Je me souviens encore avec émotion de ma première rencontre avec une version 3D de Sonic. Le ciel était chargé de nuages, soit un temps idéal pour s’enfermer devant sa télé. Et cela tombait bien car avec mon groupe d’amis de l’époque on s’était retrouvé chez l’un d’entre eux qui voulait nous faire découvrir une console incroyable qu’il s’était procurée en avant-première directement du Japon. Cette console, petite, grise, carrée, affublée d’un petit tourbillon rouge sur son capot, c’était la Dreamcast et le premier jeu qu’il inséra dedans fut Sonic Adventure. Quelques minutes plus tard, j’avais les cheveux comme le hérisson bleu, des étoiles plein les yeux, une envie furieuse de revoir les orques apparaître derrière Sonic pour détruire le ponton de l’île paradisiaque sur laquelle il fonçait à toute allure. J’avais été en quelques minutes marabouté par le grand Sega et j’ai rongé mon frein jusqu’à la sortie officielle de la console sur le sol européen. Je pensais alors innocemment que la route de mon nouveau héros allait se poursuivre à toute vitesse et en 3D dans un véritable feu d’artifice d’extase, de vitesse et de plaisir. Les années ont passé, j’ai perdu mes cheveux et Sonic a subi les affres d’épisodes 3D peu inspirés, à la maniabilité hasardeuse, moyens, malgré quelques bonnes surprises dont Sonic Colours fait partie.
L’épisode de la rédemption
Sonic Colours est le dernier Sonic à être sorti sur Wii juste après deux épisodes en demi-teinte, Sonic Unleashed et Sonic et le chevalier noir, qui ont fortement fait douter quant à l’avenir vidéoludique du hérisson de Sega. J’en profite pour faire un coming out pas bien glorieux. Malgré la maniabilité horrible de Unleashed par moments, j’en garde un bon souvenir. Allez-y, jetez-moi vos tomates virtuelles… Voilà, j’enchaine sur le fait que je n’avais jamais touché à la version Wii de Sonic Colours de l’époque, l’avis qui va suivre est donc celui d’un joueur qui pose un regard tout neuf sur un vieux jeu sorti en 2010. Sonic Colours Ultimate est un remake plutôt propre avec une technique qui ne pique pas les yeux, aidé il est vrai par le design très épuré et rond de la série. Les niveaux sont jolis, la sensation de vitesse est bien là et les animations sont fluides, seules les cinématiques directement issues de la version originale rappellent l’âge du jeu.
Les Sonic ne s’embarrassent pas de scénarios complexes et Sonic Colours ne déroge pas à la règle. Inutile de préserver secrète l’identité du méchant de service vu que l’on retrouve dans ce rôle le charismatique Dr. Eggman. Ce dernier a ouvert un parc d’attractions dans une de ses stations orbitales. Comme Sonic est d’un naturel suspicieux quand il s’agit des affaires du Dr. Eggman, il décide de mener l’enquête pour découvrir que le savant fou a capturé des gentils-mignons-tout-plein extra-terrestres auxquels il souhaite voler les pouvoirs : les Wisps. Et hop, voilà, c’est parti pour l’exploration de la station orbitale, de ses univers divers et variés en dévalant à 200 à l’heure des niveaux remplis de bumpers, de loopings, de grind tout en détruisant des robots à tout va à l’aide de la traditionnelle et téléguidée Homing Attack !
Un Sonic original mais sans âme
Les habitués des Sonic 3D ne seront donc pas dépaysés, tous les ingrédients sont là, même la maniabilité hasardeuse liée à une physique toujours un peu flottante. Sonic Colours Ultimate alterne régulièrement les points de vue avec une caméra qui suit sans mal l’action, ce qui est un exploit pour un Sonic de cette époque. Chaque niveau de Sonic Colours Ultimate se traverse à cent à l’heure, les séquences 3D rapides alternent avec celles en 2D plus lentes et axées plate-forme. L’originalité de Sonic Colours Ultimate se situe dans les pouvoirs que donnent les Wisps à Sonic, permettant de traverser des murs, de réaliser des vrilles, de creuser à même le sol. Ils sont essentiels pour explorer pleinement les niveaux. Étant donné que ces derniers se débloquent au fur et à mesure de notre progression, le 100% ne pourra être réalisé qu’en revenant systématiquement sur les niveaux déjà parcourus, afin d’y récupérer les dernières étoiles rouges ou d’y trouver les quelques sorties alternatives vers les niveaux secrets.
Sonic Colours Ultimate rappelle par ce côté l’exploration de Super Mario World. Revenir dans les niveaux pour chercher le perfect est une bonne idée mais elle nuit globalement à leur homogénéité. Leur structure donne une impression chaotique conduisant à un manque cruel d’unité et de cohérence. Les précédentes productions en 3D du hérisson comme Sonic Adventure 1 et 2, Sonic Generations (voire même quelques niveaux de Sonic Unleashed, je vous avais averti en début de test), proposaient parfois des stages remarquables pour leur côté spectaculaire et grisant, ce n’est pas le cas ici. Sonic Colours Ultimate malgré sa proposition originale a bien du mal à faire ressortir une aspérité sur laquelle accrocher notre intérêt, il lasse plus qu’il ne passionne ou surprend.
Un vrai remake
La version Ultimate de Sonic Colours ne propose pas qu’un lifting de façade correct, il ajoute aussi quelques petites nouveautés comme le Tails Save. Pour simplifier, il s’agit de checkpoints bonus, qui après une chute mortelle nous renvoient directement à la dernière plate-forme et non pas aux vrais derniers checkpoints qui sont eux assez distants les uns des autres. La version Ultimate allonge aussi la durée de vie mais essentiellement pour les amateurs de 100 %. Trouver la moitié des anneaux étoile rouge des niveaux débloque le Sonic Rival Rush, un mode dans lequel on va devoir battre Metal Sonic dans une course endiablée. Les plus courageux qui trouveront la totalité de ces anneaux pourront même débloquer Super Sonic !
Sonic Colours Ultimate offre aussi la possibilité de tuner notre Sonic à l’aide de divers accessoires que l’on peut acheter en boutique avec des pièces récupérées dans les niveaux. L’intérêt de cette option peut se discuter mais elle a au moins le mérite d’exister. À noter que le jeu rame étrangement lorsqu’on accède à la boutique dans le menu. Les amateurs de gros son devront se contenter de la bande-son originale agrémentée de quelques titres remasterisés et de quelques nouveaux morceaux. Tous les goûts sont dans la nature, certes, mais certains d’entre eux méritent de rester dans une nature bien éloignée de la nôtre tout comme le doublage français totalement horripilant… Le test a été effectué sur Xbox One X.