Test - My Memory of Us : la pureté au milieu de l’horreur

«Un jeu qui a quelque chose à dire» , - 12 réaction(s)

La guerre est quelque chose d’affreux. Et de récurrent dans les jeux vidéo. Le plus souvent, c’est le prétexte à des FPS ou autres jeux où flinguer est le principe de base. Parfois, c’est le propos même du jeu. Enfin, en ce qui concerne My Memory of Us, c’est un des propos, le titre ayant été manifestement conçu en premier lieu pour raconter quelque chose. Et ça fait du bien.

Quand la naïveté est une qualité

Un parc pour enfants, surveillé par des robots

L’histoire commence à notre époque : tout le monde a les yeux rivés sur son smartphone, dans un milieu très urbain, et une petite fille écoute un vieux monsieur lui raconter une histoire. Son histoire, que l’on va vivre. Il était tout petit quand la guerre a éclaté, et est devenu ami avec une jeune fille pimpante. Ensemble, ils vont vivre une grande aventure, traversant l’invasion d’une armée de robots, se cachant, résistant, survivant à des épreuves inhumaines. Et tout cela en restant soudés et en cherchant à tirer le meilleur de n’importe quelle situation.

À l’écran, c’est une allégorie évidente de la Seconde Guerre mondiale. Les envahisseurs sont déshumanisés, séparent la population en affublant les cibles d’une couleur rouge, déportent ces populations dans des camps, pendant qu’une autre partie de la population bénéficie d’une vie normale (on devine même que certains s’en sortent très bien…).

Sortie des entrailles du monstre d’acier

On n’insistera jamais sur cet aspect. Tout est suggéré, ou bien directement montré, mais sans explications, car ce n’est au final qu’une toile de fond représentée à travers les yeux d’enfants. Ceux-ci ne comprennent pas les enjeux, et s’en moquent. Ce qui est important pour eux, c’est leur amitié, c’est de rester ensemble, c’est de faire le bien, et c’est, même, de jouer et de s’amuser. Des enfants, quoi ! Le contraste entre le monde décrit, terrible, cafardeux, et le comportement des jeunes héros, positifs, le plus souvent joyeux, est une réussite totale et est le véritable propos du jeu. Ce qui est mis en évidence, c’est que le comportement normal, sain, humain, est celui des enfants. Le paradoxe est que malgré l’ambiance qui reste pesante, malgré des scènes dures, le jeu en ressort optimiste ! Comme si les valeurs positives l’emportaient toujours sur la folie.

Ainsi, on se sent bien quand on joue à My Memory of Us, pendant les quatre heures nécessaires pour en voir le bout. C’est une conception exemplaire de la façon dont on doit raconter un récit quand on veut faire passer quelque chose.

Réalisation au service de l’histoire

Discrètement, un peu de poésie

On retrouve ce point de vue dans la réalisation du jeu. Les graphismes sont eux aussi naïfs, comme s’ils étaient conçus par des enfants. C’est très joli, dans un style cartoon qui fait beaucoup pour le contraste évoqué plus haut. En jeu, on aura une succession d’énigmes plutôt simples et de phases très diverses (infiltration, jeux de rythme, et même une partie shoot’em up). Le gameplay est basé sur la complémentarité des deux personnages, chacun bénéficiant de caractéristiques qui leur sont propres. C’est très convenu et sans surprises, mais cela reste efficace. On regrettera juste une latence dans certaines actions (en particulier quand on prend la main de l’autre personnage) qui nuit à la fluidité du gameplay.

Un soin tout particulier a également été apporté à la partie sonore du jeu. Le narrateur est juste, posé, et on soulignera la qualité des musiques de Patryk Scelina, compositeur polonais qui livre une très belle prestation, équilibrée, variée, soulignant avec justesse les différents passages du jeu. À nouveau le propos et l’émotion avant tout.

Bilan

On a aimé :
  • On se sent bien en jouant
  • Forte identité visuelle
  • Propos intelligent évitant la caricature
  • Les musiques
On n’a pas aimé :
  • Latence dans la maniabilité
  • Gameplay sans originalité
Une jolie histoire

My Memory of US a été construit autour d’un propos plutôt qu’autour d’un gameplay, et cela se ressent, à la fois négativement avec des énigmes simples et peu originales, mais aussi positivement avec une grande maîtrise du sens même du jeu. Les valeurs mises en avant sont pures, simples, et cela fait du bien ! On est embarqué avec les personnages pour lesquels on se prend vite d’affection et on passe un excellent moment, plein de bons sentiments et d’émotions. Ce jeu a du cœur, ce qui est sans doute sa qualité première, et ce qui n’est pas si fréquent dans le flow de la production actuelle.

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My Memory of Us

PEGI 0

Genre : Aventure/Réflexion

Editeur : IMGN.PRO

Développeur : Juggler Games

Date de sortie : 9 Octobre 2018

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4

12 reactions

eykxas

23 oct 2018 @ 07:11

Perso, je pense que la majorité des prix des jeux sont des simples « convention ». Si le jeu est flaggé triple A, bim ce sera d’office 70€ même si il n’y a pas de R&D. Si le jeu est de type indé, ce sera max 30€. Un jeu triple A un peu ancien, 30€ etc...

je ne pense pas que le prix d’un jeu soit une donnée fiable et pertinente dans un test. D’une part parce qu’on veut tous payer moins cher (voir ne rien payer du tout) et que le prix est rarement en rapport avec le contenu ou la R&D.

Et puis quand on aime, on ne compte pas. Pour un coup de cœur, on est forcément près à payer plus que pour un jeu où on se dit « ouais bof »... Donc pour moi le prix n’est pas du tout indispensable à un test.

tomzati

23 oct 2018 @ 08:05

@eykxas le truc c’est que dans la catégorie indé par exemple tu cites un max de 30€ OK mais franchement les prix vont de 7 ou 9,99€ à 30€ ce qui n’est tout de même pas pareil. Je dis pas qu’il est indispensable le prix, juste que quand un jeu à l’air de te plaire mais sans plus bah le prix reste l’argument qui fera penché ou non la balance.

@bastoune on peut retourner le truc dans tous les sens mais un produit culturel type jeux vidéo comme un film d’ailleurs le prix que tu vas payer est pas en lien avec le coût de production (hors malus 3d / imax...) Je pense pas qu’on puisse prendre l’investissement de départ comme argument de prix.

Restons sur cette maxime imparable, le bon prix pour un jeux c’est celui que tu es prêt à mettre pour jouer à l’instant T.

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