Test - Farming Simulator 15

«Labour est dans le pré» , - 0 réaction(s)

Il y a quelques années de cela, j’étais seul. Désespérément seul et pris dans une spirale dépressive destructive. Mais un jour, en 2013 pour être exact, quelqu’un frappa à la porte. Je découvris un Farming Simulator, bouquet à la main, tout sourire qui en guise de bonjour me lança au visage : « Monsieur, l’amour est dans le pré ! ». Je l’ai presque cru. Je n’aime pas dire du mal des gens mais… là, quand même, sans s’attendre forcément à un étalon venant de la campagne profonde… il était très moche. Et encore, moche ce serait être bien loin de la réalité avec son look issu des années 90, sa physique improbable, son gameplay ésotérique caetera et caetera. Je vais écourter là la longue liste des tares que ce pauvre jeu portait. Seul son matériel agricole arrivait à atténuer légèrement le massacre. Je vous parle de ce rendez-vous aujourd’hui, car figurez vous que ce Farming Simulator revient à la charge en 2015, mais cette fois-ci sur Xbox One et en ayant fait de sérieux efforts sur son apparence…

Je ne reconnais plus personne en Massey Ferguson !

Beeellllleee !!!!

L’amour n’est peut être pas encore arrivé, mais le bonheur a bien planté quelques graines dans la campagne de Farming Simulator 15. On ne saigne plus des yeux lorsqu’on les pose innocemment sur les étendues bucoliques qui entourent notre exploitation. Les arbres ont maintenant de l’épaisseur, les bois ressemblent à quelque chose, les herbes printanières parsemées de fleurs de saison égayent encore plus un ciel azur magnifique. Même les maisons donnent un peu moins l’impression d’avoir été bâties à la truelle par un maçon manchot et aveugle ! On sent que de véritables efforts ont été faits quant à l’aménagement et au rendu de la campagne de Farming Simulator 15. Attention toutefois, on reste bien loin du rendu technique des titres phares de la console : tout reste assez grossier mais dans l’ensemble, le rendu est satisfaisant et c’est déjà énorme. On dénote même quelques effets de poussière, de chaleur par moments. On s’attendrait presque à voir surgir, au détour d’un labour, un jeune faon apeuré sur la colline. Presque.

Les paysages sont buccoliques à souhait...

Car même si le terrain de jeu s’avère riche et agréable à l’œil, il demeure désespérément vide et ce ne sont pas les quelques voitures dotées d’une IA d’huître parcourant les routes ou les quidams robotisés marchant le long des chemins en file indienne qui arrivent à gommer cette impression d’être seul dans un monde mort. Pas d’oiseaux, pas d’écureuils, pas de renards, pas de sangliers, pas de daims, rien de toute cette faune rurale qui aurait pu égayer nos dures journées de travail. A contrario, nos poules, vaches et moutons sont toujours de la partie et je garde évidemment le meilleur pour la fin : notre matériel agricole est plus beau que jamais !

Faire le tour de nos engins lentement pour regarder les détails n’est plus un plaisir réservé aux simulations de course

Le soin apporté à la modélisation des outils, des tracteurs, des moissonneuses, des charrues, des ensileuses, des cultivateurs et même des bennes est réellement bluffant même pour un non initié. Faire le tour de nos engins lentement pour regarder les détails n’est plus un plaisir réservé aux simulations de course. Les plus fétichistes pourront même jusqu’à les passer au Kärcher à la fin de chaque journée de labeur. Devant cet étalage technique tout à fait honorable, on regrettera juste la faiblesse de l’environnement sonore, autant au niveau des machines que de l’ambiance de la campagne. On aurait bien aimé avoir la possibilité de se mettre une petite radio à écouter dans notre engin.

Au moins je suis à l’ombre...

Pour en finir avec la technique, parlons un peu physique des véhicules. Totalement lunaire dans Farming Simuator 13, avec ses désormais mythiques triples sauts périlleux arrières de tracteurs après une collision contre un rocher, l’édition 2015 gomme sérieusement ces lacunes. Sans être irréprochable, les bugs de collisions liés à la physique sont désormais plus rares, moins spectaculaires et ne sortent plus le joueur de l’ambiance. A ce niveau là aussi, les progrès dans le bon sens sont considérables.

J’appuie sur le starter et je laboure la terreuh !

Par moments on se croirait dans une version fermière de Walking Dead

Autant dans la forme les changements sont indubitables, autant dans le fond, Farming Simulator 15 retombe rapidement dans les travers de son ancêtre. Les habitués, les besogneux qui ont arpenté les champs de Farming Simulator 13, retrouveront sans mal leurs marques. Mis à part un changement radical au niveau de l’interface, plus jolie et plus claire, l’édition 2015 se contente d’emprunter le chemin tracé par son grand frère. Après avoir choisi entre les deux terrains de jeux proposés, les grands espaces des plaines américaines ou la nature plus rurale et intimiste de la campagne nordique de Bjornholm, on va se lancer dans une course méthodique visant à accroître les revenus et la taille de notre exploitation.

Les basses taches peuvent être automatisées

Pour ce faire, le bon agriculteur va scrupuleusement passer par la case tutorial qui présente toutes les étapes d’une culture réussie et abondante. Les quelques tracteurs, l’ensemenceuse, la moissonneuse batteuse, la benne et le cultivateur dont on dispose au début seront rapidement des freins à votre soif de revenus et les sous économisés, glanés par vos premières récoltes partiront dans un équipement plus performant, une benne plus grande, l’achat de nouveaux champs ou d’un cheptel quelconque. Les tâches agricoles n’ont pas gagné en fun et s’avèrent toujours aussi rébarbatives et poussives. Labourer 30 hectares de terre est long, fastidieux et contraignant surtout si l’on pense que l’on est amené à faire la même chose quatre fois pour ensemencer le champ, mettre l’engrais, puis récolter, vendre et recommencer. Heureusement, pour ces basses tâches il est possible d’embaucher un ouvrier à l’IA parfois déroutante et trébuchant de temps en temps sur des bugs incompréhensibles.

Un petit coup de Karsher et c’est reparti !

Petit à petit, notre rôle se réduit au transport des céréales récoltées vers les points de vente disséminés au quatre coins de la carte (en faisant attention aux variations de prix) et à toutes les opérations non automatiques. Car en effet, il est impossible d’envoyer automatiquement un tracteur avec sa benne remplie à un point de vente choisi. Pour casser la monotonie et récupérer un petit pécule (vraiment ridicule) le jeu nous propose des petites missions disponibles de façon aléatoire et totalement inintéressantes. De plus, ces missions ne s’acquièrent que via des panneaux éparpillés dans la campagne avec impossibilité de pouvoir être suivies via les menus. L’interface de la carte reste indigeste au possible, sans possibilité de fixer un itinéraire par GPS et sans la moindre légende. La seule nouveauté de gameplay vraiment notable de Farming Simulator 15 se trouve avec l’apparition de la sylviculture. Ce n’est qu’à ce moment, après avoir déjà accumulé pas mal d’argent et avoir investi dans le matériel adéquat, que l’on se heurtera aux plus gros problèmes de gameplay liés à la physique du jeu. Le chargement des arbres abattus sur la remorque restant un grand moment de solitude et de crises de nerfs.

...le mode en ligne coopératif qui faisait tout le charme de la version PC ... arrive enfin sur nos consoles !

Outre sa plastique aguichante Farming Simulator a toutefois une carte maîtresse à jouer afin de rallier à lui les agriculteurs virtuels en herbe sur console. Absent de la mouture Xbox 360 au grand dam des néophytes du jeu sur PC, le mode en ligne coopératif qui faisait tout le charme de la version PC (avec les mods évidemment encore absents sur One) arrive enfin sur nos consoles ! On oublie déjà le jeu jusqu’à 10 joueurs sur la même exploitation en se contentant toutefois d’un jeu coopératif allant jusqu’à 6. C’est déjà pas mal et largement suffisant vu qu’il vaut mieux miser sur l’entraide et le travail entre amis qu’une réunion trop nombreuse avec des inconnus n’en faisant qu’à leur tête. Le jeu nous permet de choisir de partir avec notre exploitation ou d’en rejoindre une autre. On peut définir le nombre de joueurs que l’on souhaite, si notre exploitation est petite pas la peine de faire venir cinq autres joueurs qui vont vite s’ennuyer, et fermer la partie par un mot de passe. Lors d’une recherche de partie, le filtre de la langue est automatiquement appliqué et soyez rassurés, la communauté du jeu est telle que vous n’aurez aucun mal de trouver des amis avec qui labourer la terre. Le donnant-donnant est de mise et le jeu gagne alors une toute autre dimension.

Bilan

On a aimé :
  • Une amélioration technique notable et appréciable
  • Une modélisation des machines impressionnantes
  • On peut enfin jouer en ligne !
On n’a pas aimé :
  • Encore quelques problèmes de physique
  • La campagne est encore trop vide, sans vie
  • Le jeu n’a pas évolué et reste très redondant
En attendant la révolution agricole...

Farming Simulator 2015 arrive à faire oublier l’inanité de son grand frère en proposant au joueur un tout autre visage et un mode en ligne salvateur ! Sur le plan technique, le jeu fait honneur à son arrivée sur Xbox One avec des graphismes à la hauteur de la moyenne actuelle et une modélisation des véhicules toujours aussi impressionnante de détails. La physique perd en partie ses aberrations lunaires et ne sort plus l’agriculteur que nous sommes de son train-train. Car telle est la vie d’agriculteur proposée par Farming Simulator, une vie morose faite d’une succession de tâches à accomplir dans l’ordre jusqu’à l’écoeurement dont certaines ne peuvent même pas être automatisées. Malgré l’arrivée de la silviculture, l’ennui pointe rapidement le bout de son nez pour tous les non-amoureux des outils agricoles et de la course à la productivité. La série doit maintenant faire sa petite révolution et s’acheter une âme, une vie au lieu de se focaliser sur les machines pour accroître son public.

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Farming Simulator 15

PEGI 0

Genre : Gestion

Editeur : Focus Home Interactive

Développeur : Giants Software

Date de sortie : 19/05/2015

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4