Test - Darksiders III, de retour d’entre les morts

«Fury est fâchée, le jeu a planté...» , - 2 réaction(s)

Vous ne rêvez pas, vous êtes bien sur la page du test de Darksiders 3. Alors que la série avait été laissée pour morte lors de la chute de THQ, la voici revenue de ses cendres par la grâce d’un petit studio, Gunfire Games, fondé par des anciens de Vigil Games. Proposant encore une fois un nouveau, ou plutôt une nouvelle Cavalière de l’Apocalypse, le jeu expose de nouvelles inspirations concernant son gameplay. Après deux premiers épisodes relativement accessibles, il faut maintenant se préparer à souffrir. Beaucoup…

Nouveau jeu, nouvelles inspirations

Cette fois, le Guetteur est... une Guetteuse

Les deux premiers jeux estampillés Darksiders ont souvent reçu, à raison et ce n’est absolument pas péjoratif, le surnom de “pot-pourris du jeu vidéo”, notamment en raison des diverses influences qui les définissent. La combinaison d’un Zelda-like et de Devil May Cry (entre autres) pour le premier épisode ainsi que l’orientation beaucoup plus Hack’n’Slash du second en ont fait une série aux multiples visages, à l’instar des différents héros que l’on incarne au fil des jeux. Pour ce troisième volet, la question était de savoir si Gunfire Games retiendrait le meilleur des deux premiers jeux pour créer le “Darksiders ultime” ou si le studio texan embrasserait une toute nouvelle orientation pour ce nouveau chapitre.

Elle est pas belle cette esquive ?

Si l’on devait dégager deux inspirations majeures de Darksiders III, elles seraient, sans nul doute possible, la série des Souls et des Metroidvania. La première inspiration est d’ailleurs la plus évidente puisqu’elle est au centre de l’expérience. La majeure partie du jeu est pensée selon les préceptes de la saga de From Software. De fait, le monde du jeu est un immense donjon. Une suite de couloirs interconnectés les uns aux autres si l’on peut dire. De plus, dans cet épisode, notre iconique vendeur, le démon Vulgrim, sert à la fois de marchand, de point de sauvegarde, de station de voyage rapide ou de lieu où dépenser nos points d’expérience (les spectres bleus présents depuis le premier épisode) pour éviter de les perdre à la moindre mort.

En effet, croiser Vulgrim est une bénédiction dans Darksiders III car la difficulté du jeu a nettement été revue à la hausse (le patch baissant le niveau de difficulté, réclamé par les joueurs, est d’ailleurs en cours de production. Bande de lâches…). D’une part les ennemis sont bien plus létaux que par le passé mais lorsque Fury tombe sous les coups de ces derniers, elle voit tous ses spectres chèrement acquis, perdus. Il est donc nécessaire de refaire tout le chemin depuis le dernier Vulgrim croisé, de se débarrasser une nouvelle fois de tous les ennemis avant de pouvoir récupérer nos spectres à l’endroit où l’on a trépassé pour la dernière fois.

J’me présente, je m’appelle Fury

Il est pas mignon, mais il est très gentil

Après War et Death, c’est donc au tour de Fury de pointer le bout de son nez en tant que personnage jouable dans la série Darksiders. La soeur des Cavaliers de l’Apocalypse est, disons-le tout de suite, un personnage nettement plus haut en couleurs que ses frères, au sens propre comme au figuré. Plus agile, sa capacité à pouvoir esquiver les attaques au dernier moment est indispensable pour survivre à chaque combat dans le jeu. Chaque ennemi peut nous tuer et c’est plutôt déroutant lors des premières minutes de jeu. Lorsqu’on meurt après seulement quelques instants, on comprend très vite qu’il va falloir sévèrement réapprendre à jouer à Darksiders. Un peu à la façon des Souls (ou même plutôt de Bloodborne puisqu’il est impossible de bloquer une attaque dans Darksiders III), il est donc nécessaire de connaître les ennemis, leurs capacités, leur façon d’attaquer pour pouvoir esquiver leurs assauts afin de mieux contre-attaquer derrière. Le jeu n’indique d’ailleurs plus le nombre de Hit Combo en cours, preuve s’il en fallait encore du changement d’orientation pour ce troisième épisode.

L’Abysse de Force permet de couler à pic. Entre autre...

En plus de son fouet permettant, entre autres, de prolonger ses sauts à la manière d’un grappin, Fury débloque plusieurs armes et habilités au fil du jeu. Nommées “abysses”, ces améliorations offrent non seulement une nouvelle arme ayant de nouveaux effets secondaires (comme le feu ou la glace) ainsi qu’un nouveau pouvoir. L’abysse de feu offre par exemple la possibilité de marcher dans la lave et d’effectuer un super saut chargé permettant d’atteindre des hauteurs inaccessibles jusque-là, et il en va de même pour chaque abysse (au nombre de 4). Chaque nouvelle acquisition permet, comme tout bon Metroidvania, de débloquer l’accès à une nouvelle zone, de prendre un chemin annexe que l’on a vu plus tôt dans le jeu ou de déverrouiller un raccourci permettant de se déplacer beaucoup plus rapidement à travers l’immense map du jeu. Et c’est d’ailleurs dans ces moments-là que l’on se rend compte à quel point Fury a gagné en puissance au fur et à mesure des niveaux engrangés et des points de compétences dépensés. Par ailleurs, ne cherchez pas à vous guider avec une carte de la zone puisque celle-ci n’existe tout simplement pas. Proposant uniquement une boussole, le jeu nous incite donc à connaître notre chemin et à apprendre à reconnaître les différents endroits par lesquels nous passons. Il est d’ailleurs dommage que le jeu ne propose pas de mode New Game + qui irait comme un gant à cette formule.

Sur le plan scénaristique, Darksiders III se passe durant les évènements de Darksiders premier du nom et plus précisément pendant le laps de temps où Guerre était détenu par le Conseil Ardent et que l’Apocalypse réduisait l’humanité à néant. Le but de Fury est de venir à bout des 7 péchés capitaux voulant profiter du chaos sur Terre pour s’en emparer. Au fil de l’aventure, on découvre de nouveaux aspects de la personnalité de Fury qui en font, sans aucun doute, le cavalier le plus travaillé des trois déjà présentés. Si l’histoire présente n’apporte pas de dénouement, ou d’explications claires sur les malheurs de Guerre, les pièces du puzzle commencent à se mettre en place et on a quand même un peu envie de découvrir la suite des évènements avec Darksiders 4.

“Xbox One X Enhanced”, oh wait...

Les Abysses offrent différents pouvoirs. Ici, des mini-tornades. Oui, oui : des tornades

Ne tournons pas autour du pot plus que de raison, si les systèmes de jeu et l’aspect scénaristique de Darksiders III sont une réussite, le côté technique vient tout foutre en l’air, tout simplement. Au début de l’aventure on peut entrevoir quelques légères chutes de framerate ainsi que quelques artefacts visuels venant parasiter l’écran lorsque l’on bouge la caméra trop rapidement. Surprenant mais pas vraiment dérangeant, on finit par s’y faire. Cependant, ces pertes de fluidité commencent, par endroit, à être de plus en plus importantes, puis certains crashs de stabilité pointent le bout de leur nez et, comble du comble, s’accélèrent dans la dernière ligne droite (les quelques dernières heures sur les 20 nécessaires pour finir l’aventure) qui se transforme alors en descente aux Enfers, ni plus ni moins. Un comble pour un des quatre cavaliers de l’apocalypse, n’est-ce pas ?

Subir des temps de chargement, ça arrive. Rester bloquer plusieurs secondes car le jeu charge, ça arrive trop souvent...

