Les spectateurs hurlent le nom de leur favori. Les flashs crépitent, la porte s’embrase et l’athlète pénètre dans l’enceinte avant de fendre une foule déchaînée. Les yeux levés vers les gradins bondés, il se nourrit de cette clameur et boit cette hystérie collective qui le transcende juste avant de pénétrer dans l’octogone. Passées les grilles, il se trouve chez lui. Dans son jardin. Prêt à dominer son adversaire, à le détruire et à n’arrêter ses poings qu’une fois qu’ils seront levés dans le ciel par l’arbitre. Seule la victoire compte. L’essence de l’Ultimate Fighting Championship avait été saisie et magnifiée par THQ dans sa série Undisputed. EA Sports l’avait bien compris à ses dépens et, malgré un EA Sports MMA honorable, attendait patiemment que son adversaire morde la poussière pour récupérer sur son cadavre encore fumant l’extraordinaire travail accompli jusqu’alors. Si l’exhumation est une chose, le retour au premier plan sur le ring en est une autre.
Round 1 : Plus affûté que jamais
Je ne l’attendais plus vraiment. Je pensais qu’il n’arriverait jamais à remonter sur l’octogone, littéralement détruit par la disparition tragique de THQ. J’étais là. Et j’ai assisté impuissant au massacre. Un démembrement total d’une violence inouïe qui rappelait les heures sombres de l’ultimate fighting lorsqu’il était encore dans la clandestinité et sans règles. UFC Undisputed faisait partie des victimes collatérales, alors qu’il s’agissait de l’un des meilleurs combattants de l’UFC que l’on ait pu voir sur console avec ce troisième opus au sommet de sa forme. Un guerrier ultime, racé, qui laissait espérer un avenir prometteur jonché de KO pour les années à venir. C’était sans compter sur son rival le plus farouche, EA Sports, qui a essayé brièvement de lui ravir son titre avec un MMA intéressant mais terriblement limité et sans aucune expérience. Leur combat a tourné court par la victoire sans appel au premier round de Undisputed. Aujourd’hui, EA Sports présente son nouveau challenger qui n’est pas un ersatz du MMA mais bel et bien celui d’Undisputed, le combattant ultime qui compte bien retrouver sa gloire passée. A grands coups de genoux, de phalanges, de tibias et de coudes, s’il le faut !
Un combat suffit aux passionnés de la licence de THQ pour retrouver leurs marques et les réflexes qu’ils avaient travaillés durant les trois précédents opus. Pas plus. Mais le premier coup qu’ils reçoivent dans la mâchoire est une grosse baffe visuelle. Pourtant habitués à l’excellence graphique avec la fabuleuse modélisation des athlètes d’Undisputed, EA et l’arrivée de l’UFC sur les consoles dernière génération poussent encore plus loin le rendu visuel. La peau des combattants, les poils, les cheveux, les cicatrices, la sueur, les arcades ouvertes, les marques des coups sur le corps, l’ensemble a été soigné à la perfection et on est totalement dans les normes de la simulation sportive d’aujourd’hui fixées par NBA 2K14.
EA apporte son savoir-faire technique et son expertise en matière d’ambiance sonore. L’octogone vibre à chaque combat comme jamais auparavant et les menus sont accompagnés d’une excellente playlist, configurable à loisir. Le seul point noir demeure la version française des commentaires dans le match, d’une nullité affligeante. Mais il est possible de choisir la langue anglaise par défaut, ce que l’on conseille fortement avant de se lancer dans le grand bain. Toute cette débauche technique a malheureusement un revers qui se situe au niveau des temps de chargements du jeu qui se situent entre 50 secondes à plus d’une minute pour les matchs. C’est long, trop long, surtout quand on veut enchaîner les matchs entre amis. L’interface assez sobre et jolie, calquée sur l’ergonomie de FIFA, souffre elle aussi d’un certain temps de latence entre les différents onglets. Au niveau des griefs on pestera aussi sur le choix des combattants par catégorie de poids, qui se fait en faisant défiler les athlètes les uns à la suite des autres. Cela nuit fortement à la lisibilité de l’ensemble du panel proposé et à la recherche d’un combattant en particulier.
Round 2 : Tous en slip
Si EA Sports UFC nous noie sous un déluge visuel et technique ébouriffant, on aura facilement pied dans la pataugeoire de son contenu. Mieux vaut à ce niveau là essayer de ne pas se souvenir avec émoi de la dernière version d’Undisputed. On jouissait d’un peu plus de 150 combattants dans Undisputed 3 ? On se retrouve avec un peu moins d’une centaine dans EA Sports UFC malgré l’arrivée des lutteuses féminines. Côté modes de jeu, on ne risque pas de se perdre avec le traditionnel mode Carrière, le jeu en ligne, les défis et la section tutoriel. Cette dernière est vraiment là pour faire joli car en l’état, vu comme elle nous est proposée, elle ne sert strictement à rien, se contentant de nous apprendre à appuyer sur les boutons pour les coups et à nous déplacer dans l’arène. Derrière l’appellation “défis” se cache en fait le véritable mode tutoriel même s’il ne nous fait qu’effleurer la densité et la richesse de ce que nous propose réellement le gameplay. Mais on y reviendra.
Fans de l’UFC et de la dernière mouture de THQ, on se demande alors où sont passés les modes de création de tournois et d’évènements, du mode arcade et ses objectifs à atteindre afin de débloquer divers accessoires ainsi que le sympathique mode Combat Ultimate ou un ersatz qui nous faisait revivre les plus grands combats de l’histoire de l’UFC ? Tout ceci est passé à la trappe, on ne parlera même pas du petit bonus de la compétition Pride qui servait d’apéritif dans Undisputed 3. EA Sports UFC nous fait vraiment de la peine à ce niveau-là. On se rabat alors sur le mode carrière en espérant y trouver le vrai challenger du jeu.
