Test - Return to Monkey Island - À l’abordage

«Regarde derrière toi, un singe à trois têtes !» , - 1 réaction(s)

Les amateurs de jeux d’aventure Point and Click ont de quoi être aux anges. Après le très bel hommage au genre avec Lord Winklebottom Investigates, Return to Monkey Island reprend le modèle de ses prédécesseurs et propose un bonbon à l’enrobage doux et léger mais au cœur piquant.

S’il est le sixième jeu de la franchise Monkey Island, il n’est que le troisième réalisé par son créateur Ron Gilbert, aujourd’hui à la tête du studio Terrible Toybox qu’il a fondé en 2013, et accompagné pour l’occasion de son ancien comparse Dave Grossman. C’est donc en toute logique que le scénario se situe après LeChuck’s Revenge, faisant fi des suites existantes. Ce retour aux sources est possible grâce à Devolver Digital, champion de l’édition indépendante, (Hotline Miami, Shadow Warrior, Cult of the Lamb…), qui publie le jeu en accord avec Disney à qui appartient désormais la licence ainsi que tous les jeux LucasArts.

Pirates, on enfile son plus beau cache oeil et on plonge pour environ huit heures dans l’époque où les Point and Click régnaient en maître !

Bien plus qu’une histoire de pirates

Avant toute chose, une piqûre de rappel nous est proposée via un album souvenir reprenant les moments clés des deux aventures précédemment vécues par notre héros Guybrush Threepwood. En sélectionnant les différents objets ou photographies épinglés dans ce journal, le protagoniste nous rappelle comment il a obtenu ce statut, rencontré sa femme ou encore vaincu son ennemi de toujours, le pirate fantôme dénommé LeChuck.

L’histoire nous est conté sur un banc

Une fois notre mémoire stimulée, nous nous lançons dans de nouvelles péripéties et, pour ce faire, plusieurs options s’offrent à nous, à commencer par le choix des langues. Le doublage n’étant disponible qu’en anglais ou allemand, nous choisissons celle de Dickens qui nous est plus familière, surtout pour un jeu où les blagues sont légions. Heureusement, des sous-titres français sont disponibles et la localisation réussie adapte le texte aux expressions françaises. La narration, déjà très dense, se paye le luxe de proposer une version longue avec encore plus de blabla. Comme par le passé, les développeurs ont concocté deux modes de difficulté s’appliquant aux énigmes afin de faciliter la vie des nouveaux venus. Nous ne sommes pourtant jamais mis en difficulté dans un cas comme dans l’autre et nous n’avons pas non plus le besoin de consulter l’aide de jeu disponible à tout moment et qui nous explique très clairement les solutions.

Nous retournons sur l’île de mêlée !

Toutes ces options qui tendent vers une simplification des jeux n’est pas une nouveauté et il est dommage de ne pas proposer un véritable défi puisque la possibilité nous est donnée en jeu d’obtenir les réponses en cas de blocage. De plus, si nous comprenons bien que le but est de toucher les anciens fans comme les joueurs qui seraient passés à côté des mythiques premières histoires de la franchise, et cela malgré leurs remakes, il nous paraît tout de même difficile pour la seconde catégorie d’embrasser l’essence de Return to Monkey Island. Moins incisifs et plus sérieux, les dialogues comme les blagues qui font vraiment mouche trouvent quasiment toujours leurs échos dans les itérations passées des aventures de Guybrush. Dans l’ensemble, l’écriture est en dessous de ce que nous proposaient les deux premiers jeux, cela étant sans doute dû à l’absence de Tim Schafer et aux contraintes d’écriture aseptisées du monde moderne.

Pour y rencontrer de nouvelles têtes

En réalité, ce ne sont pas tant les pérégrinations d’un pirate maladroit et attachant que les équipes créatives nous font vivre depuis maintenant de longues années, mais bien le reflet de leurs propres doutes et ambitions. Aujourd’hui bien plus âgés et sereins, ils nous relatent une histoire qui ressemble au souvenir d’un temps emprunt de nostalgie et comme toutes les histoires, elles sont un mélange de vérité et de romance.

Jambe de bois ou langue de bois

Le premier acte du jeu fait office de tutoriel. On y incarne le jeune fils Threepwood qui passe du bon temps avec ses amis, imite les combats légendaires de son père face au terrifiant capitaine LeChuck, fait la course avec ses camarades ou nourrit les canards. La vie est légère et la véritable aventure commence finalement lorsque nous rejoignons Guybrush. Assis sur un banc, il va enfin nous conter l’histoire du tant recherché secret de l’île aux singes. Ce format est une vraie bonne idée. Loin de croire son père sur parole, sa jeune descendance va interrompre le récit régulièrement pour faire des commentaires qui remettent en question l’histoire de son père. Grâce à ce principe, mourir trois fois de suite en jeu, en plus de débloquer un succès, nous dévoile des scènes cachées marquantes.

Ainsi que de vieux amis...

Notre plongée dans les souvenirs du héros commence avec un air de déjà vu plein de nostalgie. Perché au sommet de l’île de Mêlée, les mots échangés avec le guetteur nous rappellent nos premiers pas dans le jeu originel. Puis, direction le ScummBar afin d’y rencontrer les trois membres du conseil des pirates. Si l’on reconnaît aisément les lieux parcourus lors de nos dernières aventures, la confrontation avec les trois fripouilles est un véritable choc. Exit les forbans amateurs de Grog. Tels des vampires brillants de mille feux, la version moderne de ce mythe qu’est la piraterie ne consomme pas d’alcool avant le mariage et s’apprête avec soin, allant sans doute jusqu’à se laver, quelle horreur ! Ne trouvant pas l’aide souhaitée de leur côté, notre dernière solution est de se tourner vers notre meilleur ennemi : LeChuck.

... et ennemis

Les premiers chapitres de cette fable consiste simplement à trouver les objets qui nous permettent de résoudre les énigmes. Nous parcourons les lieux sans réelle difficulté ou réflexion. Il faudra arriver au quatrième acte pour avoir une plus grande liberté d’action qui complexifie de fait nos recherches et permet enfin de faire travailler nos méninges et de vraiment prendre du plaisir dans les réponses loufoques trouvées par notre ami pour sortir de situations insolubles. Les rebondissements sont nombreux mais le jeu s’éloigne rarement des sentiers battus contrairement à la fin qui nous à fait un véritable “effet waouh”.

Guybrush est un personnage possédant assez peu d’empathie. Il n’hésitera pas à abandonner, empoisonner voire aplatir légèrement ses connaissances ou amis si cela lui permet de poursuivre sa découverte du secret de Monkey Island. Sa façon d’avancer dans sa quête envers et contre tous nous a bien souvent fait sourire et mené à des situations rocambolesques.

Nous sommes les pirates, les forbans

Côté graphisme, exit les pixels. Les dessins arborent un style plus lumineux et l’île de Mêlée est en apparence plus bling-bling. La ville est en réalité laissée à l’abandon, les boutiques ferment les unes après les autres, les murs sont tagués, mais en apparence tout va bien et tout est beau… Critique à peine masquée des développeurs sur ce que l’on retrouve parfois dans notre propre réalité. Dans l’ensemble, on reconnaît sans mal les lieux et, une fois de plus, c’est la quatrième partie du titre qui nous fait voyager dans des environnements très différents les uns des autres, avec une ambiance parfaitement retranscrite. Les passages en bateau sont, quant à eux, imagés par un effet de roulis de caméra pouvant être désagréable sur le long terme mais heureusement désactivable via le menu paramètres.

Tout en voyageant sur les flots

Les éléments avec lesquels nous pouvons interagir sont clairement mis en évidence et les contrôles ont, pour une fois, été parfaitement adaptés à nos manettes. Guybrush se dirige grâce au joystick gauche et switcher entre les points d’intérêts proches se fait très simplement grâce aux gâchettes hautes. Seules les cartes à collectionner seront légèrement moins faciles à repérer, nous obligeant à appuyer simultanément sur les touches LB et RB afin de dévoiler toutes les interactions possibles dans la zone. Une fois l’une de ces dernières ramassées, un quizz à quatre réponses nous est proposé. Malheureusement, sans l’aide d’internet il faut être un véritable expert de la série, combiné à un œil de lynx pour y répondre correctement. Pour l’exemple : “A l’origine, le premier jeu Monkey Island s’appelait…” En cas de fausse réponse, la carte disparaît tout simplement. C’est rude et il faudra espérer tomber dessus à nouveau pour donner la bonne réponse.

Avec une impression de déjà-vu

Dans son gameplay, le jeu se veut classique et efficace avec la possibilité de courir, d’analyser les objets de notre inventaire à tout moment afin d’y chercher des indices, ou encore de passer les dialogues plus rapidement. Ce dernier point nous est appris lors d’un tutoriel particulièrement réussi sur fond d’histoire d’ancre de bateau.

Afin de ne pas perdre notre progression, la sauvegarde automatique se fait de manière régulière, mais la possibilité de le faire manuellement nous est donnée. Utile pour débloquer un maximum de succès en une run. Même avec cette astuce, il est quasiment impossible d’en arriver à bout avec une seule partie. Soyez prévenu pirates, vous ne compléterez pas vos 1000G sans une aide extérieure. Dans notre cas, c’est un honorable 515G.

Le tout est finalement accompagné par les musiques de Michael Land, Peter McConnell et Clint Bajakian, à qui l’on doit les très réussies bandes son de la saga et de la plupart des jeux LucasArts. Si elles collent parfaitement aux environnements et situations, aucune mélodie ne nous a vraiment semblé sortir du lot. Le tout est finalement plutôt sage et calibré à l’instar du reste du jeu.

Testé sur Xbox Series X.

Bilan

On a aimé :
  • Un humour qui fait souvent mouche …
  • Des contrôles adaptés à la manette
  • Une localisation réussie
  • Une fin marquante
  • Différents niveaux de lecture
On n’a pas aimé :
  • …Mais qui est moins percutant
  • L’absence de Tim Schafer dans l’écriture
  • La difficulté inexistante
  • Les succès impossible sans guide
Trinquons mes jolies yo oh !

Moins décalé et difficile qu’à l’époque, les développeurs cherchent clairement à combler les fans de longue date en leur dévoilant le secret tant convoité de l’île aux singes tout en faisant venir un nouveau public moins habitué au genre du Point and Click. Le tout est une aventure nostalgique, maîtrisée qui va se révéler tout de même percutante dans son quatrième chapitre et avec une fin plus que surprenante. De quoi nous laisser à nouveau un bon souvenir aux côtés de Guybrush qui, en 1990, cherchait à devenir pirate et qui se cherche désormais lui même dans les yeux de son fils.

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Return to Monkey Island

Genre : Aventure/Plates-Formes

Editeur : Devolver Digital

Développeur : Terrible Toybox

Date de sortie : 2022

1 reactions

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Huhuu CUBE

02 déc 2022 @ 07:50

Super test, on sent le passionné des premiers jours. Pour moi fini direct, j’ai tellement adoré, et 3 partie pour les 1000G, et que tu bon