Test - Protodroid DeLTA - Quand un fan s’approprie une licence mythique

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Adam Kareem est avant tout un joueur passionné qui a décidé il y a quelques années de “sauter le pas” et de se lancer, avec une équipe minimaliste, dans la création de son propre jeu vidéo en financement participatif, après plusieurs projets moins ambitieux. Lui qui se considère comme un “solo dad dev” peut être fier de nous présenter, après deux ans et demi de travail acharné, le fruit de son dur labeur. Protodroid DeLTA puise ses influences principalement dans l’univers foisonnant de ce petit robot bleu bondissant et tirant dans tous les sens, mais Adam Kareem a su y ajouter, en plus de la 3D, plusieurs touches très personnelles qui apportent un vent de fraîcheur à ce style déjà exploré, copié et recyclé à outrance. Protodroid DeLTA est arrivé le 25 mai 2023 au prix de 19,99 €, sur le Xbox Store.

Tant que le soleil brillera, l’homme pourra développer de l’énergie en abondance

Protodroid DeLTA s’inscrit dans la récente mouvance solarpunk et prend place dans le monde de Radia, utopie futuriste où les problématiques énergétiques, environnementales et sociales ont été résolues grâce à l’utilisation intensive de la technologie et de l’énergie solaire.

Bienvenue dans le futur

Mais bien entendu, si ce monde était aussi parfait, il n’aurait pas besoin d’un héros… Ou plutôt d’une héroïne. DeLTA est en effet la première (mais où sont Alpha, Beta et Gamma ?) protodroïde créée par le Dr Noor Shelton, scientifique pour le moins atypique et très spirituelle. La comparaison avec le duo légendaire constitué par Rock et le Dr Wright s’arrête cependant là et va plus loin qu’un simple “genderbent” facile et poussif.

Sage et mentor, mais pas que…

Le décalage entre les tentatives d’humour des différents personnages et le pragmatisme teinté de non-violence de DeLTA amènent ici quelques quiproquos sympathiques, tout en nous rappelant les limites de l’intelligence artificielle. Le casting est haut en couleurs, mixant des influences diverses, pour au final une dizaine de personnages plutôt bien pensés, même si grandement archétypiques.

Apprenez l’espagnol avec AnnDROID

Nous démarrons donc par le traditionnel niveau d’entraînement. DeLTA répond au doigt et à l’œil pour l’ensemble de ses actions basiques comme ses tirs chargés ou son saut.

Tournicoti, tournicota

Notre seul regret étant l’indication d’un unique bouton pour la fonction de ruée alors qu’il est possible d’utiliser également la gâchette gauche, beaucoup plus agréable pour effectuer nos sauts en longueur. Notre viseur verrouille automatiquement les ennemis proches, ce qui offre la possibilité de se concentrer sur le cœur du jeu, les plateformes.

Petites, grandes, mouvantes, pivotantes, rotatives, apparaissant et disparaissant en rythme, elles sont partout et nous obligent à nous adapter constamment, tout comme les pièges et les ennemis qui les agrémentent souvent. Si le premier niveau à notre disposition ne présente pas vraiment de difficulté, nous ressentons par la suite comme un certain sadisme de la part du créateur, doublé d’un sens du level design maîtrisé. Car s’il faut parfois plusieurs essais pour réussir à triompher de certains passages, la satisfaction est à la hauteur de la frustration initiale.

¡Hola guapa ! ¿Qué tál ?

Bien entendu, tout ne se passe pas comme prévu, et le laboratoire du Dr Shelton est soudainement la cible d’une attaque des Vypers, que l’on pourrait sobrement qualifier de “bandes de délinquants”. Oui, bandes au pluriel, car une fois l’attaque repoussée avec le concours d’une flamboyante protodroïde abusant d’expressions idiomatiques hispaniques, nous nous attaquons alors à la racine du mal, en allant botter les fesses de ces vilains garnements qui troublent l’ordre public depuis bien trop longtemps.

Basique, simple, simple, basique

Ni une ni deux, le jeu nous propose donc de parcourir ses quatre mondes dans l’ordre de notre choix. Si les boss correspondants sont bien définis et ont chacun leur style et leur personnalité représentant différentes cultures et ethnies sans oublier la parité, nous regrettons néanmoins que les niveaux ne soient pas plus représentatifs, visuellement parlant, reflétant souvent cette image d’une cité technologique immaculée associée à la verdure.

Il ne reste plus que le zigoto masqué

Leur structure reste similaire : deux sections, puis un mini-boss, suivi d’une autre section et enfin le chef lui-même. Histoire de ne pas oublier son inspiration majeure, chaque victoire finale nous octroie un pouvoir à utiliser ensuite, plus efficace contre l’un des autres vilains. Une fois tout ce petit monde remis dans le droit chemin, le dernier niveau se dévoile.

Dès le début, les choses se corsent. Les différents éléments de décor se combinent parfaitement pour offrir au joueur une espèce de Rubik’s Cube mental qui a l’air profondément inextricable au premier abord.

Combats sur des plateformes invisibles

Il faut jongler en permanence entre plateformes mouvantes et ennemis apparaissant parfois au pire moment. Heureusement, la difficulté est progressive et le jeu prend le temps de nous enseigner ses différentes mécaniques mortelles avant de finir par nous les envoyer toutes (ou presque) en même temps. Séquences de tir au pigeon funambulesques particulièrement dispensatrices d’adrénaline garanties.

Cependant, le jeu est loin d’être punitif. Un saut mal calibré, une plateforme loupée, un piège nous poussant dans le vide et nous sommes ramenés automatiquement au point fixe le plus proche, moyennant une petite perte de vie. Si notre barre se vide entièrement, nous réapparaissons au point de contrôle précédent. La progression s’effectue donc par l’apprentissage des ennemis et de l’environnement de manière très naturelle, sans jamais nous prendre par la main. Une approche très old-school mais qui laisse la part belle à la maîtrise progressive des subtilités du titre.

Ma vie, c’est d’être fan

Il est possible de picorer les différents niveaux dans l’ordre souhaité, et même d’y revenir par la suite, afin de récupérer quelques améliorations de nos capacités en trouvant AnnDROID et d’augmenter nos barres de vie et d’énergie vie en complétant des parcours bonus parfois furieusement retors et pas forcément simples à dénicher.

Hommage XXL

Chaque niveau offre également dix cubes à collectionner, nous offrant toute une série de tenues pour DeLTA. Car oui, Adam Kareem nous hurle ici son amour pour la licence de ses jeunes années, en nous proposant les armures emblématiques des plus grands épisodes du Blue Bomber. Nostalgie garantie.

De la même manière, le laboratoire propose plusieurs (mais trop rares) améliorations passives en échange de la monnaie récoltée lors des niveaux, ainsi que les traditionnelles recharges portables d’énergie et de vie. Le dernier consommable disponible annule les dégâts de chute pendant un secteur complet, ajout fort appréciable pour éviter les crises de nerfs si le titre paraît trop difficile.

Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse

Techniquement, Protodroid DeLTA est très propre. La 3D épurée colle parfaitement à la direction artistique et aucun ralentissement n’a été à déplorer au cours de notre aventure. Le bestiaire exclusivement robotique n’est pas très étendu ni vraiment original, mais son placement souvent judicieux apporte une petite couche de challenge supplémentaire. Les compositions musicales sont bien “punchy” et mixent allègrement guitares saturées, jazz groovy et rétro synth. Les commandes répondent particulièrement bien et il est impossible de blâmer le jeu pour nos erreurs ou nos moments de panique. Mentions spéciales pour le Dr Shelton et AnnDROID, fort originales dans leur traitement graphique et scénaristique.

Duel au sommet

Nous regrettons cependant quelques manques, principalement au sein de l’interface des menus. Les options d’ergonomie “habituelles” telles que le remappage des touches ou les réglages sonores sont aux abonnés absents. Les différents boss sont visuellement très génériques lors des affrontements, ce qui est une déception par rapport à leurs artworks et leurs dialogues, mais surtout, ne sont pas rejouables une fois vaincus, en l’absence d’un mode dédié.

La chasse aux cubes

La sauvegarde unique est automatique et nous aurions aimé quelques explications sur les forces et faiblesses des armes récoltées, qui finalement sont peu utilisées. Adam Kareem est super réactif sur les retours des joueurs et plusieurs updates répondent déjà à une partie des demandes exprimées, uniquement sur PC pour le moment.

Mais ne boudons pas notre plaisir, le jeu propose un challenge équilibré pour une durée de vie variable en fonction de la compétence de chacun. Il nous a fallu une dizaine d’heures pour parcourir l’ensemble des niveaux en cherchant les éléments cachés ici et là. Et il faut en ajouter quelques-unes de plus pour en dévoiler tous les secrets.

Testé sur Xbox Series X

Bilan

On a aimé :
  • Un sacré air de Mega Man
  • Un level design agréable à parcourir
  • Assez original dans son casting pour ne pas être une copie
  • Une jouabilité précise et réactive
On n’a pas aimé
  • Techniquement daté
  • Des options manquantes
  • Quelques passages de plateformes un peu crispants
Une relecture… avec un style !

Protodroid DeLTA ne réinvente pas la roue, c’est certain. Mais Adam Kareem a réussi à intégrer les bases d’une licence mythique dont il est fan inconditionnel dans l’univers qui est le sien, à la fois avec passion et respect. Donc oui, nous avons retrouvé un goût de Mega Man en parcourant le titre. Mais ses nombreux ajouts originaux, parfois très marqués, en font un jeu réellement inédit malgré ses similarités évidentes. Une bien belle découverte indé pour de fort agréables moments. En attendant Protodroid DeLTA 2.

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Protodroid DeLTA

PEGI 7

Genre : Action

Editeur : Humble Games

Développeur : Adam Kareem

Date de sortie : 25 mai 2023

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch