Test - Path of Titans - Un potentiel de survie au Crétacé

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Les dinosaures ont le vent en poupe. Avec des titres comme Second Extinction, Jurassic World Evolution ou ARK sortis ces dernières années, l’arrivée prochaine d’Exoprimal et ARK II, ou encore l’annonce de The Lost Wild, ces gros reptiles sont bien présents sur la scène vidéoludique et le resteront sans doute encore quelques années tant il reste de prétextes possibles à leur sempiternel retour sur nos écrans. Cette fois-ci, c’est le studio australien Alderon Games qui nous propose sa vision du jeu de dinos, un MMO de survie où le joueur doit incarner l’une de ces écailleuses bébêtes. La note d’intention est belle, mais…

Quelques modalités annonçant la couleur

Avant toute chose, nous tenons à préciser que ce test est réalisé sur la version « Game Preview » du titre, la version 0.0.0.20333 pour être totalement exact. Nous prenons bien évidemment ce détail en considération pour notre appréciation. Nous nous doutons bien que Path of Titans est une œuvre en cours, sans doute en début de développement, et qu’il manque tout un tas de fonctionnalités, mais que le titre sera également et très probablement bien affiné au fil des mois. Maintenant que nous avons précisé les contours, rentrons dans le vif du sujet.

Au lancement, nous devons obligatoirement créer un compte utilisateur sur le site du développeur. À base de QR code, d’adresse électronique à fournir et combinaison de caractères en alphabet cyrillique, la manipulation n’est pas la plus aisée, d’autant que le site à visiter n’est traduit qu’en trois langues à l’heure actuelle : l’anglais, le russe et le mandarin. Une fois le compte créé, nous arrivons sur la page principale.

Un menu qui ne paie pas de mine.

Sur le menu, d’une sobriété convenue, nous avons le choix parmi quelques modes de jeu. Des serveurs solo, multijoueur, et communautaires sont au programme, ainsi que l’installation et la prise en charge de mods, ou une section « Upgrades » permettant d’inspecter la vingtaine d’espèces de dinosaures disponibles, changer la couleur de leur peau, ou essayer les différents cris et râles en fonction d’un contexte (surprise, séduction, colère, avertissement…).

La boutique en ligne permet l’achat de skins.

Certaines traductions françaises sont un peu hasardeuses et tout ne paraît pas très instinctif ni ergonomique, notamment la boutique en ligne permettant d’obtenir de nouveaux skins. Les mods ne sont pas en reste. Si ceux-ci s’avèrent intéressants, comme l’ajout de nouveaux biomes ou races de dinos, aucun ne veut se lancer à l’heure actuelle. Pire, l’installation de certains d’entre eux bloque le lancement d’une partie standard. Pourtant mis en lumière et acceptés par le studio, nous nous attendions à de meilleurs résultats, en vain.

Une fois le mode de jeu défini, nous sommes invités à créer notre « personnage », dans l’une des factions en présence : les carnivores et les herbivores. De chaque bord existent pour le moment une petite dizaine d’espèces, chacune avec leurs forces et faiblesses. Côté viandard, nous pouvons incarner un Allosaurus, rapide et équilibré, un T-Rex, puissant, à la défense importante mais aux mouvements lents et limités, ou encore l’ancêtre des alligators, le Sarcosuchus, à l’attaque dévastatrice et extrêmement rapide dans l’eau, au détriment de sa régénération de santé ou de sa vitesse terrestre.

La création de notre dinosaure est sommaire.

Dans l’équipe des amateurs de plantes, l’Iguanodon, d’une mobilité affolante mais fragile, en passant par les cousins des célèbres Triceratops, pouvant charger leurs ennemis et occasionner d’importants dégâts hémorragiques, ou le Stégosaure distribuant des coups de queue blindée de piques, sont autant de choix possibles et intéressants.

L’Iguanodon est un des herbivores les plus équilibrés en statistiques.

Nous pouvons créer plusieurs dinosaures, et ainsi essayer de vivre l’expérience d’une proie ou de son chasseur. Notons d’ailleurs qu’un profil créé en solitaire n’est pas utilisable en multi, et qu’il nous est impossible de continuer la progression d’un dino dédié au jeu à plusieurs sur un serveur solo. Le genre, la robe, les couleurs et la condition physique du reptile enfin validés, il nous reste à lui donner un joli petit nom et c’est parti.

Un monde rempli de vide

Que ce soit en solo ou en multijoueur, nous débutons dans une caverne, faisant office de tutoriel. Nous allons apprendre les quelques rudiments de base à savoir et accomplir les premiers objectifs. La barre d’expérience commence à se remplir et un message nous informe que nous allons devoir grandir et évoluer, de la naissance à l’âge adulte, afin de survivre. Une fois le museau à l’extérieur, nous découvrons une vaste étendue sauvage avec de grandes forêts de sapins, parsemée de clairières peu propices au jeu de cache-cache, bercées par le son des rivières avoisinantes et le souffle du vent.

Sur Xbox Series X, le titre ne nous affole pas la rétine, même s’il y a quelques jolis effets de lumière au lever du jour et à la tombée de la nuit. La modélisation et les animations des grands sauriens sont plutôt bien réalisées, de même que les sons qu’ils produisent que nous estimons plutôt convaincants. Cela rattrape la végétation grossière en 2D et les textures un peu floues sur certains rochers ou sols.

Sur cette photo de la version mobile, remarquez que les stigmates des combats restent visibles.

Étant crossplay avec les PC et mobiles, nous avons pris la peine d’essayer l’application sur smartphone. Graphiquement, nous n’allons pas vous mentir, déjà pas bien folle sur consoles et PC, la version mobile prend une claque concernant la résolution et les textures, nous donnant cette impression de revenir sur des machines vieilles d’une quinzaine d’années. En revanche, malgré son statut de « Game Preview », Path of Titans tourne globalement de manière fluide sur tous les supports. Si nous n’avons pas noté de crashs, nous avons bien eu quelques rares lags ou freezes d’images sur la version Android, mais plutôt liés à notre débit internet de campagnard plutôt qu’à des soucis provenant des serveurs du studio.

La carte demeure relativement grande et de longues minutes sont nécessaires pour la traverser d’Est en Ouest. En incarnant un Cératosaure, il nous a fallu une vingtaine de minutes de marche environ pour traverser la région de Panjura d’un point cardinal à un autre. Les différences de statistiques inhérentes à chaque espèce étant parfois importantes, il est évident qu’un saurien plus lent voit son trajet fortement rallongé.

Cette pierre est le lieu permettant de décorer notre grotte personnelle.

Panjura est divisée en plusieurs secteurs, dont on aurait apprécié la délimitation sur la carte, afin d’affiner certains trajets. Quelques rares points d’intérêt sont placés sur la carte du monde, ils indiquent soit l’emplacement d’un point d’invocation pour rejoindre notre groupe en multijoueur, soit la destination de notre prochaine mission, ou encore l’accès à notre grotte personnelle. Nous avons le loisir d’agrandir celle-ci de plusieurs cavités et de la décorer à notre guise, avec des plantes, des carcasses d’os rongés jusqu’à la moelle ou des carapaces de tortue, moyennant quelques dépenses dans une boutique peu ergonomique.

Sur place ou à emporter ?

Si l’on apprécie à juste titre le terrain de jeu vierge de toute civilisation, il est en revanche regrettable qu’un territoire si sauvage soit aussi peu vivant. En solo, nous sommes absolument seuls sur la carte. « Logique ! » nous direz-vous, mais cette solitude devient pesante au point de rendre le titre lassant à une vitesse phénoménale. Pour la faire courte, vous ne croiserez aucun autre dinosaure, aucune proie à chasser hormis de rares lézards ou mammifères dans des terriers difficiles à dégoter à l’écran visuellement parlant. Votre reptile pourra évoluer sans danger.

Pourtant mentionnés dans la fiche technique du titre, nous n’avons en solo observé aucune faune, aucun troupeau d’herbivores à effrayer ou de meutes de raptors à éviter, rien, nada. Nous aurions apprécié pouvoir prendre en chasse un cheptel dirigé par une I.A. de qualité, ou devoir surveiller une mère couvant ses œufs en attendant le moment opportun pour attaquer. Par conséquent, une partie en solo équivaut à réaliser des missions fedex sans intérêt : aller d’un point A au point B en moins de 30 minutes, collecter des glands ou des algues et de temps à autre, aller plonger le gosier dans un lac pour se sustenter.

D’ailleurs, il nous faut avoir une vue bien aiguisée, n’ayant aucune possibilité de flairer quoi que ce soit. Toute découverte de ressources à collecter doit se faire à l’œil, sans aucune mise en surbrillance des objets, à moins d’avoir déjà les griffes posées dessus. L’ajout d’une gestion de notre odorat aurait été un petit plus pour renforcer l’immersion.

Qui dit absence de « PNJ », dit aucun « dialogue » hormis les quelques hurlements primaires que nous exprimons par ennui. Les mêmes objectifs redondants poppent à l’écran à chaque changement de secteur tels le clipping des arbres au loin. Aucun danger en vue, les mêmes missions à répéter en boucle ad nauseam, le tout sans aucune musique d’ambiance, juste le son de la nature pour nous accompagner, on frise le zéro pointé. Et pourtant, lorsque que l’on passe sur le mode Multijoueur, quelque chose s’opère.

La vie trouve toujours un chemin

Avant de développer la partie Multijoueur, rappelons que Path of Titans est, selon ses créateurs, un MMORPG de survie. Il en reprend donc les classiques notions de gestion de la faim et de la soif. Nous avons bien compris qu’en y jouant en solo, nous n’aurons que peu de viande à nous mettre sous la dent en tant que carnivore. En multijoueur, combattre d’autres avatars nous assure une délicieuse carcasse à ronger en cas de victoire. Concernant la soif, le territoire comporte suffisamment de lacs, de flaques et de rivières pour que cela ne soit pas un souci.

J’adore l’eau. Dans 50 / 60 millions d’années, il n’y en aura plus.

Une jauge d’endurance fait également partie intégrante du gameplay. Suivant les espèces incarnées et leurs aptitudes, elle se vide plus ou moins rapidement. Un monstre marin comme le Sarcosuchus est sacrément endurant dans l’eau, mais s’épuise rapidement sur la terre ferme. À l’inverse, un Cératosaure peut facilement fuir en pleine forêt, là où tenter une échappée en traversant un lac le condamnera probablement à une mort certaine. Pour récupérer, notre dinosaure a alors la possibilité de s’asseoir ou de s’accorder une petite sieste. Il est impératif d’avoir cette notion en tête avant d’affronter d’autres joueurs, et bien connaître nos forces et nos faiblesses avant de foncer tête baissée. D’autant que les affrontements sont parfois assez brouillons, les coups manquant de précision et d’impact à l’heure actuelle.

La barre de croissance nous rappelle notre stade d’évolution.

Comme nous le disions en préambule, notre reptile va devoir évoluer du stade de bébé à celui de parent. Pour cela, cinq barres d’expérience doivent être remplies une à une, représentant autant de stades d’évolution : enfant, préado, adolescent, sous-adulte et enfin adulte. Chaque âge atteint nous donne l’opportunité de débloquer une compétence d’attaque ou de défense. Enfant, nous ne pouvons que mordre un agresseur, préadolescent nous débloquons des compétences assignables à notre queue, alors qu’une fois « l’âge bête » atteint, nous pouvons assigner des passifs sur nos écailles, par exemple.

Les dégâts hémorragiques font horriblement mal.

Le nombre total de compétences utilisables reste assez faible pour l’instant. Elles se ressemblent beaucoup d’une espèce à l’autre, mais nul doute que les développeurs amélioreront tout cela au fil du temps. Petite précision à retenir : chaque mort nous enlève un montant assez important d’expérience, la montée en niveau étant déjà rébarbative de par la redondance des missions proposées, autant vous prévenir qu’en multijoueur, il sera très important de ne pas faire n’importe quoi.

Et c’est cela qui rend Path of Titans intéressant, malgré ses très nombreuses lacunes, à date. Le mode Multijoueur est salvateur à bien des égards. Premièrement, parce qu’il y a du monde (merci Captain Obvious !). Et oui, c’est bête comme les pieds de le rappeler, mais un MMORPG, sans joueurs, peu importe la qualité des missions, de son univers ou de ses fonctionnalités, cela n’en restera pas moins qu’une coquille vide ! Nous n’allons pas non plus vous faire de fausses promesses. Hormis le fait de croiser d’autres quidams, le contenu reste le même qu’en solo. Nous y trouvons les mêmes quêtes de récolte ou de livraison. Mais, les interactions avec les autres joueurs poussent à la stratégie, la prudence ou la coopération.

Le stégosaure en arrière-plan nous a mis la misère.

