Test - Hobo : Tough Life - Un RPG de survie qui n’a pas le budget de ses ambitions

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Premier jeu de Perun Creative sorti initialement sur PC en accès anticipé en 2017, le RPG de survie Hobo : Tough Life arrive enfin sur Xbox One et Xbox Series. L’occasion pour nous de mettre enfin la main sur ce titre au concept si original, et d’en livrer un test complet.

​​La guerre ne meurt jamais

Praslav est une ville fictive d’Europe centrale se remettant difficilement de la Guerre froide et de la chute du communisme. Nous, comme tant d’autres, nous retrouvons alors à la rue sans espoir ni avenir. Après nous être réveillés totalement amnésiques au beau milieu d’une décharge publique, notre principal objectif sera de chercher les bribes de notre passé tout en survivant à l’enfer de la rue.

Malgré un pitch de base relativement sobre, Hobo : Tough Life essaie d’aller bien plus loin que la majorité des jeux du genre dans son aspect narratif. Ainsi, une séquence d’introduction du plus bel effet nous raconte une légende oubliée de tous : celle du Roi des Mendiants, le tout sur une musique fleurant bon… le médiéval-fantastique.

Et c’est sans doute là, à peine le jeu lancé, que la première claque arrive. Non, nous ne sommes pas en train de jouer à un « simple » jeu de survie comme il en existe des dizaines. Non, Hobo : Tough Life n’est pas un Green Hell remplaçant la luxuriante canopée de l’Amazonie par le bitume froid d’une morne ville postcommuniste.

L’introduction nous plonge immédiatement dans l’ambiance

Véritable RPG en vue FPS reprenant la plupart des codes bien établis par la licence The Elder Scrolls, le titre de Perun Creative est une réelle surprise durant ses premières heures. Un mélange des genres qui n’est pas sans rappeler certains mods de Fallout 3 ou New Vegas. Car ici, en plus des nombreuses quêtes scénarisées qui composent le cœur de l’œuvre, nous devons également survivre par tous les moyens.

La partie scénaristique s’inspire de la structure des jeux Bethesda : un objectif général (devenir Roi des Mendiants), une piste principale à suivre… et c’est tout. Rapidement, nous sommes lâchés dans cette cité immense et terrifiante sans réelles indications, sinon quelques PNJ qui nous donnent les bases.

À partir de là, notre liberté n’a de limites que celles de la carte. C’est à nous de déterminer comment nous allons passer nos prochains jours. Soit en nous concentrant sur les différentes quêtes annexes, soit en bâtissant un pied-à-terre et en sécurisant notre progression. Et, bien qu’il n’y ait qu’un seul chemin pour atteindre notre but, les bifurcations sont nombreuses et retorses… à moins que le froid du proche hiver ou la maladie ne nous emporte avant.

Mais si nous venons de détailler dans les grandes lignes le déroulé du jeu, une question demeure toujours en suspens : est-ce une réussite ? Nous ne le cacherons pas : la réponse est clairement en demi-teinte, eu égard du fait que Hobo : Tough Life n’a clairement pas le budget de ses ambitions.

Z’auriez pas une ‘tite pièce ?

Notre premier run n’a pas dépassé les deux jours, tant le titre est dur. Le temps diurne est compté, les nuits sont froides et les ressources rares. Dans les premiers temps, nous voulons explorer, comprendre les bases, essayer des choses. Et toutes ces expériences nous mènent inéluctablement au même point : la mort pure et simple.

On regrette déjà ce point précis : Hobo aurait vraiment mérité un tutoriel, plus d’explications, ou un début quelque peu guidé. Là, c’est à la dure que nous devons apprendre les règles de la street. Et la moindre erreur peut rapidement avoir des conséquences autant dramatiques qu’inattendues.

Un petit air de déjà-vu

Cependant, force est de constater que si ce point laissera un certain nombre de joueurs de côté, d’autres (dont nous faisons partie) y trouveront leur compte. Nous ne saurons alors que trop conseiller au joueur conquis de se renseigner le moins possible avant de se lancer dans l’aventure, tant cette phase d’apprentissage est grisante. Les questions fulminent dans notre tête : où dormir ? Comment éviter de mourir de froid ? Comment trouver du matériel ? Manger ce Kebab à moitié digéré est-il vraiment une bonne idée ?

Le nombre de données à prendre en compte est tout simplement impressionnant pour un jeu de survie : faim, soif, dépression, froid, vessie, fatigue, maladie, addictions… tout y passe pour réduire drastiquement l’espérance de vie de notre héros. Et si les premières heures semblent assez généreuses, on se rend rapidement compte que cette tranquillité n’est que relative et que les nuits sont difficiles dans les rues de Preslav.

Alors on regarde avec la plus grande impuissance la santé de notre héros descendre lentement tandis qu’on fouille une énième benne à ordure en quête d’un vêtement chaud… jusqu’à recevoir un coup sur l’arrière du crâne, pour au final ne jamais se relever.

Les poubelles sont de véritables mines d’or

Il est d’ores et déjà important de préciser que malgré sa difficulté, Hobo : Tough Life propose différents modes de jeu pour nous simplifier la vie ou, au contraire, nous la rendre pratiquement impossible. Nous avons personnellement joué en mode « hardcore », avec la mort permanente activée par défaut. Une dose de réalisme en plus qui fait grand bien et change inéluctablement l’expérience, bien que nous aurions préféré pouvoir gérer chaque aspect de l’aventure individuellement et non parmi des choix prédéterminés.

Et les parties s’enchaînent, chacune nous apprenant un « petit quelque chose », une règle importante, pour mieux tenir une heure ou un jour de plus. À chaque nouveau réveil dans cette décharge, le stress augmente un peu plus. On réalise que ces précieuses heures de répit qui nous sont laissées dès le départ ne sont point là pour nous aider, nous guider ou nous apprendre quoi que ce soit. Ce n’est qu’un ultimatum, sordide et imperturbable compte à rebours avant que la glaciale caresse de la nuit n’arrive.

Le nombre d’éléments pris en compte est de facto impressionnant, de même que les implications d’actions que l’on pourrait croire totalement anodines. Nous acharner à fouiller les poubelles dégrade nos vêtements tout en nous imprégnant d’une odeur de… vieille chaussette détrempée. Rester sous la pluie nous lave certes quelque peu… mais demeurer mouillé est le meilleur moyen de tomber malade. Échouer dans un dialogue ou se faire rembarrer par un passant joue sur notre moral qui, une fois au plus bas, nous fera sombrer dans une intense dépression. Par chance, l’alcool est là pour nous aider… au risque de finir ivre, malade et, bien entendu, de remplir plus rapidement notre vessie. Et quid des toilettes ? Sans le culot nécessaire pour faire n’importe où, ne demeurent que deux options : payer une dame pipi avec nos maigres économies grappillées çà et là… ou nous faire dessus.

Le rhum est aussi important que l’argent

C’est là où Hobo : Tough Life devient vertigineux. Chacune de nos actions, chacun de nos choix personnels, aura des conséquences inéluctables. Non pas sur le monde qui nous entoure comme dans n’importe quel RPG, mais sur nous-même. Chaque instant passé à Preslav est un combat dont nous sommes à la fois le protagoniste et l’antagoniste.

Malheureusement trop peu guidés avec des mécaniques de jeu très obscures et, parfois, assez illogiques, le titre de Perun Creative ne convainc qu’à moitié. On y voit un potentiel vraiment impressionnant, mais sans les finitions nécessaires. Ainsi ne comprend-on pas pourquoi il est impossible de se battre de notre propre chef sans un entraînement spécifique, d’expulser d’autres SDF de leur abri pour voler leurs affaires (ou leur place), ou encore de dormir dans un recoin du métro sans mourir de froid.

Le contexte réaliste du jeu est sans doute à la fois sa plus grande force et sa principale faiblesse. Il nous poussera régulièrement à agir de manière crédible, sans que le jeu ne l’ait prévu pour autant. Pour exemple dans notre seconde partie, nous avons tenté d’aller à l’église, espérant que le prêtre serait assez généreux pour nous laisser dormir sur un banc. C’était peine perdue, l’option n’étant même pas proposée. Alors nous avons tenté de ramasser des cartons dans une zone industrielle. Mais là encore, ce ne sont que des éléments de décor avec lesquels il est impossible d’interagir. La suspension d’incrédulité en prend un coup, qui aurait été bien moins importante dans un contexte totalement inventé ou à une époque différente.

Parfois trop logique également, le jeu nous marque par la cruauté de son univers. Ainsi est-il possible de faire la manche. Mais sans un charisme ou une éloquence particulière (ainsi que des vêtements propres et une bonne douche), nous atteignons difficilement les 10% de réussite… pour un résultat tout sauf convaincant. La plupart des gens ne nous remarquent même pas, surtout lorsque nous gisons sur le sol dans un état proche de la mort. Leur froide indifférence est d’une violence rare, autant que l’expression d’une cruelle réalité.

Et même lorsqu’une âme charitable nous tendra la main, ce sera rarement suffisant pour réellement nous tirer d’affaire. Au mieux, nous indiquera-t-on l’adresse d’un médecin proche, ou un quidam nous dépannera de quelques piécettes tout juste bonnes à nous payer un sandwich…

The Elder’s Scroll : Hobowind

Mais nous l’évoquions tantôt, Hobo : Tough Life n’est pas qu’un simple jeu de survie. La dimension RPG en vue FPS est également très prégnante et marquante. Ainsi, en plus de nos jauges de besoin, nous avons à disposition des onglets propres aux capacités et aptitudes de notre héros.

