Test - Legend of Keepers : Complete Edition - Un très bon roguelite, mais des DLC facultatifs

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Dernier succès du développeur français Goblinz Studio, le désormais célèbre Legend of Keepers revient en cette fin d’année sur nos chères consoles dans une Complete Edition comportant l’ensemble des DLC sortis à ce jour.

Vaut-elle le coup ? C’est ce que nous allons voir ensemble. Mais avant cela, revenons un peu sur un titre qui a su faire briller à l’international le talent de nos créateurs français.

​​Retour dans les années 90

En 1997, le regretté studio Bullfrog surprenait le petit monde des amateurs de jeux de gestion en nous proposant un titre qui est resté dans les annales : Dungeon Keeper. En renouvelant de la meilleure des manières un genre tout entier, le studio est parvenu à changer la donne et à susciter des vocations parmi une jeune génération de joueurs… qui un jour ont tenté la grande aventure du développement.

Nombreux sont les titres à s’inspirer plus ou moins ouvertement des idées et des mécaniques mises en place par ce dernier. Et Legend of Keepers ne fait pas exception, avec un nom fleurant bon l’hommage à peine voilé.

Un donjon dont VOUS êtes le héros.

Mais revenons à notre sujet. Legend of Keepers est, comme les autres titres de Goblinz Studio, un subtil mélange entre roguelite et dungeon crawler, avec une touche de gestion en plus.

Tout comme dans son illustre modèle, le joueur prend le contrôle d’un maître de donjon et va devoir défendre son territoire contre des aventuriers venus piller ses trésors.

Nous sommes donc ici devant le contrepied total de la grande majorité des jeux. Non, nous ne jouons pas les héros au cœur pur, mais bel et bien le méchant, l’incarnation du Mal dont le seul but est… de protéger ses coffres (et accessoirement d’apporter la mort et la désolation tout autour de lui).

Sur le principe, le titre de Goblinz Studio se découpe sous forme de semaines. Dans la première phase, nous avons pour mission de nous occuper de notre antre : développer et installer des pièges, recruter des monstres, remonter le moral de nos créatures… sans oublier les éternels pillages, nécessaires à la récupération de ressources.

Si cette partie est diablement intéressante et addictive, on aurait sans doute aimé un peu plus de diversité dans le contenu proposé. Les actions possibles sont malheureusement assez restreintes et n’offrent jamais réellement un sentiment de toute-puissance, comme c’était très justement le cas dans Dungeon Keeper.

Pour éviter l’ennui inhérent à cette partie, les développeurs ont ajouté un système d’événements aléatoires. Intéressant sur le principe, il manque là encore d’un poil d’idées réellement impactantes pour le rendre vraiment indispensable.

Une fois un certain nombre de tours atteint, des aventuriers viennent dans l’espoir de piller notre donjon. Nous entrons alors clairement dans la partie la plus intéressante du titre. Avant le lancement de l’assaut, nous avons droit à un laps de temps pour nous préparer : disséminer nos pièges, positionner nos monstres… Bref, tout ce qu’il faut pour compliquer la tâche de ces héros bien trop heureux d’accomplir leur destin de « sauver le monde ».

Une fois entrés chez nous sans la moindre vergogne (ni invitation), les ennemis vont explorer et piller à loisir… jusqu’à arriver à nos fameuses installations. S’ils parviennent à atteindre nos monstres, un combat se déclenche alors. Merveilleuse idée de la part de Goblinz Studio, ces derniers s’inspirent grandement (pour ne pas dire intégralement) d’un certain Darkest Dungeon. Les affrontements sont donc au tour par tour et utilisent un système de résistances et de faiblesses qu’il faudra exploiter pour parvenir à nos fins.

Bien entendu, à mesure que les semaines s’égrènent, les héros sont de plus en plus puissants et mieux équipés tandis que nos monstres, eux, en viennent à faire pâle figure.

Par chance, nos options pour nous débarrasser de ces intrus sont nombreuses. Outre le fait de les tuer, nous avons également le loisir de faire baisser leur jauge de moral jusqu’au point de rupture et de les voir fuir tels les fieffés faibles couards qu’ils sont.

Particulièrement jubilatoire, cette phase constitue le gros plus du titre et nous offre régulièrement des moments de rire (et un certain plaisir sadique) sincères. D’autant que, comme dans tout bon RPG qui se respecte, nous pouvons à loisir utiliser nos créatures et nos pièges pour les empoisonner, les geler ou les brûler et ainsi nous délecter de voir leur vie s’amenuiser petit à petit au gré de leurs pérégrinations dans nos murs.

Bien entendu, comme dans son illustre modèle, chaque incursion héroïque peut inclure plusieurs groupes d’antagonistes, sans pour autant nous laisser le loisir de réparer nos pièges ou d’ajouter de nouvelles créatures. La partie se termine automatiquement lorsque le dernier héros est tombé, soit environ une bonne demi-heure.

