Le rugby, c’est un mélange d’opéra-ballet et de meurtre
C’est bien simple, le travail des développeurs de Jonah Lomu Rugby Challenge sur le gameplay de leur jeu est phénoménal. Chaque phase de jeu du rugby a été étudiée afin de l’adapter à la manette, le résultat et bluffant de cohérence. La passe sautée nécessite une plus grande application et préparation de la part du passeur ? Alors le joueur devra maintenir le bouton passe enfoncé pour la réaliser. La mêlée est un travail de groupe, composé de poussées collectives successives ? Alors il faudra pousser les deux sticks de la manette en avant de manière régulière et en cadence.
Toutes les phases de jeu du rugby peuvent ainsi être reproduites dans leur complexité et ce en toute simplicité. Il sera ainsi possible de varier son jeu au pied, entre chandelles, coups de pieds rasant, coups de pieds au-dessus du regroupement ou coup de pied pour soi-même au-dessus de la défense adverse. Une simple pression plus ou moins maintenue des boutons vous permettra de réaliser l’ensemble de ces actions. Le jeu rentrera alors dans un mode ralenti du plus bel effet qui vous permettra d’ajuster rapidement votre drop, votre dégagement ou votre jeu au pied d’occupation du terrain. Un vrai régal. On enchaîne aussi très facilement les percussions des avants et l’envoi de la balle au large. Lors des maules, il faudra gérer le rucking des avants ou lorsque le soutien tarde à venir faire intervenir les arrières présents pour éviter de perdre la balle au risque de découvrir notre ligne défensive.
Pour tout passionné de rugby, Jonah Lomu Rugby Challenge est comme le saint Graal que l’on attendait tant. Tout y est, feintes de passes, crochets, raffuts, intervention de l’arrière, touches rapidement jouées, volleyées, etc. Un régal qui nécessitera un temps d’adaptation important que l’on pourrait rapprocher d’un certain jeu de foot de l’époque, le grand Pro Evolution Soccer.
En rugby, il y a ceux qui jouent du piano et ceux qui les déménagent
Et ce n’est pas seulement du point de vue du gameplay que Jonah Lomu Rugby se démarque de la concurrence, c’est aussi au niveau de son contenu. Un contenu pléthorique qui assène un méchant tampon au jeu estampillé coupe du monde. Les principaux championnats mondiaux sont présents, le fabuleux Top 14 avec son champion Toulousain, le championnat Anglais, la coupe d’Europe, le super 15 et j’en passe ! Tous avec les licences officielles et donc les vrais noms de joueurs, les maillots etc. Seule la coupe du monde manque à l’appel et il vous faudra jouer de l’éditeur de joueurs pour rétablir les équipes officielles.
On regrettera juste que l’on ne puisse pas éditer le maillot de ces équipes qui dans le cas de l’équipe de France par exemple est assez ignoble. Une coupe du monde qui toutefois bénéficie des licences officielles des All-Blacks, des Wallabies et d’autres équipes comme la Géorgie et les USA. La guerre des licences est sans pitié pour les pauvres joueurs que nous sommes. Jonah Lomu Rugby n’a certes pas la coupe du monde mais dispose de l’équipe hôte, de son Haka et de celle qui a remporté la compétition au grand dam de notre belle nation tricolore. On pourra évidemment choisir un match simple, jouer à un championnat, entamer une carrière (13 saisons consécutives quand même !) et même se rabattre sur le mode en ligne simple mais efficace.
Alors, tout est beau dans le meilleur des mondes chez Jonah Lomu ? Malheureusement non, même si on s’approche du nirvana rugbystique, il reste encore pas mal de chemin à parcourir. Le jeu arrive difficilement à cacher son maigre budget. Les cinématiques animant les matchs se répètent inlassablement, les commentaires sont en anglais seulement, la localisation française est assez aléatoire, l’éditeur de joueur pas franchement pratique -même s’il est très complet-, l’ambiance sonore est aussi franchement décevante. Les amateurs du Top 14 regretteront aussi la non actualisation des effectifs des équipes -effectifs de la saison dernière- et l’attribution du bonus offensif qui ne reprend pas la spécificité du Top 14 mais qui reste attribué, comme à l’international, à l’équipe qui parvient à marquer 4 essais. On regrettera aussi que seul le stade de France soit modélisé. Dans le jeu, les actions manquent encore de fluidité, les joueurs mettent un temps non négligeable à aplatir, les ballons sortent des regroupements assez lentement, la gestion des passes est parfois hasardeuse et le jeu des avants sous exploité. La liste des griefs est longue, mais on pardonne facilement tant le jeu respire l’amour du ballon ovale, tant il ne fait aucun doute qu’il est l’œuvre de passionnés pour des passionnés.