Test - Tour de France 22 - Le plaisir coupable de l’été

«22 v’la Roglic !» , - 0 réaction(s)

Six ans. Cela faisait six longues années que Xboxygen ne s’était pas penché sur la simulation cycliste de Nacon développée par Cyanide Studio. Il était donc temps de faire le point à nouveau sur les avancées apportées par Tour de France 22, sorti ce 9 juin 2022 sur Xbox One, Xbox Series X|S, PlayStation 4, PlayStation 5 et PC via Steam et l’Epic Games Store. Au moment de commencer l’écriture de ce test, la curiosité nous a poussés à relire le test légendaire de Bastoune paru en 2016. Il est toujours bon de se rappeler de vieux souvenirs et où en était Tour de France à cette époque. Nous n’aurions pas dû. En six années, certaines franchises annuelles ont su enclencher un véritable bond qualitatif, telle la série WRC éditée également par Nacon. Malheureusement, les évolutions de Tour de France semblent évoluer au compte-gouttes…

Un pour tous, tous pour un

Comme vous l’avez deviné lors de l’introduction, nous ne sommes pas des joueurs réguliers de cette simulation et nous n’en avions qu’un vague souvenir de jeu. Heureusement un didacticiel nous réapprend les mécaniques de base du gameplay et nous retrouvons vite nos repères. L’essentiel du gameplay a peu évolué depuis toutes ces années mais demeure très efficace et plaisant à jouer. Les gâchettes servent à l’accélération et au freinage, Le bouton A permet d’attaquer soit en danseuse par appuis répétés, soit en haussant le rythme, assis sur la selle, en maintenant le bouton enfoncé. Les boutons de tranche quant à eux enclenchent le régulateur d’effort, essentiel lors des épreuves de Contre-la-montre, ou maintiennent la position aérodynamique, pratique pour économiser son énergie lors des descentes.

Toutefois, il ne suffira pas de se contenter d’accélérer à fond et de freiner à l’approche de virages serrés. Le gameplay développé par Cyanide est d’autant plus intéressant qu’il faut apprendre à gérer les efforts du coureur que l’on dirige. Pour cela, deux jauges sont à surveiller comme le lait sur le feu. La première en bleu est notre jauge d’endurance. Si elle tombe à zéro, le coureur subit une défaillance qui lui fera perdre un temps précieux. La deuxième jauge, en rouge, concerne l’énergie pour exécuter des attaques, si tranchantes lors des ascensions. Deux moyens sont à notre disposition afin de restaurer ces jauges : se camoufler à l’abri du vent avec un rythme peu élevé ou utiliser le bouton Y pour consommer les deux bidons rouge et bleu à notre disposition. Une fois les bidons vides, il faudra attendre les points de ravitaillement pour qu’ils se remplissent à nouveau. Ainsi une bonne gestion individuelle de la course d’un coureur sera de franchir la ligne d’arrivée en ayant optimisé le plus possible la consommation de ces jauges.

Au-delà de cette dimension tactique individuelle, le cyclisme professionnel est avant tout un sport d’équipe. C’est via le menu Oreillette, activable avec le bouton B à tout moment de la course, que nous avons accès aux options tactiques et stratégiques de l’équipe. Nous pouvons dès lors obtenir un aperçu en temps réel de la course et plus particulièrement de la position et de l’état de forme de nos coéquipiers. C’est ici que nous donnons les consignes individuelles et d’équipe (gérer le tempo, suivre, attaquer, protéger un leader, se ravitailler). Nouveauté de cette année, un nouveau système détermine au hasard la moitié des coureurs de l’équipe qui seront mieux préparés à l’épreuve et le reste qui sera en méforme. De plus, nous pouvons choisir d’activer ou non dans les options les maladies et chutes et de modifier leurs fréquences d’apparition.

Quand la course ne nécessite pas d’intervention particulière de notre part, un appui constant sur la gâchette gauche permet une avance rapide de celle-ci tout en maintenant notre attention en alerte, alors que le bouton LB permet de sélectionner une reprise en main automatique avant un moment décisif du parcours. Ainsi, il est possible de faire une course entière sans contrôler un seul instant un coureur individuel. A contrario, nous pouvons aussi prendre le contrôle de n’importe lequel de nos coéquipiers à tout moment de la course.

Sur la route

Ce gameplay à la fois simple et riche montre tout son potentiel grâce aux différents profils d’étapes à parcourir. D’un extrême à l’autre, contrôler un spécialiste du chrono dans un contre-la-montre en plaine ou un pur grimpeur dans une étape de haute montagne exige des manipulations de boutons et un sens tactique différents pour pouvoir triompher. Bien doser son effort grâce au limiteur, trouver la trajectoire idéale et relancer après les virages serrés seront le sel d’un contre-la-montre.

Epingle à gauche !

Le clou du spectacle reste toutefois la haute montagne, comme souvent lors des retransmissions télévisuelles. Cyanide a su retranscrire avec passion l’émotion et les frissons que procurent ces étapes particulières. C’est un véritable plaisir de résister, attaquer, jauger ses adversaires, avec une gestion de son énergie au cordeau, le tout avec l’ambiance de la foule qui nous encourage à nous surpasser. Qui dit montée, dit descente, et là aussi le gameplay reste agréable avec une bonne sensation de vitesse. La moindre erreur de trajectoire peut être synonyme de chute, nous devons ainsi bien gérer les séquences de freinage et de maintien de la position aérodynamique pour effectuer des bons chronos. Comme dans la réalité, les descentes sont techniques et périlleuses. Devenir un excellent descendeur demandera de la dextérité.

La définition d’un piège

Si certaines étapes de plaine demeurent ennuyeuses, la majorité de celles-ci deviennent intéressantes par la présence de secteurs pavés ou à risque de bordures. Ces dernières sont provoquées par une longue section de route traversée par un vent latéral très fort, ce qui entraîne régulièrement la formation de coupures dans le peloton. Un leader mal placé peut perdre gros à l’arrivée. Le profil de l’étape en cours, accessible via le menu Oreillette, nous permet de reprendre automatiquement le contrôle de notre coureur en cas d’avance rapide afin de ne pas se faire piéger par une équipe adverse qui se mettrait à rouler fort dans ces conditions.

Attention les secousses !

Concernant les secteurs pavés, nous ressentons manette en main avec les vibrations la pression et le danger que représentent ces passages difficiles. Nouveauté cette année, l’interface utilisateur se met elle aussi à trembler pour renforcer l’immersion. Nous ne sommes toutefois pas convaincus par cette feature puisqu’elle nous donne parfois mal à la tête. Au-delà de notre cas particulier, quitte à montrer que le coureur est à bloc sur les pavés et n’a pas le temps de s’informer, nous aurions préféré que l’interface utilisateur disparaisse momentanément.

Dans toutes ces conditions de course, l’IA fait un travail correct. Les comportements des adversaires sont variés et adaptés aux courses : passages de relais, leaders en haut de peloton lorsque les difficultés se profilent, etc. Ils n’hésitent pas à attaquer, même en début de course. Le tout reste cohérent puisque les grands leaders n’attaquent la plupart du temps qu’aux moments opportuns et dans les grosses étapes prévues pour bousculer le classement général.

Pauvre France !

Vous l’avez compris, nous sommes globalement convaincus par la qualité du gameplay et le plaisir qu’il nous procure. En 2016, Cyanide avait déjà trouvé la bonne formule de base. Ces dernières années ont permis d’étoffer et d’enrichir les mécaniques afin de renforcer et de varier les sensations. Là où nous sommes déçus, voire désabusés, c’est pour tout ce qui concerne la technique et l’aspect graphique du titre.

Une cinématique plus que rentabilisée...

En 2016, Tour de France proposait déjà une technique et des assets graphiques d’ancienne génération. En 2022, il n’y a pas eu (ou si peu) d’améliorations dans ces domaines. Tour de France 22 est le même graphiquement et techniquement que Tour de France 16 et tous les opus intermédiaires, sauf qu’il a maintenant deux générations de retard… C’est d’autant plus inadmissible de la part de Cyanide qu’à la relecture et la vision des images du test de 2016, nous retrouvons exactement les mêmes aberrations : les animations de podiums et le visage unique de tous les coureurs inchangés depuis Poulidor. C’est une honte et le mot n’est pas trop fort. Nous en avons assez que la forme soit régulièrement le parent pauvre des simulations sportives à petit budget sous prétexte que ce n’est pas l’essentiel. Un minimum d’évolutions dans tous les domaines se doit d’être apporté au fil des années.

Un lieu mythique du Tour

Lors des courses, heureusement nous voyons les coureurs de dos. Il est ainsi facile de repérer les leaders adverses et coéquipiers grâce à une modélisation correcte des maillots officiels des équipes. Les environnements restent bien entendu génériques et pauvres mais s’adaptent à l’architecture et aux paysages classiques des lieux. Le public et l’ambiance sonore offrent là aussi le service minimum, suffisamment pour que ça reste crédible et immersif. Malgré cette fadeur, on s’habitue à l’emballage en se concentrant sur la course et le charme finit par opérer. On se surprend même à apprécier les rares endroits qui ont bénéficié d’une modélisation plus travaillée comme le sommet du Mont Ventoux ou la boucle finale sur les Champs-Elysées.

La crème de la crème

Pour tenir sur la durée, Tour de France 22 se doit de proposer un contenu solide en modes de jeu et épreuves sportives. Sur ce point, Cyanide répond présent. D’autant plus que l’essentiel des équipes professionnelles sont licenciées avec les noms et photos des coureurs, à l’exception de la Quickstep. Heureusement, nous avons à disposition un éditeur complet qui permet de modifier le gaulois Alaphilix en son descendant plus glorieux Alaphilippe. Pour les passionnés, l’éditeur autorise même la modification des notes des coureurs.

La bonne année pour Roglic ?

Evidemment, le Tour de France 2022 est le bateau amiral du titre. Cette année, nous partons toujours pour 21 étapes, avec le grand départ prévu à Copenhague pour un passage de 3 jours sur les terres danoises. Un contre-la-montre de 12 km dans les rues de la capitale, suivi de deux étapes de plaine, dont une avec un final au milieu des rafales de vent qui soufflent sur la liaison du Grand Belt, annonce la couleur d’une première semaine de course très piégeuse. Au programme entre autres pour les trois semaines de course : l’étape d’Arenberg avec ses 11 secteurs pavés, la Planche des Belles Filles, devenue un classique du Tour ou la montée de l’Alpe d’Huez et ses 21 virages qui ont fait sa légende.

Pour accompagner le Tour, six épreuves à étapes dont les officiels Critérium du Dauphiné et Paris-Nice sont disponibles, ainsi que les derniers parcours des Championnats du monde et la crème des Classiques avec les 5 Monuments que sont Liège-Bastogne-Liège, Paris-Roubaix, le Tour des Flandres, Milan-San Remo (Primavera classica dans le jeu) et le Tour de Lombardie (Giro di Como). Enfin My Tour permet de créer sa propre compétition sur 3 semaines en piochant parmi 92 étapes disponibles provenant en majeure partie des opus précédents.

Faudra être patient pour engager les meilleurs

Afin de profiter de toutes ces épreuves, quatre modes de jeu sont à notre disposition. Le simple et efficace mode Course permet de participer à une seule épreuve au choix. Certaines sont à débloquer au fil de l’expérience acquise dans le jeu, mais le Tour de France est disponible immédiatement. Les modes Pro Team ou Pro Leader sont les fameux modes carrière où l’on gère au choix une équipe entière ou son propre coureur dans leur quête du classement mondial sur plusieurs saisons, en partant du plus bas de l’échelle.

Un mode intéressant sur la durée ?

Nouvel ajout cette année, et quasiment seule grosse nouveauté d’envergure, la Course du Moment renouvelle chaque mardi (2h du matin) un défi classé en ligne. Pour le moment, les courses sont en mode test et ne mettent pas de points en jeu. Cette semaine, c’est le Critérium du Dauphiné avec l’équipe d’Inéos qui est mis en vedette. Le classement en ligne sera basé sur le temps au classement général. Cela vous donne une idée du type d’épreuves et de son déroulement pour ce nouveau mode. Qui sait à l’heure actuelle si ce système de points permettrait aux meilleurs de participer à un évènement spécial plus tard dans l’année, à l’instar de ce qu’organise le WRC eSports via le titre de Kylotonn ? Affaire à suivre.

Testé sur Xbox Series X (optimisé)

Bilan

On a aimé :
  • Le gameplay riche et accessible
  • La variété des profils de course
  • Le contenu très solide
  • Les licences officielles des équipes
  • L’éditeur de la base de données
On n’a pas aimé :
  • L’immense retard technique et graphique
  • Le visage unique pour tous les coureurs
  • La cérémonie du podium au rabais
  • L’évolution trop lente de la franchise
Juste une illusion… mais quelques sensations

La franchise Tour de France sent à plein nez la défaite. La technique date de deux générations, les assets graphiques sont dignes d’un jeu mobile random, et le studio ne rougit même pas de honte de recycler depuis des années le même visage unique pour tous les coureurs du jeu. La série évolue trop lentement pour ne pas décevoir à terme ses défenseurs les plus acharnés. Et pourtant, ce loser a du cœur et transpire malgré tout la passion de ce sport magnifique. Une fois plongés dans le jeu, nous sommes aspirés, nous entrons en immersion et prenons un réel plaisir à vivre ces courses tactiques et stratégiques qui font la légende du cyclisme. Le gameplay et le contenu, solides et efficaces, sont au rendez-vous. Le tout reste très cohérent et propose une simulation vraiment intéressante. Malgré tous ses défauts, Tour de France 22 nous tiendra en haleine, au moins jusqu’à fin juillet, et ce n’était pas gagné d’avance.

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Tour de France 2022

Genre : Sport

Éditeur : Nacon

Développeur : Cyanide

Date de sortie : 09/06/2022

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 4