Test - Kingdom Rush - Un Tower Defense sympathique

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Après avoir envahi nos smartphones (et nos publicités) en 2011, le plus célèbre des Tower Defense d’Ironhide Game Studio s’est progressivement exporté sur l’ensemble des plateformes existantes : le PC via steam en 2014, la Nintendo Switch en 2020 et, dorénavant, nos chères et tendres Xbox en 2023.

Pour ceux qui, comme nous, fuient comme la peste ce genre de production minimaliste et bourré jusqu’à la moelle de microtransactions se pose alors plusieurs questions : quid de ce portage ? Vaut-il réellement les 9,99€ demandés ? Est-il à la hauteur de sa sinistre réputation ?

Toutes les réponses, et plus encore, arrivent sous peu… et risquent de vous surprendre.

Des débuts compliqués

Les premiers instants avec Kingdom Rush (sur console, ndlr) sont assez surprenants et passablement crispants. Le titre nous accueille en effet… en nous tutoyant. Prenons quelques instants pour comprendre en quoi ce simple niveau de langage est un problème en soi : en marketing, l’idée de créer promptement une proximité avec le client est un moyen reconnu de l’inclure dans une relation de confiance, généralement avec l’objectif de le faire dépenser plus, mieux et, surtout, plus rapidement.

Si on prend le temps de s’y plonger durant quelques minutes, nous nous rendons rapidement compte qu’en effet remplacer simplement le “vous” par le “tu” est une mécanique usuelle des jeux mobiles (et des traductions ratées). En l’espèce, cela ne fait bien entendu pas exception à cette règle.

Connaissant la manœuvre, tous les warnings se sont allumés dans nos esprits à cet instant. Pourtant, c’est avec un réel soulagement que nous avons constaté dès le lancement de notre partie que la boutique de gemmes a disparu sur cette version console.

Oui, Kingdom Rush ne nous demande jamais, à aucun moment, de sortir la CB pour dépenser plus. Aucune mécanique prédatrice de microtransaction n’est présente, que ce soit par l’achat de monnaie virtuelle, pour sauter rapidement des niveaux ou débloquer des héros. Sans doute était-ce primordial de faire cette mise au point dès le début de ce test, afin de rassurer les plus réticents.

Pour quiconque a déjà touché à la version mobile du titre, la prise en main à la manette peut s’avérer particulièrement complexe. Parvenir à offrir un gameplay aussi fluide que le tactile n’est guère chose aisée. Pourtant, Kingdom Rush s’en tire plutôt bien.

S’il est vrai qu’il faut un petit temps d’adaptation pour gérer le titre à la perfection, les choix d’adaptabilités pris par les développeurs sont étonnamment ingénieux et d’une déconcertante aisance.

Ainsi, le stick gauche est uniquement réservé au déplacement d’un curseur sur les différents emplacements de construction disponibles. La touche A permet d’afficher une roue de choix, la gâchette LB de guider notre héros et la croix directionnelle d’invoquer des renforts ou une pluie de météores.

Dès la fin du tutoriel, c’est avec une grande facilité que le titre se prend en main et que nous enchaînons les missions sans difficulté aucune. Certes, quelques moments de tension peuvent faire rager : la vitesse de déplacement du curseur est plus lente que nos doigts, nous empêchant ainsi de déployer instantanément des renforts dans les zones les plus critiques. Mais le compromis est amplement validé et est, pour ainsi dire, l’un des meilleurs possibles à ce jour avec une manette.

Oui… Kingdom Rush est parvenu à l’exploit de nous offrir un portage de qualité. Du moins sur le plan de la maniabilité et malgré quelques imprécisions.

Un titre étrangement complet

Qu’il est difficile de voir toutes nos certitudes brisées telle la lame d’écume de nos convictions sur la falaise de la réalité. Et pourtant, nous nous apprêtons à dire du bien d’un jeu mobile. Beaucoup de bien, même.

Kingdom Rush est donc un Tower Defense comme il en existe des milliers depuis les premières cartes customisées d’Age of Empire. Le principe est simple : au travers de plusieurs niveaux, nous avons la lourde tâche d’arrêter des hordes de monstres à l’aide de nos constructions avant que ces dernières n’atteignent notre base.

C’est au travers de vingt-sept cartes que le jeu nous accueille, pour un contenu de 6 à 10h de jeu. Chacune est travaillée avec soin, que ce soit sur le plan graphique ou de level design. Toutes, sans la moindre petite exception, proposent un challenge digne des jeux de stratégies les plus retors et, sans une bonne préparation à la fois physique et mentale, peuvent nous bloquer dans notre progression.

Il n’est pas rare en effet de perdre, submergé par les hordes d’ennemis déferlant sans cesse sur notre base, ou simplement à cause d’une seconde d’inattention. Le titre d’Ironhide Game Studio demande une concentration de chaque instant, surtout dans ses phases les plus intenses.

Mais détaillons tout cela. La campagne principale est, pour sa part, composée de douze cartes qui servent, peu ou prou, d’immense tutoriel au titre. Chacune apporte son lot de nouveautés, que ce soit en termes d’ennemis, d’amélioration, de héros ou de contenu annexe optionnel (libérer un Troll pour venir nous aider, par exemple).

Au travers de cette histoire très correctement narrée (sinon le tutoiement), nous suivons les aventures d’un royaume en proie au chaos : les forces du mal se déversent et tentent d’envahir, tour à tour, chacune des zones. Le jeu nous fait donc voyager de plaines verdoyantes aux terres désolées en passant par des montagnes enneigées.

Trois biomes. C’est certes peu, mais la qualité du moteur graphique très cartoon parvient sans peine à nous faire oublier ce défaut grâce à une construction de niveaux particulièrement agréable. C’est bien simple, aucune carte ne se ressemble. Que ce soit via un truchement d’embranchements, plusieurs zones d’apparitions ennemies, ou simplement en ajoutant des éléments de décors uniques.

Les ennemis, justement, sont particulièrement nombreux. Soixante et un types de créatures différentes et pas moins de onze boss, qui vont tout mettre en œuvre pour nous envahir. Allant du simple gobelin à la sorcière en passant par le chevalier noir ou la chauve-souris géante, ces derniers ne brillent pas par leur originalité… mais tous sont différents et nous forcent à adapter notre stratégie.

Prenons quelques exemples très concrets : les chauves-souris géantes ne peuvent être atteintes que par les attaquants à distance, les chevaliers noirs sont immunisés à la magie, les wargs sont particulièrement rapides, les bandits passent derrière nos défenses, etc. Chacun, sans la moindre exception, doit être appris pour ne pas se laisser submerger.

Les Boss, quant à eux, sont de vrais sac à PV disposant également de techniques uniques. Ainsi, certains vont invoquer des minions, d’autres détruire nos tours… mais tous seront un challenge d’un niveau particulièrement relevé. Même au niveau de difficulté “débutant”.

Pour nous défendre, les développeurs d’Ironhide Game Studio ont fait le choix de la simplicité. Ici, ce ne sont que quatre types de tours différentes qui sont à notre disposition : archers, fantassins, mages et bombardiers.

Si dans les premiers instants ces choix restreints sont surprenants, on comprend rapidement le but d’une telle décision. Manette en main, dans le feu de l’action, il est particulièrement aisé de repérer quel type de tour il faut placer et de l’installer en une fraction de seconde, évitant le désastre de la défaite à cause d’un nombre de choix trop important.

Ces tours justement peuvent évoluer en échange d’argent. Si on commence chaque carte avec un petit pécule nous permettant de placer nos premières défenses, c’est en tuant des ennemis qu’on en gagne suffisamment pour accroître nos possibilités.

Chaque tour dispose de cinq niveaux d’amélioration (dont un dernier qui est un choix entre deux) afin de parer à toutes situations. Et la décision finale, justement, est souvent cornélienne. Allons-nous plutôt opter pour transformer nos paysans armés de fourches en paladins capables de se soigner et à la défense impénétrable, ou plutôt en barbares sanguinaires à même de défaire des groupes entiers d’ennemis ?

La stratégie est au cœur de Kingdom Rush, et la moindre petite décision peut avoir des conséquences sur la finalité de chaque mission. Vouloir se concentrer sur la défense est le risque de voir des hordes trop importantes pour être endiguées. Au contraire, vouloir tout miser sur l’attaque et c’est la possibilité que des ennemis ailés ne viennent nous narguer en survolant tout simplement nos armées.

Passionnant dans son gameplay, Kingdom Rush est sans nul doute un excellent Tower Defense qui sait tenir son joueur en haleine et lui procurer moult sensations fortes.

Bien entendu, il faut également parler des héros. Ces derniers sont des unités particulièrement puissantes, capables d’engranger de l’expérience pour devenir plus fort. Au gré des différentes cartes de la campagne, nous débloquons pas moins de treize d’entre eux. Chacun dispose de ses spécificités, caractéristiques et coups spéciaux, mais un seul peut être déployé au combat. Ainsi, c’est encore un choix dantesque qui s’offre à nous et une stratégie à mettre en place en fonction de ce dernier.

