Alors que l’officialisation de l’acquisition du groupe ZeniMax par Microsoft approche, Bethesda est inquiété par une action collective en justice contre ses pratiques commerciales. C’est Fallout 4 qui est invité à la barre des accusés : à l’origine de la plainte un Season Pass qui à sa sortie ne dit pas réellement ce qu’il est. Le site Venture Beat s’est penché sur l’origine du différend et la possibilité que cette action mette en péril le rachat de Bethesda.
Une pratique anti-joueurs
Quelques mois avant la sortie de Fallout 4 en 2015, Bethesda a mis en vente le Season Pass qui promettait l’accès à tous les futurs DLC du jeu pour 30 $. Dans ses plans, Bethesda ne comptait pas limiter la quantité de contenu additionnel malgré un prix de lancement de Season Pass défiant toute concurence. Tout cela s’annonçait comme une vrai aubaine pour les joueurs.
Seulement, la réalité était un peu plus compliquée que ça : certains joueurs ont acheté le Pass qui est entretemps passé à 50 $ pour se rendre compte qu’il ne leur donnait pas accès au contenu du Creation Club. Il se trouve que le Season Pass avait une durée limitée dans le temps, mais cette limite n’a été mentionnée nulle part par le studio. Celui-ci a alors tenté de redéfinir la nature des DLC de manière à en exclure le contenu du Creation Club présenté comme du contenu issu de la communauté et des mods. Bethesda visait alors clairement à faire du profit au-delà du Season Pass par tous les moyens.
En embuscade à l’approche de l’acquisition
Le X-Law Group, spécialisé dans la démarche, a intenté en juillet 2019 une action collective contre Bethesda pour publicité mensongère et compte bien la voir aboutir devant la justice. Alors que la Commission Européenne doit statuer sur le rachat de Bethesda le 5 mars, le studio est poursuivi pour « violation de contrat », « enrichissement non justifié » ou encore « dissimulation frauduleuse ».
Les avocats en charge de l’action collective s’inquiètent d’une possible tentative de Bethesda de transférer ses actifs à une nouvelle entité juridique de manière à se débarrasser de toute responsabilité juridique dans l’affaire : une méthode déjà employée par le studio dans le cadre de son acquisition d’un développeur en charge de Rune II, considéré comme un rival de la licence The Elder Scrolls.
Les avocats des plaignants vont donc tenter d’obtenir du juge une interdiction provisoire de la vente de Bethesda à Microsoft pour préserver les actifs et permettre aux joueurs de récupérer leur argent, dont les 281 $ réclamés pour le contenu du Creation Club.
Vault pour protéger le butin ?
Il y a exactement deux semaines nous vous reportions que Microsoft créait sa nouvelle filiale Vault dans le cadre de son acquisition de ZeniMax. Choisi en hommage à la licence Fallout, il se pourrait que le nom désigne de manière plus ironique le coffre-fort qui préservera les intérêts de Bethesda. En effet, certains médias ont spéculé sur le caractère provisoire de la filiale qui disparaitrait une fois la vente réalisée.
Dans une fusion triangulaire forward, la société acheteuse fait acquérir celle en vente par une filiale, [souvent une coquille] lui appartenant, ce qui permet à l’acheteur comme à la boîte rachetée de transférer ses responsabilités juridiques à la filiale qui disparaît aussitôt la vente réalisée. On pourrait supposer que c’est l’objectif que « Vault » remplira pour éviter des dommages et intérêts qui pourraient s’élever à 10 milliards de dollars, soit bien plus que le prix de vente du groupe selon l’avocat d’un cabinet spécialisé dans le jeu vidéo.
À cette date il est impossible de prédire l’impact de cette action en justice sur l’acquisition de Bethesda par la firme de Redmond. Cependant une chose est sûre, Microsoft devra se pencher sur les pratiques commerciales du studio qui ne sont pas en phase avec la philosophie de Xbox qui place le joueur au centre de l’expérience.