Savoir qu’un groupe de Spinosaures adultes surveillent l’endroit où nous devons déposer ces champignons fraîchement cueillis dans les cinq minutes à venir, sous peine d’échec de la mission, nous procurent stress et adrénaline. Seul, nous pouvons envisager de miser sur notre vitesse pour passer à travers les mailles du filet, mais il y aura peu de chances de succès, soyons honnêtes. Nous pouvons espérer que le groupe de carnivores s’éloigne afin d’effectuer la livraison dans leur dos, ou alors faire équipe avec d’autres joueurs en passant par l’outil social du jeu et s’organiser différemment. Peut-être pouvons-nous combattre frontalement le troupeau si notre niveau est suffisant ou devenir plus fourbes qu’eux en envoyant un ou deux membres de l’équipe jouer les appâts, pendant que nous procédons au dépôt.

C’est dans cette configuration que le jeu devient palpitant. Certaines séquences nous font monter l’adrénaline à en trembler. Le stress se pointe au moindre râle entendu au loin, d’autant que la spatialisation du son est de bonne facture. Si nous réussissons à localiser un joueur au bruit lourd de ses pas sur le sol, ou aux cris qu’il prolifère, retenez que l’inverse est valable. Au moindre danger, il nous faudra alors faire preuve de silence, en restant cachés dans un buisson ou immobiles autant que possible. Se faire traquer nous fait clairement ressentir une fin plus proche qu’espérée, même si nous ne sommes pas non plus sur une peur promulguée par un Alien Isolation. À l’inverse, devenir le traqueur insuffle un sentiment de plaisir sadique.

Autre point, une fois l’âge adulte atteint, nous pouvons à l’aide d’un compagnon de route incarnant un dino du sexe opposé et de la même espèce, fonder une famille. Dans le rôle de parents, nous allons devoir veiller sur notre progéniture gérée par l’IA en lui prodiguant nourriture et protection. Cette fonctionnalité est bienvenue tant elle apporte un peu de piment à un titre qui manque encore de mordant.

Parfois, il faut apprendre à ne pas prendre de risques inutiles et à observer.

D’une partie à l’autre, les émotions ressenties ne sont jamais vraiment les mêmes. Comme dans chaque titre à penchant communautaire, tout dépend de notre tendance à socialiser et du comportement des joueurs croisés. Nous avons rencontré autant de joueurs inoffensifs cherchant juste à faire évoluer leur avatar ou à s’entraider dans la bonne humeur, que de joueurs que l’on pourrait considérer comme toxiques : ceux qui aiment nous décimer en boucle au point de réapparition, ou ces groupes qui nous insultent sur des générations car nous avons lâchement pris la fuite. Le rappel du concept de la chaîne alimentaire est parfois difficile à accepter, mais après tout, c’est comme cela que fonctionne la vie depuis la nuit des temps.

Jusqu’à 200 joueurs prennent ainsi place sur Panjura. Dans nos différentes sessions, le nombre oscillait régulièrement entre 60 et 80 participants, ce qui nous procurait temporairement de longues minutes de solitude tant le territoire est long à parcourir. Néanmoins, le potentiel du titre est bien réel. Nous espérons que les développeurs d’Alderon Games sauront aller au bout de leurs idées en mettant leur bébé à jour de façon régulière, en apportant plus de variété et de contenu à l’ensemble.

Testé sur Xbox Series X (optimisé)

Bilan

On a aimé :
  • Incarner un dinosaure
  • Le concept de jouer un herbivore ou un carnivore
  • Le nombre de races disponibles
  • L’apport stratégique du Multijoueur
On n’a pas aimé :
  • Le manque de variété des missions
  • L’évolution laborieuse du dino
  • L’intérêt zéro du mode Solo
  • C’est vide, à date
Il vaut mieux attendre la version finale

En l’état, il nous est difficile de conseiller pleinement ce Path of Titans. Sur le papier, le concept est vraiment bon et original. Une addiction à explorer ce monde vierge de toute civilisation peut naître chez certains joueurs, même si le manque de diversité dans les missions est peu engageant et que l’expérience Solo bénéficie à date d’un intérêt proche du néant. Toutefois, le potentiel est réel, nous avons vécu de belles et fortes émotions lors de rencontres en Multijoueur. L’investissement en vaudra la peine, à condition que les développeurs assurent un suivi régulier et qualitatif du titre !

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Path of Titans

PEGI 12 Langage grossier

Genre : Action

Editeur : Alderon Games

Développeur : Alderon Games

Date de sortie : 27/07/2022

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows