Test - Grime - Solide comme un roc

«Meilleur que les Suchard» , - 1 réaction(s)

Sortir un jeu en plein mois d’août et sur Stadia Pro, soit vous êtes suicidaires, soit vous êtes d’un optimisme béat hérité d’une culture millénaire où les promesses d’un avenir meilleur sont chevillées au corps. C’est ce qui est arrivé à Grime en 2021, titre créé et développé par le jeune studio israélien Clover Bite. Heureusement, personne du projet n’était assez fou pour mettre tous les œufs dans le même panier. Grime sortit également sur PC et connut un joli succès d’estime.

Depuis le 15 décembre 2022, Grime a rejoint les écosystèmes Xbox et PlayStation au prix de 24,99 €, dans une version définitive avec du contenu supplémentaire, intitulée Colors of Rot. Ce metroidvania nous avait tapé dans l’œil avec son univers mystérieux et ses inspirations soulsesques et nous l’attendions de pied ferme. Après avoir souffert durant de nombreuses heures, nous pouvons enfin donner notre verdict sur cette aventure lithique.

Sur cette Pierre, je bâtirai mon Église

Une fois la nouvelle partie lancée, une cinématique cryptique s’offre à nous : un accouplement extraterrestre, un matériau étrange qui s’effondre sur lui-même, se contracte et notre protagoniste naît. Tombant du ciel sur une terre inhospitalière, notre héros, fracassé, se relève péniblement tout en se reconstituant peu à peu. Quelques secondes plus tard, nous devenons un corps parfait, un Apollon rocailleux aux proportions sublimes à faire rougir Leonardo da Vinci, si ce n’est que notre tête est remplacée par un trou noir.

D’ailleurs, les premières créatures rencontrées dans ce lithovers, toutes difformes, semblent plutôt jalouses de notre esthétique et nous veulent du mal. À défaut de mettre des coups de boule, notre black hole céphalique remplit parfaitement le rôle que nous attendions ; un appui sur la gâchette droite au bon moment absorbe le “souffle” de nos ennemis en déjouant leurs attaques. Maîtriser cette parade demeure primordial si l’on souhaite aller au bout de l’aventure. Le souffle, c’est de la vie. La parade, c’est du souffle. Et hormis quelques très rares artefacts, c’est le seul moyen de remonter notre barre de santé.

Un PNJ un peu trop flatteur

Oh tout le monde n’est pas hostile et notre réputation commence à se propager. La légende du “Ciselé” s’écrit petit à petit et certains PNJ souhaitent même nous aider dans notre quête. Au fil du temps, les pièces du puzzle s’assemblent et nous essayons de comprendre les enjeux et le but de notre venue dans ce monde étrange. La rencontre avec Shidra du Pilier du Monde éclaire nos méninges et nous oriente vers des objectifs intermédiaires afin d’atteindre Cénatopolis, une cité censée apporter les réponses à nos questions. Mais comme dans toute œuvre cryptique digne de ce nom, plus on en sait, moins on comprend. À la fin, les plus savants pourront s’enorgueillir de leur interprétation, mais la plupart d’entre nous auront vite oublié les enjeux scénaristiques pour profiter des points forts du jeu.

L’important n’est pas le but mais le chemin

Grime coche toutes les cases d’un excellent metroidvania en 2.5D, tout en y ajoutant des éléments de game design inspirés des jeux de FromSoftware. Beaucoup de titres ont tenté cette approche, peu ont réussi leur passage au crash test. Grime fait partie des heureux élus sans aucune contestation possible.

Dédale serait fier

Si la partie scénaristique ne nous a pas entièrement convaincus, le lore en revanche demeure fascinant. Les différents mondes visités sont variés (une quinzaine environ), mais ne révolutionnent pas le genre. On retrouve les grottes, le désert, les murailles, la tour à gravir, les jardins souterrains, etc. Toutefois, l’art design de ces zones est particulièrement réussi, d’aucuns proposent des arrière-plans animés de toute beauté, avec une profondeur de champ saisissante.

Un crâne à défoncer

Comme tout titre du genre, nous pouvons explorer librement mais certaines parties des mondes ne sont pas accessibles immédiatement, fermées par des portails ou des obstacles destructibles dans un sens unique, forcément jamais celui de leur découverte. D’autres passages sont empruntables seulement si nous obtenons des capacités particulières. Il faudra vaincre des boss principaux pour obtenir le dash aérien et la possibilité de se projeter dans une direction quand des items de lumière sont présents dans les décors, à la manière d’Ori. Ces capacités sont les seules obligatoires pour franchir tous les passages bloquants vers notre destinée.

L’exploration de l’univers de Grime est gratifiante. Les zones et passages secrets sont nombreux, les raccourcis déblocables sont intelligemment placés. Certains mondes sont même optionnels ! Dans tous ces endroits, nous pourrons looter des parties d’armure, des armes, des consommables et rencontrer de nouveaux ennemis prêts à nous faire mordre la poussière.

Les phases de plateforme, omniprésentes, deviennent de plus en plus difficiles. Sur le dernier tiers du jeu, certains passages ont joué avec nos nerfs quand il fallait enchaîner projections et dash aériens afin de franchir de nombreuses lianes épineuses. Toutefois, rien n’est insurmontable avec de la persévérance et du sang-froid. Le jeu est exigeant mais non punitif. Lors de ces passages, en cas d’échec, nous réapparaissons juste devant le dernier enchaînement à franchir et non au tout début de la séquence. Toutefois, nous perdons une partie de notre barre de santé, ce qui limite nos essais dans ces conditions.

Un Substitut bienvenu

En cas de mort de notre serviteur, nous revenons cette fois au dernier Substitut activé. Ceux-ci sont des grandes pierres disséminées dans tous les mondes (une ou deux par monde) et nous permettent d’améliorer le “Ciselé” en dehors de servir de lieu de résurrection. Autant vous dire qu’après une longue phase d’exploration, nous espérons de tout coeur atteindre un autre Substitut afin de valider notre progression. Contrairement à d’autres metroidvania, les Substituts ne permettent pas les déplacements rapides. Ce sont uniquement les Passages (Nervepass), en nombre très réduit, qui permettent les téléportations. Les allers-retours dans certaines zones sont donc fréquents, ce qui fera rager beaucoup d’entre nous.

Bien entendu, une carte générale est à notre disposition où l’on pourra placer trois types de curseurs pour marquer la présence d’endroits spécifiques à revenir plus tard. Néanmoins, il faudra trouver le “Phare” (Beacon) de chaque monde connecté afin de révéler définitivement sur la carte le level design de ces derniers. Grime propose donc un monde riche à explorer, qui demande du skill et de la persévérance. Mais nous insistons beaucoup sur le côté non punitif du titre ; le gameplay et la montée en puissance de notre héros confirment cette tendance.

La quête du build parfait

À chaque ennemi vaincu, nous acquérons de la masse, l’équivalent des âmes dans Dark Souls. La grande différence est que la masse récupérée l’est définitivement. La mort n’est pas stressante hormis le fait de repartir du dernier Substitut activé. Revenir à notre défunt clone permet de récupérer une barre de santé pleine et la moitié de notre jauge d’ardeur, ce qui n’est pas négligeable. Cette dernière augmente considérablement nos dégâts, mais elle redescend si nous sommes touchés par l’adversaire. La masse permet d’améliorer les compétences du “Ciselé”, à savoir la santé, l’endurance, la force, la dextérité ou la résonance. Les trois dernières influent sur la manipulation des armes (des niveaux de compétence sont requis pour certaines armes) et leur puissance. Les armes lourdes et puissantes exigent un niveau élevé en force mais ont une vitesse d’exécution faible. Les armes agiles proposent des combos rapides et baissent moins rapidement la barre d’endurance.

Les armes sont fun à jouer

Lors de notre run principal, nous avons obtenu une quinzaine d’armes, mais avec environ un peu plus de 50% du monde découvert, nous estimons qu’une bonne partie manque encore à l’appel. Notre héros peut s’équiper de deux armes. Chaque arme dispose d’une attaque simple (enchaînement possible), d’une attaque lourde et d’une attaque spéciale. Des niveaux élevés en force, dextérité et résonance améliorent également la valeur des dégâts par coup. Les armes sont améliorables via l’aide de Shidra, en échange de masse et de morceaux de cristaux de sang. La rareté de ces derniers fait que nous ne pouvons pas toutes les améliorer. Nous devons nous concentrer sur nos armes préférées.

Les armes faisant appel à la résonance apportent un léger vent de fraîcheur à l’ensemble. L’attaque simple ne provoque pas de dégât et ne fait qu’incrémenter un compteur. Ce n’est qu’en appuyant sur la touche de l’attaque lourde que l’ennemi subit les dégâts “accumulés”. La patience est donc rémunératrice puisque des bonus de dégâts sont ajoutés selon le niveau atteint au compteur. Quel plaisir d’enchaîner les esquives tout en accumulant les touchettes par résonance et d’exécuter en “un seul coup final” un ennemi redoutable.

Le bestiaire et les traits à acquérir

Pour se défendre, nous disposons à la fois du dash invulnérable pour esquiver, mais qui consomme de l’endurance, et de notre pouvoir d’absorption du souffle des ennemis (parade). Comme nous l’avions explicité au début de notre test, l’absorption est primordiale dans notre arsenal tactique de combat. Elle pulvérise les défenses adverses, renvoie les projectiles ennemis et augmente notre jauge de souffle qui permet de récupérer de la vie. De plus, en absorbant leur souffle, nous scannons les différents types d’ennemis. Au bout d’un certain nombre d’analyses, nous débloquons la possibilité d’améliorer notre personnage via des “traits acquis” en échange de cristaux rouges, récupérés sur certains loots. Cela peut être une jauge d’endurance qui se régénère plus rapidement ou des dégâts provoqués chez l’adversaire en cas de parade.

Enfin, notre aventurier peut s’équiper d’une armure, décomposée en trois parties : poitrine, jambes et bras. Comme dans beaucoup de RPG, disposer d’un set d’armure complet permet de bénéficier d’un bonus statistique. Certains sets sont spécialisés pour un personnage basé sur la force ou la dextérité.

Cinquante nuances de pierre

Grime réussit à nous faire ressentir la montée en puissance de notre protagoniste au fil de l’aventure de manière très satisfaisante. L’utilisation d’items n’est pas à négliger, comme les bombes ou lancers de projectiles. Des perles acquises auprès de cadavres ennemis permettent de réinitialiser toutes les compétences ou les traits, ce qui permet de redéfinir notre héros selon le style de jeu que nous préférons interpréter. Malheureusement, elles sont en nombre très limité et une réinitialisation des compétences coûte cinq perles. Autant vous dire qu’on peut le faire une ou deux fois et qu’il faut être sûr de son choix.

Un arrière-plan de toute beauté

Un autre point fort de Grime est la diversité de son bestiaire. Celui-ci se distingue en trois catégories, les ennemis de base (mais avec certains très coriaces), les boss secondaires et les boss principaux. Plus d’une quarantaine de types d’ennemis différents nous attendent au tournant. Les boss secondaires, une fois battus, augmentent notre capacité maximum de souffle que l’on peut compléter. Au-delà d’acquérir le dash aérien et le pouvoir de propulsion, les autres boss principaux nous donneront les pouvoirs d’attirer les objets et de cumuler notre ardeur.

Une attaque ennemie rouge est imparable

Finalement, le principal défaut de Grime, hormis sa narration confuse, concerne l’aspect technique du jeu. Même sur Xbox Series X, il n’est pas rare de subir des ralentissements, des effets de tearing, ou pire voir apparaître un disgracieux pourcentage en plein milieu de l’écran symbolisant le temps restant du chargement de la scène suivante. Heureusement, ces défauts techniques se concentrent principalement à des moments de transition, que ce soit au début d’une résurrection, après une téléportation, lors d’un passage entre deux mondes ou de l’utilisation d’un ascenseur rapide. Nous n’avons pas remarqué de ralentissements lors des combats ou alors nous étions tellement concentrés que ce défaut ne nous a pas sauté aux yeux.

Signalons également que la traduction française du jeu demeure incomplète, notamment au niveau du menu principal, de l’inventaire et de la carte du jeu. Rien de dramatique, mais cela fait tache. Selon votre skill, Grime vous demandera entre quinze et vingt heures de jeu pour un run principal sans chercher à tout explorer. Comptez une dizaine d’heures de plus pour viser le cent pour cent. Enfin, la bande-son colle très bien à l’univers du jeu, mais reste très discrète et ne propose pas de thèmes qui resteront gravés dans nos mémoires.

Testé sur Xbox Series X

Bilan

On a aimé :
  • Un lore fascinant
  • Une exploration gratifiante
  • Un gameplay exigeant et tactique
  • Des boss intéressants
  • Un bestiaire très diversifié
On n’a pas aimé :
  • Un scénario trop cryptique
  • Les écueils techniques
  • Une traduction incomplète
  • Les lieux de voyage rapide trop limités
Rock the Casbah

Grime est un excellent metroidvania en 2.5D, s’inspirant beaucoup de choix de game design de Dark Souls. Il fait la part belle à l’exploration et la découverte de son univers atypique, même si ce dernier reste finalement classique en dessous de son vernis. Dommage que ses enjeux scénaristiques se perdent dans une narration trop confuse et que des soucis techniques ternissent légèrement l’expérience. En revanche, Grime propose un gameplay exigeant et tactique, avec une difficulté assez corsée, principalement sur les phases de plateforme dans le dernier tiers du jeu. Un titre à ne pas négliger pour tous les amateurs du genre !

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Grime

Genre : Aventure/Plates-Formes

Éditeur : Akupara Games

Développeur : Clover Bite

Date de sortie : 15/12/2022

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Autre support

1 reactions

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Simoul

06 jan 2023 @ 02:48

Super test, ca fait plaisir d’avoir une bonne recommandation de google entre les dizaines d’articles putaclic inutiles et mal écrits