Test - Capes - la stratégie au tour par tour et en collants

«Les vrais héros ne portent pas de capes» , - 0 réaction(s)

Si les fans de XCOM avaient pu être déçus par la sortie de Marvel Midnight Sun (non pas parce qu’il manquait de qualités, mais à cause de son concept plutôt éloigné de la saga phare de Firaxis), ils peuvent se consoler avec Capes, le nouveau jeu de stratégie des studios Spitfire et Daedalic Entertainment. Ici, les superhéros attaquent au tour par tour et les mauvaises décisions peuvent rapidement se solder par un game over. Efficace, exigeant et doté d’un scénario plutôt drôle, le jeu est-il à la hauteur des ténors du genre ?

Bienvenue à King City

Le jeu s’amuse à pasticher les récits de superhéros classiques.
Bienvenue en dictature

Les Capes, c’est comme ça qu’on nommait les superhéros autrefois à King City, à l’époque où ils étaient révérés et considérés comme des bienfaiteurs. Mais tout ça a bien changé. Aujourd’hui, la compagnie qui a pris le contrôle de la ville (sobrement nommée « La Société ») les fait passer pour des hors-la-loi et les traque sans relâche. Obligés de se cacher ou de fuir, les héros ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Pourtant, l’un d’entre eux n’a pas abandonné la lutte. Doctrine, dit « Doc », décide de réunir une équipe de jeunes gens dotés de superpouvoirs, afin de se venger de la compagnie maléfique qui a éliminé tous ses anciens compagnons. Cette nouvelle génération de Capes est bien décidée à protéger la population, à mettre fin à la mainmise de La Société sur la ville et à redorer le blason des superhéros.

un style graphique très personnel

Si dès les premières minutes de jeu le scénario de Capes paraît ultra-classique, voire totalement cliché, c’est parce qu’en réalité il ne se prend pas au sérieux. Blagues sur les monologues interminables des supervilains, codes de l’univers des héros moqués, personnages parodiques (comme cette héroïne qui stream ses combats en direct et propose à ses abonnés de la voir tabasser des méchants en échange de likes), le jeu s’amuse à pasticher les récits de superhéros classiques. Globalement, l’idée fonctionne, même si le brusque retour de moments plus sérieux crée un décalage un peu étrange lors de certaines séquences. On a parfois la sensation que le jeu n’a pas su choisir son camp entre parodie assumée et épopée héroïque à la sauce Marvel.

Ma tactique c’est l’attaque

Une mission réussie

Capes est donc un tour par tour tactique dans lequel il faut composer son équipe de héros, jusqu’à quatre membres, puis l’envoyer effectuer une mission comportant un ou plusieurs objectifs. La plupart du temps, il s’agit de vaincre tous les ennemis présents ou d’atteindre un point précis de la map. Comme dans la plupart des jeux du genre, les héros se déplacent d’un nombre de cases défini par leur mobilité, plus ou moins élevée en fonction du personnage. En plus du déplacement, chaque héros dispose de deux actions parmi : attaque, désarmement, compétences… Mais la comparaison avec XCOM s’arrête là. Dans Capes, pas de mise à couvert. L’ordre d’exécution des actions est libre : il est possible d’agir avant de se déplacer, ou même de ne bouger que d’un petit nombre de cases pour pouvoir se déplacer de nouveau après une action. De plus, contrairement au titre de Firaxis, nos héros ne sont pas de la chair à canon remplaçable à loisir. Si un personnage meurt, la mission est un échec et il faut alors la recommencer.

Des coups spéciaux qui en jettent !

Superpouvoirs obligent, chaque héros dispose d’une classe et de talents qui se montreront plus ou moins utiles en fonction de la situation. Les personnages d’Attaque sont les pros des dégâts, ceux de la classe Technique sont plus orientés soutien, les Défenseurs encaissent très bien les coups destinés à leurs alliés, tandis que la classe Frappe réunit les personnages rapides et nerveux, adeptes des offensives éclair. Ensuite, chacun y va de son propre superpouvoir. Il y a bien sûr des classiques : foudre qui se propage parmi les ennemis, télékinésie, téléportation… Et quelques-uns moins répandus : leurres, accélération ou ralentissement d’un personnage, force d’attraction… On ne peut reprocher au studio sa difficulté à se montrer particulièrement original en la matière, puisque tout semble avoir déjà été imaginé en termes de superpouvoirs (sauf chez Hero Corp qui innove à la perfection) !

La bagarre !

Le concept le plus intéressant du jeu se situe dans la combinaison de ces pouvoirs. En effet, deux héros suffisamment proches peuvent utiliser des attaques en duo, qui exploitent les capacités de l’un et de l’autre. Il devient alors possible de créer un leurre enflammé, de se déplacer rapidement tout en faisant sortir des cristaux géants derrière soi, ou encore de balancer un coup de poing qui repousse les ennemis. À cela, il faut ajouter une capacité spéciale propre à chaque héros, liée à une jauge qui se remplit sous certaines conditions. Autant dire qu’il va falloir apprendre à maîtriser tout ça tout en intégrant rapidement les forces et les faiblesses de chaque personnage, car le jeu ne nous fait pas de cadeau.

Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités

Capes ne propose qu’une seule sauvegarde par mission.
Quand la milice débarque...

Oui, Capes est dur. C’est un peu la marque de fabrique du genre me direz vous. Le jeu nous offre assez peu de possibilités d’éviter les attaques ennemies, hormis la distance et quelques rares éléments de décors. En avançant dans l’aventure, il devient possible de débloquer des compétences permettant d’éviter une attaque ou de se soigner, mais la plupart du temps il faut tuer avant d’être tué. Si poser le curseur sur un personnage permet de voir sa zone d’attaque, cette dernière ne prend pas en compte les déplacements ou pouvoirs des ennemis, ce qui amène parfois le joueur à commettre des erreurs.

Une mise en scène plutôt agréable

Il y a un certain sentiment d’injustice à se faire jeter dans le vide par surprise ou à voir un personnage tomber KO suite à un tir imprévu. D’autant que le jeu ne propose qu’une seule sauvegarde par mission, qui s’écrase lorsqu’on en effectue une nouvelle. Autant dire qu’on prend vite le pli d’avancer à petits pas et d’y réfléchir à deux fois avant de se jeter au milieu d’un groupe d’adversaires surarmés. Si les superhéros de Capes sont forts, ils ne sont pas invincibles. Pour pimenter encore un peu la sauce, chaque mission propose des objectifs secondaires à accomplir. Réussis, ils offrent des points de compétences qui permettent d’améliorer les héros, mais il ne faut pas chercher à les atteindre à tout prix pour autant : une équipe mal préparée ou trop faible se fera décimer à force de courir après ces points bonus.

Le retour à la base est l’occasion de nombreux échanges

Heureusement, pas d’inquiétude, il est possible de recommencer chaque mission réussie autant de fois que nécessaire pour aller décrocher de l’XP ainsi que ces fameux points. Une manière comme une autre de proposer un « entraînement » aux personnages, qui en auront bien besoin pour aller au bout de l’aventure. Dans Capes, la progression est lente. Plutôt que de permettre au joueur de débloquer des dizaines de compétences passives et actives après chaque niveau, le jeu préfère le confronter à des situations qui lui apprendront comment tirer parti des capacités innées de ses héros et de leurs combinaisons. Il ne faut pas croire non plus que le mode facile offre une autoroute vers la fin du jeu ! Certes, il se montre généreux (points de vies plus élevés, jauge de capacité spéciale de chaque personnage déjà en partie remplie…), mais il n’en reste pas moins exigeant.

Super Vilain

On ne mâche pas ses mots...

Capes alterne deux styles graphiques : un effet comics en dehors des combats et dans ses dialogues, et une modélisation 3D pour les phases de jeu ainsi que pour les cinématiques. Le premier fait le job et reste cohérent avec l’univers des superhéros. Quant au second, soyons honnêtes, il n’impressionne guère. Pas horrible non plus, mais disons que le jeu n’aurait pas semblé dingue sur la génération de consoles précédente. Cependant, il faut admettre que l’aspect graphique n’est pas ce qu’on recherche lorsqu’on joue à un tour par tour tactique, après tout XCOM est lui aussi plutôt vilain (même quand on le remet dans le contexte de son époque). Un détail pour la plupart des joueurs donc, mais qu’il convient de mentionner.

L’écran des missions

Du reste, le jeu se montre plutôt généreux, que ce soit en matière de diversité d’ennemis, de tactiques ou d’environnements (à condition d’aimer toute la variété que peuvent proposer des zones urbaines). Les boss ne manquent pas de charisme et proposent un challenge plutôt corsé. De nombreux défis additionnels sont à accomplir, les héros sont personnalisables et la rejouabilité des missions est élevée, notamment pour les chasseurs de succès. La durée de vie du titre est tout à fait honorable, que l’on choisisse de le traverser en mode facile ou de s’acharner à monter chaque Cape au maximum.

Certains personnages secondaires sont ultra-classes !

Si le scénario n’offre aucune surprise, il tient la route jusqu’à la fin du jeu. On retient que l’intérêt principal de Capes réside surtout dans le fait qu’il offre enfin une proposition sérieuse aux joueurs fans de tour par tour tactique. Sans aller jusqu’à chatouiller les flancs d’un géant comme Firaxis, les développeurs nous offrent un jeu qui se montre efficace dans ses mécaniques comme dans son challenge et s’il devient parfois frustrant, c’est uniquement parce qu’il nous met face à notre incapacité à tout prévoir. En un mot comme en cent, Daedalic et Spitfire signent là une très bonne copie.

Testé sur Xbox Série X

Bilan

On a aimé
  • L’exigence du titre
  • Le gameplay
  • L’humour
  • Les possibilités offertes aux joueurs
On a pas aimé
  • Les graphismes
  • Les moments où le scénario à le cul entre deux chaises
  • La % !§$ ?= de mission de sauvetage de La Flèche et ses 24 game over consécutifs !
Mets ta cape, on sort en ville

Les habitués du genre le savent déjà : on rage, mais on en redemande ! Recharger la même sauvegarde 50 fois, déplacer un personnage d’une case pour voir les conséquences que cela implique et jubiler lorsqu’on parvient enfin à ses fins ! Capes offre exactement le challenge attendu pour un amateur de stratégie au tour par tour, ni trop répétitif ni trop exhaustif. Le jeu parvient à être drôle sans tomber dans les écueils de l’humour lourdingue de certaines productions Marvel (Coucou, Thor : Love and Thunder !). Si le titre n’est pas exempt de défauts, il est généreux dans sa proposition et véritablement amusant. Tout ce qu’on attend d’un bon jeu vidéo, en somme.

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Capes

Genre : STR

Editeur : Daedalic Entertainment

Développeur : Spitfire Interactive

Date de sortie : 2023

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch