Les affaires de harcèlement au sein d’Activision Blizzard ne sont pas encore terminées. Alors que l’entreprise attend les décisions administratives concernant son rachat par Microsoft, Activision demande aux actionnaires de voter contre un rapport de situation sur le harcèlement en son sein.
Activision ne souhaite pas rendre ses données publiques
Comme le rapporte Axios, l’état de New York a proposé à Activision d’établir un rapport annuel sur les abus, le harcèlement et la discrimination sur son lieu de travail. Mais Activision ne voit pas cette proposition d’un bon œil et demande à ses actionnaires de voter contre.
Voici quelques points qui devaient figurer dans ce rapport :
- Le nombre total de plaintes d’abus sexuels, de harcèlement ou de discrimination en attente que l’entreprise cherche à résoudre.
- Le montant d’argent dépensé par Activision pour régler les réclamations pour faute professionnelle au cours des trois dernières années.
- Le nombre de plaintes pour inconduite en attente auxquelles l’entreprise est confrontée.
Dans une note envoyée aux actionnaires vendredi, Activision a recommandé à ces actionnaires de voter contre cette proposition car il ne croit pas que « cette proposition soit dans le meilleur intérêt de la société ou de ses actionnaires. »
Tout d’abord, le Conseil estime que, plutôt que de détourner l’énergie et les ressources vers la création d’un autre rapport, nous devrions continuer à répondre directement aux préoccupations des employés. Concentrer toute notre attention sur ces préoccupations est le meilleur moyen de créer rapidement et efficacement un véritable changement dans notre milieu de travail.
Deuxièmement, le rapport proposé lui-même, même s’il est achevé après un temps et des dépenses considérables, créerait un ensemble de paramètres qui ne sont tout simplement pas les meilleures mesures de la manière dont la société répond aux préoccupations des employés. Le conseil s’engage à mesurer avec précision la rapidité et l’efficacité de nos changements, et non sur la base de paramètres qui ne sont pas précisément adaptés à la situation de notre entreprise.
À ce titre, la Société est d’avis que continuer à concentrer ses efforts sur la réponse directe aux préoccupations des employés et continuer à mettre en œuvre des améliorations en milieu de travail est la meilleure voie à suivre.
Le linge sale se lave en famille
Activision préfère donc gérer ces affaires en interne et ne pas communiquer publiquement sur le nombre de cas dont il est question, ni sur tout autre chiffre qui permettrait de comprendre l’ampleur du problème.
Activision cite néanmoins une enquête menée en Californie qui a estimé que 2500 employés avaient été touchés par les questions de discrimination, représailles ou inégalité de rémunération, ce qui représenterait un montant de 930,3 millions de dollars de compensations.
Activision admet que la production d’un tel rapport de situation aiderait les actionnaires à évaluer si la société améliore sa gestion, si ses actions sont conformes à ses déclarations publiques et si elle demeure un investissement durable. Mais le groupe précise aussi qu’un tel rapport pourrait nuire au recrutement de nouveaux employés ou à la rétention de ceux qui travaillent encore pour lui. « Les signalements et les constatations d’inconduite au sein de la société peuvent également compromettre ses relations avec les principaux clients et consommateurs, exposant ainsi la société à des risques supplémentaires. »
Ce n’est pas la première fois que de telles propositions sont faites pour que les entreprises soient plus transparentes sur les sujets de harcèlement au travail. L’état de New York avait proposé la même chose à Tesla et Starbucks.
Une situation similaire avait été vue chez Microsoft l’an dernier. La proposition demandait un rapport annuel résumant le nombre de cas de harcèlement sexuel enquêtés et leur résolution, ainsi que les résultats de toute enquête indépendante sur les dirigeants de Microsoft, y compris le co-fondateur Bill Gates. Microsoft avait recommandé aux actionnaires de voter contre la proposition, mais ces derniers n’avaient pas décidé de suivre.
