Ce qui intrigue plus que de voir le logo Square-Enix sur la fiche de Forgotton Anne, ce sont surtout ses visuels. Réalisé par un petit studio danois, le jeu tente l’expérience narrative couplée à des animations soignées le rapprochant d’un long métrage. L’idée n’est pas nouvelle dans le jeu vidéo, loin de là, mais puisque l’éditeur japonais soutient l’initiative, on peut doucement caresser l’idée d’avoir affaire à une expérience réussie comme pouvait l’être Life is Strange.
Vérifiez que vous avez bien éteint votre téléphone
Anne est l’Exécutrice, une figure d’autorité et de loi dans un monde magique peuplé d’objets animés. Son but est de maintenir l’ordre tandis que son maître, Bonku, tente de créer un portail pour relier leur monde à l’Ether, le monde réel. Ce qui alimente ce désir fou, c’est le fait que Anne et son maître, les deux seuls humains, ainsi que tous les objets animés qui partagent leur quotidien ont été oubliés ou abandonnés par les gens du monde réel et se trouvent bloqués à Forgotten Land. Seulement, tous ne semblent pas avoir envie de retourner dans le monde réel et trouvent même l’idée abjecte puisqu’une bande de rebelles multiplie les attaques terroristes sur le chantier afin de tenter d’arrêter la construction du pont magique.
L’aspect narratif est important dans le jeu. C’est l’envie de raconter une riche aventure qui est à l’origine du développement. Il ne faudra pas donc s’étonner de passer beaucoup de temps à suivre des dialogues, presque autant qu’à jouer. Fort heureusement, ce n’est pas un mal car l’histoire est non seulement intéressante mais bien menée. Les dialogues ne sont pas étrangers à la réussite du projet puisque les doublages anglais sont de bonne qualité. Dès le début du jeu, on sent l’effort fourni pour raconter quelque chose d’intéressant et d’original mais aussi qu’une attention toute particulière a été portée à l’écriture et la mise en scène. Le rythme est bien mené et l’histoire n’oublie pas de raconter des choses tout en multipliant les parallèles avec des sujets contemporains et de la vie. Si le scénario n’est pas d’une grande profondeur, il évite de tomber dans les clichés et la facilité ce qui fait qu’il saura toucher autant les plus jeunes que les adultes, pour peu que les films d’animation à plusieurs niveaux de lecture vous parlent.
Ramassez votre pop-corn en partant
En termes de gameplay, le jeu peut se rapprocher d’un point’n click moderne. On se déplace dans des environnements en 2D et on est amené à rencontrer une galerie de personnages hauts en couleurs et parfois attachants. On ressent une inspiration très cartoon dans la manière de donner vie à des objets du quotidien. Là où c’est intéressant, c’est qu’il faudra faire des choix moraux durant les dialogues. Les actions de Anne ne sont pas sans conséquences et, à plusieurs moments, ses choix lui seront rappelés pour montrer les incidences qu’ils peuvent avoir. L’histoire ne propose pas plusieurs arcs narratifs pour autant, mais le tout est assez bien mené pour impliquer le joueur. Il faut dire que le reste du temps, à part actionner quelques leviers, utiliser sa magie pour activer des machines et libérer des chemins, on ne fait pas grand-chose. Il y a bien quelques passages de plateforme mais malheureusement, la raideur des sauts ne les rend pas agréables à traverser. Il y a même un passage qui faisait douter de la bonne résolution d’une énigme puisqu’il demandait un saut précis à réaliser rapidement. Cela me semblait tellement peu réalisable que j’ai réussi par hasard à force de tentatives. C’est fort heureusement assez rare dans le jeu, mais dans tous les cas, la raideur des sauts tranche fortement avec le reste des animations très soignées.
Visuellement, le titre est très joli. Les décors sont parfois vraiment beaux, multipliant les calques et les animations des arrière-plans pour les rendre plus vivants. La gestion de la lumière est fort réussie aussi, renforçant les ambiances sombres par moments et plus légères à d’autres. Toute l’aventure est très fluide et bien mise en scène avec des zooms et des plans plus larges sans jamais casser le rythme avec des temps de chargement. Le pari de raconter une histoire de manière limpide et intéressante est parfaitement relevé et le sentiment de vivre un film d’animation est renforcé autant par les doublages, comme dit plus tôt, que par la partition musicale très typée. Il faut une grosse poignée d’heures pour voir le générique de fin mais si l’univers vous a plu, vous aurez la possibilité de revenir à certains moments du jeu pour faire d’autres choix et voir ce qui varie ou tout simplement tenter de collecter tous les items à ramasser durant le jeu.