Test - Persona 4 Golden - De l’or en barre

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Après avoir eu la chance de tester le troisième opus de la série Persona, voici venir le quatrième. Tout comme son aîné, il arrive sur nos consoles modernes (et toujours dans le Xbox Game Pass pour les heureux joueurs Xbox que nous sommes) dans une version survitaminée.

Persona 4 est initialement sorti en 2009 en Europe sur PS2, puis en février 2013 sur PS Vita dans sa version Golden (toujours exclusivement en anglais) et finalement en 2020 sur PC en version HD. Le titre d’Atlus a une nouvelle fois fait forte impression dans la petite communauté des amateurs de J-RPG de l’époque.

Tout comme pour Persona 3, c’est l’heure de le découvrir en français !

​​Légendes urbaines

Persona 4 nous narre les aventures d’un héros contraint de quitter son ancien lycée à cause du travail de ses parents. Forcé d’emménager chez son oncle, Dojima, dans une petite bourgade isolée, il va rapidement être confronté à des événements étranges, notamment une série de meurtres particulièrement sordides.

Bien que la police soit débordée, pistant le tueur en série sadique, notre personnage et ses compagnons vont rapidement se rendre compte de l’existence d’un monde parallèle secret, mystérieux et terrifiant par-delà les écrans de télévision.

Ces crimes semblent liés à cet endroit, mais également à une légende urbaine qui a cours dans la bourgade : si quelqu’un regarde l’écran de son téléviseur éteint à minuit par temps de pluie, le visage de son âme sœur y apparaît.

Parfois l’ignorance est un cadeau

Disposant du pouvoir de voyager entre ces mondes, le héros va entraîner ses amis dans une quête bien sombre pour sauver les personnes envoyées contre leur gré dans cet endroit, tout en cherchant l’identité de ce tueur sans pitié.

En moins d’une heure, l’ambiance et les enjeux sont posés. Le scénario de ce nouvel opus est tout aussi sombre que le précédent, et les pérégrinations de nos protagonistes encore plus passionnantes.

Car, si dans les premiers temps, Persona 4 Golden déconcerte par le traitement qu’il réserve à son intrigue, il faut reconnaître que tout a été fait pour impliquer le joueur plus encore que dans les opus précédents. On se retrouve donc face à un titre particulièrement généreux en dialogues et en scénario, qui prend son temps pour bien poser ses enjeux et son décor.

Inutile de s’attendre donc à un jeu d’action survolté. Avant que le premier ennemi apparaisse, plusieurs jours sont nécessaires (environ une grosse heure et demie de jeu), qui nous guident dans la narration.

L’iconique Igor est bien entendu de la partie

Abandonnant complètement le côté Visual Novel du précédent au profit de l’exploration et de déplacements libres, nous avons désormais le loisir de flâner à notre convenance dans les différents environnements et de décider de notre emploi du temps.

Ainsi, l’intrigue ne se déroule qu’en fonction de nos choix, sans réelle contrainte temporelle (sinon les personnages secondaires à sauver) à l’instar de Persona 5.

Plus proche de la vision moderne de la saga, il tente une approche “ancrée dans le réel”, abandonnant l’idée de la 25e heure au profit d’un tout nouvel univers à découvrir, accessible n’importe quand via un écran de télévision.

Même les PNJ ont une classe folle

On découpe donc le jeu en deux parties. La première est celle de notre monde, dans lequel la série de meurtres a lieu. Véritable simulateur de quotidien, les heures diurnes sont passionnantes avec bon nombre d’activités annexes à découvrir et l’écriture toujours aussi soignée.

C’est avec plaisir que nous découvrons chaque personnage, qu’ils soient principaux ou non, dans des intrigues très matures et systématiquement captivantes.

Dans l’autre monde, zone de tous les dangers, de combats et reflet de la bourgade, différents donjons sont explorables pour faire avancer les événements principaux.

Qu’on se le dise tout de suite : si l’histoire de ce Persona 4 Golden demeure passionnante, son traitement est très différent du troisième épisode. Il abandonne par exemple l’invocation particulièrement violente de Personae à l’aide de l’Evoker pour le remplacer par une simple carte.

Coloré, mais sinistre. tout de même

Certes moins impactant dans sa mise en scène, le titre ne cherche jamais à choquer mais plus à étayer son message sans détours. Les Personae sont le reflet obscur de l’âme, que l’on enfouit en nous sans jamais l’accepter. Plus symbolique, la violence de leur invocation force chaque protagoniste à se confronter à son soi profond, à des vérités qu’il cherche à cacher même à lui-même. Et ce n’est qu’en intégrant ce qu’il refuse qu’il peut alors se libérer et s’accepter pleinement. Dans le cas contraire ? Seule une mort violente l’attend.

Malgré tout, l’intrigue est particulièrement jouissive dans son développement et dans les thématiques évoquées : adultère, expansion incontrôlée du capitalisme, harcèlement, etc… Ce sont bel et bien des sujets de société modernes qui sont traités dans cet épisode, tous en résonance avec les troubles usuels nippons.

Il est plus intéressant encore d’étudier le sens profond du jeu, notamment par l’angle choisi pour aborder ces différentes intrigues : la télévision, en miroir déformant d’un monde malade qui s’ignore.

Un sans-faute sur l’écriture donc, très impactante et marquante.

PonPonPon

La saga Persona a toujours été étroitement liée à son ambiance générale. Chaque opus prend le pari d’une vision systématiquement différente, notamment grâce à sa musique ainsi que son atmosphère.

Si le troisième se rapproche plus de ce qu’on peut encore retrouver dans la saga des Shin Megami Tensei, le cinquième se veut plus jazzy. Et le quatrième, alors ?

Eh bien, le choix a été fait par les équipes d’Atlus de nous proposer quelque chose de plus pop. L’identité visuelle du titre tranche radicalement avec ce qui nous avait été proposé avant. Ici, tout est doré, coloré, groovy. Tout, y compris le design des monstres (bien que l’on retrouve certaines figures iconiques), les décors ou les personnages.

Se rapprochant déjà plus de ce qui nous est proposé dans Persona 5, nul doute que ce Persona 4 Golden sera plus accessible à bon nombre de joueurs rebutés par le côté austère et diablement vieillot du troisième.

L’aspect plus funky des monstres cache un scénario très mature

La musique qui l’accompagne se veut également plus enjouée (nous vous rassurons, le thème de la Velvet Room demeure cependant inchangé).

Le résultat plaira ou non, en fonction des goûts de chacun. Nous avons été pour notre part particulièrement charmés par ce ton désinvolte et cette radicalité dans la différence d’ambiance et de thèmes abordés.

Bien entendu, là encore, de nombreux sous-entendus permettent de comprendre le choix de cette direction artistique et les critiques particulièrement acerbes envers la société nipponne. La force de cet opus résidant dans le fait que ces sujets, et particulièrement le côté malsain généré par l’attrait du fait-divers recherché par les chaînes de télévision afin de générer toujours plus d’audimat parle également très facilement aux joueurs occidentaux.

Vision dorée

De nouveau, Atlus a fait le choix non pas de porter la version d’origine du titre, mais bien sa monture portable. Cette fois-ci cependant, et en l’absence d’édition “intermédiaire”, cette décision se trouve être parfaitement justifiée et nous propose donc de vivre l’aventure ultime de Persona 4.

Tous les ajouts de Golden, déjà présents sur les versions Vita et PC, sont bien de la partie. Nouveaux donjons, nouveaux personnages, nouveaux équipements et Personae, ce sont des heures entières de contenu qui viennent compléter le matériau d’origine.

Tout comme pour la nouvelle version de Persona 3 Portable, nous avons également le choix du mode de difficulté dès le début, mais également des sauvegardes rapides ainsi que l’accès au doublage japonais et anglais. Des ajouts notables qui rendent l’expérience encore meilleure.

Certains modèles sont réutilisés dans le même plan

De même, le titre est désormais intégralement localisé en français et le travail effectué par les équipes de traduction est à mettre à leur crédit. On ressent toute la passion dans un labeur qui frise la perfection et le respect de l’œuvre d’origine. De plus, on note moins de soucis d’accords de genre, sans doute liés au fait que le protagoniste principal est exclusivement masculin. Quelques approximations de traduction sont à noter, mais ces dernières se comptent sur les doigts d’une main et sont de fait oubliables.

Demeure maintenant l’aspect graphique. Ceux s’étant déjà plongés dans notre test de Persona 3 Portable savent que nous n’avons pas été totalement convaincus par le travail effectué.

Ici… c’est indubitablement mieux. Et pour cause, nous sommes strictement face à la version HD sortie sur PC en 2020, sans la moindre petite différence ni amélioration notable.

Cette version est identique à celle sortie en 2020 sur PC

Certes, il s’agit du même moteur utilisé pour le portage de Persona 3 Portable, mais nous comprenons en jouant à ce quatrième opus que ce dernier en bénéficie bien plus, qu’il a été codé et pensé pour lui avant tout.

Ainsi, on relève bien moins de problèmes d’upscale, l’aliasing a totalement disparu, de même que les quelques visuels pixelisés qui entachent son grand frère.

Mais tout n’est pas parfait non plus. Le principal défaut de cette version HD… vient justement de son traitement sur un jeu de cette époque. Il est toujours particulièrement étrange de se retrouver devant un jeu de l’ère PlayStation 2 sans le charme désuet de l’époque. Le lissage est certes convaincant, mais nous a continuellement donné le sentiment de jouer via un émulateur plus que sur une version spécifique.

Les animations des personnages demeurent aussi rigides qu’à l’époque, et chaque petit souci de cohérence devient particulièrement visible (comme les moments où des PNJ entrent et sortent de voiture). De même, la réutilisation abusive des textures choque plus qu’à l’époque. Il est assez fréquent de revoir les mêmes modèles de personnages côte à côte par exemple.

Per...so...na

Le travail est, au final, trop propre pour être réellement convaincant. Bien plus visible sur un TV 4K, c’est dans le monde miroir que l’impact en est le plus fort. Tout cet univers parallèle est en effet censé se passer dans un écran de télévision. Pour refléter cela, les équipes d’Atlus avaient mis en place un “filtre VHS” assez remarquable à l’époque. Ici, et avec le travail effectué, il en devient à peine visible et particulièrement anachronique.

N’exploitant jamais la puissance des machines modernes, le titre d’Atlus est, de plus, bien plus flashy que Persona 3 Portable. En résulte que le moindre défaut, même insignifiant, est bien plus visible.

Enfin, la fluidité globale du titre a été revue à la hausse, comme pour son aîné. Mais contrairement à ce dernier, les problèmes de rapidité ne sont plus de la partie, renforçant le sentiment que le moteur a réellement été fait et pensé pour cet opus précis.

Il n’en demeure pas moins un titre absolument excellent et qui mérite d’être vécu par tout amateur de J-RPG, surtout dans ces conditions. Les défauts que nous citons peuvent littéralement être considérés comme du pinaillage au regard des énormes qualités du jeu, et ne sauraient empêcher quiconque de l’essayer.

Testé sur Xbox One X

Bilan

On a aimé :
  • Une traduction française remarquable
  • Un scénario mature et profond
  • Une petite révolution dans la franchise
  • Une bande-son exceptionnelle
  • Une durée de vie colossale
  • Une version HD de qualité
On n’a pas aimé :
  • Techniquement identique à la version PC de 2020
Persona brille plus que jamais !

Si l’on peut reprocher à cette version de Persona 4 Golden de n’être qu’un portage de la version PC de 2020, auquel ont été ajoutées quelques fonctionnalités et une traduction française ; nul ne saurait en retirer toutes les qualités et la profondeur d’écriture. Persona 4 Golden était, est, et restera l’un des meilleurs J-RPG jamais créés, à découvrir sans aucune modération.

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Persona 4 Golden

Genre : RPG

Editeur : Sega

Développeur : Atlus

Date de sortie : 19/01/2023

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch