Le premier Killzone, sur PS2, avait fait son petit effet à l’époque. Bancal par bien des aspects, il avait pour lui une identité visuelle très forte, et le fait qu’il était un représentant du genre exclusif à la console de Sony, alors que la PS2 était dans ce domaine très en retrait de la Xbox. Rebelote sur PS3, avec un Killzone 2 à nouveau sous les projecteurs, cette fois grâce à une réalisation haut de gamme impressionnante techniquement. Comme pour son ainé, cela cachait un jeu aux carences par ailleurs importantes, à commencer par level design banal et une exploitation loupée d’un background pourtant intéressant. C’est dans une logique espérée de progression que Killzone 3 pointe le bout de son nez. Si on n’a pas de doutes sur le fait qu’il capitalisera sur les qualités du précédent, la véritable question qui se pose est de savoir si cette fois il saura aller au-delà du plumage, pour y associer son ramage et s’imposer comme un grand fps sur consoles.
Pas d’idées, mais du pétrole !
L’histoire reprend là où celle de Killzone 2 s’était arrêtée. On retrouve donc Sevchenko, et à nouveau ça va causer de pétrole, de crise énergétique et de Helghasts pas contents. Difficile d’en dire plus, non pas qu’il y ait un suspense quelconque à protéger, mais parce que l’histoire est simplement dénuée d’intérêt. Déjà banale à la base, n’exploitant pas le background pourtant potentiellement riche de cette série, elle se permet en plus de développer une narration à côté de la plaque n’entretenant à aucun moment le peu d’attention qu’on pourrait avoir, et désamorçant ainsi les quelques vagues idées qui auraient pu être développées (principalement concernant la moralité du héros).
Il faut dire que les dialogues n’aident en rien. Voulant se la jouer bad ass en lorgnant très fort du côté de Gears of War, tout cela tombe à plat avec une régularité déconcertante, et est plus ridicule qu’autre chose. Si on ajoute le peu de charisme du héros, on commence donc avec un gros point noir pour Killzone 3, puisque tous ces éléments combinés nuisent grandement à l’implication qu’on peut avoir, et on se fout pas mal de ce qui arrive aux personnages. L’immersion en prend pour son grade, tout comme la cohérence de l’ensemble, le jeu donnant plus l’impression d’être une succession de scènes plutôt que d’être une histoire interactive. Autant le dire tout de suite, la fin du jeu est le point d’orgue logique de tout ça, et est une belle catastrophe laissant un goût amer chez le joueur.
Heureusement, Killzone 3 est un fps, et propose bien d’autres choses que cette histoire bâclée ! En premier lieu, de l’action, de l’action, et encore de l’action. Et là, bonne nouvelle, le cahier des charges est bien rempli. Cerise sur le gâteau, des leçons ont été tirées des faiblesses du précédent opus, en particulier au niveau de la diversité des niveaux. Terminé les couloirs et les séances de shoot lassantes et répétitives du 2. Les environnements sont plus grands, plus ouverts, et les situations nettement plus variées, avec des phases de gameplay originales qui rompent avec le classique fps. Certaines très réussies, comme le jet pack, d’autres nettement moins, comme ces séances de tir aux pigeons aux commandes de tourelles. Tout cela ne donne pas un level design exceptionnel par rapport à la concurrence, mais c’est d’un bon niveau, et bien meilleur que pour l’épisode précédent. Et surtout, c’est presque toujours intense et spectaculaire, allant même parfois jusqu’à une certaine confusion à l’écran.
S’il reste quelques problèmes de rythme, c’est en grande parti à cause de cette foutue narration dont on a déjà parlé, et également du fait d’une maîtrise discutable des temps forts proposés. Ils sont bien présents mais ne sont pas toujours bien « vendus », car à force de vouloir rechercher l’intensité, on oublie en chemin que pour la souligner il est important de ménager ses effets en proposant des zones de calme relatif avant la tempête. Ce que des jeux comme Halo ou Uncharted 2 réussissent parfaitement, mais qui manque encore dans la série développée par Guerrilla.
Killzone 3 est l’équivalent ciné du blockbuster de l’été, et aurait pu être réalisé par Michael Bay. Pas vraiment original, piochant ses inspirations dans d’autres titres à succès, mais très efficace et distrayant.