Une des choses les plus intéressantes avec ce Slender : The Arrival tient en son Boogeyman, le Slenderman. Un géant en costard sans visage doté de longs bras, et qui a été créé par un certain Victor Surge sur la toile il y a 4 ans, sur un forum. Sa popularité n’a cessé de croître, jusqu’à donner un petit jeu, Slender : The Eight Pages en 2012. Ce Arrival, plus complet, est ensuite arrivé sur PC, avant de faire un petit tour sur Xbox 360 et PS3 l’année dernière, pour terminer cette année sur Xbox One et PS4. Je ne peux que vous suggérer de faire quelques recherches sur le web pour vous documenter sur le Slenderman, un phénomène qui mérite qu’on s’y arrête. En attendant, parlons un peu du jeu !
Promenons-nous dans les bois
Vous rendez visite à une amie qui habite dans un coin perdu et découvrez une maison qui semble abandonnée. La nuit tombe, il n’y a pas de lampadaires, et seule une lampe torche qui traine par là vous permet d’y voir quelque chose. En explorant la maison, vous tombez sur la chambre de votre amie. Celle-ci est recouverte de dessins étranges. Alors que vous les observez, un cri glaçant déchire la nuit…
La suite, c’est en partie la recherche de la camarade perdue, mais surtout une lutte douloureuse pour rester en vie. Le jeu est vu par le caméscope tenu par votre avatar, témoin de tout ce qui va se passer, et traduisant l’inéluctabilité des événements. En d’autres termes, on va jouer un bon vieux found footage qui fera penser bien souvent au pionner Projet Blair Witch, et ce jusqu’au générique de fin. C’est à la fois la grande force du jeu…mais aussi sa plus grande faiblesse.
Ainsi, l’immersion est immédiate et d’une redoutable efficacité. Avec une grande économie de moyens (une musique minimaliste, des distorsions de l’image, quelques flash, des sons qui ne font que souligner la solitude de l’héroïne), Slender : The Arrival fout la pétoche avant même qu’il ne se passe quoi que ce soit. En cela le début du jeu est une totale réussite, et la tension s’installe en à peine quelques minutes. La première rencontre avec le Slenderman provoque un moment de panique totale chez le joueur, témoignage du succès du procédé.
Malheureusement, cette tension se dilue assez rapidement. Le fait de vouloir installer un malaise permanent, sans pauses, fait qu’on s’y habitue vite. La visite d’une deuxième créature n’y changera pas grand-chose, et bien vite on anticipera les apparitions du Slenderman. La faute également à la quasi absence de narration, ne posant donc que peu d’enjeux, et surtout à des objectifs qui se limitent à trouver un certain nombre d’objets dans le décor (des pages, des générateurs…). On retrouve donc ce qu’il y a dans les films de found footage : de l’immersion, des scènes d’une efficacité redoutable, mais aussi de l’ennui et la lassitude. La formidable réussite du début est amoindrie par la suite, une fois les mécanismes du jeu mis à jour.
Réalité pervertie
Esthétiquement le jeu est une réussite indéniable. Évacuons les questions techniques, elles sont sans importance. Le jeu est propre et tourne sans problème, sans beaucoup fatiguer la Xbox One. Les ambiances ont un parfum de réalité qui fonctionne parfaitement : les bois semblent réels, baignant de façon lugubre dans l’éclairage d’une lampe torche qui est le dernier rempart contre l’obscurité. On peut par contre avoir quelques réserves envers certains passages, très alambiqués dans leur construction. Pour les joueurs ayant un sens de l’orientation déplorable (oui, ok, j’avoue, j’en fais partie), on se retrouvera à tourner en rond pendant longtemps ! C’est sans doute pour cela qu’il m’a fallu un peu plus de 3 heures pour en voir le bout.
L’environnement sonore est une grande réussite, bien que très sobre. Que ce soient les bruitages ou les musiques, ils participent grandement à l’établissement d’une ambiance oppressante. L’animation, un peu sèche (il est possible de régler la sensibilité si on le souhaite), est également bien vue, retranscrivant parfaitement les mouvements du caméscope tenu à bout de bras par l’héroïne. Au global, on ne peut donc que saluer une direction artistique de haut niveau, parfaitement maîtrisée.