Mon salon était désert. Ma femme et mes enfants s’étaient réfugiés dans leur chambre sur mes recommandations. Un vent glacial balayait la poussière du parquet. Un virevoltant se glissa insouciant entre moi et Call of Juarez : Giunslinger. Il était arrivé dans la pâle lueur du soleil levant, c’est mon fils qui l’avait vu en premier. Un tel jeu n’annonçait rien de bon. Il ne venait pas ici, dans ma Xbox, pour le plaisir. On se tenait face à face depuis quelques minutes déjà. Ma main demeurait impassible sur la manette. Il me fallait être prompt, rapide et froid. J’avais descendu pas mal de jeux avant lui. Il n’était pas le premier et ne serait pas le dernier. Son écran de sélection me faisait face. Au loin un coyote hurlait à la mort. Press start clignotait. Mes doigts se refermèrent sur la manette. Il n’eut pas le temps de réagir. Mon pouce gauche était déjà sur le stick. Le droit appuyait sur le bouton start. Je m’apprêtai à lui coller une mauvaise note entre les deux yeux. Mais le bougre était rapide, très rapide.
The Gold of Juarez
Call of Juarez est une vieille série qui naquit en 2006 sur PC et fut développée par Techland, oui, vous savez le studio polonais désormais célèbre grâce à leur Dead Island ! A une époque ou FPS et Seconde Guerre mondiale allaient de pair, voir arriver sur les étals un FPS où l’on ne descendait pas un seul allemand était une preuve d’audace et d’originalité hallucinante. Call of Juarez avait de véritables volontés cinématographiques en mettant en scène Billy, un jeune descendant mexicain accusé d’un meurtre qu’il n’avait pas commis et un prêtre fanatique, main vengeresse de dieu. Deux hommes dont le destin allait s’unir sur fond d’un mystérieux trésor perdu, l’or de Juarez. Le jeu était loin d’être abouti malgré ses bonnes idées, ses balades à cheval, ses idées de gameplay parfois catastrophiques (les phases de plate forme) et l’univers bien trop étriqué malgré ses promesses. Fer de lance du DirectX 10 de Microsoft il fut porté sur Xbox 360 dès 2007.
Le second épisode datant de 2009 rehaussa grandement la qualité du titre. Les Polonais de Techland ayant pris la mesure du chemin qui leur restait à parcourir pour peaufiner leur jeu, Call of Juarez : Bound in Blood parvint à rectifier pas mal d’éléments qui plombaient l’expréience de jeu. Bound in Blood s’avèrait mieux rythmé, plus ouvert et semblait lancer la série sur de très bons rails ! Beaucoup d’amateurs de western espéraient voir naître avec cet opus une grosse franchise de FPS sergio-leonesque. Que nenni !
Le troisième épisode aurait pu s’apparenter à un véritable suicide. Un Remington à six coups dans une main, six balles dans le barillet et un tir sur la tempe en espérant qu’un miracle se produise. Que faire lorsque l’on dispose d’une franchise disposant d’originalité et d’un début de notoriété ? Cette question, les petits gars de techland ont dû se la poser après une longue soirée beuverie. Call of Juarez : The Cartel laissait totalement tomber le western pour creuser sa tombe avec un FPS moderne opposant forces de l’ordre et narco-trafiquants. Abandonnant toute originalité, Call of Juarez : The Cartel semblait jouer le rôle de pierre tombale à la série. Jusqu’à aujourd’hui et la sortie de Call of Juarez : Gunslinger.
Un, deux, trois, quatre, cinq et six ! Six, le chiffre parfait...
On est déjà étonné de voir arriver un nouvel opus de Call of Juarez, on l’est d’autant plus qu’il arrive en dématérialisé sur le XBLA. Cette arrivée en catimini a de quoi surprendre et inquiéter l’amateur averti et on lance le jeu le dos courbé et les mains moites en espérant ne pas tomber sur une purge de plus. Rassurez-vous il n’en est rien. Call of Juarez : Gunslinger est un retour aux sources salvateur pour la série. On laisse tomber les trafiquants de drogue et on revient à l’ouest sauvage et à ses figures emblématiques.
Silas Greaves est un vieux chasseur de prime. Ses exploits ont été relatés dans des livres qui ont fait rêver bon nombre d’enfants et sont rentrés dans l’imagination populaire. Lorsqu’il s’arrête dans un saloon pour se rincer le gosier, il n’est pas rare que quelqu’un le reconnaisse. C’est comme cela que commence que le jeu. Une interpellation sur son identité, un hochement de tête de la part de Greaves, un auditoire qui s’attroupe autour de la légende et qui lui demande de raconter son histoire, enfin ses histoires.
Cette entrée en matière de Techland fait mouche et sur fond d’humour, la petite histoire de Greaves rencontre la grande histoire de l’ouest et de ses personnages qui ont fait sa légende, Greaves combat aux côtés de Billy the Kid, croise Wyatt Earp, Patt Garret, Jesse James et bien d’autres encore ! Les niveaux s’enchaînent sans temps mort accompagnés par la voix rocailleuse de Greaves qui vient décrire ses faits d’armes durant l’action. On se laisse prendre au jeu et le résultat est tout particulièrement plaisant allant jusqu’à introduire de petits flashbacks, les erreurs de narration de Greaves et bien d’autres surprises. Les 14 niveaux du jeu, bien qu’étant courts, s’avèrent variés et très ingénieux, Silas Greaves étant un affabulateur très inventif !