Test – Ghost Recon Breakpoint : qui peut le plus peut le mieux ?

«Vous reprendrez bien quelques balises avec votre TacMap ?» , - 13 réaction(s)

Après un Ghost Recon Wildlands mi-figue, mi raisin (et re mi-figue derrière), Ubisoft revient avec Breakpoint. Annoncé comme plus réaliste, plus ouvert et plus tactique, cet épisode est censé contenter tous les fans de la licence en proposant une aventure adaptée à tous les styles de jeu. Mais vouloir plaire à tout le monde est souvent un pari risqué...

Tatata taaaa taaaa Tatata taaaa taaaa !

L’AUROA EST MORT

C’est beau l’Ardèche quand même

En reconnaissance sur l’archipel d’Auroa après le naufrage d’un navire américain (ouat else ?), une équipe de Ghosts menée par votre personnage, Nomad, est dépêchée sur place pour enquêter. Vos coéquipiers ont à peine eu le temps de poster un insta avec un #nofilter qui va bien que votre hélicoptère est abattu sans sommation. Derrière son air paradisiaque, de lourds secrets semblent se cacher au sein de l’île... L’un des reproches qui a souvent été fait à Wildlands, c’est l’absence de mise en scène de son histoire. Breakpoint prend donc le contrepied total en incorporant de nombreuses cutscenes qui viennent rythmer la narration de l’aventure principale. On peut souligner les efforts qui ont été mis en oeuvre pour donner plus de consistance au script ; l’atout de taille étant la présence de l’ultra charismatique Jon Bernthal, qui incarne de nouveau Walker après l’Opération Oracle. Même si il n’y a pas de quoi péter une braguette, le scénario est suffisamment prenant pour nous donner envie de suivre l’histoire, bénéficiant d’un doublage original de qualité.

Est-ce-que j’ai bien éteint le gaz avant de partir ?

Tournant sous AnvilNext, moteur propriétaire d’Ubi, il est clair que le jeu a bénéficié d’un soin tout particulier. La variété des décors est à la hauteur des détails qui les composent, que ce soit la météo dynamique, le sound design méticuleux ou les jeux de lumière resplendissants. Tout a été pensé pour que l’environnement fasse partie intégrante de votre progression. Voir la boue s’estomper progressivement de votre combinaison en nageant, ou profiter de la brume pour se déplacer à travers les lignes ennemies sont des petits ajouts qui accentuent de belle manière le réalisme de l’univers. On peut néanmoins relever un popping persistant des textures et de la végétation, surtout lors des déplacements en véhicule, même si c’est monnaie courante dans les jeux en open world.

Vu la méticulosité employée par les développeurs pour façonner l’enrobage du gâteau, voyons maintenant si l’intérieur est aussi alléchant !

MAXI BEST-OF NUGGETS 4 FROMAGES

En cuisine, il y a une règle simple. Même si vos ingrédients sont bons, si vous les foutez tous en même temps dans la casserole sans prendre le temps de les doser, le résultat sera fade. Votre plat sera peut-être mangeable, mais aucune saveur ne parviendra à se détacher. Cette métaphore culinaire sied parfaitement à Ghost Recon Breakpoint, et par extension à de nombreuses récentes productions de l’éditeur.

Perso je rajouterai un peu d’huile pour pas que ça attache

Le jeu se présente donc comme un TPS d’action-infiltration militaire réaliste, appréciable autant en solo qu’en coopération ou qu’en multi, avec une légère dimension roleplay. Rien qu’avec les multiples adjectifs présents dans cette phrase, on peut cerner l’ampleur du problème. Notre personnage (dont l’apparence dépendra de vos fantasmes morphologiques) possède des compétences de base que l’on peut faire évoluer à l’aide d’un arbre de progression. À la manière d’un RPG, quatre classes (Médecin, Assaut, Panthère et Sniper) sont à disposition et confèrent des bonus de stats ainsi que des capacités spéciales. Par exemple, la classe Panthère fait la part belle à la furtivité. En la choisissant, Nomad sera moins détectable, se déplacera plus rapidement tout en pouvant déclencher un écran de fumée pour échapper momentanément aux adversaires. À savoir que l’on peut changer de classe à volonté lors des repos aux bivouacs, selon l’approche que l’on souhaite adopter. Si cet aspect hybride peut sembler être une bonne idée, elle l’est moins dans la pratique. En effet, au-delà du simple fait que quand on joue roleplay on a plutôt tendance à conserver la même classe tout le long du jeu, toutes les compétences peuvent s’apprendre sans distinction aucune. Il faudra donc vous auto-discipliner si vous voulez réellement ressentir une différence notable en fonction de la classe choisie.

C’est bon, y’a assez de balises

La carte (ou TacMap pour les intimes) finit très vite par ressembler à un adolescent en pleine crise de puberté, se voyant envahie de points de toutes les couleurs : les quêtes, les lieux intrigants, les caches d’armes, les ennemis, les collectibles pour le craft, les véhicules… Le néophyte comme le joueur familier de ce problème symptomatique des jeux Ubisoft peut vite y perdre son latin. Heureusement, il est possible d’alterner entre le mode guidé où tous les objectifs sont automatiquement affichés sur la carte et le mode exploration, où l’on doit comme son nom l’indique explorer les zones pour qu’apparaisse un nombre d’indices plus limité.

Prends ça, oxygène !

D’ailleurs, Breakpoint propose dans ses différents menus un nombre incalculable d’options personnalisables. Bien que le fait de pouvoir presque tout customiser est appréciable, on se sent vite submergé d’informations et de statistiques pour chaque paramètre. Entre celles des armes, leurs rangs et bonus, les missions disponibles et les intels à vérifier manuellement pour résoudre une enquête, le craft d’objets et les collectibles, le matchmaking, la boutique de microtransactions ou la couleur de vos charentaises, c’est un bordel sans nom en plus d’être peu ergonomique à la manette, puisque l’on doit diriger un curseur qui semble avoir été optimisé pour les joueurs PC. En plus, vous allez devoir en passer du temps dans les menus car le loot est omniprésent. On ne peut pas ratisser le moindre centimètre carré d’herbe sur Auroa sans tomber sur un nouveau fusil de sniper ou une nouvelle paire de mitaines. Là aussi, malgré le fait que les armes et les objets de protection aient un niveau et des stats différentes en fonction de la progression, on finit par en changer constamment à cause de la quantité astronomique à disposition. Pourquoi passer des heures à customiser son pompe alors qu’on va très certainement en looter un autre deux minutes après ?

La question qui doit maintenant vous tarauder est la suivante : peut-on véritablement apprécier l’expérience de ce Ghost Recon une fois remis de cette overdose de loot et de points de repère ?

C’est loin mais c’est beau

JAMAIS SANS MON DRONE

Oula !

Côté prise en main, notre Ghost possède une palette de mouvements assez riche, magnifiées par des animations vraiment réussies. Que ce soit au niveau des franchissements d’obstacles, de la mise en joue des armes ou de la nage, tout est fluide et détaillé. Il est fort dommage que le réalisme de l’animation soit gâché par un système de couverture très imprécis (le comble pour un soft où l’infiltration est préconisée), une caméra parfois trop proche du perso et qui passe souvent de la vue épaule droite à l’épaule gauche sans raison, ou à une hitbox d’interaction qui n’en fait souvent qu’à sa tête lorsque trop d’actions contextuelles sont possibles. Il m’est également arrivé à de trop nombreuses reprises de devoir relancer le jeu suite à un bug où les commandes de visée et d’utilisation d’objets ne répondaient plus. La conduite de véhicule reste très rigide et n’a que trop peu évolué par rapport à Wildlands ; sans parler de son moteur physique étrange qui permet parfois d’escalader des pentes vertigineuses alors qu’à d’autres moments vous pouvez être éjecté de votre moto en rentrant en collision avec une simple caisse. Ce qui fait que l’on préfèrera souvent la téléportation aux bivouacs et l’approche à pied..

Quoi ? Ça veut dire quoi « grrmmbllffmm » ?

La grande nouveauté de Breakpoint, qui est également au coeur du scénario, c’est l’utilisation de drones. On débloque assez vite son petit engin téléguidé qui permet à la fois de marquer les ennemis ainsi que toutes sortes de points d’intérêt. Le bidule est également très utile pour déterminer un chemin à prendre vers l’objectif en cours ou repérer des patrouilles. Si ce gadget peut apparaître comme un avantage complètement craqué (que vous êtes libre ou non d’utiliser), cela confère au jeu une dimension tactique très appréciable, pour peu que l’on se la joue infiltration. D’ailleurs, on sent que Breakpoint a été pensé de cette manière, procurant des sensations similaires à MGS Phantom Pain. À noter que l’aspect survie du jeu, pourtant annoncé en grande pompe avant sa sortie, voit son impact sur le gameplay considérablement diminué au point d’être pratiquement anecdotique. En effet, si la bêta ouverte promettait une gestion de l’endurance et des blessures handicapante si on la négligeait, cela a été réduit à peau de chagrin. À moins de jouer dans l’un des modes de difficulté les plus élevés, vos bobos ne vous gêneront pas outre mesure, d’autant plus que l’utilisation des bandages est illimitée.

PETIT PLAISIR SOLITAIRE

Oh vous savez moi, l’infiltration...

