Test - Stranger of Paradise Final Fantasy Origin - Un fiasco total ?

«Le cul entre deux chaises» , - 1 réaction(s)

Final Fantasy Stranger of Paradise a été annoncé lors de l’E3 2021, et le moindre que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas été accueilli avec enthousiasme. Pour rappel, ce dernier Final Fantasy est présenté comme un Souls-like orienté action, lorgnant du côté de Nioh pour ceux qui connaissent la licence. Malgré de nombreuses démos, ce spin-off peinait cruellement à convaincre de par sa direction artistique, ses protagonistes et son histoire difficile à comprendre. À l’heure des 35 ans de la franchise et avec un temps supplémentaires de développement, est-ce que Final Fantasy Stranger of Paradise arrive à faire honneur à son héritage prestigieux ? Notre réponse est sans détours : Non.

Une histoire au second plan

Pour comprendre cet étrange mélange qu’est ce nouvel épisode de Final Fantasy, il faut se tourner vers Team Ninja en charge de son développement. Habitué aux jeux d’action, le studio japonais a peaufiné cet aspect du gameplay, mais au détriment des autres éléments qui constituent le jeu. Dans un premier temps, l’univers du tout premier Final Fantasy a servi d’inspiration pour ce spin-off, mais ne l’ayant pas connu, il nous est impossible de repérer d’éventuels clins d’œil. Pour comprendre d’où provient le malaise lorsqu’on joue à ce FF, il nous faut vous expliquer son scénario et la manière dont il nous est proposé.

D’entrée, l’histoire est très difficile à résumer tant elle est mise au second plan. On comprend que le Chaos règne dans un monde parallèle au nôtre, que nous y avons été téléportés en même temps que d’autres protagonistes pour le sauver. Nous venons d’un monde plus ou moins futuriste et moderne, contrairement à ce nouvel univers gangrené par le Mal, davantage tourné vers l’heroic fantasy. Au premier abord, nous faisons tâche dans ce décor avec notre protagoniste qui utilise son kit main libre et son téléphone pour écouter de la musique. Nous faisons donc face à une croisée de deux univers opposés, mais auxquels nous avons vraiment du mal à y adhérer, puisque absolument rien ne justifie certains comportements et choix narratifs durant les quinze premières heures de jeu. Pire, les nombreuses cinématiques n’apportent finalement que très peu d’éléments narratifs supplémentaires, ce qui renforce notre sentiment d’incompréhension. Outre cette entrée en matière très déroutante, le scénario se résume à retrouver 4 porteurs de pierre de pouvoir élémentaire, les vaincre, restaurer ces pouvoirs et vaincre le boss final. Voilà notre ligne directrice, nul besoin d’aller plus loin, et c’est terriblement triste pour un Final Fantasy.

Des mécaniques de gameplay qui sauvent du naufrage

En revanche, le gameplay tire vraiment le jeu vers le haut. Team Ninja a encore fait des merveilles sur cet aspect et cela se ressent brutalement manette en main. On retrouve la classique mécanique de job de la franchise FF, mais extrêmement bien développée. Chaque classe possède 30 niveaux qui permettent de débloquer des techniques et aptitudes que l’on pourra associer avec d’autres classes à développer. Par exemple, on peut apprendre une technique de voleur et l’appliquer sur un guerrier ou un mage pour infuser nos attaques de poison. Il y a énormément de combinaisons possibles. La personnalisation du gameplay selon notre envie et sans nous figer dans un style est clairement une des forces du jeu. Rien ne nous empêche de changer notre façon de jouer en quelques paramètres.

Là où le jeu est plus ou moins vendu comme un clone de Darks Souls, c’est davantage vers le style beat’em up de Nioh qu’il faut se tourner. Nous évoluons au travers de différents couloirs où il faut combattre et vaincre tous les ennemis sur le chemin, afin d’atteindre le boss du niveau. Les sensations sont clairement présentes et nous découvrons toujours de nouvelles manières d’enchaîner nos attaques et de gérer nos timings. Le jeu reste fluide et dynamique en toutes circonstances et cela donne parfois lieu à des enchaînements de combats où l’on dispose d’un temps infime pour reprendre son souffle.

Un autre point qui mérite notre attention est l’aspect loot à outrance, à mi-chemin entre Diablo et Borderlands. Nous ne pouvons pas échapper à plusieurs sessions de farm afin de trouver la pièce d’équipement qui optimisera notre classe et notre personnage. Aux joueurs allergiques au farm, , fuyez pauvres fous.

Dark Souls Final Fantasy ?

Vient le moment d’aborder les autres aspects de Final Fantasy Stranger of Paradise qui font qu’on frôle le fiasco total. Intégrer des mécaniques de Dark Souls à un action RPG aussi dynamique ne fonctionne pas spécialement. Le manque de précision de nos attaques et le dynamisme des combats se démarquent trop d’un gameplay soulesque beaucoup plus posé et réfléchi.