Quid de ces damnés champions du Bien trop puissants ? S’ils parviennent à déjouer nos pièges et nos créatures, ils atteignent notre salle du trésor et doivent se confronter au Boss pour obtenir leur dû. Oui, nous. En personne.

Et si ce dernier rempart tombe, la honte et la défaite nous assaillent. Malgré tout, la partie n’est pas perdue pour autant et nous gagnons de l’expérience. C’est là que la partie roguelite entre en jeu.

En effet, si les parties sont courtes, la rejouabilité du titre est colossale. À chaque fin de niveau, nous avons le loisir de distribuer des points à notre personnage, pour le rendre plus fort ou lui octroyer de nouvelles compétences utiles.

Au nombre de trois, les maîtres sont très différents et nous obligent à prendre le jeu en main d’une manière distincte à chaque fois, d’autant que chacun dispose d’unités spécifiques. Malgré tout, leur nombre restreint et leur manque de spécificités ne suffisent pas à rendre le titre plus intéressant sur la durée.

Un Pixel Art soigné

Sur le plan purement graphique, Legend of Keepers est une franche réussite. Prenant le parti du tout pixel, on s’étonne rapidement de la qualité de l’ensemble. Que ce soit au niveau de la direction artistique ou du design des monstres et des décors, les sprites sont soignés et diablement précis. Parcourir les différents mondes est un plaisir pour la rétine, qui ne s’amoindrit pas au fil des niveaux.

On bute cependant sur une interface très austère et trop peu intuitive, en écriture blanche sur fond noir. Un « mode sombre » imposé qui pourra éprouver la rétine de certains joueurs.

Le comble revenant, qui est plus est, à quelques fautes de frappe ou d’orthographe. Impensable pour un studio de développement français.

Là où l’humour ne suffit plus…

S’il est un point positif à noter sur ce Legend of Keepers, c’est bien son humour. En appliquant le langage « start-up » à un monde de Fantasy, Goblinz Studio a su s’appuyer sur les bons ressorts pour nous offrir une aventure agréable et franchement drôle qui ravira petits (et surtout) grands.

Cependant, le jeu montre rapidement ses limites. En nous proposant bien trop peu de contenu diversifié et un rythme fixe, il finit indubitablement par lasser au bout de quelques heures à peine. On privilégiera donc de petites séances afin d’éviter le surdosage et de quitter un titre qui vaut franchement le détour.

Quatre DLC dispensables.

Mais ce qui ajoute de l’intérêt dans cette Complete Edition, c’est bien entendu l’ensemble du contenu sorti ensuite. Voyons un peu si ces DLC peuvent justifier le prix (et l’achat) de cette dernière, ainsi que ce qu’ils apportent réellement.

Il est important de noter que « quatre » est un chiffre un peu élevé, en prenant en compte le fait que l’un d’entre eux comporte uniquement du contenu « bonus externe » (à savoir un artbook et un livre de développement en numérique, ainsi que l’OST).

Concernant les trois autres, ces derniers ajoutent chacun un maître de donjon, une nouvelle mécanique, ainsi que diverses missions, monstres, pièges et artefacts.

Si ces ajouts sont agréables et permettent d’agrémenter l’expérience globale, ils n’en demeurent pas moins anecdotiques. Une fois encore, le contenu ajouté est plaisant mais dispensable et ne saura toucher que les réels amateurs du jeu… lesquels ont sans doute déjà en leur possession l’édition de base.

Le problème étant principalement lié au peu d’améliorations notables inhérentes à ces contenus supplémentaires. De nouveaux maîtres, certes. Des monstres différents ? Très bien. Mais sur le fond, aucun d’entre eux n’ajoute ni ne transforme l’expérience globale, ne faisant que renforcer la redondance du titre qui en est déjà cruellement victime.

Testé sur Xbox One X

Bilan

On a aimé :
  • Un vibrant hommage à une licence mythique
  • Des graphismes vraiment agréables
  • Un humour bien dosé et qui fait mouche
  • Un mélange des genres parfaitement maîtrisé
On n’a pas aimé :
  • Trop peu de contenu
  • Répétitif
  • Des fautes d’orthographe impardonnables
  • Des DLC trop frileux
Une Édition dispensable pour un titre remarquable

Si Legend of Keepers est un très bon jeu qui fait honneur à la France et au talent de nos développeurs malgré ses imperfections, cette Complete Edition ne se destine qu’à un public averti d’amateurs ou de fans ayant découvert le jeu sur un autre support, tant le contenu apporté n’est pas transcendant.

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Legend of Keepers : Complete Edition

Genre : Gestion

Editeur : Goblinz Studio

Développeur : Goblinz Studio S.A.S.

Date de sortie : 10/11/2022

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch