Récompensé en 2015 du prix « Visuel » par l’IndieDB, The Town of Light sort dans un premier temps le 26 février 2016 sur Steam. Plein de bonnes intentions, le petit jeu d’horreur indé du studio LKA arrive désormais sur Xbox One et PS4 et offrira bien des frayeurs aux téméraires qui se risqueront à y jouer. Du moins c’est ce qui est écrit sur le papier, mais est-ce que le projet tient ces promesses ? Préparez vos valises et direction l’Italie pour notre voyage en Enfer !
Celui qu’il veut détruire, Dieu le rend fou
Vous voilà donc à Volterra, en Toscane. Cela pourrait paraître romantique dit comme ça mais malheureusement, c’est tout le contraire. Vous incarnez Renée, une jeune femme qui décide de visiter les ruines d’un asile psychiatrique pour en apprendre un peu plus sur son passé. Un passé plus que trouble car Renée a été internée dans ce même asile destiné aux femmes le 12 mars 1938, à l’âge de 16 ans seulement, jugée dangereuse pour elle-même et pour les autres. La seule solution pour vous de découvrir ce qu’il s’est passé est d’apprendre ce que sont devenues les pensionnaires en explorant de fond en comble tous les services de l’établissement et en épluchant tous les documents, notes de médecin et affiches que vous pourrez trouver au sujet de la pauvre jeune femme et ses compagnons d’infortune. Basé sur des faits réels, The Town of Light dépeint avec force le monde de la folie et plus précisément ce qui pouvait se passer dans de telles institutions, comme des agressions physiques ou morales (maltraitances, viols, tortures psychologiques…), et explore les relations entre pensionnaires ou bien le regard que les professionnels et les proches portaient sur les patients et sur les critères désignant la folie. Des critères aberrants de nos jours mais qui étaient jugés légitimes à l’époque et qui justifiaient pleinement un internement en asile psychiatrique (comme la masturbation ou l’homosexualité).
Allez les fous, soyez pas mous
Le titre se joue à la première personne et vous n’avez qu’à appuyer sur A pour exécuter n’importe quelle action (ouvrir une porte, prendre un document ou appuyer sur un interrupteur). Le jeu n’est pas entièrement linéaire et se compose de 15 chapitres principaux qui se divisent en « sous-chapitres » au gré de votre exploration et de vos décisions. En effet, il vous faut faire certains choix cruciaux qui influeront directement sur la suite de l’histoire et surtout sur ce qu’il arrivera à Renée. Pas besoin de jumpscares ici pour être mal à l’aise, loin de là. Si le jeu est plutôt lent à démarrer, on ressent ensuite une réelle angoisse et une inquiétude croissante quant au futur bien sombre de la malheureuse héroïne. De nombreux flashbacks et un journal vous aident à en apprendre un peu plus sur Renée et sur ce qui l’a menée dans cet endroit chaotique. De plus, les choix de dialogues intérieurs (Renée se parle à elle-même, évidemment) dictant les évènements à venir, il sera intéressant de rejouer au titre pour débloquer d’autres « sous-chapitres » et de ce fait, un autre dénouement pour Renée.
Le jeu n’est pas compliqué en soi, même s’il vous faut être attentif aux informations glanées si vous ne voulez pas tourner en rond sans trop savoir où aller. Une aide vous est heureusement proposée de la plus intelligente des manières sous forme d’apartés où Renée vous dira où aller et quoi faire. Sur le plan technique, les chargements s’avèrent être sacrément longs (Dieu merci il n’y en a pas beaucoup) et vous remarquerez de lourds ralentissements mettant un peu à mal votre immersion. Mais cela reste tout de même un léger bémol que l’on pardonnera aisément au moteur du jeu vu la qualité du titre en lui-même. Car il faut le dire, The Town of Light est beau. Difficile à imaginer vu l’ambiance, mais l’aspect décrépit des lieux est superbement réalisé. Les flashbacks sous forme de dessins quant à eux sont agréables à regarder, et leur côté enfantin rompt astucieusement avec l’ambiance dramatique du thème et rappelle avec habileté que Renée n’était qu’une enfant malgré tout. Pour ce qui est des bugs, en voilà un bien pourri qui m’a bloquée sur le 14ème chapitre : un magnifique grillage, qui n’avait pas lieu d’être, me barrait la route et j’ai donc dû recharger le chapitre pour le faire disparaître (après de nombreux tours et détours et un long moment où je me suis demandée ce que j’avais bien pu faire de travers). En espérant qu’un patch puisse rectifier le tir. Le jeu, entièrement en anglais, bénéficie tout de même de sous-titres français fort appréciables, d’une bande son formidable, et de 5 bonnes heures nécessaires pour mettre fin à cette descente aux Enfers.