Les crashs deviennent de plus en plus fréquents et peuvent avoir des conséquences assez violentes sur le jeu. Du boss à recommencer à l’item perdu, on en a vu des vertes et des pas mûres. Si refaire un combat pénible est rageant, perdre un item rare (ici un “reste incandescent” permettant de gagner automatiquement un niveau) sans ne plus jamais pouvoir le récupérer est juste inacceptable. Le tout dernier segment de l’aventure (à partir du dernier péché) est clairement une honte de finition. Le jeu crashe exactement au même endroit à chaque fois durant les cinématiques, nous forçant à les passer au plus vite. Et oui, on en est arrivé là… Regarder les cinématiques sur Youtube avant de faire les combats sur la console en espérant que celle-ci tienne le coup. Oui oui, à ce moment-là on a dépassé le stade du jeu qui plante, c’est la console qui s’éteint directement, alors qu’on était sur Xbox One X. On ne peut pourtant pas dire qu’il pousse l’Unreal Engine 4 dans ses retranchements puisqu’il garde le même aspect que les anciens épisodes. Pas moche pour autant car la direction artistique insufflée par Joe Madureira (qui a d’ailleurs repris du service pour donner vie à Fury) est maîtrisée de A à Z, le jeu n’est quand même pas un foudre de guerre.

Pour terminer ce constat calamiteux concernant la finition, comment ne pas évoquer les dialogues ? Lorsque nous avons lancé le jeu la première fois, la cinématique d’introduction nous proposait une version française totalement doublée. Cependant, une fois in-game, les dialogues sont passés comme par magie en VOSTFR. Mais là n’est pas le plus amusant puisque grâce à un patch, le jeu est repassé en version française intégrale sans possibilité de pouvoir revenir en version originale sous-titrée. Si l’on n’avait jamais pu goûter aux doublages originaux de Fury, on serait sûrement passé à côté mais nous sommes obligés de souligner qu’il y a un décalage complet entre la force et la personnalité insufflée par la version originale qui se retrouve absente de la VF. Pourtant assez friands des voix françaises en général, la différence nous a ici été fatale. C’est un peu ce qui résume Darksiders III, on adore mais un bug viendra inévitablement toujours tout gâcher.

Bilan

On a aimé :
  • Le gameplay exigeant
  • Le level design excellent
  • Fury au top
  • La montée en puissance au fil du jeu
  • Les pièces du puzzle de l’Apocalypse se mettent enfin en place
On n’a pas aimé :
  • Les chutes de framerate
  • Les bugs visuels
  • Les crashs à répétition
  • La VF pas à la hauteur de la VO
  • Pas de New Game +
Un bon jeu mal fini, tout simplement

C’est un déchirement que de dire ces mots mais comment conseiller Darksiders III dans l’état actuel ? Si le coeur du jeu fonctionne admirablement bien et est porté par une Fury se révélant être le plus charismatique des cavaliers de l’Apocalypse connus, la technique en dilettante du jeu vient tout jeter aux orties. Sans ces problèmes techniques hallucinants, Darksiders III était promis à obtenir un vrai coup de coeur bien visible sur cette page, maintenant on hésite même à le conseiller pour l’instant. Peut-être qu’avec une bardée de patchs, le jeu retrouvera sa splendeur au fil des semaines et qu’il reviendra d’entre les morts… une fois de plus.

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Darksiders 3

PEGI 0

Genre : Action/Beat them up

Editeur : THQ Nordic

Développeur : Gunfire Games

Date de sortie : 27/11/2018

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows

2 reactions

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Grosseben

05 déc 2018 @ 15:23

Une mise à jour de 1.4 Go a amélioré le framerate et ajusté la difficulté. Je vous trouve un poil dur avec ce jeu qui vaut malgré tout la peine d’être fait (si on a joué aux 2 premiers).

Rhaganazielle

06 déc 2018 @ 14:45

Ah mais si tu lis bien le test, j’ai adoré presque tout ce que je le jeu a à proposer. je suis surtout critique sur l’aspect technique bâclé de ce dernier.

Je n’ai en aucun cas critiqué la difficulté du jeu qui est plutôt bien dosée. En étant tatillon, on peut dire qu’il y a un ou deux moments où le boss aurait mérité un peu plus d’équilibrage.

Pour ce qui est des mises à jour, on a livré le test une semaine après la sortie, on a donc eu un ou deux patchs entre temps. Un autre patch est sorti le jour de la diffusion du test, cependant on ne peu pas attendre indéfiniment que tous les patchs corrigent les défaut du jeu, sinon on ne publierai jamais nos tests.