Test - Desolatium - Le Mythe de Lovecraft à son meilleur

«Entrez dans la folie» , - 1 réaction(s)

Desolatium est le dernier né du jeune studio espagnol Superlumen. Ce dernier est spécialisé dans la création d’expériences pensées pour la réalité virtuelle, mais pourtant tout à fait jouables sans ce matériel. Du côté édition, c’est Soedesco qui leur a fait confiance dans un titre surprenant, mêlant point and click d’aventure et roman graphique.

Le Témoignage de Scott Carter

Fans de Lovecraft, ce titre a dû vous faire tiquer. Nous pensions, en voyant le nom du héros, qu’il ne s’agirait que de simples références plus ou moins adroites sur le mythe comme c’est souvent le cas avec des jeux estampillés “Lovecraft” trop facilement.

Loin de là ! Desolatium est une ode à des écrits qui, s’ils n’ont pas été reconnus du vivant de l’auteur, sont aujourd’hui une véritable source d’inspiration dans tous les médias.

Pour autant, tout n’est pas parfait, à commencer par l’introduction. L’aspect esthétique des passages crayonnés ne cadre absolument pas avec l’invitation à plonger dans la folie qui nous est proposée pour lancer le jeu.

L’esthétique des dialogues semble hors de propos

Après quelques difficultés pour démarrer la partie (à l’inverse de ce qui se fait habituellement, c’est l’option la moins lumineuse qui est notre sélection et non celle en surbrillance), l’aventure démarre enfin.

La cinématique qui en découle est d’ailleurs peu reluisante et extrêmement floue, heureusement car l’animation des personnages que l’on y aperçoit est datée de plusieurs générations de consoles en arrière.

Les amis et ennemis que nous rencontrons sont également modélisés avec l’esthétique de cette période. Si pour les habitants d’Innsmouth nous pouvons passer outre pour une raison précise, c’est plus difficile à digérer en ce qui concerne les autres.

Un coup sur la tête de Scott permet de mettre fin à notre haussement de sourcil. Le réveil, même s’il n’est pas doux pour le héros, l’est bien plus pour nous. Nous découvrons un jeu photoréaliste dans lequel les déplacements avec les joysticks sont impossibles, la seule option qui nous reste est une inspection du regard des différents lieux pour en percer les mystères et en apprendre plus sur le monde qui nous entoure.

Les personnages ne sont pas des modèles de beauté

Comme dans tout point and click qui se respecte, il est possible de combiner entre eux les biens en notre possession pour résoudre certaines “énigmes”. Si nous prenons des pincettes, c’est parce que nous n’avons à aucun moment eu de difficulté pour en résoudre une.

La seule chose qui nous a réellement fait perdre du temps dans cette aventure, ce sont les quelques lieux (mention spéciale à la librairie, remplie d’objets divers et variés cachant ceux qui nous intéressent). On se serait presque cru par moments dans un jeu de “cherche et trouve”, à la seule différence qu’on ne sait pas ce que l’on cherche.

Entre villes méconnues et Cité sans nom

Les fervents lecteurs de l’auteur providentiel ne seront pas surpris par l’histoire tant elle transpire les récits lovecraftiens. Entre cultistes vouant une adoration sans borne à de Grands Anciens endormis et la recherche de secrets enfouis dans des espaces-temps incompréhensibles à l’homme, rien ne vient déroger au mythe.

Les différents environnements photoréalistes renforcent l’ambiance pesante d’un tel récit et certains passages sont clairement destinés à un public adulte, tant par le côté visuel que par les descriptions qui en sont faites. L’immersion est totale.

Les environnements sont variés

Les phases de dialogues sont les seuls éléments qui cassent cette immersion. Comme pour l’intro, l’esthétique des dessins nous semble en complet décalage avec le propos et, de plus, Desolatium nous fait choisir les phrases à prononcer avec un curseur utilisé durant toute l’aventure même lorsqu’il n’y a qu’un seul choix…

Le jeu contient énormément de lecture durant la partie, afin de véritablement nous plonger dans l’ambiance. Heureusement le tout est traduit en français avec un doublage anglais d’une grande qualité, tout comme la bande sonore générale du titre qui nous a scotchés. La promesse d’une expérience audio ambisonique immersive est respectée !

La promesse d’une expérience audio ambisonique immersive est respectée !

Tout fonctionne. Les musiques sont en parfaite adéquation avec les situations, parfois proches d’un film de Nolan, parfois plus élégantes. Mais ce ne sont pas que les musiques qui sont irréprochables. En effet, chaque bruit de porte, objet que l’on touche, clavier que l’on manipule est retranscrit de manière à se croire dans un reportage interactif.

Cela va même jusqu’au son des pas qui change en fonction du personnage. Car oui nous n’allons pas incarner que Scott Carter. Quatre protagonistes vont se succéder, chacun avec une mission précise dans des endroits variés et, pendant que certains fouillent les locaux d’une grande société machiavélique, un autre s’enfonce dans les profondeurs d’Innsmouth à la recherche d’une amulette capable de renvoyer le mal d’où il vient.

Et c’est là que le jeu est encore plus fort. Les fins multiples se jouent sur tous les tableaux puisque l’échec de la mission par l’un ou l’autre des héros aura des conséquences désastreuses pour l’humanité.

L’histoire est sérieuse et mature

Il faut être honnête, sur le coup nous n’avons pas perçu ces “choix” et ce n’est qu’à la fin (et avec un petit tour dans les succès) que sont apparus comme un flash dans notre esprit les moments qui auraient pu être différents.

Les succès ne pourront donc être tous débloqués qu’en recommençant le jeu au moins trois fois, sachant que nous avons pris moins de 6 heures à atteindre la fin de l’aventure, en cherchant dans les moindres recoins.

Nous avons réellement eu l’impression d’être dans une partie d’Horreur à Arkham, le jeu de carte, mais adapté avec brio en jeu vidéo. Merci à l’équipe de Superlumen d’avoir su rendre hommage au maître de l’horreur, après tant d’adaptations ratées surfant sur une licence dont ils ne comprenaient en rien l’essence, à l’inverse d’un Desolatium aux nombreux clins d’œil sans pour autant n’être qu’une fiche de références au mythe à remplir.

Testé sur Xbox Series X

Bilan

On a aimé :
  • Un respect total des oeuvres de H.P Lovecraft
  • Une bande sonore bluffante
  • Des graphismes photoréalistes maîtrisés
  • L’ambiance pesante et adulte
  • L’histoire à quatre protagonistes
On n’a pas aimé :
  • Des modèles 3D de l’époque PS2
  • Certains tableaux surchargés
”Ph’nglui mglw’nafh Cthulhu R’lyeh wgah’nagl fhtagn”

Desolatium est une véritable réussite pour tous les fans de Grands Anciens et de cités perdues, imaginés par H.P Lovecraft. Comme les œuvres du maître, le jeu suggère toujours plus qu’il ne montre et, avec le dosage idéal, il dépasse les simples clins d’œil aux œuvres pour nous en faire vivre une à part entière. L’esthétique photoréaliste est totalement maîtrisée, mais toujours moins que la bande sonore bluffante qui force le respect. Si le titre n’avait pas, à de rares moments, des modèles 3D datés de plusieurs générations de consoles, nous serions face à un sans faute.

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DESOLATIUM

Genre : Aventure/Réflexion

Éditeur : SOEDESCO

Développeur : SUPERLUMEN

Date de sortie : N/A

1 reactions

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Thom B.

21 nov 2023 @ 08:36

merci pour le test ! et merci de mettre en lumière les jeux moins connu