Test – Song of Horror – Mort aléatoire

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Disponible depuis le 28 mai, Song Of Horror est un survival horror à la troisième personne, développé par Protocol Games. Inspiré des jeux les plus cultes du genre et des œuvres fantastiques de H.P.Lovecraft, la première création du studio espagnol nous offre la possibilité d’incarner tour à tour 16 personnages. Ils ne seront pas de trop pour résoudre le mystère qui entoure une boîte à musique à l’origine de disparitions inquiétantes. Particularité du titre : la Mort n’a jamais aussi bien porté son nom puisqu’elle frappe sans prévenir et de façon “définitive”…

Nous ne sommes pas seuls...

Un air de déjà-vu

Daniel Noyer rentre chez lui fatigué après une longue journée de travail au sein d’une maison d’édition. Alors que le quarantenaire s’apprête à profiter d’un repos bien mérité, ce qui implique néanmoins de combattre ses anciens démons liés à l’alcool, le téléphone retentit. Il doit rendre un dernier service à son employeur en se rendant chez un écrivain qui ne répond plus aux diverses sollicitations. Sans d’autre choix que d’accepter, il s’engouffre dans sa voiture pour se rendre au plus vite à l’adresse indiquée. Une fois sur place, notre protagoniste va rapidement réaliser que le domicile est vide et que quelque chose ne tourne pas rond. Ainsi débute notre aventure.

L’histoire de Song of Horror est divisée en cinq chapitres principaux dont la durée varie de 3 à 5 heures, selon notre capacité à survivre et à résoudre les énigmes. Chaque niveau permet, outre le fait d’avancer dans notre quête de réponses, de changer d’environnement mais aussi de personnage.

Le scénario, bien qu’il se laisse découvrir agréablement, s’appuie sur des ficelles vues et revues et des références trop appuyées pour se démarquer de la concurrence.

Conjuring : Boîte à musique

Comme dans tout bon survival horror, Daniel et ses associés vont devoir survivre à bien des dangers tapis dans les recoins des différents niveaux.

Si le titre de Protocol Games partage bien des inspirations avec ses aînés, sur lesquels nous reviendrons plus tard, il ne tarde pas pour autant à s’affirmer en tant que jeu porté sur la narration plus que sur l’action. À l’instar de l’excellent Until Dawn (2015), Song of Horror ne nous permet pas de combattre « l’ennemi » à l’aide d’un arsenal militaire. La réflexion et la rapidité d’action demeurent nos seules armes tout au long des 20 à 25 heures que dure le titre.

D’une maison abandonnée, à une abbaye sous la neige en passant par le non moins fameux hôpital psychiatrique, le jeu fait le pari de la narration par le décor et par la lecture de documents trouvés ici et là. Les clins d’œil au fantastique et à l’horreur sont bien évidemment nombreux avec la présence de miroirs brisés, de poupées de chiffons, de dessins d’enfants macabres et de la fameuse boîte à musique maudite.

Pas très feng shui.

Si le jeu demeure avare en action, il jouit cependant d’une ambiance lourde et sombre qui n’a rien à envier à certaines perles du genre. Ainsi, les personnages que l’on incarne doivent s’engouffrer toujours plus profondément dans les ténèbres, briquet ou lampe torche à la main, quitte à se faire cueillir par la mort au détour d’un couloir trop silencieux.

Débordant de références, aussi bien dans la forme que dans le fond, Song of Horror arrive bien difficilement à esquisser une identité propre, et ce même si la tension demeure palpable tout du long, pour notre plus grand plaisir.

Alone in the Resident Hill

Ce malaise qui parcourt le jeu doit pour beaucoup aux plans fixes choisis par le studio espagnol. Ces plans de caméra, hommage évident aux productions des années 90 parmi lesquelles les magistraux Alone in the Dark (1992) et Resident Evil (1996), utilisent une angoisse vieille comme le monde : la peur de ce qui se cache hors de notre champ de vision. Si l’imagination débordante des joueurs que nous sommes joue un rôle non négligeable, la capacité des développeurs à nous propulser dans des décors inquiétants est également à souligner.

La gestion du hors-champ est souvent exemplaire.

Ce travail artistique est parfaitement complété par des musiques et un sound design de qualité qui nous donnent la chair de poule à de nombreuses reprises. Qu’il s’agisse des poutres d’une vieille bâtisse qui craquent ou d’une porte qui claque, les occasions de sentir son rythme cardiaque s’emballer sont nombreuses. On ne saurait que trop inviter les joueuses et joueurs à tenter l’aventure avec un casque, pour profiter pleinement du travail effectué.

Le jeu bénéficie d’une VOST somme toute correcte, même si certaines erreurs de traduction sautent aux yeux, notamment à la lecture de documents récoltés durant notre périple.

“T’as pas une gueule de porte-bonheur”.

Comme de nombreux jeux avant lui, la qualité de cette direction artistique vient malheureusement contrebalancer une technique souvent prise à défaut. Ainsi, la modélisation des personnages vient nous rappeler que nous sommes face à un projet indépendant. D’autres faiblesses sont à pointer du doigt comme des cinématiques façon artworks qui manquent terriblement de charme, une mise en scène proche du néant et un trop plein de points d’intérêt qui n’ont d’intérêt que leurs noms.

Raide dead

Au-delà de leur aspect physique, les protagonistes semblent manquer de souplesse une fois la manette en main, en plus d’être particulièrement lents. Cela ne manque pas de nous faire grincer des dents lorsque la Mort nous oblige à accélérer le pas. Il s’agit là d’un défaut assez inhérent aux survival horror et Song of Horror construit son gameplay sur les bases des ténors du genre : caméras fixes qui ne changent d’angle de vue que lorsque l’on atteint la limite du cadre, interaction avec l’environnement très limitée et résolution d’énigmes plus ou moins ardues.

Sur ce dernier point, Song of Horror fait fort puisque sans se trouver face à des énigmes sorties tout droit de Myst (1993), certains casse-tête requièrent des compétences dont peu d’entre nous disposent. Ainsi, le système hexadécimal ne semble pas être connu du plus grand nombre. Nous émettons alors un doute sur la capacité des joueurs à conclure le second chapitre sans recourir à une solution. Pour être tout à fait honnête, nous y avons fait appel un certain nombre de fois !

Mais dès lors, en quoi le jeu se démarque-t-il de la concurrence, si ce n’est par sa volonté de nous faire incarner plusieurs personnages au choix, même si ce système de jeu avait déjà été mis en place dans Obscure (2004) ?

Song of Horror a cela d’innovant que la mort d’un personnage est définitive. À chaque chapitre, le groupe de personnages dont nous disposons est en partie renouvelé. Mais si tous meurent avant d’avoir vu le bout du niveau, il nous faut recommencer l’intégralité du chapitre. Dès lors, il faut prendre soin de choisir judicieusement le personnage qui nous importe le moins. Car sans connaître le déroulement du chapitre, il y a fort à parier que ce dernier connaisse un sombre destin. De plus, le choix du personnage peut offrir quelques avantages comme une meilleure visibilité selon la source lumineuse en sa possession ou des QTE plus simples.

La faible portée des sources de lumières peut réserver quelques surprises.

Malgré tout, la perte de protagonistes n’aura quasiment aucun impact sur le déroulement de l’histoire dans les chapitres suivants. C’est regrettable mais tout à fait acceptable étant donné que le développement des personnages est aux abonnés absents. Pour terminer le jeu, le seul objectif est donc de voir le bout de chaque chapitre avec au moins un survivant.

Et cela s’avère bien plus compliqué qu’il n’y paraît car la « Présence » qui rôde dans les différents niveaux nous emporte avec elle à la moindre erreur. Sur ce point, le jeu paraît parfois injuste puisque certains éléments, qui paraissent anodins, nous entraînent vers une mort inéluctable.

Un mode de difficulté “facile” permet aux moins téméraires d’entre nous de charger un point de contrôle suite à la mort d’un personnage. Cette option nous éloignant de la vision que souhaitent offrir les développeurs à travers la mort permanente, nous déconseillons néanmoins de la sélectionner lors d’une première partie. L’utiliser revient à passer à côté de ce qui fait le sel du jeu.

Cette créature apparaît à différents moments de l’aventure de manière plus ou moins scriptée. Ainsi, certains QTE, parfois loin d’être évidents, peuvent se déclencher à tout moment, selon le taux de stress mais également selon nos actions. Ce taux de stress n’est pas visible mais peut être perçu via le rythme cardiaque de notre personnage. Inspirés d’Eternal Darkness : Sanity’s Requiem (2002), les effets de ce stress demeurent assez oubliables, à mille lieues des visions d’horreur offertes par son modèle en son temps.

Afin d’éviter ces mauvaises rencontres, nous avons la possibilité d’écouter aux portes avant de pénétrer dans une nouvelle pièce. Ce qui apparaît au départ comme une fonction anecdotique, se transforme rapidement en réflexe une fois notre premier personnage emporté à l’ouverture d’une porte.

Une substance noire suinte des murs. Il faut vite se cacher !

La « Présence » peut également se manifester en modifiant légèrement le monde qui nous entoure, comme le proposait Silent Hill (1999). Il faut entendre par là que nous disposons de quelques secondes pour nous cacher avant de mourir. De nombreuses autres apparitions de cette créature ont lieu tout au long du jeu. Nous ne souhaitons pas dévoiler toutes les surprises du titre car ces dernières ont du mal à se renouveler après plusieurs heures de jeu.

Enfin, c’est avec regret qu’il nous faut aborder le principal défaut de Song of Horror. Au cours de notre partie, 3 bugs nous ont empêché de terminer un chapitre pourtant bien entamé. Une telle recrudescence de bugs qui bloque la progression du joueur est suffisamment rare pour être soulignée. Ainsi, les objets clefs d’un personnage mort, pourtant indispensables pour continuer notre progression, ont disparu et l’interaction avec certains éléments du décor s’est également révélée impossible malgré une relance du jeu. Dans le cas d’un titre qui nous oblige à reprendre un chapitre depuis le début et donc à faire une croix sur plusieurs heures de jeu à la difficulté parfois aléatoire, cela est tout bonnement inexcusable. Certains forums font d’ailleurs état de divers bugs critiques répertoriés par des joueurs frustrés.

Test réalisé sur Xbox Series X (non optimisé)

Bilan

On a aimé :
  • Une direction artistique réussie au service d’une atmosphère oppressante
  • La possibilité de perdre définitivement un personnage participe au stress constant
  • Un prix correct pour une excellente durée de vie et une bonne rejouabilité (39,99€ pour 20 à 25 heures)
On n’a pas aimé :
  • La sensation d’injustice pointe parfois le bout de son nez
  • Le titre ne trouve jamais vraiment son identité et le scénario manque d’intérêt
  • Les bugs qui entravent la progression et obligent à recommencer un pan entier du jeu sont impardonnables
” Did I ever tell you the definition of insanity ? ”

Song of Horror est une véritable lettre d’amour au survival horror des années 90. Si le jeu de Protocol Games ne brille pas par son originalité, il a le mérite de proposer une aventure diablement efficace et retorse une fois plongé dans le noir. Certes, le manque d’intérêt du scénario et des personnages que l’on incarne vient gripper les rouages de cette production indépendante, mais ce serait oublier le sans-faute du titre dans sa proposition initiale : nous pousser à avancer malgré la menace sourde qui parcourt le titre. À l’heure du bilan, c’est avec amertume qu’il nous faut cependant souligner le surprenant défaut principal du jeu. Les nombreux bugs bloquant la progression risquent de faire fuir les joueurs n’ayant pas la patience de recommencer un chapitre. Chapitre au sein duquel ils avaient préalablement été punis par une “Présence” aussi imprévisible que redoutable. Frustrant.

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Song of Horror

Genre : Survival Action

Éditeur : Raiser Games

Développeur : Protocol Games

Date de sortie : 28 Mai 2021

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 4, PC Windows