Test - NBA 2K22 (Xbox Series) - Un coin d’enfer niché au cœur du paradis

«L’enfer, c’est la ville - Proverbe campagnard» , - 1 réaction(s)

Depuis vendredi dernier et à deux semaines et demie de l’ouverture de la saison régulière de NBA, les passionnés de basket s’échauffent déjà les pouces sur NBA 2K22. Le dernier opus de la franchise de Visual Concepts, référence en matière de simulation de sport, a toutefois des choses à prouver cette année, notamment pour sa version sur Xbox Series X|S et PS5. Globalement, nos attentes étaient trop grandes en 2020 et la claque tant attendue ne fut qu’une giflette. Pire, le jeu en ligne lié à Mon Joueur était décevant et les serveurs dédiés à ce mode populaire s’étaient rapidement dépeuplés. Une année plus tard, le studio a communiqué sur son dur labeur afin de corriger ces vilains défauts et proposer un millésime enfin digne de nos avions de chasse vidéoludiques. Enfilons notre costume de procureur et entamons notre réquisitoire.

La parole est à la défense

Trae Young, la révélation des playoffs 2021

Comme tout fan de NBA, la première chose qui nous intéresse dans une nouvelle itération de 2K est de ressentir manette en main les modifications du gameplay légendaire qui a fait la réputation de la franchise. Influencé par la polémique liée à la nouvelle mécanique de tir de l’épisode précédent, Visual Concepts impose cette année par défaut une jauge de tir verticale plus traditionnelle et appréciée par la communauté. La fenêtre de réussite est dorénavant dynamique. Celle-ci s’agrandit ou rétrécit selon la capacité du tireur, la fatigue et la pression défensive subie. Nous saluons ce choix qui retranscrit sur les parquets virtuels des situations plus conformes à la réalité. Petite nouveauté, il arrive que certains tirs à trois points importants soient mis en valeur via l’apparition d’une cutscene. Surprenante au départ, on finit par s’y habituer et apprécier cette petite gourmandise. Une jauge de timing a également été ajoutée pour la finition des alley-oop et dunks spectaculaires. Il faut appuyer sur une des commandes de tir au bon moment pour réussir l’action finale sous peine d’échouer lamentablement.

La ferveur des fans de Seattle... pour la WNBA

Cette année, les développeurs ont mis le focus sur la défense, l’un des principaux défauts de l’épisode précédent. Les mécaniques de contestation et de contre ont été retravaillées. Force est de constater que le résultat est probant. Pour les amateurs de défense intensive, c’est un réel plaisir de harceler le porteur du ballon, que l’on soit une teigne à la Pat Beverley ou un monstre de la raquette. Les mouvements paraissent plus réactifs, précis et tranchants. Les interceptions ont été remaniées et semblent plus naturelles et logiques. Les pertes de balle par simple contact sont moins fréquentes, là où il suffisait parfois de bousculer l’adversaire pendant sa course, même avec un piètre défenseur, pour récupérer le ballon. Et que dire des nouvelles animations des contres ? Tous ceux qui avaient pris la mauvaise habitude de forcer vers le panier pour claquer un dunk sur la tête des intérieurs “sans défense” vont vite y réfléchir à deux fois dorénavant. À l’opposé, les amateurs de défense au poste se régaleront avec le sentiment qu’il est désormais possible de rendre la raquette beaucoup moins accueillante. Ne surestimez pas nos propos, il demeure toujours possible de postériser un géant de 2m10, mais ce n’est plus une quasi formalité et un slasher reconnu est fortement recommandé.

Le studio a poussé plus loin sa réflexion sur la défense en modifiant les systèmes défensifs et le comportement de l’IA. Par le passé, cette dernière montrait rapidement ses limites et avait tendance à ne pas trop aider le joueur sur pick and roll et quelques systèmes tactiques cheatés. Les joueurs attentifs à ces détails savaient parfaitement profiter des failles. Cette année, la défense de l’IA semble plus intelligente pour contourner les écrans et utiliser les rotations. Nous verrons au fil du temps si de nouvelles failles s’avèrent exploitables à outrance, en attendant nous sommes plutôt satisfaits du travail effectué par les développeurs sur cet aspect important du jeu.

Toujours plus de réalisme et d’immersion en mode NBA

Le jeu au poste est plus gratifiant cette année

Bien entendu, l’aspect offensif a subi également quelques modifications. Dribbler efficacement quelques secondes est devenu encore plus accessible, par exemple pousser le stick droit vers le haut effectue un cross. Il suffit donc d’appuyer rapidement plusieurs fois vers le haut pour enchaîner automatiquement les cross sans se soucier du timing. Toutefois les rois du dribble et du skill ne seront pas déçus car tout l’art du dribble consiste à jouer avec le tempo, les réactions de l’adversaire et l’enchaînement approprié de combos. Un excellent défenseur arrivera facilement à gêner les dribbles stéréotypés des néophytes mais suera des gouttes face aux clones de Uncle Drew. Pour aider les défenseurs, Visual Concepts a considérablement accéléré la perte d’énergie via la jauge d’endurance. Si cette dernière se régénère facilement à l’arrêt, en mouvement elle fond comme neige au soleil, rendant finalement les scènes plus réalistes. Espérons que le studio tienne face aux pressions de certains joueurs sur les réseaux sociaux réclamant déjà un assouplissement de ce choix de gameplay. Les joueurs au poste ne seront pas en reste puisque de nouvelles animations et possibilités de feintes ont été ajoutées pour densifier leur panel offensif. Que ce soit défensivement ou offensivement, il n’a jamais été aussi plaisant de jouer avec un big man sur NBA 2K.

Un match de NBA est un vrai show !

D’une manière générale, les compétences réelles des joueurs de la Ligue semblent mieux respectées dans la simulation. Les animations des joueurs sont plus fluides et naturelles et le gameplay plus rapide et précis. Le tout est magnifié par les 60 FPS constants et des graphismes de haute volée. Vous l’avez compris, nous sommes bluffés cette année par une recherche constante de plus de réalisme et l’amélioration significative d’un gameplay déjà excellent par le passé. Cette quête vers un réalisme exacerbé est symbolisée par l’ajout tant attendu des véritables voix des speakers officiant dans toutes les salles de la Ligue. Quelle jouissance pour le fan des Sixers d’entendre les tirades emblématiques du charismatique Matt Cord dont le célèbre “Joel The Process Embiiiiiiiiiid” à chaque panier du géant camerounais ! Cet apport change tout pour les amoureux de la NBA et pousse l’immersion et l’authenticité à un degré jamais atteint jusqu’à maintenant. Du moins pour les modes de jeu classiques NBA…

Tales of VC

La carte de l’angoisse

Visual Concepts avait introduit The City l’année dernière, dans un souci d’offrir un monde ouvert toujours plus grand. Mais comme le dit si bien le philosophe Michel Seydoux : “Moi je suis pour le plus avec le plus mais pas le plus égale le moins n’égale pas plus”. Résultat, la ville était disproportionnée par rapport au nombre de joueurs présents sur les serveurs donnant une allure de ville fantôme, sans compter les nombreux problèmes techniques inhérents à ce choix. Cette année, le studio persiste dans son idée et pousse même le concept à son paroxysme en intégrant directement le scénario et la mise en scène de Ma Carrière dans l’enfer de The City. Finies les productions de Spike Lee ou de SpringHill Entertainment, place désormais aux mécaniques RPG. Le nouveau Tales of Arise n’a qu’à bien se tenir, nous avons maintenant dans NBA 2K un système de quêtes pour nous “livrer une narration unique et captivante”. Si notre ironie transpire à travers ces dernières lignes, nous avons pourtant laissé la chance au produit et le début semblait prometteur.

Chaque université apporte un bonus différent

Nous incarnons MP, un avatar créé de toutes pièces selon notre goût et notre choix de poste sur le terrain. Celui-ci vient de terminer son cursus de lycéen et jouit d’une certaine popularité via sa propre chaîne Youtube. Accompagné de son conseiller et ami Ricky Bennett, le moment est venu de choisir son chemin pour atteindre la sainte NBA, soit directement avec l’espoir d’être choisi au second tour de la Draft, soit par l’intermédiaire de la G-League ou du cursus universitaire traditionnel pour espérer monter au classement de la fameuse machine à recycler la Ligue. Pour nous aider dans notre choix, nous parcourons la ville et rencontrons nos premiers PNJ. Clin d’œil à l’historique de la franchise, nous écoutons les conseils de Che et de AI, nos anciennes incarnations dans les opus 2K19 et 2K20, avant de prendre notre première grande décision. Pour une fois, nous avons enfin la liberté de choisir notre début de carrière, élément imposé par le passé en fonction du scénario annuel. C’est un réel avantage de la nouvelle formule et nous l’avons apprécié. La promesse d’un roleplay jouissant d’une grande liberté démarre sous les meilleurs auspices.

La carrière insiste pour développer notre marque

Malheureusement, nous nous confrontons rapidement aux limites de cette nouvelle proposition et aux aberrations que cette dernière engendre. Comment concilier une carrière d’un joueur NBA avec une ville utopique qui met en lumière la vie d’un basketteur de quartier ? Avec du bricolage qui ruine toute l’immersion. Par exemple, on démarre notre aventure dans un petit appartement partagé avec Ricky. Nous choisissons de poursuivre notre carrière à l’université du Connecticut, qui au passage est une séquence très réussie. Bien que l’université puisse être à l’autre bout du pays, nous restons dans le même appartement de The City. Vient le moment tant attendu de la Draft et notre sélection chez les Pistons de Détroit, qui au passage est une séquence ratée. Cette fois-ci, nous changeons d’appartement… pour atterrir 50 mètres plus loin et bien entendu toujours dans The City. Beaucoup s’en moqueront mais pour les autres dont nous faisons partie, ce n’est qu’un exemple révélateur d’une des nombreuses incohérences, tellement grossières qu’elles sabotent complètement l’expérience. Sans compter que le sentiment de liberté ressenti au début subit quelques assauts au fur et à mesure de la progression. Que ce soit par les questions de journalistes ou des quêtes secondaires, on nous fait bien comprendre avec une insistance exagérée qu’il serait intéressant de faire grossir sa marque et devenir une star de la mode et de la musique Hip-Hop, même si nous ne le souhaitons pas. Pourtant, comme dans les bons RPG, certains choix moraux et situations sont très intéressants à suivre, notamment les coups de pression médiatiques du trashtalker Kendrick Perkins. De plus, le nombre de PNJ intervenant dans l’histoire n’a jamais été aussi élevé et l’ajout de Saisons toutes les six semaines avec de nouvelles quêtes devrait apporter une consistance remarquable pour tenir l’année.

Le skate permet de se déplacer plus vite

Malgré ces bonnes intentions, la carrière souffre également de défauts de jeunesse des RPG en monde ouvert que les habitués du genre ne supportent plus. Préparez-vous à de nombreux allers-retours (même si les développeurs ont quand même intégré un déplacement rapide pour retrouver son appartement), à un rythme décousu, à des dizaines de signaux lumineux sur la carte brouillonne de la ville, à un gestionnaire de quêtes qui déborde. Plus surprenant et inadmissible après un an, The City n’est plus vide mais souffre encore de gros problèmes techniques malgré nos consoles de dernière génération : chutes de framerate effroyables, bugs de collision, animations d’une autre époque, PNJ et autres joueurs transperçables, direction artistique générique, temps de chargement nombreux, etc. Sous prétexte de nous faire vivre une carrière de joueur NBA des plus immersives, Visual Concepts nous offre une expérience utopique de basketteur dans une ville imaginaire cauchemardesque centrée autour de la balle orange, la culture de la “génération NBA” et la dépense des VC, monnaie virtuelle du jeu. Même Orwell n’aurait pas osé l’imaginer. Nous sommes convaincus qu’il est temps de séparer le mode Ma Carrière du mode Mon Joueur afin de permettre à la carrière de suivre un rythme plus approprié, déconnecté des VC, mais c’est à l’opposé de la feuille de route suivie par Visual Concepts.

Faites place à l’orgie de contenu

Le temple de la consommation

Si l’intégration de Ma Carrière dans la ville nous a finalement déçus, NBA 2K22 demeure un modèle en termes de contenu et de modes de jeu disponibles. Dans The City, nous retrouvons les traditionnels Parks aux quatre coins de la carte, les affiliations déjà présentes l’année dernière, le REC Center et autres activités. Il nous est impossible avec ce test de juger le Pro-Am et le Park. Cela demande beaucoup trop de temps afin de constater les failles du gameplay et la fiabilité des serveurs, qui n’ont jamais eu bonne presse auprès de la communauté et montraient déjà des signes inquiétants. Concernant le Park, les matchs effectués nous ont permis de constater rapidement l’efficacité monstrueuse des nouvelles animations de contre et il n’était pas rare de voir un intérieur, doté d’une faible évaluation au général, gober le ballon avec une main de manière exagérée plusieurs fois dans le même match. En même temps, le gameplay du Park n’a jamais cherché le réalisme mais a toujours penché vers le spectaculaire. Sachez que cette année on peut jouer entre autres en 3 vs 3 contre l’IA et en 1 vs 1.