En explorant un peu plus les menus, les développeurs nous certifient par le biais d’un message dans l’onglet Lobby que l’essence même de leur bébé réside dans la coopération. On peut en effet recruter jusqu’à trois membres pour former une escouade de quatre Ghosts. Cela peut se faire dans les différents hubs sociaux présents sur l’île, ou directement via le menu si vous ne voulez pas perdre de temps ou jouer avec des amis connectés. Certes, mener à bien ses missions avec ses potes est une idée séduisante, mais soulignons qu’il faut impérativement être un joueur aguerri afin que cela se passe sans accrocs. Même si la topographie d’Auroa et la diversité de ses environnements sont une réussite, l’intégralité de la map est infestée de patrouilles, d’avant-postes, d’usines et de complexes en tous genres. La surabondance d’activité ennemie fait qu’il est difficile de se déplacer sans déclencher d’alerte, sans parler des drones Azrael pouvant surgir à n’importe quel moment. Même problème à l’intérieur des lignes ennemies, où le nombre parfois exagéré de soldats semble vouloir compenser leur IA de bulot cuit. Il faudra vraiment faire preuve de tactique tout en ayant le cul bordé de nouilles pour mener à bien une mission en totale furtivité, sans que le moindre corps ne soit découvert ou qu’aucune alarme ne soit déclenchée. Sans compter les nombreux bugs de déconnexion, de glitchs sonores ou visuels et de téléportation encore trop fréquents pour être anecdotiques. Pour couronner le tout, il est impossible de jouer à Breakpoint sans être connecté à internet, ce qui couplé à l’absence incompréhensible de pouvoir recruter des bots comme compagnons laisse sur le carreau les joueurs qui apprécient jouer seul. Le mode PvP baptisé Ghost War reste lui somme toute classique et efficace et permet encore une fois de contenter tous les afficionados des affrontements en ligne.

Cosy ce dressing

Paradoxalement, cet épisode s’avère vraiment agréable à parcourir en solo, pour peu que l’on se donne la peine d’utiliser les mécaniques de gameplay de la bonne manière. Bien que de nombreuses quêtes secondaires se révèlent peu inspirées et qu’Auroa soit peuplée de PNJ débiles aux réactions souvent ridicules, les missions principales sont en revanche bien plus diversifiées. Les lieux visités comportent de nombreux passages disponibles, une topographie originale et des rebondissements parfois inattendus qui nous amènent à ajuster notre plan au fur et à mesure. Vous aurez besoin d’une bonne quarantaine d’heures pour aller au bout de l’arc narratif, bien plus si vous aimez prendre le temps de peaufiner votre tactique, et une éternité si vous voulez nettoyer l’île de toutes ses balises tout en profitant du multi !

Bilan

On a aimé :
  • L’univers visuel et sonore resplendissant
  • L’expérience centrée sur l’infiltration, au gameplay complet
  • La mise en scène qui gagne en efficacité
  • La possibilité de tout personnaliser
  • Un contenu abondant...
On n’a pas aimé :
  • ... voir surabondant !
  • Le manque de lisibilité et d’ergonomie des menus
  • Encore pas mal de bugs
  • L’IA ennemie encore trop limitée
  • L’impossibilité de jouer hors connexion
  • L’impossibilité de monter une escouade de bots
Y’en a un peu plus, j’vous le laisse ?

Ghost Recon Breakpoint est l’exemple parfait du problème que partagent les dernières productions d’Ubisoft. Trop, beaucoup trop de contenu, pour un résultat mal équilibré, qui essaie de contenter chaque profil de joueur sans exceller dans aucun de ses domaines (coucou Far Cry). Pourtant, si l’on se donne la peine de digérer sa quantité gargantuesque d’informations et de fermer les yeux sur ses nombreux bugs, Breakpoint possède de nombreuses qualités ; avec en tête une dimension infiltration riche et addictive. On espère que dans le futur, nos frenchies sauront trancher dans le lard sans forcément vouloir plaire à tout le monde !

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Ghost Recon : Breakpoint

PEGI 0

Genre : TPS

Éditeur : Ubisoft

Développeur : Ubisoft Paris

Date de sortie : 04/10/2019

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows

13 reactions

Dudediklenbias

18 oct 2019 @ 07:55

J’ai retrouvé le jeu auquel il me fait penser, c’est Mercenaries 2. Que j’avais adoré à l’époque...

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Ray_Mee

18 oct 2019 @ 10:26

@Dudediklenbias : Je ne connaissais que de nom et j’avoue, je viens de mater quelques vidéos de gameplay, ça ressemble vachement !

Dudediklenbias

18 oct 2019 @ 11:39

Dans mon souvenir c’est un peu le même principe, une île, une dictature militaire, diverses factions à aider... Un genre de Juste Cause en plus militariste.

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