Test - Warhammer Age of Sigmar : Storm Ground - L’éclair qui mériterait un petit buzz

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Publié en 2015 dans sa première édition par Games Workshop, Age of Sigmar, wargame de table avec figurines et successeur du célébrissime Warhammer Battles, n’avait pas encore connu les joies d’une adaptation vidéoludique. C’est chose faite depuis le 27 mai, avec le tout premier jeu du nouveau studio canadien Gasket Games, fondé en 2018 par des vétérans de l’industrie et anciens de Relic (Warhammer 40K : Dawn of War). Les amateurs de cet univers fantastique ou de jeu tactique attendaient de pied ferme, mais avec une certaine inquiétude, cette nouvelle proposition et nous pouvons déjà les rassurer, Warhammer Age of Sigmar : Storm Ground est une franche réussite, dans un style plutôt inattendu en solo : le roguelite tactique !

Une inspiration plutôt qu’une adaptation

Soyons clairs d’entrée de jeu, Storm Ground n’est pas du tout une fidèle adaptation du jeu de table. Oublions les grandes batailles épiques, les nombreuses unités, les différentes phases de jeu codifiées et les jets de dés. L’objectif du studio était de s’inspirer de l’univers d’Age of Sigmar pour proposer des escarmouches rapides et dynamiques, plus accessibles et propices pour attirer un nouveau public peut-être effrayé devant la complexité apparente d’une partie réelle sur table. Néanmoins, les habitués de wargame devraient trouver leur compte.

Ainsi, une bataille typique de Stormground se déroule sur un petit terrain de jeu, parsemé d’obstacles générés aléatoirement et découpé en damier hexagonal (pas besoin de la fameuse règle en pouces !), avec moins de dix unités d’un clan présentes à la fois. Les phases de jeu restent en tour par tour mais sont simplifiées et peuvent se résumer grossièrement pour chaque unité en une phase d’action, précédée ou non d’une phase de mouvement. Toutefois, les options tactiques restent nombreuses puisqu’on devra créer impérativement de bonnes synergies entre ses unités pour espérer remporter l’escarmouche. Nous reviendrons plus en détail sur cet aspect ultérieurement.

Une autre particularité qui se remarque tout de suite pour les amateurs du jeu de table, chaque bataille dans Stormground commence la plupart du temps en mode campagne avec uniquement son héros. Les renforts s’ajoutent au fil des tours suivant le cumul de points de pouvoir et nos choix tactiques. En campagne, nous devons faire face la plupart du temps à deux, voire trois vagues successives d’ennemis. Ce tour de passe-passe des développeurs permet d’éviter une scène trop surchargée d’unités et de maintenir un certain confort de jeu.

Quitte à choisir, mieux vaut privilégier la qualité que la quantité

Ce que l’on ressent après de nombreuses heures de jeu est que les créateurs de Stormground ont tout fait pour maintenir un parfait équilibre entre les objectifs à atteindre et les moyens alloués au studio. Combien de jeux se sont effondrés car l’ambition des créateurs était démesurée en comparaison des ressources mises à disposition ? Ici, Gasket Games maîtrise son sujet et l’expérience de ses vétérans est un atout considérable. Alors oui, on peut se plaindre que le titre ne propose que trois factions et trois zones principales à visiter de fond en comble. Néanmoins, nous préférons de loin jouir d’un contenu restreint de grande qualité plutôt qu’un contenu pléthorique à la qualité douteuse.

Chacun des trois lieux est dominé par une des factions et dispose d’une direction artistique inspirée, bien qu’assez classique. Le lugubre manoir de Thanator, situé dans le royaume de la Mort de Shyish, est la propriété de la Reine des Cendres et des Nighthaunts. C’est le premier territoire que nous visitons en mode campagne. Les différents lieux de bataille du manoir mettent en avant les chemins pavés, faiblement éclairés par des torches, avec au loin le panorama des différentes tours et murailles de la demeure.

