Test - Romancelvania - Le Vampire de ces dames

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Depuis sa prime annonce sur Kickstarter, Romancelvania est un jeu qui nous fait indubitablement de l’œil. Avec son concept original mélangeant Metroidvania et Dating Sim, son parti pris décalé et sa parodie totalement assumée de Castlevania ; il avait tout pour réussir.

Second jeu de The Deep End Games, studio indépendant fondé par d’anciens développeurs ayant travaillé sur BioShock et BioShock Infinite, le titre a de plus réussi une belle campagne de financement participatif.

Autrement dit : toutes les étoiles étaient alignées afin de nous offrir un divertissement de qualité. Mais qu’en est-il réellement ?

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Romancelvania nous met dans la peau de Drac, le plus célèbre vampire de Transylvanie, totalement déprimé après sa défaite contre les humains. Loin de sa superbe de naguère, il s’est de plus fait larguer par sa bien-aimée. Laissé pour compte, en disgrâce et abandonné par ses séides ; il broie du noir dans sa forteresse impénétrable depuis près de quatre-vingt-dix-neuf ans.

Problème : perdu dans sa déchéance, il n’a pas effectué son travail et l’équilibre entre la vie et la mort est désormais rompu. La Faucheuse lui tend alors un piège afin de le forcer à sortir de chez lui : elle l’invite à une partie de poker entre potes monstrueux.

Drac accepte, mais se retrouve rapidement pris dans… une téléréalité ayant pour but de lui permettre de trouver l’amour. Intitulé Love At First Bite (référence au film de 1979), ce show est soumis à des règles strictes : la Faucheuse retire tous ses pouvoirs à Drac, et ne les lui rendra qu’avec parcimonie, à chaque nouvelle rencontre. Notre héros ne pourra donc récupérer sa pleine puissance qu’à condition de trouver l’amour auprès d’un panel… singulier de prétendants.

Qui allons-nous choisir entre Ilessa le succube dominateur, Medusa au regard pétrifiant, PS Elle l’épouvantail aux formes plantureuses, Fenton le loup-garou, Brocifer le démon DJ toujours très chaud, Robert le pirate… ou encore Dolce la licorne ? À moins que notre cher Drac ne se décide enfin à avouer son attirance pour son vieil ennemi Van Helsing dans une lutte homoérotique très virile ?

Au final, ce sont treize prétendants qui s’offrent à nous afin d’éveiller Drac aux joies de l’amour.

Doté d’un humour volontairement décalé mettant en scène des pastiches des protagonistes récurrents de Castlevania, Romancelvania est un titre particulièrement drôle, à la verve vive et à l’écriture particulièrement soignée.

Deux précisions d’importance à ce stade du test : malgré son ton volontairement graveleux, le titre ne se montre jamais vulgaire ni insultant. Certes parfois gras, il parvient avec une étonnante facilité à esquiver les écueils de la beauferie en surfant avec brio sur une limite parfois très dangereuse. Une franche réussite du côté de l’écriture.

Le second point, clairement négatif mais malgré tout compréhensible : Romancelvania est intégralement en anglais, sans aucune traduction. Cependant, le studio a d’ores et déjà annoncé qu’une localisation en plusieurs langues était en cours. À voir si cette dernière, une fois disponible, ne dénaturera pas trop les blagues et parviendra avec autant de subtilité à ne pas glisser dans le côté obscur de l’humour.

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Quid du gameplay ? Comme dit en introduction, ce dernier se divise en deux parties, intrinsèquement liées.

La première est bien entendu un metroidvania on ne peut plus classique : nous explorons le château et ses alentours, récupérons des armes et de l’équipement à la manière d’un Symphony of the Night et combattons des hordes de monstres.

Si cette partie est qualitative, elle risque cependant de laisser les amateurs du genre quelque peu dubitatifs à cause de deux défauts majeurs et totalement incompréhensibles : premièrement, l’action est étonnamment lourde et lente. Que ce soit au niveau des animations, des déplacements ou des combats, il semble manquer au jeu un peu de vitamines pour être à la hauteur. Nous avons eu, tout au long de notre partie, cet étrange sentiment de jouer en 50 Hertz. Si cet écueil n’est pas totalement rédhibitoire, il est cependant relativement gênant dans les premiers temps.

Le second en revanche est tout simplement inexcusable dans ce type de jeu : il n’y a pas de carte. Nous répétons : Il. N’y. A. Pas. De. Carte. Dans un Metroidvania !

Qui a pu tester le jeu et se dire que c’était une bonne idée ? Qui a validé ça ? Qui peut bien oublier d’implémenter une simple carte dans ce genre de production ?

Comprenons-nous bien : tout comme dans Castlevania, Romancelvania nous oblige à de nombreux allers-retours afin d’atteindre des zones jusqu’alors inaccessibles en débloquant divers pouvoirs spécifiques. C’est là littéralement la définition du genre, son ADN.

Une carte est alors la base, indispensable, pour ne pas se perdre en boucle des heures durant à chaque fois que nous nous retrouvons bloqués. Mais non. Pas ici. Il ne nous reste alors, régulièrement, qu’à reparcourir l’intégralité des salles du titre afin de nous assurer de ne rien avoir oublier. Aberrant. Tout simplement aberrant. Espérons que les développeurs se rendront compte de ce problème et le résoudront rapidement.

Prenons un instant tout de même pour parler de l’exploration malgré cette problématique. Fouiller et découvrir des zones secrètes peut nous octroyer des bonus, allant de l’augmentation de la vie à la possibilité de porter plus d’or en passant par l’immunité au poison. La courbe de progression est bonne, jamais frustrante.

Concernant ces fameux pouvoirs, nous avons volontairement attendu la fin de cette partie pour en parler. Ces derniers ne sont certes pas originaux, mais ils ont le mérite de reprendre ce que nous connaissons déjà du protagoniste : se transformer en brouillard, effectuer un double saut, courir à grande vitesse, invoquer des chauves-souris, etc.

Pour les débloquer, il faudra trouver (et affronter) les divers prétendants disséminés au travers du château. Et c’est là que Romancelvania révèle toute sa valeur.

Mords-moi sans hésitation

Une fois vaincus, les boss rejoignent une sorte de hub central qui va nous permettre de discuter avec eux, pour mieux entretenir le feu de nos relations.

Et là où Romancelvania excelle, c’est justement dans ces échanges. Car nous ne sommes jamais contraints de nous lier intimement avec les autres. Il nous est librement possible de simplement flirter, de nouer une amitié ou encore de mépriser les “alliés” que nous ne supportons pas.

Quoiqu’il arrive, augmenter son lien avec les différents protagonistes est d’une importance capitale, puisque ces derniers octroient à Drac des améliorations bienvenues de ses capacités spéciales.

Ainsi, il faut bien choisir ses alliés afin de forger son propre Drac. D’autant plus que le jeu n’oublie jamais sa propre diégèse. Nous sommes dans un show de téléréalité de type « Bachelor ». De fait, nous aurons à éliminer les candidats jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un. Autrement dit : il nous est régulièrement demandé nos préférences en termes de possible couple… mais aussi de compétences à développer. Les décisions sont cornéliennes, et nous poussent à jouer stratégiquement.

Si ce choix de game design est assez déroutant de la part des développeurs, ce n’est qu’à l’aune d’une première partie bouclée que toute la superbe de cette idée se révèle. Car oui, Romancelvania est un bon jeu. Et ce faisant, il devient d’autant plus simple et agréable de relancer une nouvelle partie une fois le scénario d’une dizaine d’heures bouclé, sans pour autant trop ressentir le côté redondant de ce genre de production.

La rejouabilité est bel et bien là, rehaussée par la possibilité de développer un personnage totalement différent du premier, tout en découvrant de nouveaux échanges et dialogues uniques et particulièrement savoureux.

Testé sur Xbox Series S

Bilan

On a aimé :
  • Extrêmement drôle
  • Un mélange des genres qui fonctionne à merveille
  • Les améliorations, liées aux relations
  • La qualité de l’écriture et de la narration
On n’a pas aimé :
  • Uniquement en anglais pour l’instant
  • Un peu trop lent
  • L’absence de carte, incompréhensible
Une nouvelle référence du genre

Romancelvania est un metroidvania unique, particulièrement drôle et réellement addictif. Le genre de titre qu’on ressortira régulièrement, pour une heure ou pour dix, simplement dans l’optique de retrouver un peu de cette merveilleuse alchimie.

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Romancelvania

Genre : Action

Editeur : The Deep End Games

Développeur : The Deep End Games

Date de sortie : 07/03/2023

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch