Test - The Pathless - L’ombre de la Guerre

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The Pathless est un jeu d’action aventure, sorti le 12 novembre 2020 sur PC et seulement le 02 février 2023 sur Xbox. Développé par le studio Giant Squid à qui l’on doit déjà l’excellent ABZÛ, nous étions enthousiastes à l’idée de plonger dans cette nouvelle production portée par Annapurna Interactive qui n’est pas en reste côté édition de contenu de haute qualité. Nous pensons notamment au déstabilisant What Remains of Edith Finch, au récent 12 Minutes ou encore à l’exceptionnel Outer Wilds.

L’éditeur a-t-il encore une fois eu le nez creux en faisant confiance au studio Giant Squid pour ce nouveau titre ? Et ce dernier est-il à la hauteur de son héritage ?

Un nouvel espoir

L’écran titre nous apparaît, un symbole d’aigle gravé à même la pierre dans un style maya, recouvert par les plantes et accompagné d’une musique de fond alliant mélodie enchanteresse et voix prophétique. Ceci nous plonge immédiatement dans une ambiance de beauté mystérieuse. Dès ce moment, une étrange sensation se réveille en nous, comme si nous avions déjà vu cela ailleurs. Mais où ?

L’appel de l’aventure

Le menu minimaliste propose les options les plus basiques : inversion de la caméra, réglage de l’intensité de son suivi, possibilité de modifier les niveaux d’effets sonores, de la musique et des dialogues et pour finir, la possibilité d’activer le sprint par une simple pression de touche ou en y restant appuyé.

Le peu d’options disponibles nous laisse à penser que, tout comme ABZÛ, le jeu se voudrait surtout contemplatif et nous pousse à rapidement démarrer l’aventure. Nous ne pouvions avoir plus tort.

En lançant une nouvelle partie, nous sommes accueillis à la façon de la plus grande saga intergalactique à ce jour. Un écran noir laisse apparaitre un texte qui nous conte la tragédie ayant poussé notre héroïne à agir. Une malédiction enveloppe le monde et les chasseurs qui se rendent aux confins de la terre pour l’en débarrasser ne reviennent jamais. La chasseuse que nous sommes se met donc en route à son tour afin de libérer le monde et ramener les Grands Aînés disparus.

Le danger plane

C’est ainsi que nous arrivons sur une plage, armée de notre seul arc et avec la faculté de sauter plus haut que la moyenne des êtres humains. Mais ce n’est pas le seul atout dans le carquois de notre archère. Nous pouvons également nager, tirer des flèches sur de longues distances et sprinter tant que notre barre d’énergie le permet.

Pour être honnêtes, nous sommes instantanément ébahis par la beauté poétique des lieux. Le level design enchanteur est magnifié par une bande son en parfaite adéquation. Le bruit de l’eau et sa qualité d’animation, le vent qui souffle dans les arbres les inclinant sur son passage, sans oublier les rais de lumière qui percent les nuages et nous poussent à lever les yeux, attirant notre regard sur une montagne suspendue dans le ciel et nous faisant l’effet d’un volcan en éruption inversé. C’est tout cela qui nous fait très rapidement ressentir le danger et la solitude face aux grands espaces qui nous sont proposés. Nous en venons à nous demander comment nous allons pouvoir parcourir de telles distances à pied. Shadow of the Colossus ! Voilà où nous avions déjà vu cela. Les décors cyclopéens artistiquement minimalistes sont embellis par une bande son aux petits oignons. Le sentiment de solitude. Une malédiction qui s’abat sur le monde. Une histoire racontée au compte-gouttes. Tout y est, même les géants à affronter lors de duels épiques. Mais avant d’en arriver là, il nous faut continuer d’avancer avec la peur d’être devant une simple copie.

Nous incarnons la dernière chasseuse

C’est donc après quelques pas que nous arrivons dans un long couloir végétal où il nous semble apercevoir notre premier ennemi, sorte de losange rouge flottant muni d’un œil en son centre. Ce dernier, ciblé automatiquement, flanche sous la force de notre première flèche décochée simplement en laissant la gâchette enfoncée jusqu’à ce que la jauge l’entourant soit remplie et permettant ainsi d’atteindre notre cible à coup sûr. Le vaincre permet à notre jauge d’endurance de se recharger et c’est d’ailleurs l’unique moyen, cette dernière ne remontant pas automatiquement.

Mais lorsque nous débouchons sur la clairière suivante remplie de ces formes en lévitation, nous réalisons que ce ne sont pas des ennemis mais simplement des éléments de gameplay déguisés. Courir tout en les touchant de nos pointes octroie, en plus d’une remontée d’énergie, un boost de vitesse tout comme lors d’un saut qui aura l’effet d’en augmenter la hauteur. Ce simple état de fait nous pousse à passer de longues minutes à profiter d’un gameplay qui est d’ores et déjà un régal. Le sentiment de vitesse et de puissance que nous retirons à décocher flèche après flèche en touchant au but est proprement excellent. Nous nous arrêtons seulement de tourner en rond pour le plaisir lorsque nous apercevons un aigle géant, semblant blessé et parcouru d’une sorte de courant rougeâtre, barrant le chemin.

