…Et c’est souvent dans la gueule
Quoi qu’il en soit, pour vaincre vos ennemis, outre le matraquage de boutons pour sortir des coups simples et provoquer les achèvements via QTE, vous aurez à disposition un panel de coups assez varié avec une bonne quarantaine de combos en plus des attaques avec une arme secondaire, avec pour certaines d’entre elles des combinaisons avec la magie débloquable au fil du jeu : dagues de lancer, cristal noir über ravageur, fées distrayant l’ennemi, fioles d’eau bénite (les grenades du XIème siècle). Outre cet arsenal optionnel dont la nécessité ne se fera sentir que dans les niveaux de difficulté élevés, vous débuterez le jeu avec quelques coups à votre actif utilisant votre seule et unique arme, la croix (un genre de fouet pour lequel vous trouverez des améliorations petit à petit), et au fur et à mesure que vous enchainerez les adversaires, vous engrangerez des points d’expérience vous permettant d’acheter des bons combos des familles, qu’il s’agisse d’enchainements de coups de base en alternant X et Y ou de coups sous l’effet de la magie, qu’elle soit de lumière ou d’ombre. Autant vous dire que pour tout débloquer, une première partie ne sera pas suffisante, et l’envie de voir jusqu’au dernier de ces effets si agréables pour les yeux en plein combat vous poussera surement à recommencer une partie, vous permettant par la même occasion de récupérer les gemmes de magie ou de vie que vous auriez ratées au premier passage.
Vous pourrez, à cette fin, recommencer le niveau du chapitre qui vous intéresse. En effet, le jeu se présente sous forme d’un livre qui raconte vos exploits, à savoir que vous avez droit à une narration résumant ce qui s’est passé et ce qui va se passer avant chaque nouveau niveau pendant les chargements. Vous pouvez donc à loisir naviguer dans ce manuscrit et visualiser les niveaux passés sur une carte résumant votre parcours sur ladite portion, et vous relancer dans un niveau précis pour tenter d’atteindre les 100%. Pour vous faire une idée, en jouant avec la volonté d’avancer dans l’histoire et sans vraiment chercher tous les trésors ou sans tenter de réussir les épreuves spéciales des niveaux, on arrive en général à 70% d’un niveau, ce qui laisse une belle marge aux acharnés, même si dans le fond, ça semble un peu artificiel. Ce découpage en chapitres reste néanmoins un peu gênant à la longue, d’une parce qu’il casse le rythme du jeu, et de deux parce qu’il n’est pas forcément très immersif : la voix du narrateur (en anglais) est parfois peu convaincante, et on aurait préféré à ses propos qui sur-interprètent souvent, les émotions de Gabriel une cinématique de plus pour mettre le joueur tout seul sur la piste (on se demande parfois si on a raté un truc dans le déroulement de l’histoire).
Oh Marie, si tu savais
Malgré tout, l’histoire reste cohérente et sort un tantinet de l’ordinaire. L’affrontement du bien contre le mal et l’amour restent certes les axes principaux, mais ce fond religieux-chrétien sur lequel ils reposent rappelle étrangement que ce choix n’est pas si fréquent que ça au milieu des super productions américaines et japonaises (bien que ça évoque à nos souvenirs un récent Dante’s Inferno dans le même genre). Hormis ce détail, le déroulement de l’aventure reste cohérent et plutôt bien mené, avec un héros sombre -la voie de Robert Carlyle aidant- en recherche de repentir et des rebondissements plaisants voire inattendus.
A côté, le jeu reste un beat’em all très classique alternant phases de plates-formes et phases de combat, entrecoupées, outre les habituels QTE, de quelques énigmes dont la difficulté va crescendo (heureusement vu la facilité des premières !) et de scènes de « conduite » de créatures (cheval, troll, araignée, …) suffisamment sporadiques pour ne pas devenir fastidieuses. Les habitués des God of War y retrouveront à peu près tout ce qui a fait la renommée de la série et s’en offusqueront sans doute tant la ressemblance est évidente, mais l’ajout des magies change un peu la donne et varie pas mal le gameplay. En effet, activez la magie de lumière et vous vous offrirez la possibilité de déclencher certaines attaques et de récupérer de la vie en touchant vos adversaires, tout en admirant de jolis effets lumineux ; à l’inverse, enclenchez la magie de l’ombre et c’est parti pour une série de coups plus puissants aux traînées noires, et à nouveau certains coups spécifiques à cette magie. Les effets qui accompagnent le tout sont généralement sobres mais convaincants, et combiné au thème musical, pour peu que vous l’entendiez parmi les bruits de découpage de chair massif, ça vaut le détour !
Une autre inspiration qu’on peut trouver au jeu assez facilement reste celle de Shadow of the Colossus ; certains boss gigantesques sont en effet similaires aux ennemis dans ce titre PS2 : impossible de les frapper, il faut profiter du bon moment pour leur sauter dessus et les escalader inlassablement avant de les taper là où ça fait mal, en alternant les déplacements avec l’agrippement pour éviter de tomber et de tout recommencer. A nouveau, la technique et l’esthétisme sans failles du jeu font des merveilles.
Reste qu’un bon beat’em all est un beat’em all avec les défauts inhérents au genre, et ce n’est pas sur ce point que Castlevania se démarquera de la concurrence. Par exemple, les caméras sont fixes, et ce système embarque avec lui tout les inconvénients que l’on connaît : changements brusques de l’angle de vue, contrôles inversés suite à un nouvel angle, personnage difficile à retrouver, etc. Il faut avouer néanmoins que bien souvent, les angles choisis permettent de mettre en exergue un potentiel chemin ou la solution d’une énigme de façon subtile.
Un autre écueil inévitable du genre reste celui de l’effet couloir. Bien qu’à maintes reprises on ait l’occasion de choisir entre plusieurs embranchements, il reste très présent, mais logique. La volonté des développeurs de briser cette sensation via les (heureusement très rares) petits ennemis hyper-relous qui vous piquent votre équipement n’est pas forcément l’idée du siècle, mais saluons l’effort, puisque combinée aux passages à dos de bête ou de recherche de bonus, la pilule passe plutôt bien.