Tu sais que tu as la tête de quelqu’un qui vaut 2000 $ ?
Outre son entrée en matière et sa narration maîtrisée, Call of Juarez : Gunslinger impressionne par sa réalisation pour un jeu XLA. Les graphismes jouissent d’un cel shading très propre qui n’est pas sans rappeler celui de Borderlands 2. Chaque niveau se présente comme une zone plus ou moins ouverte où Silas Greaves devra venir à bout d’un grand nombre d’adversaires. Call of Juarez : Gunslinger évite l’écueil du FPS couloir, le level design est vraiment réussi et nous offre pas mal de possibilités d’approche. Il ne sera pas rare de pouvoir prendre à revers ses adversaires ou trouver une position en hauteur afin de pouvoir faire pleuvoir du plomb sur leurs têtes. Le parcours de Silas Greaves sera jonché de cadavres et les niveaux que nous offrira le jeu reprendront les paysages d’épinal du western, mine d’or, vieux ranch, ville de l’ouest avec son saloon, scierie, paysages montagneux à la Jérémiah Johnson, tout y passe et il n’est pas rare de s’arrêter entre deux séquences de tir pour admirer le paysage.
Cette profusion de couleurs et de détails ne suggèrent malheureusement pas que du bon. Certes les décors sont jolis, travaillés, le level design intelligent et fourmillant de bonnes idées, mais le jeu souffre de ce trop plein, ce qu’il gagne en richesse il le perd en lisibilité. Il n’est pas rare de se retrouver en pleine fusillade sans trop savoir sur quoi tirer, ni sur qui et rechercher tant bien que mal parmi les buissons le cowboy qui nous canarde comme un sniper. Ce qui passe en mode normal, passe beaucoup moins dans les deux autres modes de difficulté proposés par le jeu, d’autant que la précision et la jouabilité semble être calée sur la version PC vu l’importance du tir en pleine tête et la précision que nécessite certaines séquences.
Heureusement, Silas Greaves a de quoi se défendre ! Avant d’entrer dans le vif du sujet, laissez-moi vous dire deux mots sur l’ambiance sonore. Les bruitages sont très convaincants, les fusillades ont énormément de punch. La narration est entièrement en anglais, ce qui renforce l’ambiance mais certaines phrases en pleine action peuvent passer inaperçues et c’est bien dommage. Les doubleurs anglais manquent de conviction dans leurs phrases mais l’humour arrive à nous faire oublier la faiblesse de leur jeu. Les musiques, quant à elles, misent sur l’action à tout-va, elles s’oublient très vite, les compositions sont loin d’atteindre l’excellence de celle de Red Dead Revolver ou Outlaws...
Quand on tire, on ne raconte pas sa vie...
Avant de charger votre colt et de partir à l’aventure, vous pouvez oublier les balades à cheval du premier et du deuxième opus. Un cheval ça pue et ça fait mal au cul de toute façon. Call of Juarez : Gunslinger est un jeu arcade pensé pour la course au score. L’arsenal de Silas Greaves n’est pas pléthorique mais fera largement l’affaire : trois pistolets aux caractéristiques différentes, un fusil pour la courte distance, une carabine pour les chapeaux qui dépassent et de la dynamite, et certaines séquences de jeu vous mettront derrière une gatling ! Chaque cowboy envoyé à terre vous rapportera des points d’expérience, un tir à la tête, longue portée, en pleine course, faire une série et j’en passe, tout cela vous fera gagner plus de points qu’un simple tir dans le buffet. Silas Greaves pourra régulièrement passer en mode concentration ; dans cet état, les adversaires apparaîtront en rouge, le temps sera ralenti et l’on pourra aligner rapidement les cadavres, les uns après les autres dans un temps limité. Silas pourra aussi éviter une balle mortelle, repoussant momentanément l’instant fatidique.
En outre, certains éléments du décor comme des tonneaux de poudre, des troncs d’arbres retenus par de simples chaînes dans la scierie pourront faire office de piège que vous vous empresserez d’utiliser. L’expérience ainsi gagnée vous permettra d’augmenter vos capacités. Il vous faudra choisir entre trois spécialisations (longue portée, courte portée ou deux flingues) ou essayer l’option touche-à-tout assez risquée. Chaque spécialisation disposera de deux armes supplémentaires à débloquer qui remplaceront les anciennes. Silas Greaves est un chasseur de prime prévoyant et partira en mission avec trois armes, un fusil, un colt et des explosifs. Il pourra toujours changer d’arsenal en récupérant les armes sur les cadavres de ses adversaires. L’IA de ceux-ci ne sera pas à porter aux nues, très basique, ils n’auront pour eux que leur nombre et leur adresse pour venir à bout de Silas.
Mais qu’importe ! Call Juarez : Gunslinger est suffisamment dynamique et nerveux pour faire oublier ces désagréments. On avait parlé un peu plus haut des problèmes de lisibilités et bien sachez que cela s’aggrave lorsque l’on joue un niveau une deuxième fois. En effet, les points d’expérience s’affichant à l’écran à chaque mort disparaissent (on ne gagne pas d’expérience sur un niveau déjà joué), plus aucune indication ne nous est donnée lors de la mort d’un adversaire mis à part une grosse gerbe de sang difficile à voir à longue portée derrière des buissons. Mais vous vous demandez quel intérêt vous aurez à rejouer les niveaux. Chaque zone contient divers secrets rapportant de l’expérience et débloquant un texte historique très intéressant sur les grandes figures emblématiques de l’Ouest. Un petit cours historique appréciable et apprécié.
Ne cherchez pas de multi il n’y en a pas. En guise d’apéritif, on aura la possibilité de jouer à un mode arcade où l’on choisira parmi trois profils pré-configurés (tireur longue distance, courte distance et ambidextre) avant de partir à l’assaut d’un niveau. On devra alors engranger un maximum de points en alignant les adversaires et en finissant le niveau en un minimum de temps. Le jeu prend vraiment son ampleur dans ce mode particulièrement bien ficelé et addictif. Call of Juarez : Gunslinger vous proposera aussi un mode duel dans lequel vous retrouverez certaines séquences de l’histoire vous opposant à un adversaire ou plusieurs en face à face main sur le flingue. Ces duels commencent par une longue séquence d’observation où l’on devra garder sa mire sur l’adversaire pour augmenter sa précision et continuellement ajuster sa main au-dessus de son revolver pour accroître sa vitesse. Lorsque l’adversaire se saisit de son arme il faut alors dégainer et viser juste. Ces séquences de duel sont bien pensées et assez prenantes, petite cerise sur la gâteau Call of Juarez qui signe là un très bon retour sur nos consoles.