Certains passages sont superbes

Afin de sauver l’immense oiseau nous devons nous diriger en direction de la première zone du titre. C’est en chemin que nous trouvons un masque nous octroyant la faculté de détecter les murs factices façon Dark Souls, mais également les points d’intérêt nous permettant de lutter contre la malédiction.

Bien ! Pas bien !

Pour sauver la vie du volatile précédemment rencontré, il n’y a pas trente-six façons. Nous devons repérer les totems à son effigie et monter au sommet des trois tours présentes sur le plateau afin de les déposer sur une stèle. L’édifice ramène alors la lumière (et le beau temps) sur la zone, libérant ainsi Mère Aigle, matriarche des Grands Aînés. Exit le rouge, l’oiseau reprend sa forme réelle, éblouissante de bleu.

La malédiction s’abat sur le monde

Mais c’était sans compter sur l’apparition soudaine du Déicide, lanceur originel de la malédiction et n’ayant pour objectif que de détruire le monde tel que nous le connaissons afin d’en créer un nouveau, libéré des anciens dieux. Nous comprenons d’ailleurs que la divinité suprême n’était pas sa seule victime, puisque les quatre enfants de cette dernière sont désormais sous sa coupe et lui obéissent contre leur gré.

Celui que nous identifions désormais comme notre ennemi s’en va, nous laissant sur place, avec un simple avertissement en guise de menace. Pourquoi ne pas tuer la chasseuse qui est désormais le seul caillou dans sa botte, nous laissant ainsi une chance de sauver le monde ? Par mépris ? Ou par besoin scénaristique ? C’est en parcourant les étendues sauvages de fond en comble que nous avons trouvé des éléments de réponse.

Le déicide est décidé à nous voir décéder

Au premier abord, nous trouvions très simpliste la vision du bien et du mal proposée. Bleu / Eau : Bien. Rouge / Feu : Pas bien. Et ce n’est pas le seul point ultra accessible du jeu.

Depuis le début nous étions surpris de l’absence totale de tutoriel et nous réalisons finalement que nous sommes en plein dedans lorsqu’une fois Mère Aigle libérée, nous rencontrons un nouvel oisillon prêt à nous accompagner dans notre quête pour défaire la malédiction.

Plus qu’un animal de compagnie, il est tout autant le héros de cette histoire que la chasseuse. Il faut parfois le caresser afin d’écarter la malédiction qui peut le toucher mais ce n’est pas notre seule interaction avec lui. Il est notamment essentiel à la résolution de quasiment toutes les énigmes mises sur notre route.

Pour ce faire, tout un éventail d’actions lui est donné : déplacer des objets lourds afin de les placer sur des plaques amovibles ou bien nous attraper par le bras afin de planer et ce faisant, battre des ailes afin de s’élever quelque peu en hauteur.

C’est après avoir fait le tour des capacités de base que nous sortons du tutoriel en volant d’un haut précipice, quittant ainsi notre petite île de départ, pour de plus vastes plateaux.

Plateaux aux nombre de quatre, abritant chacun une entité gigantesque, corrompue par le grand méchant, que nous devons libérer afin d’affaiblir ce dernier avant de le combattre. Les fans de la marque au plombier moustachu voient où nous voulons en venir, n’est ce pas ?

Un oiseau nommé héros

Si le jeu emprunte fortement à Shadow of the Colossus et à The Legend of Zelda : Breath of the Wild, il dépasse largement le simple plagiat tant tout ce qu’il reprend est réussi et apporte suffisamment de nouveautés pour ne pas se sentir face à une pâle copie.

Les choses auraient pu s’arrêter là et si nous nous disions qu’au premier abord le jeu nous paraissait simpliste dans sa vision du bien et du mal, c’est en parcourant le monde en profondeur que l’on s’aperçoit que rien n’est jamais tout noir ou tout blanc (bleu ou rouge ici).

L’important, ce n’est pas la destination, c’est le voyage

Ce qui nous a bluffé, en plus du soin apporté à l’animation de notre héroïne et de son fidèle compagnon, c’est le nombre de secrets disséminés au travers des différentes zones de la carte.

En parcourant le monde, l’on découvre d’ailleurs de nombreuses scènes, souvent morbides, laissant à notre esprit le soin d’imaginer ce qui a pu se produire. Giant Squid nous donne tout de même un coup de pouce en proposant de lire les dernières pensées des victimes de la guerre qui a conduit le Déicide à devenir ce qu’il est, pensées ayant la forme d’une bulle bleue facilement repérable.

Les souvenirs des défunts constituent le lore du jeu

Et si le titre regorge d’éléments de lore, il n’est pas en reste concernant les énigmes, allant de simples courses aux défis d’agilité, mettant nos compétences d’archer à l’épreuve ou encore en proposant différents puzzles faisant appel à des miroirs, du feu, de la glace et notre fidèle compagnon.

Bref, elles sont encore nombreuses et suffisamment variées pour que l’on s’y intéresse. Le point fort de The Pathless étant le plaisir que nous ressentons lors des déplacements. La récompense qui nous est offerte sous forme de pierres précieuses dorées débloquant un battement d’aile supplémentaire permettant d’atteindre de nouvelles hauteurs et de nouveaux défis ne fait que nous pousser à explorer l’univers du jeu.

Les plateaux sont étendu

Si dans l’ensemble les trois premiers plateaux se veulent assez plats avec quelques variations de terrain, parsemés de forêts, rivières et ruines ancestrales, le dernier en revanche se veut bien plus vertical avec ses montagnes enneigées et avoir complété nombre de défis secondaires nous a vraiment rendu la tâche plus agréable.

Ce n’est d’ailleurs pas la seule façon d’obtenir des améliorations significatives. Si, lorsqu’on arrive sur un plateau, les créatures qui se nichent dans les tempêtes omniprésentes nous traquent et que nous devons fuir au risque de perdre l’expérience accumulée lors de nos recherches, ce n’est plus le cas une fois les trois tours d’une zone libérées. La peur change de camp et il nous faut partir en chasse de la bête aux proportions dantesques.

Avec le sentiment d’être une proie devenue finalement chasseur, nous nous jetons à l’assaut du monstre lors d’une phase de gameplay absolument épique, accompagnée par une bande son montant en intensité tout au long du combat. Le tout allant même jusqu’à nous décrocher un “Waouh !” lors de notre premier affrontement avec l’un des Grands Aînés.

Le chasseur devenu proie

De plus, la récompense, associée à chacune des victoires nous donne un sentiment de montée en puissance non négligeable et rend nos déplacements encore plus agréables. La zone, jusque-là plongée dans l’obscurité, voit le soleil revenir et une stèle similaire à celle des tours apparaît mais ici avec neuf emplacements. Tout ce que nous vous en dirons pour ne pas gâcher la surprise, c’est : remplissez la stèle avant de passer au plateau suivant.

Il faut le dire, durant la dizaine d’heures qu’il nous a fallu pour arriver au bout du jeu, nous ne nous sommes jamais ennuyés. Le level design mis au service du gameplay et du lore est une vraie réussite. Le sentiment de plaisir ressenti lors des premiers déplacements ne lasse jamais grâce à une évolution constante de ces derniers et si quelques défauts demeurent comme des plans de caméra éloignés pas vraiment agréables à l’œil, ou quelques scintillements blancs par-ci par-là, cela n’entache néanmoins pas la poésie et l’ambiance qui se dégagent de The Pathless.

Le seigneur des Trois Tours

Concernant la partie succès, ces derniers nous poussent à l’exploration et à la maîtrise de nos mouvements et ne sont donc qu’une formalité pour peu que l’on prenne le temps de parcourir le titre comme il se doit. Car oui, nous avons conscience que chacun est libre d’aborder le jeu comme il l’entend et bien entendu, il aurait été facile d’enchainer les boss et seulement les défis nécessaires à l’avancement de l’histoire principale et terminer le jeu en trois heures mais ce serait passer à côté de toutes les nuances que nous propose une telle œuvre. Si le Déicide paraît un simple méchant de la même veine que d’autres antagonistes monolithiques voulant détruire le monde, c’est grâce au lore que l’on comprend les motivations qui le poussent à agir ainsi et les horreurs qu’elles ont engendrées.

Pour conclure nous souhaitons finalement citer Giant Squid : “Nous pensons que le jeu vidéo est plus qu’un passe temps. C’est un médium artistique qui peut offrir de belles expériences, significatives et intemporelles.” Vous le pensez, et vous le faites bien. Alors que dire, à part merci.

Testé sur Xbox Series X

Bilan

On a aimé :
  • Certains panoramas magnifiques…
  • L’histoire poétique…
  • Le sound design
  • Les déplacements
  • Les combats de boss épiques
  • Le sentiment de montée en puissance
  • La dernière partie du jeu réunissant le meilleur
On n’a pas aimé :
  • ...D’autres un peu moins
  • ...Mais déjà-vu
À la croisée des mondes

Si The Pathless reprend des thématiques déjà abordées dans des jeux ultra populaires, il le fait toutefois avec brio et permet de vivre l’expérience sous un angle plus dynamique. Enchanteur, poétique, contemplatif, épique, les superlatifs ne manquent pas pour décrire l’expérience proposée par Giant Squid et nous ne pouvons que les féliciter pour le travail accompli. L’on ressent fortement l’influence du gameplay sur le level design et tout a été mis en œuvre pour rendre l’expérience aussi fluide et agréable que possible. Le sentiment de montée en puissance est véritablement grisant jusqu’à l’apothéose finale. Chapeau.

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The Pathless

Genre : Aventure/Plates-Formes

Editeur : Annapurna Interactive

Développeur : Giant Squid

Date de sortie : Hiver 2022

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PC Windows, Nintendo Switch