Test - OPUS : Echo of Starsong - Dans l’espace, tout le monde vous entend chanter.

«Un émouvant spectacle son et lumière.» , - 0 réaction(s)

SIGONO est un développeur et éditeur peu connu sous nos latitudes. Basé à Taipei, Taïwan, et opérant principalement sur mobiles, il s’est fait connaître en 2016 avec OPUS : The Day We Found Earth, une aventure spatiale aux graphismes sommaires qui nous proposait d’accompagner un trio improbable dans sa recherche de la planète Terre. Saluée par la critique principalement pour sa narration, cette nouvelle licence avait éveillé un certain intérêt et bénéficié entre autres de la distinction de Google Play Editors’ Choice.

Un an plus tard, OPUS : Rocket of Whispers avait réitéré l’exploit en nous mettant dans la peau de psychopompes de fortune appelés à construire une fusée funéraire sur une planète Terre post-apocalyptique frappée par un dérèglement climatique hivernal. L’émotion était à nouveau au rendez-vous avec un traitement graphique amélioré et des compositions musicales très inspirées. Le jeu était encore une fois récompensé et même adoubé par Famitsu, une première pour un jeu taïwanais.

Un sourire, c’est tellement rare

En 2021 arrive OPUS : Echo of Starsong, qui marque le retour de la série, toujours en visual novel, mais avec un gameplay axé sur l’exploration spatiale. Un an plus tard, bénéficiant de voix réenregistrées et sous la dénomination Full Bloom Edition, ce troisième épisode sort enfin sur nos consoles Xbox. Enterrons immédiatement toute velléité d’une version francophone. Pour nous autres pauvres occidentaux non titulaires d’un Master en langues orientales, il faut nous contenter de la localisation anglaise des textes, les voix restant au choix, en chinois ou en japonais.

OPUS : Echo of Starsong - Full Bloom Edition est disponible dans le Xbox Game Pass depuis le 25 août, et à l’achat sur le Xbox Store au prix de 24,99€.

Que le feu et le fer illuminent les étoiles

Un vaisseau atterrit sur un astéroïde isolé. Un vieillard claudiquant en émerge, ignorant les exhortations à rebrousser chemin d’un personnage apparemment haut placé via son système de communication. Malgré sa démarche chancelante, à peine soutenu par sa canne, il avance inexorablement au sein de ruines cyclopéennes qui dévoilent peu à peu un luxuriant jardin lumineux. Les souvenirs d’une femme lui donnent la force de poursuivre, malgré sa faiblesse évidente. Il s’assoit brièvement, et nous plongeons avec lui dans ses mémoires.

La fin n’est que le commencement

Quelques décennies plus tôt, dans une zone éloignée de l’empire galactique nommée Thousand Peaks, la longue guerre pour le contrôle du lumen, une ressource aux propriétés multiples et étonnantes, a été remportée par la méga corporation militaire et religieuse United Mining. Après avoir abusé de sa position monopolistique pendant plusieurs années, elle est forcée d’ouvrir l’exploitation du lumen au public. Une ère d’exploration s’ensuit, pleine de promesses de gloire et de richesses. Une ruée vers l’or version spatiale en somme, où l’appât du gain peut mener à la fortune, ou à une fin prématurée.

Les grandes légendes commencent souvent par une succession d’accidents malheureux

Station de transfert marchand : Fortune 9, année 8533, cinq ans après la fin de la guerre.

Le Bazar des Migrants ressemble à n’importe quel autre centre d’échanges grouillant d’activités de Thousand Peaks. Derrière les réglementations strictes, la corruption règne en maître et les informations s’achètent aussi facilement que les marchandises, légales ou non. Soudain, une altercation éclate entre un informateur capybara et un fougueux blanc-bec, dont les manières et l’inexpérience dans l’exploration spatiale trahissent clairement son statut de sang bleu fraîchement débarqué. L’objet du litige concerne une transaction sur des coordonnées spatiales, apparemment inexploitables. Le ton monte et la situation dégénère rapidement lorsque le garde du corps du hobereau vagabond empoigne fermement le marchand afin de lui faire chèrement payer son manque de respect vis-à-vis de son maître.

Une négociation musclée

Deux jeunes femmes s’immiscent soudainement dans la dispute et concluent rapidement l’échange à leur avantage avant de s’éclipser, laissant les deux hommes désemparés et amers. Après s’être plaint de l’attitude du camelot à l’antenne locale de la guilde marchande, il s’avère qu’il était aussi pourri que son tuyau, que les acheteuses se sont faites berner, et qu’elles sont prêtes à se jeter la tête la première dans un guet-apens. Au nom des valeurs qu’il défend, et au mépris de sa propre sécurité, le jeune homme convainc son compagnon de s’élancer à leur secours…

La carte stellaire, pleine de destinations à explorer

Ce n’est pas une lune, c’est une base sidérale

Après quelques péripéties, nous nous retrouvons aux commandes d’une vieille coquille de noix intergalactique aux capacités extrêmement limitées. Le Red Chamber, notre camping-car pour le reste de l’aventure, nous permet de nous déplacer entre les différents objets célestes et autres stations spatiales. Il est vital de le maintenir en état et de veiller à ce qu’il soit toujours au meilleur de ses capacités en lui fournissant carburant et blindage, ainsi que des kits d’exploration afin de récolter des ressources monnayables au cours de certaines étapes de nos voyages. Un arbre d’améliorations sommaire des différents équipements complète la fiche du vaisseau.

Le Red Chamber, notre Millenium Falcon

Les voyages spatiaux sont loin d’être une balade de santé et il n’est pas rare de se faire intercepter par une patrouille de United Mining, aborder par des pirates ou surprendre par une éruption solaire. Ces évènements peuvent être résolus le plus souvent par la fuite ou la ruse (Qu’il est bon de se faire passer pour un haut gradé !), parfois au prix de précieux points d’armure, et c’est dans ces situations que l’on saisit toute l’importance de bichonner son vaisseau.

Savoir tendre la main… et l’oreille

À chacune de nos escales, un ou plusieurs points d’intérêt sont accessibles et nous permettent d’en apprendre plus sur l’histoire, les croyances et la géopolitique des Thousand Peaks. Certains nous mettent face à des situations nous imposant un choix à effectuer. Ces derniers sont relativement basiques, consistant la plupart du temps à accepter ou refuser d’aider une personne. Dans certains cas, notre choix est soumis à une simulation de jet de dé en fonction de la difficulté de l’action sachant que la possession de certains objets nous permet d’altérer le tirage en notre faveur ou d’apporter une option de résolution supplémentaire.

Essayons de faire profil bas

Certains lieux majeurs de l’intrigue, parfois débloqués suite à un mini-jeu basé sur le son, nous mettent directement aux commandes des personnages lors de phases d’exploration plus libres en scrolling horizontal. Seule la récolte de ressources et de collectibles nous distrait brièvement d’un parcours au final très balisé. Les décors fantastiques, à la fois inquiétants et mystiques, sont jalonnés de portails massifs qu’il faut ouvrir pour progresser grâce à des enregistrements de chants, comme des clés sonores, qu’il faut moduler pour les faire correspondre aux symboles indiqués. Cet exercice de crochetage résonnant se complexifie au fur et à mesure de l’aventure, mais sans jamais devenir trop nébuleux.

Sésame, ouvre-toi !

La croyance peut être manipulée. Seul le savoir est dangereux

Les équipes de SIGONO connaissent leurs classiques, et n’hésitent pas à se les approprier avec un certain brio pour donner corps à l’univers des Thousand Peaks. Il est probablement facile de voir l’impulsion de l’univers de la saga Macross dans l’utilisation des chants à des fins militaires. Mais la référence la plus flagrante pour l’auteur de ces lignes est sans nul doute Dune de Frank Herbert avec en premier lieu la comparaison entre le lumen et l’épice, richesse universelle aux utilisations variées, cible de toutes les convoitises. De plus, comment ne pas remarquer certaines analogies entre le parcours des héros du clan Lee et ceux de la Maison Atréides, la complexité des intrigues politiques et des jeux de pouvoir sur l’échiquier spatial qui oppose United Mining et la Guilde du Lumen alors que l’Empereur, trop éloigné du conflit, reste une figure intimidante mais finalement dénuée de tout pouvoir à l’autre bout de la galaxie ?

Un sacré nid de serpents

Et que dire de la caste des sorcières, souvent représentées avec une longue robe à capuche, possédant une singulière affinité avec la précieuse ressource, à la fois craintes et détestées pour leur prise de position pendant la guerre, et dont la voix guide les vaisseaux à travers les étoiles ? Caméo ou coïncidence, le baron Harkonnen se serait-il réincarné sous les traits d’un douteux courtier d’informations ? Enfin, les diverses croyances très présentes dans cette partie de la galaxie, personnifiant les astres locaux et également la Terre originelle sont inextricablement liées aux batailles d’influence et aux affrontements stériles entre les différentes factions en présence et illustrent parfaitement la citation « Quand la loi et le devoir ne font qu’un sous la religion, nul n’est vraiment conscient. »

Un space opéra épique, mais un peu trop convenu

Heureusement, toutes ces influences sont parfaitement digérées et intégrées au service d’un univers cohérent, peut-être trop riche, et d’une intrigue qui arrive parfaitement à nous entraîner jusqu’aux confins de l’espace, malgré des personnages sans doute trop prévisibles dans leurs réactions. L’équipage du Red Chamber est particulièrement attachant et apparaît comme une hétéroclite bande d’idéalistes torturés confrontés à un monde complètement amoral. Les ficelles scénaristiques sont souvent apparentes, mais la candeur juvénile des protagonistes nous garantit toute l’émotion possible, avec une mise en scène dynamique voire dramatique dans certains moments critiques.

L’honneur n’est pas un vain mot pour notre héros

Les compositions musicales, le plus souvent classiques, accompagnent parfaitement chaque ambiance, que ce soit une discrète mélodie au piano lors de l’exploration d’un vieux satellite abandonné ou une explosion symphonique soulignant le stress intense de la traversée inopinée d’une barrière d’astéroïdes. Les graphismes ne sont pas en reste, dépeignant des environnements grandioses lors des phases d’exploration, et insistant en parallèle sur les décors ternes, mornes et confinés des stations spatiales. Les puzzles faisant appel au son sont plutôt bien pensés, et auraient vraiment mérité d’être un peu plus largement exploités.

Chante comme si ta vie en dépendait !

Au cours de la dizaine d’heures que compte l’aventure, le jeu tente régulièrement de nous éloigner de son intrigue principale parfaitement maîtrisée en nous invitant à aller chercher des éléments d’histoire annexes. Seuls les complétionnistes acharnés ou les personnes attirées par le lore de cet OPUS : Echos of Starsong se laisseront convaincre de parcourir ces chemins de traverse cosmiques afin de remplir le généreux codex de l’histoire. Une fois le générique de fin atteint, il est possible d’écouter quelques très courtes prises de parole du directeur de projet, nous éclairant sur certains points de l’univers, et de reprendre l’aventure au début de chacun des chapitres afin d’en explorer les possibilités.

Testé sur Xbox One et Xbox Series X

Bilan

On a aimé :
  • Une épopée spatiale envoûtante et pleine d’émotion
  • Les thèmes musicaux soulignant parfaitement les différentes ambiances
  • Une certaine liberté d’exploration
On n’a pas aimé :
  • Aucune localisation française
  • Des choix à faire qui n’en sont pas vraiment
Un peu plus près des étoiles

OPUS : Echo of Starsong - Full Bloom Edition est une excellente surprise, pour peu que l’on apprécie un minimum le style visual novel : beaucoup d’émotions, de discussions et une multitude de flashbacks. La gestion du vaisseau et les superbes séquences d’exploration sont minimalistes mais fort bien pensées et s’imbriquent parfaitement avec la narration tout en nuances qui est au cœur du titre. L’univers des Thousand Peaks est riche et crédible, peut-être un peu trop manichéen, et mérite pleinement que l’on s’y attarde pour suivre les aventures de ses attachants héros.

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OPUS : Echo of Starsong - Full Bloom Edition

PEGI 12

Genre : Aventure/Réflexion

Editeur : SIGONO

Développeur : SIGONO

Date de sortie : 25 août 2022

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch