Test - Wartile - Trop loin du fantasme

«L’hexagone ne suffit pas à la figurine» , - 1 réaction(s)

Il était là, exhibant avec fierté ses captures d’écran. Il m’aguichait avec ses plateaux de jeu et ses hexagones. Ses figurines faisaient naître en moi un désir irrépressible, incontenable, m’ôtant toute raison pour ne laisser que pulsions et envie. Il avait gagné, je ne pouvais qu’accepter ma faiblesse et me lancer dans son test. Mû par le désir fugace de répondre à ce fantasme, j’allumai ma console et pris fébrilement ma manette entre mes mains moites. Il me susurra son nom, Wartile, avant de m’abandonner dans ses menus. Au loin, la Raison m’avertissait dans un cri qu’un fantasme se doit de rester inassouvi. Et je dois admettre que la Raison a rarement tort.

L’hexagone au pays des vikings

Côté design les figurines optent pour le sobre sans aucune originalité

Wartile se présente comme un jeu de plateau, un de ceux dont la seule ouverture de la boîte nous procure un orgasme tellement elle est gavée de figurines et de jetons. Wartile joue sur cette fibre-là, pour appâter le chaland. Je suis l’un de ces joueurs amateurs de jeu de plateau à figurines. Hélas le contenu de Wartile ne fait plus du tout rêver une fois que l’on jette un œil attentif libéré du filtre du fantasme. Il n’a pas réussi à convaincre le joueur que je suis, ni dans son fond, ni dans sa forme.

Commençons par la forme qui, à elle seule, avait réussi à me hameçonner. La direction artistique viking s’avère totalement éculée, un sentiment de “déjà-vu” prégnant qui n’arrive pas à disparaître lors de la découverte du bestiaire et des différents plateaux de jeu qui sont de neuf au total avec quelques variantes pour certains d’entre eux. Wartile respecte le cahier des charges du look viking sans même essayer d’y déroger d’un iota. Au final le jeu a du mal à accrocher le regard, à avoir sa propre personnalité. Les six personnages de base qui constituent notre équipe, à débloquer au fur et à mesure du scénario, sont tout aussi anecdotiques et j’ai eu beaucoup de peine à suivre leur périple narré par une voix monocorde accompagnée de textes ridiculement petits. Je n’aurai pas dit non à un petit coup de coude dans les côtes pour me sortir de ma torpeur.

Bon bin quand il faut y aller, il faut y aller !

Pour un féru de jeu de plateau comme je le suis, les figurines de Wartile m’ont laissé de marbre. La direction artistique déjà aux fraises nous offre en sus des figurines qui ne sont que des modèles 3D sur des socles. Rien pour titiller le côté joueur, une seule figurine de zombicide a plus de charme que l’ensemble de celles présentes dans Wartile. Je n’ai même pas eu de quoi étancher ma collectionnite aiguë. Les figurines des héros sont personnalisables mais avec des armes achetées, trouvées sur le champ de bataille ou débloquées comme trophées mais pas de possibilité de les personnaliser plus que cela, ni de pouvoir les observer dans leurs moindres détails. Wartile est un jeu de figurines sans ce qui fait le charme d’un jeu de figurines. Inutile de penser aussi examiner celles qui constituent le bestiaire, Wartile ne le propose pas. Je vais mettre de côté l’aspect jouet qui a clairement été laissé de côté par les développeurs à mon grand regret et vous parler du fond, du gameplay de Wartile…

Un jeu Canada Dry

« - Pourquoi as tu choisi cette taille de police ? Parle !! »

Voilà lâchée la référence ultime que seuls les vieux comprendront du premier coup. Le Canada Dry c’est une pub qui vantait le mérite d’un soda qui ressemblait à de l’alcool, qui avait la couleur de l’alcool, mais qui n’était pas de l’alcool. Pour des ados désireux d’être transgressifs, cet appel du pied est resté dans les mémoires comme les prémices d’alcooliques en devenir. Wartile c’est du Canada Dry, il ressemble comme deux gouttes d’eau à un jeu de plateau avec figurines et qui dit cela dit tour par tour et stratégie. Sauf que là non. Wartile prend le genre complètement à contre-pied et propose un temps réel afin de rendre dynamique les combats. C’est casse gueule mais cela a au moins le mérite d’offrir à son gameplay l’originalité qui manque clairement à sa direction artistique. Les figurines se déplacent toujours case par case. Le jeu garde les principes éculés des bonus d’attaque en fonction de la hauteur et d’un coup dans le dos.

Les plateaux peuvent comporter plusieurs objectifs comme détruire des tours de guet

Adopter le temps réel est certes original malheureusement la sauce ne prend pas car cela accentue la sensation de mollesse de l’ensemble. Les figurines sautent sur les cases assignées, tapent sur les adversaires à portée jusqu’à épuisement des points de vie. Conscients de cet écueil, les développeurs de Wartile ont rajouté des artefacts pour essayer vainement de dynamiser tout cela avec un système de deck constitué de 5 cartes pré-sélectionnées, utilisables en cumulant des points de combat. Chacun de nos personnages dispose en plus d’une attaque spéciale au rendu visuel tout sauf spectaculaire. Les niveaux s’enchaînent à un rythme particulièrement lent, ponctués de combats mous du genou, sans grosses possibilités tactiques du fait du temps réel adopté. Wartile fait subir au joueur un gameplay mal dégrossi qui se transforme en torture sur les cartes les plus grandes, avec une mention spéciale à la dernière qui l’est inutilement.

Le coin des chasseurs : Wartile a au moins le mérite d’être généreux avec les chasseurs vu que le perfect et les 1000G qui vont avec s’obtiennent facilement. La plupart d’entre eux ne demandent qu’à finir les niveaux à leur premier niveau de difficulté, les autres à effectuer quelques actions spécifiques très faciles. Finalement ceux qui adhèreront au rythme assez lent de Wartile seront récompensés par un gain non négligeable sur leur gamerscore.

Bilan

On a aimé :
  • On dirait un jeu de plateau à figurines
  • 1000G faciles pour ceux que ça intéresse
  • Gameplay original...
On n’a pas aimé :
  • ...mais pas convaincant
  • Lent et mou
  • Direction artistique quelconque
L’illusion ne dure qu’un temps

Wartile a vraiment de quoi attirer le regard d’amateurs de jeu de plateau. Ils peuvent se laisser tenter au détour d’une capture d’écran, bercés par le fantasme de retrouver leur jouet en numérique sans dépenser une fortune. Hélas pour eux, l’illusion ne fait pas long feu, la flamme est ténue et disparaît très vite après quelques parties. Wartile n’arrive pas à retranscrire le charme des jeux de plateau et prend même à contre-pied les amateurs du genre en choisissant un gameplay en temps réel, mou et qui peine à convaincre sur ses subtilités tactiques. C’est bien dommage.

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Wartile

PEGI 0

Genre : STR

Éditeur : Playwood Project

Développeur : Deck13, WhisperGames

Date de sortie : 24/03/2020

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows

1 reactions

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Bilu

20 avr 2020 @ 14:03

Merci pour ce test. Il m’intéressait mais je vais peut être attendre un peu pour des mises à jour ( en espérant que ces maj pourront palier le cote figurine décevant, gameplay mou, ...). Et j’attendrai surtout qu’il baisse de prix du coup ...