Autre mode populaire de NBA 2K, Mon Équipe (différentes activités à base d’une collection de cartes) subit un léger lifting avec le retour de l’activité Draft My Team. Celle-ci consiste en une partie multijoueur où nous formons une équipe complète à l’aide de cartes sélectionnées au hasard. L’ajout de l’épreuve Les 100 à l’activité Triple Menace en ligne est également à souligner. Au début de chaque partie, nous avons 100 points. À l’issue de chaque match, le nombre de points marqués par l’adversaire est soustrait à ces 100 points. La partie se termine quand on atteint 0 et le but est donc de bien défendre le plus longtemps possible afin d’obtenir de meilleures récompenses. Sachez que les cartes de la collection ont connu pas mal de changements, mais rien qui ne révolutionne la formule, des modifications plus pour la forme que le fond. Dans l’ensemble, Mon Équipe demeure un mode de jeu hyper complet en solo ou en ligne et fascinant, malgré la tentation de dépenser facilement des VC.

Parmi les modes de jeu principaux, faisons le point sur les deux qui se rapprochent du monde réel. The W, consacré à l’univers féminin de la WNBA, monte légèrement en puissance. Introduite l’année dernière, la carrière d’une joueuse pro que nous incarnons s’enrichit d’une nouvelle progression des insignes, de trois activités à faire en période de repos et de contacts plus nombreux avec les stars de la Ligue féminine.

NBA Manager 2022

Enfin, Ma NBA, le mode préféré des amoureux de cette compétition exceptionnelle, revient dans une édition qui pousse un peu plus loin le réalisme. C’est ce mode qui permet de profiter intensément de l’excellent travail effectué par le studio sur le gameplay et l’ambiance magnifique d’un match de NBA. Cette année, ceux qui le souhaitent pourront gérer un staff pléthorique (le mode est paramétrable à souhait). Dénicher les coachs, managers, médecins et spécialistes talentueux peut transformer l’évolution de l’équipe et même de la franchise à moyen terme. Les autres nouveautés sont la refonte des entraînements et une gestion améliorée de l’équipe lors des matchs simulés, soit des ajouts mineurs qui n’intéressent que ceux qui s’occupent des moindres détails et vivent à fond leur rêve d’être un GM reconnu.

Le jeu est compatible avec la fonctionnalité “quick resume” de Microsoft.

Testé sur Xbox Series X.

Bilan

On a aimé :
  • Le gameplay en match NBA encore plus impressionnant et réaliste
  • L’ajout des speakers officiels pour une immersion toujours plus folle
  • Ma NBA au top et Mon Équipe hyper complet
  • The W toujours rafraîchissant
  • La liberté de choix et les dilemmes intéressants de Ma Carrière
On n’a pas aimé :
  • The City : mégalo, fade et techniquement chaotique
  • Les incohérences fâcheuses suite à l’intégration de Ma Carrière dans The City
  • Le forcing pour devenir star de la mode et de la musique dans Ma Carrière
  • Les problèmes récurrents liés aux serveurs
Quatre mariages et un enterrement

En améliorant de manière significative l’expérience d’un match de NBA en termes de gameplay, d’ambiance sonore et de qualité graphique, jamais le jeu n’a été aussi beau, passionnant, immersif et réaliste. Avec un contenu gargantuesque et des modes de jeu à foison, tous a minima de grande qualité, il est impossible de ne pas trouver son bonheur. Toutefois, la grosse déception provient de Ma Carrière. L’idée d’imbriquer celle-ci à l’univers de The City paraît bonne et logique sur le papier, vu l’orientation que suit le studio depuis des années. Malheureusement, la présence de mécaniques RPG désuètes et les incohérences d’une carrière d’un joueur star NBA corrélée à une simulation de vie d’un joueur de quartier (même “légendaire”) deviennent de plus en plus problématiques et gênantes au fil de la progression. L’expérience devient même exaspérante malgré un début prometteur et des situations scénaristiques intéressantes, à cause de l’environnement de The City qui souffre de lacunes techniques ruinant encore plus l’immersion. À l’avenir, séparer vraiment les modes Ma Carrière et Mon Joueur permettrait de profiter du meilleur des deux mondes plutôt que de persister dans ce mariage bancal voué à l’échec. Certainement un vœu pieux.

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NBA 2K22

Genre : Sport

Éditeur : 2K Sports

Développeur : Visual Concepts

Date de sortie : 10 septembre 2021

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 4, PC Windows

1 reactions

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EverFish

16 sep 2021 @ 11:54

Possesseur du jeu depuis sa sortie, j’ai commencé un my NBA et bien que le mode est similaire à l’année précédente, les parties graphique, audio et gameplay sont amplement meilleures. Comme cité dans le test, la défense est plus resserrée et la différence de point se mérite (alors que dans le 21, je mettais facilement 30 points en all star). J’ai vite fait commencé une carrière mais ça m’a l’air bien laborieux, je ne parle même pas du scan de visage qui me donne 2 bouches. Bref cet opus est pour moi meilleur et sent la nouvelle génération