Test - Wytchwood - Deliveroo du mal

«Witch-craft» , - 0 réaction(s)

En 2005, un jeune canadien du nom de Kyle MacDonald décide d’entamer une expérience : il s’empare d’un petit trombone rouge posé sur son bureau et l’échange contre un stylo, qu’il troquera contre une poignée de porte sculptée. À l’issue de cette aventure qui aura duré un an et l’aura mené à travers tout le Canada, il devient propriétaire d’une maison, pour laquelle il n’aura pas déboursé un centime.

Quinze années plus tard, le studio canadien Alientrap lance son huitième titre intitulé Wytchwood. Dans ce jeu d’aventure et de crafting en 2D, nous incarnons une vieille sorcière en quête de réponses au sein d’un univers de conte de fées. Malgré ses aptitudes magiques, cette dernière doit plus que tout compter sur sa débrouillardise et son bagou afin de mener à bien sa quête. Kyle et cette sorcière nous rappellent que le voyage, le dialogue et le troc peuvent nous emmener bien plus loin que l’on ne l’imagine.

Le design de la sorcière (ici à gauche) est à l’image du titre : sombre et fantaisiste.

La sorcière à tête de chaudron

Alors que notre héroïne se repose paisiblement dans sa bicoque cachée au fin fond de la forêt, elle est soudainement réveillée par une étrange chèvre noire. L’esprit encore embrumé, elle est incapable de savoir combien de temps elle a pu dormir. Mais l’animal qui s’agite dans sa maison ne lui laisse pas le temps d’y réfléchir. Et pour cause : la bête est douée de parole ! Pas de quoi désarçonner la propriétaire des lieux qui en a vu d’autres. L’animal explique alors qu’une jeune femme endormie est dissimulée dans le jardin et que son sort et étroitement lié à celui de la vieille guerisseuse. Surprise, cette dernière est néanmoins contrainte de se plier à la demande de la bête : elle doit impérativement lui rapporter les âmes de plusieurs animaux disséminés aux quatre coins de la région. Ainsi débute cette aventure qui nous mènera dans huit univers différents.

L’histoire de Wytchwood, bien qu’inspirée de nombreux contes de fées parmi lesquels on peut notamment citer La Belle au Bois Dormant, se révèle plus sombre que ce que laisse présager sa direction artistique. Les thèmes de la mort, de la maladie ou de la trahison traversent cette histoire qui ne manque pourtant pas d’un humour certain.

Attention, le jeu d’une durée de dix à douze heures n’est pas traduit en français. Un bon niveau d’anglais s’avère indispensable pour saisir toute la qualité des nombreux dialogues, comprendre les objectifs et parcourir l’inventaire sans encombre.

“J’ai omis les oeufs de caille !”

Le gameplay de Wytchwood s’articule autour de trois piliers que sont l’exploration, le dialogue et bien sûr la confection. Le fait de parcourir les différents niveaux nous permet de ramasser un maximum d’ingrédients. Certains peuvent être récupérés à même le sol lorsque d’autres demandent de créer des pièges ou d’utiliser des outils tels qu’une hache ou un filet. Une fois en notre possession, ces différentes ressources vont pouvoir être combinées afin de créer des potions, ustensiles et autres charmes. Il est appréciable que les ressources apparaissent en surbrillance dans le décor, nous évitant ainsi de passer à côté et de perdre du temps.

L’interface du système de craft est d’une simplicité rare.

La recette nécessaire nous est bien souvent fournie par les PNJ qui demandent notre aide. Une fois connue, elle apparaît dans notre inventaire, de quoi rappeler le système de craft d’un certain The Witcher 3 : Wild Hunt. À la différence de ce dernier, chaque ingrédient nécessaire est accompagné de sa localisation (la forêt, le marais, les champs, etc…). Une carte très précise avec les différents objectifs nous aide également à nous repérer. De quoi faciliter notre recherche et éviter bien des frustrations. En tout point, l’interface est à saluer tant son utilisation s’avère simple et claire.

Dans les rares cas où nous ne savons pas encore comment récupérer une ressource, “l’oeil de la Sorcière” nous permet de scanner notre environnement afin d’en dévoiler les précieux secrets.

Chaque nouvelle quête va nous permettre d’avancer dans l’histoire mais aussi d’apprendre de nouvelles recettes et d’accéder à de nouvelles zones. L’essence du jeu réside donc dans le fait de trouver les bonnes ressources, ce qui nécessite parfois de s’aventurer sur des chemins encore inconnus ou de revenir sur nos pas, avant de pouvoir fabriquer ce dont les PNJ ont besoin.

La forêt est la première zone du jeu.

Il est tombé dedans étant petit

Et c’est sur ce point précis que le jeu d’Alientrap risque de diviser. Comme l’ont fait avant lui Dragon Quest Builders et d’autres, le plaisir de jeu réside principalement dans le fait de regrouper les bonnes ressources et de découvrir le scénario, quitte à totalement mettre de côté la moindre notion de difficulté. Certes, cette dernière n’est pas indispensable pour profiter d’un jeu. Mais passées les trois ou quatre premières heures de découverte, les très nombreux allers-retours (facilités par des voyages rapides bien pensés) et l’architecture récurrente des quêtes peuvent commencer à ennuyer.

En effet, les tâches à effectuer ne se renouvellent pas et seul(e)s les plus séduit(e)s par l’univers continueront de découvrir avec joie le monde de Wytchwood. Toujours concernant la notion de défi, il est à noter que les ressources apparaissent toujours aux mêmes endroits (le monde n’est pas généré de façon procédurale), qu’il n’y a pas de secrets et que le game-over est très peu probable tant les quelques ennemis nous alertent avant d’attaquer. Celles et ceux qui recherchent principalement la sensation d’accomplissement peuvent donc passer leur tour. Le titre fait bien tout pour nous aider à avancer sereinement, mais si peu pour nous récompenser autrement que par sa forme...

Belle comme Yennefer

Car s’il est bien un point sur lequel le titre semble tout simplement inattaquable, c’est sur sa direction artistique. Chaque niveau propose une superbe palette de couleurs avec beaucoup de vie et de nombreux détails qui participent grandement au plaisir de l’exploration.

Il faut voir le tout en mouvement. En un mot : superbe !

Alors que nos yeux sont sous le charme, nos oreilles n’ont pas de quoi être jalouses tant les musiques se révèlent toutes aussi belles que mélancoliques (mention spéciale à l’air du Sanatorium). Ajoutons à cela des temps de chargement ridicules et aucun bug rencontré durant notre partie : un vrai élixir d’amour.

Test réalisé sur Xbox Series X (optimisé)

Bilan

On a aimé :
  • Une direction artistique exquise
  • Des dialogues de qualité, pleins d’humour
  • Un système de craft simple et accessible à tous…
On n’a pas aimé :
  • ... mais un bon niveau d’anglais est indispensable
  • Ici, plus qu’ailleurs, le plaisir de jeu ne sera pas le même pour tous
  • La répétitivité se fait vite ressentir et peut décourager
Charmed

Si tant est qu’on maîtrise la langue de Shakespeare, comment ne pas tomber sous le charme de Wytchwood ? Mais comme de nombreuses sorcières, sa beauté formelle et son histoire intrigante dissimulent des cicatrices bien réelles : un manque de renouvellement des mécaniques de jeu basées sur le craft, de nombreux allers-retours et une difficulté en dessous de la moyenne. Quoi qu’il en soit, cette sorcière ne laissera personne insensible : qu’on l’aime ou pas !

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Wytchwood

PEGI 7

Genre : Action

Editeur : Whitethorn Digital

Développeur : Alientrap

Date de sortie : 09/12/2021

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch