Forces d’opposition
Medal of Honor a beaucoup d’ennemis. Aussi bien internes qu’externes. A commencer par le moteur graphique du mode solo qui commence largement à accuser le temps. D’accord, graphismes et technique ne font pas tout dans un jeu, mais quand ces derniers sont à la rue, force est de constater que le plaisir de jeu s’en retrouve affecté.
Le « pire », c’est que la direction artistique est de qualité : les décors respirent l’authenticité, tout semble vrai, vivant, et même beau… mais uniquement de loin. Le jeu regorge de détails, les textures sont fournies, l’ambiance sonore au top, bref, tout serait parfait s’il n’était pas autant présent. Lui, la pire Némésis du jeu vidéo depuis l’avènement de la 3D : l’aliasing. Il est absolument partout, omniprésent et terriblement collant. Et on ne loupera pas non plus les gros ralentissements du jeu lors de l’apparition d’explosions, de fumées et de poussière déclenchées par des hélicoptères (imaginez avec les 3 en même temps). Un choc à notre époque où la fluidité est le maître mot.
Heureusement que le mode multijoueur ne souffre pas de ce dernier mal, il a déjà assez à faire avec l’aliasing. Car le Frostbite Engine tient largement la route pour ce qui est des explosions et de la fumée, pas de soucis de ce côté là, malheureusement il doit toujours faire face à ses vieux démons sur console (oui car sur PC on connaît l’anti-aliasing, chose que les consoles actuelles ont encore du mal à intégrer). La destruction qui est pourtant l’essence même de ce moteur est très peu présente, elle l’est bien plus (toutes proportions gardées) dans le mode solo, ce qui est tout de même, vous l’avouerez, un comble. N’espérez donc pas détruire des bâtiments avec des explosifs pour y déloger vos adversaires, cela ne sert à rien, à part apprécier une belle explosion avec effets de particules et de volume. Tout de même un peu rageant lorsque l’on vous met entre les mains lance-grenades/roquettes, explosifs, tirs d’artillerie et autres joyeusetés.
Concernant la campagne, ces problèmes ne sont fort malheureusement pas gommés par le plaisir de jouer. On avance à travers des missions sans réelle saveur, pas de « wow effect » comme le diraient nos amis Texans, à part une mission où, comble du comble, on ne joue pas le rôle d’une machine de guerre du Tier1, mais d’un « simple » Rangers et de ses camarades ! On sent même parfois l’ennui pointer le bout de son nez crochu, et ce ne sont pas non plus les séquences en véhicules qui changeront quelque chose. Oublions le quad, qui permet juste de se déplacer d’un point A vers C en passant par B en plus d’être peu maniable, pour en venir à la séquence de shoot sur rail en Apache. Non contente d’avoir été complètement dévoilée en vidéo, gâchant ainsi l’effet de surprise, elle n’est que très très peu intéressante dans ses premiers 3/4 (où il suffit de tirer partout sans trop chercher à comprendre) pour ne révéler son potentiel que dans les dernières minutes. Très frustrant, surtout là où la concurrence nous a produit des passages similaires, mais beaucoup plus mémorables, avec un AC-130 et un drône Predator plusieurs années auparavant.
C’est là que les ennemis externes se dévoilent. La concurrence représentée par les Call of Duty/Modern Warfare et Bad Company fait tout aussi mal au jeu que ses défauts intrinsèques. Car les comparaisons sont obligatoires, même si souvent poussées à l’extrême par les joueurs. Et c’est là qu’on voit parfaitement que MoH a essayé de combler les aficionados des deux mondes : un jeu nerveux mais pas trop, plus réaliste, avec des batailles à grande échelle et moins d’actions héroïques « je sauve le monde à moi tout seul ». Et pourtant, malgré ça, la sauce ne prend pas réellement. On nage entre deux eaux sans trop jamais savoir vers quel genre on se dirige. Vraiment dommage.
D’autant plus que le jeu regorge de bonnes idées et d’intentions louables.