Cela fait déjà plus d’un mois que Microsoft a retourné toute l’industrie en annonçant le rachat d’Activision Blizzard. S’en sont suivies de nombreuses questions de la part des joueurs qui se demandent quel sera l’avenir des studios de l’éditeur américain. Aujourd’hui nous savons que Call of Duty continuera de sortir sur PlayStation, et ce pendant très longtemps. Est-ce ici une manouevre pour rassurer les joueurs et surtout les autorités qui pourraient s’opposer au rachat qui n’est pas encore effectif ? Quoi qu’il en soit, la « Securities and Exchange Commission » vient de publier un document qui permet d’en apprendre un peu plus sur les coulisses du rachat d’Activision Blizzard.
Xbox et Activision Blizzard : Microsoft clarifie tout, y compris Call of Duty sur PlayStation !
Retour en arrière
Revenons quelques mois en arrière. L’éditeur américain Activision Blizzard a de nombreuses fois été pointé du doigt pour dénoncer des faits inadmissibles. Les langues se sont déliées et ont donc laissé apparaître au grand jour une ambiance d’agressions permanentes au sein du groupe.
Petit hic, Bobby Kotick, PDG d’Activision Blizzard, était au courant et n’agissait pas en conséquence. Il avait notamment interféré dans une précédente histoire de harcèlement datant de 2017. À cette époque, il était question d’une employée victime de comportements abusifs de la part de Dan Bunting, co-président du studio Treyarch et employé depuis la sortie de Call of Duty 5 : World at War.
De son côté, le patron de Xbox, Phil Spencer, a immédiatement réagit pour s’indigner face à ces comportements inadmissibles. Dans un email envoyé à ses employés, il a dit vouloir « évaluer tous les aspects de notre relation avec Activision Blizzard et procéder à des ajustements proactifs continus ».
Au nom de son équipe, il s’est également dit « dérangé et profondément troublé par les événements et les actions horribles » qui sont rapportés dans la presse. « Ce type de comportement n’a pas sa place dans notre industrie », a indiqué Phil Spencer le 18 novembre dernier.
Suite à ces propos, Phil Spencer a immédiatement approché Activision Blizzard
Nous tenions à rappeler ces événements, puisqu’ils auraient été déterminants dans le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft. En effet, nous apprenons aujourd’hui via un nouveau document de la Securities and Exchange Commission que Phil Spencer a immédiatement approché l’autre géant américain pour discuter du rachat qui sera annoncé quelques semaines plus tard, malgré son email d’indignation envers Activision Blizzard.
Le 19 novembre 2021, au cours d’une conversation sur un autre sujet entre M. Spencer et M. Kotick, M. Spencer a évoqué le fait que Microsoft souhaitait discuter des opportunités stratégiques entre Activision Blizzard et Microsoft et a demandé s’il était possible d’avoir un appel avec M. Nadella le jour suivant. M. Kotick a accepté de participer à cette discussion.
Sans pour autant préciser ce qu’il avait en tête, Phil Spencer a voulu prolonger la discussion aux plus hauts sommets avec l’intervention du PDG de Microsoft dès le lendemain. Ainsi, le 20 novembre Satya Nadella évoquera son intérêt pour « l’exploration d’une combinaison stratégique avec Activision Blizzard ».
Lors d’un appel téléphonique le 20 novembre 2021 entre MM. Kotick et Nadella, M. Nadella a indiqué que Microsoft était intéressé par l’exploration d’une combinaison stratégique avec Activision Blizzard.
La relation très proche entre les deux acteurs du jeu vidéo donnera lieu à deux mois d’échanges intensifs avant d’annoncer le rachat publiquement le 18 janvier 2022. Il est possible de retrouver tout le détail à partir de la page 31 du document.
D’autres acteurs de l’industrie intéressés !
Si Microsoft n’a pas hésité à vite approcher Activision Blizzard en vue d’une acquisition, d’autres entreprises ont également profité de la situation de l’éditeur pour faire des propositions, dont un qui a également évoqué sa volonté de racheter la société.
Le document de la Securities and Exchange Commission fait mention de 5 autres sociétés, ici appelés entreprises A, C, D E et « Individual B ». Cette dernière a envoyé le 6 décembre dernier un email à Monsieur Kekky de chez Activision Blizzard pour faire part de son désir d’acquisition.
Le 6 décembre 2021 également, M. Kelly a reçu un courriel non sollicité d’un individu, que nous appelons « Individual B », indiquant son désir d’explorer l’acquisition potentielle de l’unité commerciale Blizzard de la société ou potentiellement une transaction de prise de contrôle totale (ou partielle) avec des co-investisseurs potentiels non identifiés.
Finalement, seul Microsoft parviendra à se mettre d’accord avec Activision Blizzard. Les propositions des autres sociétés n’ont pas pu aboutir pour différentes raisons. Par exemple, dans le cas de la société E, elle a déclaré ne pas être en mesure de procéder à une acquisition complète d’Activision Blizzard, d’autant plus que Microsoft s’est montré très rapide et agressif.
Un blocage qui pourrait coûter cher
Les documents dévoilés par la Securities and Exchange Commission nous permettent aussi d’en apprendre un peu plus sur les termes de l’accord. Si l’accord se voyait bloquée par les autorités, alors Microsoft sera dans l’obligation de payer une indemnité de rupture auprès d’Activision Blizzard. Elle ira de 2 à 3 milliards de dollars dans le cas où elle est annulée en raison d’une « injonction découlant des lois antitrust ».
Microsoft va également être confronté au vote des actionnaires. Si ces derniers s’opposent à la fusion des deux groupes, alors Microsoft devra verser une indemnité de rupture de 2,27 milliards de dollars.
Récemment, le rachat d’Arm par Nvidia d’un montant de 40 milliards de dollars a été bloqué en raison de problèmes de réglementation par la Federal Trade Commission. Preuve que tout n’est pas figé et que des changements peuvent encore intervenir. La FTC examine d’ailleurs le cas de Microsoft et Activision Blizzard.
Des beaux jours pour Bobby Kotick
S’il est prévu que Bobby Kotick quitte la société quand l’opération sera conclue, le document permet d’apprendre qu’il gagnera 410 142 075 dollars grâce aux 4 317 285 actions sur une base de 95 dollars par part. S’il prévoit quand même de rester, Microsoft devra en plus le payer 14 592 302 dollars, rien que ça !
Il faut ajouter à cela les 2,2 millions d’options sur actions qui pourraient valoir des centaines de millions de dollars en plus en fonction de leur coût d’exercice. Autant dire qu’il ne pourra pas pointer au chômage.
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