Mais en lieu et place d’une véritable évolution de ce mode de jeu qui le hisserait au niveau de celui de NBA 2K14 (soyons fous) on se retrouve en face d’un mode éculé, sans surprise et dénué profondeur. Après avoir créé son propre avatar, on est surpris de ne pas avoir à lui attribuer un style de combat particulier. Le début du mode carrière contraint le joueur à repasser par la case tutoriel. Après cette entrée en matière loin d’être exaltante, on se rend rapidement compte que le mode carrière est rythmé suivant un cycle très précis de combats, coupé par trois entraînements imposés. Notre réussite sur les différents défis proposés lors de ces entraînements nous gratifie d’un certains nombre de points d’expérience que l’on répartit comme on le souhaite entre l’augmentation de nos caractéristiques ou l’achat de nouveaux coups. Et c’est tout. Pas la peine d’investir dans un sparring partner, inutile de dépenser de l’argent pour acheter tel ou tel équipement ou accessoire, on ne se déplace même plus dans divers centres d’entraînement pour apprendre de nouveaux coups ou s’améliorer dans telle ou telle discipline. Le mode carrière est d’une platitude sidérante juste égayé par quelques vidéos redondantes des stars de l’UFC qui viennent ponctuer le parcours et les coups d’éclats de son combattant. La progression au sein de l’UFC est si lente que lorsque l’on arrive enfin en tant que challenger numéro un du titre, certaines grosses stars de notre catégorie sont déjà parties à la retraite et on se voit contraint d’affronter des combattants inconnus générés par le jeu. Un coup d’épée dans l’eau qui aura au moins le mérite de nous permettre d’enchaîner des combats rapidement et de débloquer Bruce Lee !
Round 3 : Faites chauffer les pouces !
L’amateur de UFC et de la série Undisputed ne trouvera finalement son bonheur que dans le gameplay proposé par EA Sports UFC. Comme d’habitude, si on cherche un jeu de combat accessible, immédiatement fun et spectaculaire, mieux vaut passer son chemin. EA Sports UFC ne s’adresse pas à ce public. Il faudra passer beaucoup de temps sur le jeu pour parvenir à maîtriser toutes ses subtilités. Comme pour tout athlète de l’UFC, force et réussite ne viendront que par un entraînement intensif et méthodique. Il nous faudra tout apprendre sur le tas en pratiquant le mode carrière et les défis. On se surprend par moments à découvrir une nouvelle possibilité de gameplay après plusieurs heures de jeu au détour d’un entraînement imposé du mode carrière. Les vétérans de l’UFC Undisputed de THQ retrouveront beaucoup plus facilement leurs marques et découvriront les nouveautés et les ajustements apportées par la mouture EA.
Tout d’abord, le jeu privilégie dorénavant l’attaque après parade et le contre. Ces attaques peuvent vraiment faire mal et permettent la plupart du temps de prendre un avantage décisif lors du combat. Toutefois, la prise de risque est moins sanctionnée par un contre assassin. Finis les KOs dès les premières secondes de combat à l’aide d’un superman punch cher à Georges St Pierre. Les KOs directs ont totalement disparu, il faudra maintenant épuiser son adversaire ou affaiblir sa tête à l’aide de coups répétés pour le mettre KO. Les combats perdent certains retournements de situations extraordinaires. Les coups au foie font toutefois leur apparition et s’imposent presque comme l’arme fatale du jeu tant leur fréquence semble élevée. Les prises en clinch contre les grilles de l’octogone sont aussi moins fréquentes, ce dernier semble moins efficace qu’auparavant, ce qui n’est pas plus mal.
Pour les phases au sol, on retrouve l’utilisation des quarts de tour pour les déplacements et l’octogone de soumission de Undisputed 3 qui n’avait pas franchement convaincu à l’époque. Pour une soumission, on joue toujours au chat et à la souris avec notre adversaire mais le gameplay a été simplifié et s’avère plus agréable. On essaye d’empêcher notre adversaire de sortir de la prise en anticipant ses mouvements sur l’octogone en orientant notre stick gauche rapidement dans quatre directions. Le système est certes affiné mais ne convainc toujours pas et les phases au sol s’avèrent au final toujours chaotiques. Par moments, le jeu ne prend même pas en compte certaines commandes pourtant parfaitement exécutées. Les autres petites variations ne se verront qu’au fil de notre avancée dans le jeu, certaines déçoivent, d’autres vont dans le bon sens mais globalement le jeu maintient au pire la qualité de ses prédécesseurs en termes de sensations et c’est le principal. On peut toujours regretter le manque de punch des coups directs et les KO qui, dans l’ensemble, semblent moins spectaculaires. Je me pose aussi quelques questions sur la possibilité de casser la jambe d’un adversaire lorsque l’on s’acharne sur celle-ci. Malgré une longue série de combats avec un personnage usant essentiellement de ses jambes et de low-kick, je n’ai jamais fini le combat de la sorte même contre des adversaires assez faibles. De même, mais là c’est un détail, il ne semble plus possible de faire cracher son protège dents à un adversaire suite à un terrible coup dans les gencives. Cela n’apporte rien, certes, mais était bien spectaculaire après un KO venu d’ailleurs. Je sais, je suis un malade…