Le deuxième lieu proposé est le Fort Piquerance dans le royaume du Métal de Chamon, occupé provisoirement par les dégoûtants Maggotkin de Nurgle. Cette fois-ci, c’est un décor aux couleurs métalliques dorées, rongé par la corrosion et recouvert de matières organiques putrescentes. Enfin, la dernière zone est le majestueux Tronc Gris présent dans le royaume de la Vie de Ghyran et défendu par l’armée de Sigmar, les Stormcast Eternals. Les couleurs éclatantes de la végétation, associées aux rayons du soleil qui transpercent le feuillage de l’arbre géant donnent une ambiance féerique aux principaux endroits d’escarmouche.

Un soin particulier apporté aux décors et unités, mais...

Ainsi, les décors demeurent soignés dans l’ensemble et sont vraiment agréables à l’œil. De plus, le level design de certains niveaux est très bien conçu et donne du fil à retordre dans la stratégie à mener suivant l’emplacement de départ de notre héros. Nous avons d’ailleurs un coup de cœur particulier pour la carte des Abysses ténébreux du manoir de Thanator, qui propose un challenge tactique très intéressant avec son passage étroit coincé entre une zone surélevée propice à une embuscade et le vide causé par l’effondrement d’une partie de la tour. Néanmoins d’autres champs de bataille restent génériques et beaucoup moins inspirés.

L’attention et le soin portés aux décors se retrouvent sur les différentes unités des trois factions proposées. Celles-ci fourmillent de détails et l’on peut à la fois les admirer dans l’action sur le champ de bataille ou au repos dans le magasin d’équipement. Les animations des unités sont de qualité et les actions ou les sorts profitent d’effets lumineux réussis lors des affrontements. Nous prenons vraiment plaisir à observer les unités s’animer et combattre sur le champ de bataille.

Tout amateur des Warhammer connaît l’importance d’une belle figurine qu’il prend plaisir à peindre et à bichonner d’un amour éternel. Le studio ne devait pas se rater sur cet aspect de la personnalisation, malheureusement il ne propose que le strict minimum. Nous aurions aimé profiter d’un mode spécial dédié à l’admiration des figurines, comme par exemple celui des Batman Arkham, ou utiliser plus d’options de personnalisation de l’unité. Dans Stormground, seules les trois couleurs de la peinture d’armée (principale, secondaire et de finition) peuvent être modifiées selon notre goût, parmi une palette de 171 couleurs. Dommage.

Un cœur de gameplay qui a fait ses preuves

Là où Gasket Games ne s’est pas trompé concerne les mécaniques de gameplay. Ces dernières restent classiques pour les habitués des jeux tactiques, encore faut-il bien équilibrer les unités pour que le challenge soit intéressant et addictif. La chance de faire un jeu tiré de Warhammer est que toutes les unités d’une vingtaine de factions sont étudiées dans le moindre détail, pensées et réfléchies depuis des années dans cet objectif d’équilibre parfait. Le studio n’a donc pris aucun risque et a choisi trois factions aux gameplays différents pour nous offrir trois propositions de jeu bien distinctes et efficaces.

Lors d’un tour de jeu, on peut déplacer ou non ses unités et pour chacune d’entre elles choisir soit de lancer l’attaque classique de son arme, soit une aptitude spéciale. Ces dernières consomment souvent des points aethyr qu’on récupère à chaque tour de jeu afin de limiter leur utilisation. Les phases de mouvement et d’action sont imbriquées. Il ne faut donc pas hésiter par exemple à déplacer quelques unités pour éviter les effets secondaires d’une action puis revenir sur les unités précédentes afin d’accomplir leurs actions respectives. Chaque décision doit être mûrement réfléchie et calculée pour ne pas commettre une erreur qui coûtera cher. Même si nous retrouvons globalement des unités spécialisées dans le corps à corps, les attaques à distance ou la magie, les synergies et options tactiques efficaces diffèrent vraiment selon les factions.

Seulement trois factions mais aux styles de jeu bien différents

Les Stormcast Eternals, guerriers humains créés par Sigmar, jouissent d’une partie du pouvoir de foudre de leur créateur et sont vêtus d’une armure magique en sigmarite. Ils sont invoqués sur le champ de bataille autour de leur héros et donnent le meilleur quand ils sont disciplinés et placés côte à côte comme les légions romaines, profitant de bonus défensifs intéressants.

Les Nighthaunts, esprits et spectres au service de Nagash, profitent de leur surnombre pour agresser leurs adversaires en attaques rapides. Pour invoquer les troupes, le héros doit créer des foyers sur la carte alimentés par un feu follet qu’il peut générer gratuitement à chaque tour. Ce dernier sert également pour redonner une barre de santé aux troupes le traversant. Les Nighthaunts sont une faction efficace pour harceler et acculer son adversaire.

Enfin, les putrescents Maggotkin de Nurgle corrompent au fil du temps les cases du champ de bataille, ce qui apporte des bonus pour les troupes alliées et des malus pour les ennemis qui les traversent. Si on ajoute le fait que les unités d’assaut sont les plus lentes du panel avec une capacité de déplacement d’une case seulement par tour, une stratégie efficace pour les Maggotkin consiste à attirer son adversaire sur un terrain bien préparé pour faciliter la victoire. Les joueurs patients et vicieux prendront plaisir à diriger cette faction, peut-être la plus difficile à maîtriser.

Nous ne pouvons détailler exhaustivement toutes les possibilités de chaque unité, mais nous avons en particulier bien aimé les opportunités offertes par le terrain pour certaines d’entre elles. Ainsi, l’aptitude de langue fouetteuse chez certaines unités Margottkin permet de tuer automatiquement un adversaire si on parvient à l’attirer vers un piège naturel. De même, l’aptitude chez certains Stormcast Eternals de repousser un adversaire permet également d’éliminer directement une unité ennemie en la propulsant dans le vide.

Un contenu solo conséquent

Pour rendre l’expérience globale en solo encore plus intéressante et addictive sur la durée, les créateurs ont eu l’idée ingénieuse d’intégrer ces escarmouches tactiques réussies et riches en possibilités au cœur d’un système de jeu de type roguelite. Chaque échec nous fait recommencer une campagne mais les unités récupérées, leurs expériences emmagasinées, toutes les cartes de compétences et d’équipement placées sur nos unités sont conservées. Chaque campagne, peu importe le résultat, améliore notre roster et nous rend plus fort.

Chaque faction propose une campagne solo qui évolue différemment selon trois niveaux de difficultés. Au départ, seul le premier niveau est accessible, les autres se débloquent en remportant le challenge précédent. Les campagnes du premier niveau de difficulté nous emmènent dans un seul monde avec 6 à 7 batailles différentes et offrent du loot de basse qualité. Les objectifs des batailles tournent en boucle entre éliminer tous les ennemis, détruire une prison des âmes, tuer une cible ou capturer une porte ou barrière. Dès le deuxième niveau de difficulté, il faudra parcourir deux mondes et le loot devient forcément plus intéressant. Enfin, dans les campagnes de niveau trois, le nombre de mondes et de batailles n’évolue plus, mais les pics de difficulté et le loot sont souvent légendaires. Un petit conseil, réussissez à entrer dans les cryptes secrètes qui se débloquent en allumant 6 cases de certains champs de bataille, les trésors qu’elles protègent sont souvent très intéressants.

Pour éviter d’avoir le sentiment d’effectuer les mêmes campagnes, plusieurs embranchements sont possibles dans la traversée des mondes. De plus, certaines cartes génèrent aléatoirement la disposition de certains obstacles et terrains surélevés. L’effort est à souligner. Finalement, le principal défaut des campagnes concerne la mise en scène minimaliste des histoires. Ne rêvez pas de cinématiques de qualité à la Blizzard, elles sont absentes. Seuls des textes et quelques séquences audio simples des héros aux accents caricaturaux posent rapidement le contexte et accompagnent les événements lors des batailles. La bande-son reste également en retrait et aucun thème n’est marquant. Il est évident que peu de moyens ont été alloués sur ces éléments.

Une technique perfectible

Quitte à enchaîner sur les sujets qui fâchent, la partie technique mériterait des patchs salvateurs afin d’améliorer certains temps d’attente trop longuets qui interviennent par moment, même après une action anodine, ou de réparer quelques bugs ou crash qui nous empêchent de terminer une bataille. Heureusement, ces derniers demeurent rares pour ne pas gâcher définitivement l’expérience de jeu. Toutefois, il nous est arrivé d’être frustré en perdant une ou deux fois plus d’une demi-heure de jeu. Espérons que les développeurs rectifient rapidement ces désagréments.

Cependant, le plus gros défaut du jeu demeure le manque de visibilité lors de certaines batailles, surtout en présence d’unités très imposantes comme le Dracastral. Ce défaut pourrait être rectifié si les développeurs envisagent d’introduire la possibilité d’effectuer des rotations avec la caméra. En effet, nous pouvons uniquement zoomer ou la déplacer latéralement. Une simple rotation de l’échiquier permettrait de mieux visualiser certaines situations et unités cachées par le décor ou d’autres unités. Il nous est arrivé ainsi d’oublier de jouer une unité dans un moment crucial qui aurait pu faire basculer le sort de la bataille en notre faveur si ce défaut n’était pas présent. Rageant.

Si ces désagréments seront rédhibitoires pour certains joueurs, le jeu présente beaucoup plus de qualités pour ne pas nous décourager. À l’heure de l’écriture de ce test, nous avons fini les trois campagnes des Stormcast Eternals, les deux premières des Nighthaunts et la première des Margottkin de Nurgle. Nous sommes déjà à une trentaine d’heures de jeu et le contenu solo n’est donc pas entièrement terminé. Bon signe, nous sommes toujours motivés pour clôturer ces dernières campagnes.

Un multijoueur rudimentaire

Vous l’avez compris, le contenu solo est déjà très conséquent et permet d’apprendre à maîtriser en douceur les rosters des factions proposées. Les développeurs ont eu raison de miser avant tout sur le contenu solo. C’est leur premier jeu sur Age of Sigmar et ce titre doit permettre de convaincre l’éditeur et les joueurs qu’ils sont capables de créer une expérience de qualité dans le respect du lore de la franchise de Games Workshop.

Le mode multijoueur propose de prolonger l’expérience de jeu en jouant de simples batailles à la carte contre l’IA, contre des amis et des inconnus en ligne. Seules 4 cartes sont disponibles pour le moment, chacune en match à mort ou en destruction de la prison des âmes de chaque camp. Soulignons que la mort prématurée du héros de chaque faction met fin à la partie. Le mode multijoueur reste donc très sommaire pour le moment mais grâce au crossplay, nous avons pu facilement trouver des adversaires en cette période de lancement du titre. Espérons que le contenu s’étoffe à l’avenir.

Testé sur Xbox Series X

Bilan

On a aimé :
  • Le dynamisme des escarmouches
  • Le gameplay différent entre les trois factions
  • Le système roguelite réussi des campagnes solo
  • La rejouabilité importante
On n’a pas aimé :
  • Le manque de visibilité en présence de gros sprites
  • Les temps d’attente entre certaines actions anodines
  • Le mode multijoueur au rabais
Un petit coup de foudre pour Sigmar

Warhammer Age of Sigmar : Stormground est une franche réussite pour une première inspiration vidéoludique de la dernière édition du célèbre wargame sur table de Games Workshop. Le studio canadien Gasket Games nous offre une expérience de jeu de style roguelite tactique au tour par tour très convaincante, amusante et addictive. Certes, le cœur du gameplay se concentre sur des escarmouches avec moins d’une quinzaine d’unités présentes en même temps et ne propose pas les grandes batailles que l’on peut vivre avec le jeu sur table. Toutefois, les combats sont dynamiques et très tactiques pour satisfaire les vétérans et demeurent adaptés pour attirer un nouveau public. La présence de seulement trois factions peut également décevoir mais le choix de ces dernières reste très pertinent afin de proposer à chaque fois un gameplay différent. Si le titre trouve son public, d’autres lieux et factions pourraient rejoindre prochainement la mêlée. Ce serait entièrement mérité.

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Warhammer Age of Sigmar : Storm Ground

Genre : STR

Éditeur : Focus Home Interractive

Développeur : Gasket Games

Date de sortie : 2021

Prévu sur :

Xbox One, PC Windows