La marque Xbox a toujours cherché, depuis le début de son existence, à se démarquer de la concurrence. La première machine devait être un monstre de puissance proche du PC, la Xbox 360 celle qui installerait le jeu en ligne et la Xbox One le nouvel outil de divertissement indispensable. Les deux premières ont atteint leur objectif. La dernière connut un lancement difficile, car incompris. L’un des artisans de cette stratégie et ancien dirigeant d’Xbox, Don Mattrick, revient sur cette période.
La Xbox One, ses idées et ses échecs
Le documentaire Xbox - Power On est enfin disponible au visionnage. Il revient sur les vingt premières années de la marque en tant que constructeur de consoles et regorge d’anecdotes croustillantes. Le sixième et dernier épisode revient particulièrement sur le lancement quelque peu raté de la Xbox One auquel seul un homme semblait croire...
Lorsqu’elle est présentée en 2013, la Xbox One surprend d’abord par cet aspect uniforme sans originalité rappelant furieusement un décodeur TV. Dans les faits, c’est plus ou moins ce qu’elle aspirait à devenir. D’ailleurs, le documentaire le précise : « la concurrence de la Xbox One ne serait ni Sony, ni Nintendo, mais la télévision et les médias ». Don Mattrick revient sur cette conception qui n’a pas su trouver son public :
C’était excitant de réfléchir à ce que pourrait être une console de divertissement dédiée à cet usage unique. Nous avons donc choisi cette voie avec la Xbox One. Nous voulions un appareil fédérateur qui touche tous les aspects du jeu et du divertissement. Faire en sorte que notre équipe pense non seulement au jeu, mais aussi à la télévision, aux films, aux histoires qui vivaient au sein de notre communauté de joueurs, était quelque chose en quoi je croyais.
Une stratégie tellement prononcée qu’elle a pu surprendre bon nombre de fans de la marque qui n’ont pas compris le message dans ce sens et ont vu un système intrusif, contraint à une connexion internet permanente, imposant de laisser Kinect active et contraignant les joueurs à ne pas pouvoir lancer de jeux achetés d’occasion. Ces avancées technologiques ont été vues comme restrictives au point que le consommateur a pu se demander si cette console disposait bel et bien d’une ludothèque, et surtout au point de freiner les ventes au lancement...
Près de 7 ans après sa sortie initiale, la Xbox One a depuis redressé la barre en beauté en écartant purement et simplement Kinect, en simplifiant son interface et en proposant un système décliné en trois modèles (Xbox One S, Xbox One X, Xbox One S All Digital) dédiés en priorité au jeu. Ce renouveau, c’est le successeur de Don Mattrick qui l’a insufflé à Xbox : un certain Phil Spencer. Si le travail de ce dernier a su raviver la flamme et proposer une vision plus en phase avec les attentes des joueurs, Don Mattrick regrette que la sienne fut incomprise :
Nous avons été repoussés par les consommateurs, par certains journalistes, qui se demandaient si nous avions fait le bon choix en tant qu’entreprise. C’était une critique valable, mais c’était un choix très binaire, et nous avons choisi de parier sur l’aspect en ligne. J’aurais aimé avoir l’occasion de rester, de mettre en œuvre la vision et les capacités que l’équipe avait créées, mais j’ai fini par annoncer cet été que j’allais partir.
S’il est évidemment impossible de présager de l’avenir de la marque si elle avait dû maintenir ce cap du « tout-divertissement », on peut tout de même supposer que Xbox n’en serait probablement pas à ce niveau aujourd’hui tant cette politique fut rejetée. Don Mattrick avait une vision peut-être trop avant-gardiste ou, au contraire, trop rétrograde. On ne pourra en tout cas pas reprocher à la marque d’avoir tenté plusieurs approches, avec plus ou moins de succès.
Documentaire Xbox - Power On : l’histoire de Xbox en 6 épisodes à voir ici !