... et prends la mienne !
Alors oui, AMY est un jeu XLA à seulement 800 Mpts (10 euros), et oui Amy est le fruit du travail d’une toute petite équipe de développeurs qui n’a pas à rougir du résultat final. Les graphismes sont propres sans être transcendants mais se situent facilement dans la moyenne haute des jeux XLA. Lana est belle et le look des mutants sophistiqués dans leur relecture du mythe du zombie. Malgré cela, Amy échoue sur deux points. Le premier est d’ordre purement technique. Mon vieux maître d’arts martiaux me reprenait souvent avec cette phrase : « N’essaie jamais de faire un triple high kick sauté enchaîné avec une coup de coude dans les gencives alors que la seule chose que tu arrives à faire pour l’instant c’est de mettre un pied devant l’autre. » En gros, cela veut dire qu’il ne faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre.
Et la petite équipe de Paul Cuisset n’avait pas les épaules pour faire un jeu avec l’ambition technique d’AMY. La caméra tousse sans arrêt, même durant les scènes cinématiques, l’animation est rigide, froide et les bugs sont légion. On peut passer outre une technique défaillante lorsqu’elle ne nuit pas au plaisir de jeu mais dans le cas d’Amy, avec ses points de sauvegardes espacés et son avancée méthodique par l’échec, voir Lana tomber raide morte sans savoir pourquoi, voir Amy lâcher la main de Lana dans des phases de course, voir un pouvoir ne pas fonctionner, voir certains scripts ne pas commencer (bloquant l’avancée dans le jeu) et assister à la disparition régulière de son inventaire après une mort malheureuse, tout cela nuit fortement au capital sympathie initial d’Amy. On peut faire fi d’une progression laborieuse suite à des points de passage éloignés et l’impossibilité de sauvegarde dans un chapitre mais devoir refaire une séquence à cause d’un bug est par contre rédhibitoire. Ces bugs interviennent de façon trop récurrente pour être négligeables. L’excuse de la petite équipe ne peut pas justifier une finition aussi déplorable qui exclut toute phase de bêta test digne de ce nom. On peut toujours espérer un éventuel patch mais aucun communiqué en ce sens n’a été fait de la part de Lexis Numérique.
Malheureusement, le deuxième point sur lequel échoue AMY ne pourra jamais être corrigé par un patch. L’histoire du jeu et sa narration passe totalement à côté de son sujet et ce n’est pas seulement dû au catastrophique doublage anglais qui accompagne le jeu. Au lieu de s’attarder sur la construction du relationnel entre Amy et Lana, sur l’émotion de la situation, le jeu se contente de gros plans sur le visage d’Amy, tout sourire, lorsque Lana la félicite pour avoir réussi à appuyer sur un bouton. La mise en scène est catastrophique et ne marque pas seulement un manque de moyens mais aussi une véritable incapacité à enchaîner les séquences entre elles. La plupart du temps, les cinématiques s’arrêtent trop brutalement ou partent n’importe comment. Les dialogues sont totalement hors de propos et détachent les personnages de la situation. Au final on ne nous donne aucun moyen pour éprouver de l’empathie pour les personnages, l’horreur et la peur sont totalement absentes et seul le stress et la tension subsistent. Durant toute l’aventure (qui se termine là aussi de façon chaotique), on attend une étincelle entre ces deux personnages, mais jamais, au grand jamais, elle n’arrive à prendre, soufflée aussi rapidement qu’elle arrive par des dialogues creux ou des réactions affligeantes. L’aventure d’Amy et Lana aurait pu être une grosse claque émotionnelle mais il n’en est rien.