Contrairement à l’excellence de l’architecture des niveaux dans les jeux de FromSoftware, le level design de Stranger Paradise demeure cruellement téléphoné. Quelques efforts grossiers sont présents, afin de créer des raccourcis entre les niveaux, mais ils n’apportent aucun réel intérêt au gameplay. Nous avons même le copier/coller des feux de camp qui sont intégrés au jeu comme pour répondre à un cahier des charges…

Dans un dernier temps de comparaison, le titre prend le parti pris d’ajouter des modes de difficulté, mais cela se résume uniquement à augmenter la jauge de vie des montres et la quantité de dégâts. La gestion de la difficulté devient ainsi rapidement frustrante et déséquilibrée. En effet, en mode normal, on arrive largement à jouer 5 à 10 niveaux au-dessus du nôtre dans l’exploration de la zone. Néanmoins, une fois arrivé au boss, le challenge devient plus que difficile, à cause d’une mauvaise gestion de la dynamique des combats. Les patterns sont clairement téléphonés, mais le rythme imposé ne colle absolument pas avec le gameplay, ce qui procure un sentiment de difficulté illusoire qui pourra tout simplement vous pousser à jouer en mode facile… Le mélange Beat’em Up/Dark Souls ne fonctionne clairement pas ici…

Le gameplay ne fait pas tout…

La conséquence directe de ce choix de difficulté prolonge artificiellement la durée de vie du jeu. En plus de farmer pour bien nous équiper, il faut surtout farmer pour obtenir le niveau requis exigé par les missions. Ce farm “forcé” se traduit littéralement par une différence de niveaux allant jusqu’à 10 entre deux missions, alors que l’on gagne entre 2 à 3 niveaux par mission réussie… Pire, les quêtes annexes fonctionnent également avec le même mécanisme de différence de niveaux et ne proposent pas un contenu très novateur, puisqu’il s’agit simplement de rejouer les missions déjà réalisées afin de vaincre une autre cible à la fin du niveau.

Ce game design très daté, ainsi qu’un level design et un scénario défaillants, font que nous enchaînons les missions de zone en zone mécaniquement sans envie de comprendre ce que nous propose le jeu. En revanche, on pourra noter que le design reprend d’anciennes zones des précédents Final Fantasy, le tout accompagné par les classiques thèmes musicaux qui ne manqueront pas de faire vibrer la nostalgie des premiers fans… et leur rappeler amèrement que Final Fantasy, c’était mieux avant.

D’autant plus qu’il n’y a quasiment pas d’empathie qui se développe en nous pour les différents protagonistes. La mise en scène n’arrange absolument pas la compréhension de la narration et détache totalement notre implication dans l’histoire qui nous est proposée. Pour ne rien arranger, le jeu est clairement daté techniquement, entre certains passages très propres et d’autres étonnamment sans textures, c’est-à-dire des PNJ sans relief ou des décors en bouillie de pixels…

Pour conclure sur une note plus positive, on apprécie tout de même le fait que le jeu peut être réalisé en coopération jusqu’à trois joueurs du début jusqu’à la fin.

Testé sur Xbox Séries X

Bilan

On a aimé :
  • Un gameplay maîtrisé
  • La diversité des classes
  • L’optimisation du joueur
  • La coopération à trois
On n’a pas aimé :
  • Une histoire bâclée
  • Techniquement daté
  • Un mélange des genres bancal
  • Le farm forcé
Le cap des 35 ans est difficile…

Stranger of Paradise Final Fantasy Origin possède un gameplay solide et prenant qui, de prime abord, nous donne envie de s’investir. Mais très rapidement, des lacunes rédhibitoires se font sentir, entachées par de multiples éléments (marketing ?) qui cassent l’intérêt initial. Entre un aspect souls-like qui n’est clairement pas bien intégré au gameplay, une mauvaise mise en scène scénaristique, un manque cruel de clarté dans la narration et enfin des protagonistes sans charisme et sans intérêt, il devient très difficile pour un fan de la licence de s’y retrouver. En revanche, si vous vous concentrez uniquement sur le gameplay et que vous prenez ce Final Fantasy simplement pour ce qu’il est, c’est-à-dire un action-RPG plutôt bancal, alors vous pourrez trouver votre compte en jouant en coopération avec des amis.

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Stranger of Paradise : Final Fantasy Origin

Genre : Action

Éditeur : Square Enix

Développeur : Team Ninja - Koei Tecmo

Date de sortie : 18 mars 2022

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 4

1 reactions

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yo_hansolo

18 mar 2022 @ 11:17

Merci pour le test. Qui a du être un petit mauvais moment de boulot à passer si je lis bien ce qui est écrit.
Suis content de n’avoir pas sauter le pas. Tout simplement parce que graphismes datés et prix.... On en parle du prix de ce truc ?!