Si on retrouve l’ensemble des caractéristiques usuelles des jeux de rôle, le titre ajoute en plus une notion de compétences fort bienvenue dans la droite ligne des jeux Bethesda. Nous aurons donc le loisir de maîtriser le crochetage, le vol à la tire, l’artisanat, le combat à mains nues ou encore l’art de fouiller les poubelles. Et, tout comme dans les titres dont il s’inspire, nous ne pourrons nous améliorer qu’en utilisant ces techniques.

En plus de cela, vient s’ajouter un nombre considérable de connaissances que notre héros peut acquérir en les apprenant auprès de… maîtres. Que ce soit la peinture, l’éloquence ou encore le culot, ces dernières sont nombreuses et nous feront bénéficier de bonus majeurs durant notre partie.

Bien entendu, l’enseignement de ces formateurs n’est pas gratuit et il faudra souvent débourser une somme rondelette pour l’acquérir, voire rendre des services aux différents PNJ qui peuplent Preslav.

Rien ne vaut la chaleur d’un bon feu

Car là encore, l’un des points les mieux réussis du jeu vient de ses personnages secondaires, de ses quêtes et de sa narration. Pour devenir le nouveau Roi des Mendiants, nous aurons à gagner la confiance (et l’approbation) des autres prétendants afin qu’ils nous désignent lors d’un vote. Mais faire grandir notre réputation demeure une tâche longue et fastidieuse.

Bien que nombreuses cependant, ces quêtes sont trop linéaires pour réellement trouver plaisir à les refaire dans d’autres parties. Et il en va de même pour les missions annexes. Aucune ne nous offre de liberté d’action, se contentant de nous demander toujours les mêmes choses sans aucune notion de hasard.

Il est fort dommage que Perun Creative n’ait pas pris le temps d’implanter plus d’éléments aléatoires à son jeu, d’événements uniques, ou d’opportunités différentes pour accomplir les objectifs.

Bien entendu, les possibilités sont déjà nombreuses et on s’ennuie rarement. Car, bien que la carte soit relativement petite, la découvrir dans son entièreté demande du temps d’exploration. De nombreuses zones dissimulées et personnages hauts en couleur nous attendent dans les rues de Preslav, d’autant que trois emplacements nous permettent également de construire notre petit nid douillet.

Les tickets sont indispensables

Le Housing de Hobo : Tough Life nous rappelle les plus grandes heures de Fallout 76 en nous permettant d’assembler des structures branlantes composées de bric et de broc pour nous protéger des éléments. Parfois, nous aurons également l’occasion de looter un appareil à réparer, un peu de mobilier, ou des éléments d’artisanat pour agrandir davantage notre hôtel particulier.

Malgré tout, cet élément de gameplay demeure relativement inutile. Une fois les murs, le toit et le vieux matelas posés, le reste semble totalement anecdotique et ne nous apportera guère plus qu’un confort amélioré, bien que sommaire.

Au gré des heures, on se rend compte en effet que Hobo : Tough Life propose une aventure certes plaisante, mais à la courbe de difficulté fort mal dosée… pour ne pas dire inversement proportionnelle à toute logique vidéoludique.

Au lieu de nous proposer de nouvelles menaces ou un challenge plus corsé, le jeu devient de plus en plus simple à mesure que nous progressons et que nous glanons de quoi facilement sustenter nos besoins vitaux. Ne reste plus alors que des combats perfectibles et une aventure sympathique pour nous tenir en haleine.

Testé sur Xbox One X.

Bilan

On a aimé :
  • Le mélange des genres RPG et Survie
  • Une VF de qualité
  • De nombreuses propositions de gameplay
  • Des activités secondaires variées
  • Une histoire surprenante et intéressante
On n’a pas aimé :
  • Une courbe de difficulté mal dosée
  • Techniquement très en retard
  • Aucune réelle rejouabilité
  • Trop obscur dans ses premières heures
Une 8.6 et au lit

Hobo : Tough Life est un jeu surprenant qui possède de grandes qualités. Malheureusement, en voulant trop en faire, il finit par ne rien maîtriser. Il en reste une aventure très originale et plaisante, mais qui sera rapidement oubliée.

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Hobo : tough life

PEGI 18 Drogue Jeux de hasard Langage grossier Violence

Genre : RPG

Editeur : Perun Creative

Développeur : Perun Creative

Date de sortie : 01/09/2022

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PC Windows