Test - Clunky Hero - Un joli (mais mauvais) Metroidvania

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Sorti initialement en novembre 2021 sur PC après une campagne Kickstarter réussie, Clunky Hero continue de surfer sur son succès pour atteindre les vertes contrées de nos consoles de salon.

Voici donc venir ce fameux Metroidvania teinté de RPG et d’humour, prêt à se soumettre à notre jugement impartial et tout en nuance.

Un seau sur un sot qui saute

Nous incarnons ici Rufus, simple paysan un peu niais mais très amoureux de sa femme, Brunilde. Bien que laide, cette dernière compensait largement la stupidité maladive de notre héros par son intellect, son courage et son sens de l’humour.

Mais un beau jour, l’Innommable use de sorcellerie pour la transformer… en une belle influenceuse avec la bouche en cul de poule ! Mais il ne s’arrête pas là et finit même par l’enlever.

N’écoutant que son courage, Rufus s’empare de ce qui lui tombe sous la main. Il s’équipe d’un seau en guise de casque et du balai de sa donzelle pour toute arme. Le voilà prêt à se lancer dans une quête épique, longue et périlleuse, pour sauver ses terres et arracher sa belle des griffes du monstre infâme dont il ne faut pas prononcer le nom.

Nous comprenons dès la cinématique d’introduction que la profondeur scénaristique ne sera guère au cœur de l’aventure. Parodie des jeux du genre, Clunky Hero essaie désespérément de nous arracher un sourire ou, à défaut, un soufflement de nez en multipliant les pastiches ridicules et les blagues douteuses.

Si les premiers instants peuvent nous mettre dans l’ambiance, c’est avec une pointe de désespoir et un profond vague à l’âme que nous poursuivons nos pérégrinations tout en récoltant “du cidre qui fait péter” et autres joyeusetés.

Beauf au possible, Clunky Hero ressemble à s’y méprendre à un comique qui enchaîne sans pause les traits d’humour en espérant qu’au moins l’un d’entre eux fonctionne sur son audience. Et oui, dans ce marasme de blagues grasses et de références péniennes, quelques-unes sont parvenues à nous faire esquisser les débuts d’un sourire forcé.

Cependant trop bas de plafond, nous ressortons de chaque partie avec une exaspération croissante ; persuadés que le titre a été écrit par un enfant de douze ans tant son humour est juvénile.

Un exemple valant mille mots, nous avons été particulièrement contrits par la quête principale. Pour accéder au château de l’Innommable, nous devons en effet récolter… des patates éparpillées aux quatre coins du monde. Pourquoi personne ne rit ?

Pis encore, les dialogues sont entièrement doublés dans une sorte de simlish insupportable et sans cohérence. Et si au moins les divers PNJs avaient des informations utiles pour approfondir le lore, ce subterfuge aurait été excusable. Mais non. Parfaitement conscients de leur rôle, ils brisent continuellement le quatrième mur avec des références hasardeuses et des jeux de mots singulièrement mauvais.

Mais ces personnages secondaires sont tout de même importants, puisqu’ils font ici office de distributeurs de quêtes secondaires. Totalement inintéressantes, ces dernières n’octroient en prime que de vagues récompenses inutiles.

Game Designer, c’est un métier

Ah… si seulement les problèmes de Clunky Hero pouvaient n’être que scénaristiques. Mais non content d’être d’une lourdeur ineffable dans sa narration, le titre de Chaosmonger Studio est également un mauvais Metroidvania.

Il nous a fallu une bonne heure pour réaliser toute l’ampleur de la supercherie. Si le jeu promet en effet neuf biomes et plus d’une quarantaine de niveaux, la réalité est tout autre.

Chaque biome (au nombre de neuf, en effet) se découpe en trois ou quatre zones… toutes scrupuleusement identiques. Aucun effort de level design n’a été fait pour nous divertir, ou ne serait-ce qu’éviter l’ennui. Des niveaux entiers ne sont que de vulgaires copiés-collés de régions déjà visitée au pixel près.

Pis encore, le jeu est un Metroidvania… Ce qui implique de multiples allers-retours dans des zones déjà visitées, redoublant encore ce sentiment de parcourir éternellement les mêmes corridors, tel Thésée coincé dans son labyrinthe.

Mais au moins le héros grec avait-il pour s’orienter le fil d’Ariane. Rufus, lui, n’a rien. Il est donc assez régulier de se retrouver totalement coincé dans sa progression, sans savoir où aller ni que faire, cherchant au hasard une zone non explorée ou un bonus qui nous permettrait d’avancer.

Certes, comme dans l’intégralité des titres du genre, nous débloquons au fur et à mesure des compétences utiles pour nous aider à progresser (double saut, tir à distance, etc.). Cependant, ces dernières ne sont là que pour ralentir notre progression et non pour nous octroyer une mécanique de jeu différente.

Parlons des combats. Si nous étions en droit de nous attendre au fait que le balai ne soit qu’un skin différent pour une épée ou une lance, ce n’est guère le cas.

La portée d’attaque de notre arme est risible et, sans un sérieux entraînement et un réel investissement dans le titre (ce qui est particulièrement ardu), il est pratiquement impossible de terminer le moindre affrontement sans subir de dégâts.

Exaspérant au possible, ce système n’évolue de plus jamais réellement et la boucle de gameplay devient rapidement un calvaire.

Une peinture sur un tas de fumier.

Clunky Hero n’aurait donc que des défauts pour lui ? Loin s’en faut. Graphiquement, le titre est fort joli. Ses personnages très “cartoon” et ses environnements variés (en termes de décors) sont très agréables à découvrir et à parcourir.

Imitant le “fait main” avec une bonne dose de talent, le jeu est indubitablement une réussite sur sa partie visuelle. Les animations et les cinématiques sont également à saluer.

Le titre tente le pari de s’essayer à un style rappelant (de loin et en plissant les yeux) celui des studios Ghibli. Parfois peut-être trop, à la limite même du plagiat sur certains monstres. Malgré tout, le jeu est richement fourni en visuels de qualité (avec un bestiaire dépassant les cinquante créatures uniques).

Pour autant, Clunky Hero ne brille pas par sa technique et manque de finition. Ainsi peut-on retrouver (sans doute un oubli) un… compteur de FPS en bas à gauche de l’écran. Ce dernier ne dépasse jamais les 50 et se permet même de chuter brutalement par moments.

Car oui, non content d’accumuler les tares, le jeu se permet de souffrir de gros lags assez fréquents. N’ayez même pas la folle idée d’appuyer sur le bouton “menu” de la manette, au risque de le faire planter purement et simplement. Visiblement fait à la va-vite, ce portage console n’offre de plus aucune option d’accessibilité.

Testé sur Xbox One X

Bilan

On a aimé :
  • Un énorme bestiaire
  • Un style graphique agréable
  • Une bonne durée de vie
On n’a pas aimé :
  • Un humour discutable
  • Des zones identiques
  • Des lags incompréhensibles
  • Le manque d’indications claires
Conclusion : La forme ne fait pas tout

Clunky Hero nous avait attirés par ses visuels chatoyants et ses promesses de Metroidvania teinté de RPG et d’humour. Au final ne reste qu’un jeu visuellement réussi, mais disposant d’une base insipide, d’un level design affreux et de gros soucis d’optimisation.

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Clunky Hero

Genre : Action

Editeur : Chaosmonger Studio

Développeur : Chaosmonger Studio

Date de sortie : 25/01/2023

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch