Test - WRC Generations - Un baroud d’honneur réussi

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C’est la fin d’une belle histoire entre le WRC, Championnat du monde des Rallyes et le studio français KT Racing. Une aventure commencée en 2015 avec WRC 5 et clôturée ce 3 novembre 2022 avec la sortie de WRC Generations sur PC, Xbox One, Xbox Series, PS4 et PS5. Sept années pour sept jeux. Le tournant fut WRC 8, qui permit à la série de Kylotonn de marquer un vrai gap qualitatif et de poser les bases des derniers opus. La franchise a ainsi pu trouver une place dans le cœur des amateurs de rallye, au fil d’épisodes de plus en plus aboutis et complets.

La suite de l’histoire, on la connaît. Codemasters et EA ont récupéré les droits du WRC dès l’année prochaine et espèrent suivre le chemin tracé par leur franchise à succès, EA Sports F1. Adieu Dirt Rally, bonjour EA Sports WRC 23, si on suit la nouvelle logique marketing du géant américain. Pour KT Racing, l’amertume d’avoir perdu les droits du WRC est déjà compensée par l’excitation liée au développement du prochain Test Drive Solar Crown.

WRC Generations est donc l’épisode ultime de longues années de passion d’un studio pour un sport mécanique fabuleux, populaire et tellement spectaculaire. Pour que la fête d’adieu soit belle, encore faut-il réussir sa dernière danse. KT Racing peut être fier, même si certains pas sont hésitants, cette dernière prestation est remarquable.

Les Rally1 sont le clou du spectacle

La saison 2022 du WRC vient de s’achever au Japon. Si elle n’a pas répondu à toutes les attentes, elle restera malgré tout dans les mémoires. Nouvelle réglementation, nouvelle ère, nouveau souffle pour le rallye. Avec Sébastien Ogier en mode participation à mi-temps, la place était offerte sur un plateau pour un nouveau champion du monde. C’est le nouveau prodige de la discipline, le finlandais de vingt-deux ans Kalle Rovanperä, qui rafla la mise en éclaboussant la saison de toute sa classe. Nos deux Seb ne furent pas en reste, puisque Papy Loeb triompha au mythique Monte-Carlo pour le premier rallye de la saison et Ogier remporta il y a quelques semaines le rallye d’Espagne sur asphalte.

Le Ford Puma Rally1 a de la gueule

Surtout, la saison 2022 marqua un tournant pour le WRC. Ce fut le début de l’ère hybride avec les monstres de puissance Rally1. Toutes les cartes étaient redistribuées entre les constructeurs et les pilotes, puisque l’hybridation apporte un impact conséquent sur les performances des voitures, les stratégies et même les habitudes de pilotage. Imaginez une motorisation de base de 380 chevaux où l’on ajoute un supplément de puissance électrique allant jusqu’à 130 chevaux. Certes, ce surplus de puissance n’est que provisoire et de courte durée, mais nous tutoyons les chiffres des mythiques voitures du Groupe B des années 80 avec leurs 500 chevaux.

Pour KT Racing et son WRC Generations, les Rally1 sont une aubaine. L’arrivée de nouvelles voitures dans la catégorie reine est toujours un moment spécial et excitant. Pour un jeu annuel de rallye, c’est surtout une nouveauté majeure qui change profondément le gameplay. Et nous vous l’assurons, la modélisation et le gameplay des Rally1 sont un pur régal. Avant chaque spéciale, nous sommes libres de choisir la cartographie du bloc hybride parmi trois propositions, allant d’un boost bestial mais très court à une utilisation plus modérée et plus longue de ce fameux boost. Ce choix stratégique, au-delà de la classique sélection des pneumatiques, se fait en partie selon notre style de pilotage et le tracé de la spéciale à venir, sachant que l’on régénère la batterie en freinant vigoureusement.

Titi à la maison

Sur le terrain, les développeurs ont magnifiquement modélisé ce surplus de puissance. Non seulement, nous ressentons l’accélération plus soutenue de la voiture, mais un joli effet sonore proche d’un sifflement accompagne le tout. Les sensations sont bien présentes et accentuées par la nouvelle physique des véhicules, le tout sans aucun ralentissement constaté sur Xbox Series X. En comparaison de WRC 10, les voitures semblent plus lourdes et montrent plus d’inertie. Nous devons ainsi anticiper encore plus les virages (et surtout écouter attentivement les annonces précises de notre copilote). Les transferts de masse et de charge sont bien retranscrits, il faut se battre pour apprendre le comportement de sa voiture. Les survirages et sous-virages sont fréquents en cas de freinage tardif ou trop vigoureux. Dans ces conditions, le boost du bloc hybride des Rally1 apporte un sentiment de légèreté à ces voitures, presque un envol en ligne droite suite à un virage serré. Mais attention au patinage en sortie de virage si nous appuyons sur l’accélérateur à fond avec un boost fonctionnel. Finalement, la conduite dans WRC Generations se veut plus réaliste que le dernier opus, pour notre plus grand plaisir une fois que l’on maîtrise un minimum le gameplay.

Enfin les bons curseurs pour la direction artistique !

Pour mettre en valeur tous ces bijoux motorisés, KT Racing semble enfin (au bon moment) avoir trouvé le meilleur équilibre pour une direction artistique et un sound design au service de l’immersion. Après un WRC 9 aux couleurs chatoyantes mais souvent saturées et à la luminosité aveuglante, puis un WRC 10 aux tons ternes, sombres mais plus réalistes, WRC Generations prend le meilleur des deux propositions précédentes et laisse de côté leurs défauts. Ainsi, la nouvelle direction artistique met en avant des paysages réalistes aux couleurs plus équilibrées et naturelles, le tout sublimé par des effets de lumière du plus bel effet.

Un bijou historique

Un effort a été fait sur la qualité des graphismes via un renouvellement de pas mal d’assets, beaucoup plus inspirés. Cela peut se présenter par des changements de couleur sur des barrières, la présence de champs fleuris, des revêtements de route plus abîmés, marqués et réalistes ou l’ajout de véhicules et d’autres éléments sur le bas-côté. Globalement, les lieux se montrent plus vivants qu’à l’accoutumée et le nombre de spectateurs semble plus important. Ce ressenti est accentué par la prolifération d’effets de particules : fumigènes, poussière, fumée provenant des pneus après un gros freinage… C’était sans compter une refonte du sound design, avec des bruits de moteur de plus en plus conformes à la réalité (longtemps un gros défaut des jeux WRC de KT Racing) mais encore perfectibles. Nous entendons mieux également les clameurs du public lors des passages dans les endroits populaires des spéciales. Souvent ce ne sont que des détails, mais leur accumulation renforce sensiblement l’immersion, surtout en vue interne.

Sincèrement, nous sommes agréablement surpris. Nous pensions lors du test de WRC 10 que le studio avait atteint les limites de son moteur graphique et qu’il ne ferait pas d’effort dans ce secteur après la perte de la licence. WRC Generations devrait cette fois faire l’unanimité pour être désigné comme le plus beau et le plus immersif opus de la série.

50 nuances de bleu

Le plus bel exemple de ce gros travail artistique concerne les nouvelles spéciales du rallye de Suède. Ce dernier a migré plus au nord depuis cette saison. Six spéciales inédites sont donc au rendez-vous de cet épisode. Force est de constater qu’elles remplacent à merveille les anciennes, que nous n’apprécions guère. Nous retrouvons bien entendu quelques portions étroites entourées de congères, mais la présence de longues lignes larges et légèrement sinueuses garantit des tronçons à vitesse maximum, qui font honneur à ce rallye connu pour être parcouru à une vitesse moyenne vertigineuse.

Concentration maximum

Et que dire de la direction artistique de ce nouveau rallye ! Toutes les qualités mises en lumière auparavant s’y sont donné rendez-vous, encore plus lors d’une spéciale de nuit. Plus généralement, les étapes nocturnes pour tous les rallyes sont devenues très plaisantes à jouer et ne sont plus les purges du passé.

Un contenu gargantuesque malheureusement sous-exploité

Au-delà de ce nouveau rallye de Suède et des douze autres rallyes programmés pour la saison 2022, KT Racing ressort pour cet opus testament quasiment toutes ses créations depuis WRC 8. Ainsi, ce ne sont pas moins de vingt-deux pays différents qui sont au menu de WRC Generations, soit plus de 750 km de spéciales. Certes, toutes n’ont pas eu le même peaufinement graphique, comme les tracés du rallye de Corse datant de plus de trois ans. Mais jamais un jeu de rallye n’a proposé un tel catalogue de lieux. C’était le souhait que nous avions émis lors du test de WRC 10. Notre vœu a été exaucé.

4 améliorations pour l’hybride en plus

Toutefois, nous avions une crainte à ce sujet. Fidèles du mode Carrière, nous sentions un possible gâchis de ne pas pouvoir profiter de ce contenu supplémentaire dans celui-ci. Lors d’une rencontre avec certains membres de l’équipe du studio à la Gamescom, nous avions fait part de ce problème, déjà rencontré dans WRC 10 avec des rallyes non exploités au championnat, malgré l’enchaînement des saisons. Malheureusement, cette aberration se retrouve également dans WRC Generations. À l’heure actuelle, nous pouvons rouler en Carrière uniquement sur les treize rallyes officiels de la saison 2022, peu importe que nous entamions de nouvelles saisons. Cela aurait été tellement génial que les développeurs alternent certains rallyes terre ou asphalte selon les saisons, tout en maintenant les indéboulonnables rallyes Monte-Carlo, de Suède (pour la neige) et de Finlande (pour les sauts).

Le Monte-Carlo fidèle au rendez-vous

Quelle déception de ne pas pouvoir profiter pleinement des rallyes d’Argentine, du Chili, du Mexique, du Pays de Galles ou d’Allemagne pourtant présents dans le jeu ! Et ce ne sont pas en Carrière les quelques défis ou épreuves historiques proposant certaines spéciales de ces rallyes maudits qui vont soulager notre amertume. C’est d’autant plus dommage que ce mode s’est vu débarrassé des petits défauts qui devenaient pénibles à la longue sur les anciens opus, tels les mails pour valider les factures post-rallye ou le système de bonus-malus lié aux affinités des caractères des employés du Team. Encore une fois, c’est un ensemble de détails mais qui là encore améliore le plaisir de jeu. Toutefois, pour les habitués de la franchise, la Carrière ne prend aucun risque et continue de s’appuyer sur les bases fondées par WRC 8, hormis les quelques ajustements.

En plus de la Carrière, nous retrouvons tous les modes de jeu instaurés au fil du temps par les opus précédents : Partie rapide, Copilote, Écran partagé, Clubs, Saison, Éditeur de livrées, Défis, Entraînement, Test area. Nous profitons aussi des quarante-neuf équipes de la saison 2022 via les catégories WRC (Rally1), WRC 2 (Rally2) et Junior WRC, ainsi que d’une trentaine de voitures légendaires qui ont fait la renommée du WRC (toutes celles qui ont gagné un Championnat du monde depuis la naissance du WRC en 1973).

Les Ligues des Champions

À quoi servent donc les rallyes et les véhicules supplémentaires en dehors d’une Partie rapide ? La réponse apportée par KT Racing se trouve dans le nouveau mode de jeu de WRC Generations, el famoso mode Ligues. Ce dernier consiste à participer à des ligues en ligne en catégorie solo ou par équipe de huit compétiteurs. Pendant une saison composée de plusieurs semaines, il faut cumuler le plus de points possible afin de monter de division ou se maintenir et d’éviter la relégation pour les bons derniers.

En route pour la montée

Chaque jour de la semaine, trois défis sont proposés, consistant à parcourir une unique spéciale. En complément, un événement hebdomadaire impose un rallye complet. L’entraînement demeure illimité mais en cas de volonté de faire un chrono officiel, seuls trois essais sont possibles. Plus les chronos sont compétitifs, plus les points s’accumulent. À la fin de la semaine, le bilan est effectué et nous nous retrouvons dans une nouvelle ligue, entourés de compétiteurs à notre niveau.

Pas besoin de se battre pour le moment

Pour le moment, nous avons pu tester le mode une semaine, le temps de finir la première phase de qualifications et de commencer les premiers jours de notre ligue en Junior 3. Sur les trente joueurs présents dans notre ligue, une bonne partie semble inactive. Cependant, nous constatons que le niveau des compétiteurs actifs semble homogène, conformément à la promesse de KT Racing. C’est donc pour l’heure un challenge intéressant sous réserve que les amateurs de la série adoptent en masse cette nouvelle feature. En tout cas, les vingt-deux pays, les 750 km de spéciales et toutes les voitures présentes dans le jeu ne seront pas de trop pour garantir un intérêt constant et dans la durée pour ce nouveau mode de jeu.

Testé sur Xbox Series X.

Bilan

On a aimé :
  • Un contenu impressionnant…
  • La nouvelle physique des véhicules
  • Les Rally1, c’est de la bombe !
  • Le nouveau rallye de Suède
  • Tout le travail effectué pour renforcer l’immersion
On n’a pas aimé :
  • ... mais sous-exploité
  • Un mode Carrière qui s’essouffle
  • Pas de voix française pour LA copilote
  • Un sound design encore perfectible
The show must go on

WRC Generations est le cadeau d’adieu de KT Racing à la licence WRC qui l’a accompagné durant sept opus. Le studio français aurait pu se contenter d’un dernier service minimum. Au contraire, WRC Generations respire dans chaque recoin du jeu la passion et l’amour des développeurs pour ce sport mécanique si envoûtant qu’est le rallye. Presque toutes les planètes se sont alignées pour cet ultime opus : nouvelles Rally1 au top, physique des voitures plus réaliste, direction artistique enfin convaincante, contenu pléthorique. Tout n’est pas parfait, loin de là et ce dernier est malheureusement sous-exploité. Mais s’il n’en fallait garder qu’un dans toute la série, ce serait celui-là. La fin réussie d’une superbe aventure ! KT Racing sort par la grande porte. Nos attentes pour Test Drive Unlimited Solar Crown n’ont jamais été aussi élevées.

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WRC Generations

Genre : Courses

Editeur : Nacon

Développeur : KT Racing

Date de sortie : 03/11/2022