Test - LEGO Bricktales : Un puzzle game satisfaisant sans plus

« Par contre, c’est de l’ASMR vidéoludique» , - 1 réaction(s)

Voilà plus de 20 ans que l’univers des petites briques cherche à imposer sa patte (et sa marque) sur nos machines de divertissement. Et si les titres proposés sont de qualité variable, il est assez peu commun de retrouver un studio indépendant aux manettes. Pourtant, c’est le cas avec ce LEGO Bricktales. Développé par les Autrichiens de Clockstone Studio (à qui l’on doit les célèbres Bridge Constructor), il abandonne le concept action/aventure/construction des jeux principaux de la série pour nous offrir un titre plus orienté puzzle. La qualité est-elle au rendez-vous ? Sera-t-il capable de contenter à la fois les amateurs de LEGO et les joueurs ? C’est ce que nous allons voir tout de suite.

​​Aux portes de l’imagination

LEGO Bricktales nous embarque dans une aventure singulière. Notre héros, qui rendait simplement visite à son grand-père, se voit embarquer dans une aventure incroyable pour l’aider à sauver un parc d’attraction. Ce faisant, il permet à un robot de revenir d’une expérience ayant mal tourné. Ce petit compagnon peut donc nous assister en nous octroyant… le pouvoir de la construction. Nous voilà donc à parcourir le monde, usant de cette compétence extraordinaire pour porter assistance aux gens tout en cherchant les pièces capables de réparer les machines du savant.

Si scénaristiquement LEGO Bricktales ne brille pas par son originalité, on apprécie tout de même la tentative de nous offrir autre chose qu’une énième adaptation de film ou série. De plus, les références à la culture dite « Geek » sont nombreuses, sans que jamais cela ne nuise à la compréhension globale, à l’intrigue ou aux discussions. Ces « Easters Eggs » sont là, prêts à se laisser saisir par ceux qui comprennent, et ne manquent pas de nous arracher un sourire de temps à autre.

Les dioramas sont vraiment beaux

Par chance cependant, diront certains, eu égard au fait que la qualité globale de l’écriture laisse clairement à désirer. On enchaîne les poncifs maintes fois éculés, les situations rocambolesques bien qu’attendues et les plots-twist sans aucune saveur.

Assez diversifié dans son contenu, on note tout de même le nombre de biomes assez restreint qui nous est proposé. En effet, le voyage ne se fait qu’au travers de cinq zones (une jungle, un désert, une ville, un château médiéval et une île tropicale des Caraïbes). Certes, les environnements proposés sont tous différents et travaillés avec soin… mais ne sont jamais que des éléments très communs de la plupart des jeux vidéo, surtout des LEGO. Un sentiment mitigé nous envahit alors car, si le titre se veut être « une porte de l’imaginaire », le joueur aguerri a la désagréable impression de revoir encore et toujours la même chose année après année… d’autant que les références aux autres œuvres de la licence sont à peine voilées.

Loin de dissiper cette impression de « déjà-vu », les diverses sous-intrigues qui servent de base au jeu sont toutes d’une mollesse et d’une banalité affligeantes. Prenons l’exemple du premier biome : la jungle. Un avion s’est écrasé, notre héros va de fait devoir la traverser pour secourir les membres d’équipage. Les situations sont cocasses, mais rapidement lassantes une fois qu’on a compris la structure que le titre nous impose.

De plus, strictement aucune de ces intrigues n’apporte quoi que ce soit à l’histoire principale. Nous nous contentons de les subir, pour mieux atteindre un but insipide qui manque clairement de clarté et d’enjeux (et qu’on aura oublié une fois l’introduction passée).

Diorama World

Contrairement à la grande majorité des autres titres estampillés LEGO, Bricktales ne met pas son joueur au cœur de zones immenses, d’un open-world rempli de secrets ou de niveaux dantesques nécessitant de changer régulièrement de personnage pour progresser.

Ici, nous traversons une succession de scènes minuscules qui s’enchaînent les unes après les autres. Quelques retours dans des environnements déjà visités sont possibles afin de débloquer un ou deux secrets, mais il serait mentir que de parler véritablement d’exploration.

Nos constructions sont visibles

Chacun de ces dioramas est pourtant travaillé avec le plus grand soin, fourmillant de secrets et de références dissimulés. Mais la grande majorité d’entre eux ne sont que visuels, sans aucune interaction possible.

Si en soi les premières heures sont enchanteresses, rapidement une profonde lassitude s’installe. L’effet « wahou » cède peu à peu sa place à l’expectative de vraies nouveautés, d’un soupçon de liberté… puis à l’ennui pur et simple.

Que ce soit dans sa structure, son déroulé ou son exploration, LEGO Bricktales ne prend jamais le moindre risque et ne nous propose au final qu’une succession de tableaux nous amenant d’un puzzle à un autre, le tout relié par un ersatz d’histoire.

Quelques briques, une créativité limitée

Venons-en au cœur du gameplay. LEGO Bricktales est avant tout un jeu d’énigmes et de construction plus qu’une aventure. Lors de notre progression, nous sommes donc régulièrement (pour ne pas dire toutes les trente secondes) interrompus par une situation bloquante nécessitant nos talents de bâtisseur. Un pont effondré, une échelle cassée, une structure branlante, un homme bloqué dans un arbre… Tous les prétextes sont bons pour proposer une once de gameplay.

Premier constat, la maniabilité de ces phases de puzzle est… horrible. Le jeu a été conçu pour PC, pour être joué au clavier et à la souris, et son portage console est totalement raté. Ce qui devrait normalement nous prendre quelques secondes à peine se transforme en une épreuve de force et de patience. Le placement des éléments est imprécis, le mappage des touches incompréhensible. Autant être clair : le début du jeu est amusant, la moitié complexe… et la fin à s’arracher les cheveux.

On peut personnaliser son héros

Le pire étant que la difficulté est bien plus induite justement par ces contrôles étranges et non adaptés que par les casse-têtes en eux-mêmes ! On passe clairement plus de temps à pester pour que telle pièce aille là où on voudrait la mettre, que sur la résolution de ces derniers.

Ces puzzles sont rapidement redondants. Clockstone Studio oblige, la plupart d’entre eux concerne la construction ou la réparation de ponts. Bien que certains soient ingénieux et particulièrement retors, on regrette pourtant le peu de liberté dans leur résolution d’autant plus que la répétitivité s’installe. En effet, chaque énigme nous impose plusieurs conditions de résolution ainsi qu’un nombre très limité de pièces LEGO. Libre à nous alors de construire selon notre volonté… sur le papier.

Car dans les faits, les possibilités sont bien trop limitées. Jamais il n’est possible de laisser réellement libre cours à notre imagination. La victoire ne vient qu’en comprenant la logique induite par les développeurs, ou par un coup de chance incroyable. Certes, une fois ces énigmes clôturées, il est alors possible d’y revenir pour les améliorer selon notre volonté (avec plus de pièces disponibles). Mais le mal est indubitablement fait, et la vacuité de cette fonctionnalité a tôt fait de nous laisser de marbre.

Les ponts sont trop nombreux

Oui, il est possible de voir à l’intérieur des Dioramas ses propres constructions. Oui, elles ont un impact direct sur le monde qui nous entoure… mais uniquement de manière esthétique. Et sans autres fonctionnalités (comme la possibilité de débloquer des secrets, d’accéder à des zones dissimulées ou simplement l’octroi d’un succès particulier), seuls les plus férus de LEGO y trouvent leur compte.

Notons également que si ce mode « bac à sable » est débloqué après chaque construction, nous n’avons accès qu’à certaines pièces supplémentaires. Pour en débloquer d’autres, il faut les acheter en cumulant diverses monnaies trouvables dans les niveaux. L’idée aurait pu être bonne, mais de nouveau le peu de liberté et d’utilité nous pousse rapidement à poursuivre l’aventure sans réellement y prêter attention. L’argent nous sert alors à nous offrir quelques éléments de customisation pour notre héros.

Testé sur Xbox One X.

Bilan

On a aimé :
  • De très jolis dioramas
  • Quelques puzzles retors
On n’a pas aimé :
  • Une difficulté mal dosée
  • Des environnements peu inspirés
  • Aucune liberté dans les constructions
  • Pas de multijoueur
  • Une intrigue insipide
  • Très en retard face à la concurrence
Ca ne casse pas des briques…

LEGO Bricktales aurait pu être un bon jeu Flash sur navigateur, ou décupler son intérêt en proposant un mode multijoueur. Malheureusement, et à une époque où les jeux de construction pullulent littéralement sur nos machines modernes, son intérêt semble trop limité pour être réellement conseillé aux amateurs. Seuls les férus de LEGO y trouveront leur compte… et encore.

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LEGO Bricktales

Genre : Aventure/Réflexion

Éditeur : Thunderful Publishing

Développeur : ClockStone Studio

Date de sortie : 12/10/2022

1 reactions

spmatt89

13 oct 2022 @ 10:30

J’ai du mal à saisir la différence avec LEGO Builder’s Journey également disponible sur Xbox.