globalement l’ensemble du mode Timeless n’ont rien à envier à un jeu Dreamcast de seconde zone.

Si les jeux Vasara disposent d’une ambiance assez marquée tout à fait appréciable, mélangeant l’ère Edo avec des méchas (parce que, pourquoi pas), les titres de Visco n’ont jamais ébloui par leur qualité graphique, notamment à cause des sprites en 3D précalculée qui résistent généralement assez mal à l’épreuve du temps.

Cependant, faire abstraction de l’aspect visuel ne sauvera pas Vasara collection de la critique. Si un mode Tate est bien présent et vous permettra de profiter du jeu en vertical, il faudra faire avec un menu d’options rachitique et inacceptable pour un portage de Shmup. Rien pour régler la taille de la zone de jeu, impossibilité de réassigner les touches sur la manette, aucun mode entraînement pour travailler une section ou un boss du jeu, aucune save-state, et enfin une incompatibilité avec le stick arcade officiel (pour leur défense, le problème à ce sujet est aussi côté Microsoft, avec une implémentation qui semble complexe et mal documentée pour les développeurs).

Pire encore, le jeu vous propose de choisir entre tableau des scores en ligne ou hors ligne, mais le tableau est limité à 10 entrées uniquement. Comprenez donc que si vous n’êtes pas dans les 10 meilleurs mondiaux, vous n’avez aucune possibilité de sauvegarder vos scores sans sortir un carnet de notes pour suivre votre progression, ni de vous mesurer à vos amis en ligne. Cerise sur le gâteau : dans le mode timeless, le game-over est immédiat, ce qui vous empêche de connaître votre score en fin de partie sans avoir enregistré en vidéo l’instant exact de votre mort !

Une décision tout bonnement incompréhensible pour un jeu dont l’essentiel repose sur la course au score et au dépassement de soi …

Bilan

On a aimé :
  • Des classiques oubliés maintenant accessibles
  • Une ambiance pas dénuée de charme
  • Un Remake exclusif
On n’a pas aimé :
  • Des options basiques qui manquent cruellement
  • Un enrobage kitsch à souhait
  • Le leaderboard limité à 10 scores
Un goût d’inachevé

Vasara Collection est une curiosité. D’un côté, l’idée de sortir dans une collection des titres oubliés à prix abordable, en se payant le luxe d’offrir un remake 3D exclusif, a tout pour ressembler à une lettre d’amour au shmup. Malheureusement, derrière un vernis déjà écaillé par une esthétique douteuse, se cachent des errances incompréhensibles dans la conception de cette compilation, qui feront bondir n’importe quel amateur éclairé du genre. Vendu entre 5 et 10€ à la sortie, Vasara Collection est évidemment incomparable avec le travail que peut fournir un studio comme M2, mais dont les productions sont aussi bien plus chères. Cependant, il reste difficile de pardonner ces erreurs aux équipes de QUByte, qui se sont payé le luxe de recréer un 3ème jeu complet inattendu en 3D, tout en oubliant des options simples et indispensables pour un shmup. Un titre à réserver aux amateurs du genre, et aux curieux qui s’intéressent aux expériences rétro en quête de challenge.

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VASARA Collection

PEGI 3

Genre : Action/Beat them up

Éditeur : QUByte Interactive

Développeur : QUByte Interactive

Date de sortie : 14/08/2019

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch