Test - Grid Legends - Le spectacle est dans le rétroviseur

«LOL» , - 0 réaction(s)

Trois ans après un reboot de la série Grid décevant, Codemasters démarre 2022 sur les chapeaux de roues avec Grid Legends, disponible depuis le 25 février sur les Xbox One et Series X|S, ainsi que sur PC et les consoles de Sony. Avec une sortie le même jour que le phénomène Elden Ring et une semaine avant le mythe Gran Turismo 7, nous saluons l’audace de l’éditeur américain EA, nouveau propriétaire du studio britannique depuis un an. Grid 2019 souffrait entre autres d’un contenu rachitique à sa sortie et d’une mise en scène quasiment inexistante. Pour Grid Legends, Codemasters a souhaité rectifier le tir. La question est de savoir si cet épisode arrive à faire aussi bien que les vieilles gloires du passé.

Un destin à la Sharknado ?

Ceux qui auront un minimum suivi la communication sur Grid Legends n’ont pas loupé l’ajout d’un mode Histoire intrigant. Nous incarnons le “Pilote 22”, pseudonyme moqueur reflétant la dernière position de la grille et faisons équipe avec la déterminée Yume Tanaka pour l’écurie maudite de Seneca Racing. Nous aurons deux saisons pour nous hisser au sommet et détrôner l’équipe légendaire de Ravenwest, aussi talentueuse que sulfureuse, avec la mythique famille McCane à sa tête.

Ravenwest, l’écurie à battre

Redevenu tendance ces dernières années sous l’impulsion des NBA 2K, Madden et autres F1 pour Codemasters, ce mode Histoire met cette fois-ci en scène de vrais acteurs dans une sorte de docu fiction à la Drive to Survive. Comme on pouvait le pressentir, c’est un véritable nanar auquel on assiste, tellement le scénario proposé est abracadabrantesque et le jeu des acteurs caricatural à l’extrême. Face à une telle proposition, la majeure partie des joueurs trouveront cela de très mauvais goût, et ils auront raison. De plus, contrairement à la série sur Netflix, le doublage en français ne se superpose pas aux véritables répliques des acteurs et frise le ridicule. Néanmoins, pour les autres, dont nous faisons partie, ce marasme nous fascine et pourrait devenir culte dans les années à venir. On ressent que les acteurs ont apprécié jouer cette série Z, assumant pleinement le troisième degré de leurs rôles. Après tout, cela colle parfaitement à l’univers de la série. Qu’est-ce que les World Grid Series ? Un championnat extravagant et fourre-tout où se mélangent de nombreuses catégories de véhicules et d’épreuves aussi disparates que les torchons et les serviettes.

Finalement, le plus gros défaut du mode Histoire est l’absence de corrélation entre les objectifs à atteindre dans le déroulement du scénario et notre résultat obtenu sur la piste. Si l’objectif d’une course était de finir péniblement 8ème ou mieux, il vaut mieux finir 8ème que premier, sous peine de gâcher complètement l’immersion. En effet, la cinématique d’après se moquera que vous ayez triomphé puisqu’elle vous félicitera d’être entré dans les points, comme l’exigeait la suite de l’histoire. Cette aventure n’est donc qu’un tutoriel géant scénarisé, puisqu’elle nous permet de se confronter à tous les types de circuits, d’épreuves et de catégories de véhicules pendant les 36 chapitres et les 6 heures minimum (en réussissant les objectifs du premier coup) qui la composent.

Une carrière qui fait le job

Les améliorations sont basiques

Si l’histoire vous exaspère, il est possible de passer les cinématiques ou même de commencer directement la véritable Carrière. Bien que celle-ci se veuille être la suite logique du scénario précédent, une pirouette scénaristique bienvenue nous met à la tête d’une toute nouvelle écurie, que nous pouvons personnaliser via un onglet approprié dans le menu principal. Dans cet épisode, nous devons améliorer les compétences de notre coéquipier et de notre mécanicien afin de nous faciliter la vie. Par exemple, donner des consignes à son coéquipier pour défendre ou attaquer doit être débloqué, contrairement à Grid 2019. L’objectif est de gagner le plus possible de points G (monnaie du jeu) et de points Racenet (obtenus par nos skills sur l’asphalte) pour monter de niveau de pilotage. Et il en faudra des sous pour améliorer ses voitures ou en acheter des nouvelles, bien qu’un nombre important de véhicules soient récupérés via les victoires dans les événements de la carrière. Réussir les objectifs des sponsors est un autre moyen d’augmenter ses revenus.

Qui dit nouvelle écurie, dit recommencer en saison Rookie, la troisième division des Grid World Series. En soi, la carrière reprend les codes classiques du genre qui ont maintes fois fait leurs preuves, à défaut d’être originaux. En Rookie, huit catégories sont disponibles avec chacune un nombre d’épreuves à remporter : Touring, GT, Tuner, Track Day, Specials, Electric, Open Wheel et Grid Challenges. Comme souvent, la licence n’impose pas de participer à toutes les catégories pour débloquer la saison suivante. C’est un bon point quand nous n’avons aucune affinité avec un type de véhicules. Il suffira de terminer 16 événements en Rookie pour passer en Semi-Pro. Les amateurs de Drift devront être patients puisque les événements de cette catégorie ne sont disponibles qu’à partir de ce moment-là. Bien entendu, les véhicules à disposition sont adaptés au niveau des saisons. En Rookie, la catégorie GT n’est jouable qu’avec des GT4 ou la Ginetta G40 GT5.

Dans sa globalité, la carrière de Grid Legends est un vrai pas en avant par rapport à Grid 2019. Sa réorganisation et la hiérarchie des catégories sont beaucoup plus claires et progressives. Surtout, les types d’événements sont plus fournis. Aux incontournables courses classiques à 22 concurrents et contre-la-montre, nous avons de base des courses avec boosts activables (voitures électriques) ou des rampes, des face-à-face, du multiclass, le retour des épreuves de drift et la course Elimination où toutes les 30 secondes, les deux dernières voitures du peloton sont éliminées.

Autre point fort du jeu qui fera plaisir aux amateurs de multijoueur, il est possible d’effectuer toutes les épreuves de la carrière en ligne. Le système semble globalement bien fonctionner et vos amis ou de parfaits inconnus pourront rejoindre aisément votre course. D’autant plus que le multijoueur est cross-platform avec les utilisateurs de PC et des consoles Playstation.

Metropolis Street Racer

Une voiture légendaire

Pour renouveler les expériences en dehors des types d’épreuves, ce ne sont pas moins de 120 véhicules répartis dans 9 catégories qui sont à disposition, soit un casting de base plus riche que le dernier opus. Si certains d’entre eux sont fictifs tels les camions, nous retrouvons de nombreuses voitures qui ont fait l’histoire de l’automobile comme la Ford GT40, victorieuse du Mans en 1969 ou la Lancia Stratos, ovni débarqué dans l’univers du rallye en 1973. Pour les amateurs des belles cylindrées récentes, la tête d’affiche est la nouvelle Aston Martin Valkyrie, sortie d’usine l’année dernière. Porsche, Ferrari, Lotus, Renault, Volkswagen, Audi, BMW, Subaru, Nissan, Mitsubishi, et bien d’autres constructeurs répondent à l’appel.

Le sentiment que Grid 2019 n’était qu’une ébauche au niveau du contenu se renforce quand on s’intéresse cette fois aux tracés et circuits proposés. Dans Grid Legends, en plus des quelques circuits réels comme Indianapolis, Brands Hatch ou Mount Panorama, nous retrouvons les environnements urbains qui font la particularité de la série. Si nous pouvons reprocher une certaine redondance pour ce type de circuits, nous retrouvons toutefois des traits de personnalité uniques aux villes parcourues et un certain plaisir à déambuler à 200 km/h de moyenne dans les quartiers historiques mondialement célèbres de Paris, San Francisco, Chicago, Shanghai ou la Havane. En plus des retours de Dubaï et de Chicago qui feront plaisir aux nostalgiques de Grid 2, ce sont deux nouvelles villes qui font une entrée remarquée dans ce nouvel opus : Londres et … Moscou. Ainsi, il est possible de faire un doigt levé en passant devant le Kremlin.

Ferrari, les Alpes... La dolce vita

Toutefois, les perles de la franchise ne sont pas du côté des centre-villes. Les routes sinueuses d’Okutama sont heureusement toujours présentes, auxquelles il faut ajouter maintenant le nouveau tracé réussi de Strada Alpina dans son format étendu : très longue courbe sur voie rapide pour tester les limites des bolides, succession de virages rapides piégeux et épingles serrées. Ce circuit de 12 km à très haute vitesse apporte un vent de fraîcheur. En effet, les circuits urbains ne favorisent pas trop la vitesse de pointe. Enfin, les fans de la première heure et du drift seront heureux du retour tant attendu des docks de Yokohama, avec ses nombreux pièges comme les camions stationnés en sortie de virages. Sachez également que le titre propose un éditeur d’événement très complet et plutôt ergonomique qui vous permettra d’organiser une expérience de jeu personnalisée.

Arcade Fire

Avec un contenu aussi solide, Codemasters ne devait pas se rater sur la piste pour faire de Grid Legends une très bonne surprise. Malheureusement, le bilan à en tirer de ce côté là souffle un peu le chaud et beaucoup le froid. Que la série Grid propose un gameplay très arcade des courses n’est pas un problème. Au contraire, la licence a un coup à jouer dans ce domaine, d’autant plus que Forza Horizon 5 via le Gamepass a permis à un public nombreux de goûter à ce type de gameplay. Tout dépend de la vision de l’arcade que l’on souhaite retranscrire, l’idéal étant de réussir à simuler une physique des véhicules respectueuse à défaut d’être réaliste, tout en la rendant très accessible.

Envol vers la Tour Eiffel

Dans Grid Legends, les sensations de pilotage sont peu convaincantes pour les habitués des jeux de course à cause d’une physique des véhicules trop limitée. Sur la plupart des véhicules légers, on ne ressent quasiment aucun transfert de charge lors des virages et seul un modique transfert de masse est simulé lors des freinages où l’on constate que notre bolide pique légèrement du nez. La plupart du temps, seules des sensations de dérapages sont retranscrites lors des virages rapides accompagnées par un crissement de pneus surjoué et des vibrations dans la manette. C’est d’autant plus frustrant que les développeurs ont réussi à retranscrire toutes ces contraintes physiques pour la catégorie des camions. Cette différence de traitement est flagrante et se remarque dès les premières épreuves du mode Histoire, où rapidement on participe à une compétition dans Paris à bord de camions légers sur un tracé où sont disposés quelques tremplins.

Là où cet épisode répond présent pour un feeling arcade est dans la bonne sensation de vitesse que l’on ressent. Cette sensation devient encore plus palpable sur les circuits urbains, avec un défilement impressionnant des bâtiments proches de la route lorsqu’on roule avec des bolides pouvant dépasser les 250 km/h. Les amateurs de tour parfait et de contre-la-montre ont de quoi se faire plaisir. Réussir parfaitement ses virages à 90° en plein centre-ville ou passer une chicane à fond dans un tunnel a un aspect très grisant si on se moque du réalisme. D’autant plus que techniquement, le jeu est correct avec un 60 FPS constant quasiment jamais pris en défaut sur Xbox Series X, même avec 22 véhicules sur le circuit.

Graphiquement, le bilan est plutôt mitigé par rapport à Grid 2019. Sur ce dernier, la gestion de la lumière sublimait les graphismes, surtout la nuit. Mais en vue interne, nous étions souvent à l’aveugle dans des portions de circuits à cause d’une obscurité ou des rayons de soleil exagérés. Legends corrige les défauts de contraste de son grand-frère, et la jouabilité n’est plus entachée par la luminosité. En contrepartie, les textures de moyenne qualité sont moins camouflées et le jeu paraît moins beau, tout en restant très propre. On retrouve ici la même problématique et le même choix artistique qu’a connu le studio français Kylotonn avec sa série WRC, dont le dernier épisode divise la communauté sur cet aspect, jusqu’au sein même du Discord de Xboxygen. La déception est malgré tout au rendez-vous ici puisque contrairement aux opus WRC qui sortent chaque année, Grid Legends a profité de plus d’années de développement après la sortie de Grid. D’aucuns diront que la malédiction d’un développement crossgen a encore frappé.

Une expérience clivante

La promesse de la série Grid a toujours été de nous proposer des courses spectaculaires où tous les coups sont permis, à l’image de l’écurie emblématique du jeu : Ravenwest. Pour réussir à tenir cet engagement, Codemasters devait proposer une IA qui tienne vraiment la route et être au top dans la gestion des dégâts et le réglage des niveaux de difficulté. C’est avec regret que nous constatons que le studio a échoué sur les trois tableaux en l’état actuel du test. Certes, il y a une amélioration depuis l’épisode précédent, mais des défauts majeurs plombent encore une fois l’expérience de jeu.

Seul au monde

Commençons par la gestion de la difficulté. Vu les réglages déterminés par les développeurs, il est évident que Grid Legends s’adresse principalement au grand public cherchant un jeu très accessible et sans prise de tête. Pour les habitués des jeux de course, vous pouvez directement choisir le niveau de difficulté le plus élevé. Et même à ce niveau, il vous arrivera de survoler les débats dans de nombreuses compétitions, la seule pression étant d’éviter la faute grossière puisqu’on ne dispose plus de la fonction Rembobinage. Néanmoins, tout est paramétrable et il demeure possible de s’accorder plusieurs Rembobinages ou des aides au pilotage tout en mettant le niveau de l’IA en légendaire. Espérons qu’à l’avenir, une mise à jour puisse augmenter les temps de référence de l’IA afin d’apporter plus de challenge et des courses acharnées jusqu’à l’arrivée, sous peine de s’ennuyer fortement.

Il est colère le Prince

En plein cœur du trafic, les développeurs ont continué de miser sur le principe de rivalités passagères. En cas de contacts trop appuyés ou de provocations, un adversaire vous désigne en “Ennemi juré”. Son comportement à votre égard deviendra plus agressif et il n’hésitera pas à vous fermer la route ou vous percuter par l’arrière en plein virage. Si le principe est sympathique, le déclenchement d’une rivalité est légèrement buggé. Il n’est pas rare qu’elle se déclare alors que vous n’avez pas du tout touché votre adversaire et que vous êtes même à quelques mètres derrière lui, donnant le sentiment que votre simple présence dans son rétroviseur l’indispose. Pire, en cas de rivalité activée, votre ingénieur ne peut pas s’empêcher de vous faire la morale via l’oreillette. Si la première fois, on sourit fortement à l’écoute d’un “il ne faut pas pousser Mémé dans les orties”, l’agacement survient très rapidement à force d’entendre les trois répliques de l’ingénieur qui tournent en boucle.

Drift dans les docks de Yoko

Pour pimenter le côté spectaculaire, l’IA se montre nerveuse et surtout imprévisible. Tellement imprévisible que cela en devient absurde. En effet, il arrive fréquemment que les adversaires subissent des aléas de course comme une tête à queue dans un virage, un mini carambolage ou un défaut mécanique. Cela permet d’assurer le suspense quand vous êtes dans le peloton et de rendre les courses vivantes et non aseptisées.. Mais quand un concurrent part en vrille en pleine ligne droite, sans aucun adversaire autour de lui, nous devenons dubitatif sur la présence trop grossière de scripts. Et ces anomalies arrivent trop régulièrement. Espérons là encore que ce soit ajustable à l’avenir car l’idée de départ est bonne pour le style arcade recherché.

Concernant la gestion des dégâts, c’est simple, elle est inférieure à celle de Race Driver : Grid, sorti en 2008. Nous vous conseillons d’activer par défaut les dégâts réalistes dans le menu principal pour un minimum d’influence lors de vos courses. Et même avec cette option, il faudra percuter de nombreuses fois à grande vitesse les adversaires ou les bas-côtés pour constater une dégradation de la conduite : pneu crevé, perte de puissance ou direction tordue. Dans l’ensemble, les dégâts sont la plupart du temps cosmétiques et ne gênent quasiment jamais le champ de vision. Par contre, en vue interne, la déformation des portières apporte avec elle un effet sonore de sifflement du vent s’engouffrant dans l’habitacle du plus bel effet.

Testé sur Xbox Series X

Bilan

On a aimé :
  • La tension en plein trafic
  • Un contenu très solide
  • La sensation de vitesse à plus de 300
  • Les nouveaux circuits et le retour d’anciens iconiques
  • L’intégration du multijoueur dans la carrière
On n’a pas aimé :
  • La physique des voitures trop limitée
  • La VF ringarde au possible
  • Le manque de challenge pour les pilotes aguerris
  • Les scripts abusés de l’IA
  • Une gestion des dégâts encore trop permissive
Une porte d’entrée intéressante pour les novices

Si Grid Legends fait un bon pas en avant par rapport à Grid 2019, ce pas n’est malheureusement pas celui d’un géant. Codemasters a répondu présent sur le contenu avec plus de voitures, plus de circuits, un mode Histoire, certes décevant, qui sert de tutoriel intéressant et surtout une carrière longue, classique mais efficace avec la possibilité de la vivre en multijoueur. Le point sur lequel le jeu déçoit le plus se situe malheureusement sur la piste avec une physique limitée et une IA mal gérée. Néanmoins, l’ambiance arcade caractéristique des courses acharnées de Grid où tous les coups sont permis reste présente si vous avez la chance d’avoir un niveau de conduite qui correspond à l’échelle de difficulté proposée par le jeu. Grid Legends s’adresse donc principalement au grand public recherchant un jeu de course fun et très accessible. Si vous êtes un amateur chevronné des courses auto, vous ne constaterez rapidement que les défauts grossiers du jeu.

Accueil > Tests > Tests Xbox One

GRID Legends

Genre : Courses

Éditeur : Electronic Arts

Développeur : Codemasters

Date de sortie : 25/02/2022

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 4