Une fois la dernière carte du mode campagne terminée, le joueur avide de contenu peut se réjouir car ce sont quinze nouveaux niveaux Élites qui sont ajoutés. Plus difficiles encore, ces derniers sont un casse-tête vraiment plaisant, ajoutant encore plus de fun à un jeu qui n’en manque déjà pas.

Bien entendu, il est également possible de refaire les niveaux déjà bouclés dans une difficulté supplémentaire (héroïque) afin de débloquer de nouvelles étoiles…

Lorsque nous finissons un niveau en effet, notre performance est notée de une à trois étoiles. Ces dernières sont une forme de monnaie que l’on peut dépenser à loisir pour améliorer nos unités. Il est donc rapidement indispensable de parvenir au meilleur score afin de se faciliter la vie durant les niveaux les plus complexes…

… Et c’est là que les vrais défauts du jeu se font ressentir.

Un intérêt discutable

Que l’on soit gêné ou non par le principe des Free-to-Play et plus particulièrement de leur modèle économique, il est important de mettre en parallèle ce qui est proposé dans Kingdom Rush sur smartphone et sur console.

Nous l’avons évoqué plus tôt : ici point de microtransactions dans cette version Xbox. Sur mobile, ces dernières vous permettent d’acheter des gemmes (une monnaie exclusive) gagnables en fonction de nos performances en combat ou via de l’argent réel.

Grâce à ces gemmes, le joueur peut alors librement acheter divers bonus à même de lui faciliter la vie : potion de soin, vie supplémentaire, argent pour faciliter nos constructions, etc.

Maaaaais… pour inciter à la dépenser dans ce type de production, il n’y a pas trente-six mille possibilités. La plus simple (et celle choisie par Ironhide Game Studio) est d’augmenter drastiquement la difficulté du titre.

Kingdom Rush est un jeu difficile. Incroyablement dur, même. Y compris dans les niveaux du mode campagne en mode débutant. Seuls les stratèges les plus expérimentés, les maniaques du jeu et les plus persévérants seront à même de le terminer dans les modes les plus avancés. Pour la grande majorité des joueurs, même la difficulté la plus basse représente déjà un challenge réellement tendu.

Sur smartphone, il est de fait possible d’acheter des bonus pour parvenir à passer plus facilement les niveaux complexes. Mais quid de cette version Xbox, alors ?

Eh bien… rien. Rien du tout. Si la boutique a été retirée, aucune option n’a été implémentée pour la remplacer. Nous n’avons donc que nos yeux pour pleurer et notre détermination pour tenter de pousser l’expérience.

Le problème est simple : les modes de difficultés avancés (y compris le fameux niveau héroïque) sont tout simplement hors de portée de la grande majorité des joueurs, nous privant indubitablement d’une partie importante du contenu.

On aurait également aimé ne pas être face à un simple portage de la version mobile, avoir des améliorations exclusives ou, pourquoi pas, le contenu ajouté dans l’extension Frontières.

Nous sommes littéralement en présence d’un titre vieux de douze ans, d’une version peu ou prou identique à celle disponible sur smartphone, amputée d’une partie du contenu, le tout au prix de 9,99€ alors que son confrère mobile est… gratuit.

L’intérêt est donc discutable au vu de tout ce que nous avons évoqué. Si vous voulez vous plonger dans l’expérience Kingdom Rush, prenez bien en compte ces paramètres et, pourquoi pas, essayez-le gratuitement sur votre smartphone avant.

Enfin, nous ne pouvons pas passer à côté du Xbox Play Anywhere. En achetant la version Xbox, nous avons en effet droit également au jeu sur PC.

Testé sur Xbox One X

Bilan

On a aimé :
  • Un excellent Tower Defense
  • Les graphismes cartoon
  • Des cartes toutes différentes
  • Pléthore d’ennemis et de boss
  • Un nombre conséquent de héros
  • Un réel défi pour les amateurs de stratégie
On n’a pas aimé :
  • Un simple portage de la version smartphone
  • Une difficulté trop importante
  • Moins maniable que la version mobile
  • Strictement aucune amélioration ni contenu supplémentaire
Un excellent Tower Defense, avec les défauts du mobile

Kingdom Rush ne vole pas son succès, c’est indubitable. Excellent dans ses propositions, il maîtrise à la perfection les codes du Tower Defense pour nous offrir un titre passionnant. Simple portage de la version mobile retirant la boutique cependant, son intérêt reste limité face un titre gratuit et en tous points similaire.

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Kingdom Rush

Genre : STR

Éditeur : Ironhide Game Studio

Développeur : Ironhide Game Studio

Date de sortie : 25/01/2023

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch