Test - Beholgar - Enfermé dans le côté obscur du retrogaming

«Heureusement, le supplice est de courte durée» , - 0 réaction(s)

Dernier titre du studio Serkan Bakar Games à qui on doit entre autres Ghoul Boy, Beholgar nous propose de vivre une aventure inspirée des premiers Metroïdvania. Si le genre a indubitablement le vent en poupe, force est de constater que certains s’en tirent mieux que d’autres. Et ce n’est clairement pas le cas de ce Beholgar…

​​Le scénaquoi ?

Le jeu nous met dans la peau du héros éponyme, Beholgar. De retour d’un long périple de vingt ans, il rencontre un vieux sage qui lui confie la tâche de retrouver un vil sorcier afin de le défaire avant que ses armées ne se déchaînent sur la ville. S’ensuit alors une quête épique faite de… non, en fait c’est tout. Notre héros en slip à fourrure va se contenter de parcourir des niveaux labyrinthiques pour retrouver le boss et le vaincre. Point.

Nous sommes clairement ici devant un scénario post-it qui ne sert que de prétexte aux exactions de Beholgar. Aucune subtilité ni aucune surprise ne sont au rendez-vous. Le jeu aurait tout aussi bien pu, comme sur NES, nous laisser découvrir son histoire dans une notice écrite sur un vieux brouillon chiffonné.

Pourtant, le genre tout entier a su avec les années baser son expérience autour d’histoires construites et haletantes. On ne compte plus le nombre de titres qui, encore aujourd’hui, nous ont marqués par leurs choix et l’évolution de leur narration. Ne prenons pour exemple que la série des Castlevania ! Si le premier épisode est avare en termes de texte, on comprend par la mise en scène et les rares lignes de dialogue tout le cœur de l’intrigue… pour mieux arriver à un climax ou Simon devient lui-même le monstre qu’il était venu combattre.

Oui, Castlevania 1 est plus intéressant que Beholgar. Et un titre qui sacrifie autant son intrigue ne peut que nous laisser présager du pire pour la suite…

Castlevania 2 : Barbarian’s Quest

Si nous citons cette célèbre licence, ce n’est certes pas par hasard. Au gré de l’aventure, nous comprenons que le second opus de cette saga légendaire sert d’inspiration à l’ensemble du titre de Serkan Bakar Games. Pourquoi avoir voulu prendre pour modèle le pire d’entre eux ? Sans doute était-ce là un aveu d’échec avant même le début du développement.

Toujours est-il que l’ensemble de l’aventure tient sur sept zones très communes des jeux du genre. Aucune surprise, nous traverserons villages, forêts et ruines avant d’atteindre le château du sorcier tout en massacrant à l’aide de notre grosse épée tout ce qui ose s’approcher.

Si on peut d’ores et déjà pester sur le peu de biomes disponibles, leur manque d’inspiration et de diversité, c’est bien le design des ennemis qui viennent parachever notre désarroi. Au nombre annoncé de cinquante types différents, ils ne sont en réalité guère plus d’une dizaine, chacun doté de variations éhontées. À vous donc la joie de combattre squelettes, zombies, chauve-souris et fantômes. Un bestiaire très original donc, totalement novateur et digne des plus grandes productions. Oui, lorsque le sarcasme point, la critique ne peut devenir que plus acerbe. Car là n’est pas la plus grande supercherie de Beholgar, mais nous allons y revenir.

Chaque monstre vaincu nous permet de récolter de l’argent qui, une fois de retour au village, nous permet d’acheter des améliorations et autres objets inutiles pour nous aider dans notre quête. Dénuée du moindre intérêt sinon de nous contraindre à d’interminables allers-retours sans la moindre saveur, cette mécanique gadget n’est pas du tout maîtrisée. Le sentiment que cette dernière a été implémentée pour accroître artificiellement la durée de vie du soft se fait de plus en plus croissant… jusqu’à ce que l’aventure s’achève. Après trois heures de jeu.

Trois heures… en prenant son temps. Beholgar est un titre qui manque de substance, de travail, d’envie. Fait pour surfer sur la hype de jeux bien meilleurs que lui, il manque de bien trop d’éléments pour être accueilli avec entrain.

Le pire des années 90

Mais Beholgar est avant tout un « jeu dur ». Véritable « Soul-like » ? Loin s’en faut. Le titre a tout simplement repris les mécaniques les plus viles des anciens titres NES, depuis longtemps abandonnées, car inutiles et frustrantes, pour en faire le cœur de sa proposition de gameplay.

Mourir signifie perdre tout son argent et, de facto, devoir recommencer à farmer pour acheter l’anneau nécessaire à la poursuite de notre aventure. Pis encore, les combats ne sont guère compliqués en soi. Ce qui vous tue à coup sûr en revanche, c’est l’environnement. Car on ne compte plus le nombre de tableaux ou la moindre chute, le moindre saut sont mortels.

En cause, un système très simple : la majorité des sauts du jeu sont à faire dans le vide, sur des plateformes situées hors de portée de vue, en contrebas… et généralement entourées de pièges. Alors on meurt, on revient au dernier checkpoint, on progresse d’un tableau, on meurt de nouveau… la boucle est simple, bête et surtout méchante.

Concernant les ennemis eux-mêmes, un travail a été fait sur leurs patterns. Il faut apprendre et comprendre leurs déplacements et leurs fenêtres d’attaques pour s’en défaire sans peine. Dommage que le jeu soit mal désigné. En effet, une fois les armes secondaires débloquées, on réalise que les abattre à distance est le moyen le plus simple de progresser sans ciller.

Chaque niveau nous mène inévitablement droit sur un boss. Ces derniers sont tout autant ratés que le reste du titre. Trop simples, ils sont généralement moins difficiles à appréhender que certains monstres basiques et ne sont rien d’autre que des sacs à points de vie qui nous demandent beaucoup trop de temps pour les achever.

L’ennui atteint son paroxysme rapidement, tant la boucle mise en place est incroyablement fade.

C’est moche, mais bien animé.

La partie graphique n’est pas en reste. Si le jeu se veut « rétro » dans l’âme, il choisit de nous proposer un mix assez étrange qui peine à convaincre. Oui, c’est bien rétro. Oui, c’est bien du pixel… mais les animations sont très nombreuses.

Beholgar pourrait être le rejeton maudit de Castelvania 1 et de Symphony of the Night qui n’aurait jamais dû voir le jour. Très austère, il nous propose souvent des fonds noirs sur lesquels est venue s’écraser une bouillie de pixels morne et franchement laide. Mais en contrepartie, les animations de notre héros et des différents ennemis sont nombreuses, très bien exécutées et diablement intenses.

Testé sur Xbox One X

Bilan

On a aimé :
  • Bien animé
On n’a pas aimé :
  • Très court
  • Aucune rejouabilité
  • Des mécaniques éculées
  • Une difficulté basée sur les sauts de l’ange
  • Aucun scénario
  • Barbant
35 ans de retard

Beholgar aurait pu être un bon jeu, s’il était sorti en 1987. Mais ses propositions sont trop frileuses et ancrées dans les mauvais côtés du Metroïdvania pour réellement convaincre. Héritier d’un genre revenu en force ces dernières années, il ne tient pas la comparaison avec la quasi-intégralité des autres titres du genre. Pis encore, en voulant se positionner sur le segment du « rétro-castlevania » il souffre d’une comparaison inévitable avec Infernax, sorti en début d’année et véritable parangon du genre parvenant à sublimer l’ancienne formule tout en lui ajoutant des qualités incroyables. De fait, il est difficile de conseiller ce Beholgar, même aux nostalgiques et aux amoureux de l’ère 8-bits.

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Beholgar

PEGI 7 Violence

Genre : Action

Editeur : Serkan Bakar

Développeur : Serkan Bakar

Date de sortie : 21/10/2022

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PC Windows, Nintendo Switch