À l’E3 2012, Ubisoft clôturait sa conférence avec une nouvelle IP qui charmait tout le monde, Watch Dogs. Après de nombreux reports et surtout la grosse polémique autour de son downgrade graphique, le jeu est finalement arrivé en mars 2014 et nous avions tout de même pris beaucoup de plaisir à suivre l’histoire sombre d’Aiden Pearce dans un Chicago froid et crade. Un peu plus tôt cette année, c’est le 2nd opus qui s’est montré et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il semble trancher drastiquement avec son grand frère. C’est à San Francisco qu’on pose nos valises en cette fin d’année, reste à voir si c’est pour un retour gagnant ou pas…
Bienvenue à Frisco !
On incarne Marcus Holloway, un jeune pirate d’Oakland bien loin de l’image sérieuse et froide du justicier Aiden Pearce. Notre héros est cette fois ancré dans la culture hip hop, graffitis, cultivant avec brio l’art du troll et les codes d’internet. Il est repéré par Dedsec, un groupe de hackers aux protagonistes ayant le même but que lui : dévoiler au monde entier le vrai visage de Blume, un géant de l’informatique collectant des milliards de données utilisateurs à leur insu et les revendant au plus offrant. Sorte de Big Brother des temps modernes traquant les moindres faits et gestes de la population, Blume a des yeux partout grâce au CToS 2.0.
Avec cette fois-ci San Francisco pour terrain de jeu, Watch Dogs 2 prend clairement des airs de GTA. Plus colorée et moins triste que Chicago, la ville est vraiment chouette et toujours aussi vivante. Ultra détaillés, il est intéressant d’explorer des lieux et quartiers aussi riches. Du centre ville chic aux banlieues mal famées en passant par l’université de Stanford ou même l’île d’Alcatraz, tout est soigneusement reproduit pour ressentir au mieux l’ambiance de chaque endroit. La Silicon Valley, fief de toutes les grandes entreprises technologiques, est forcément de la partie avec un tas de marques directement inspirées de la réalité. La population est toujours autant présente, les passants réagissent d’ailleurs souvent à nos faits et gestes pour notre plus grand plaisir... On a ri plus d’une fois en voyant un PNJ venir photobomber un de nos selfies ou encore une femme sortir avec une batte de baseball pour défoncer la voiture de son (ex ?) copain ! Malheureusement, dans sa globalité l’IA est toujours très scriptée, et dès qu’on chamboule un peu tout ça, elle ne sait rien faire d’autre que partir en courant... De gentils toutous se baladent aussi sur les trottoirs et il est possible de les caresser, mais attention, ceux de la police, eux, ne sont pas là pour recevoir des mamours !
Pour faire tomber Blume, DedSec met en place une application (à télécharger sur le téléphone ingame) servant de hub à toutes les missions. Qu’elles soient de la quête principale, secondaire ou multijoueur, tout est régi de la même façon à un seul endroit. Au centre du jeu, chacun de nos exploits rapporte un nombre de followers qu’il faut faire grandir. Au début, grâce à des petites opérations “coup de pub” souvent assez barrées, puis au fil du temps des missions de plus grande ampleur. Fonctionnant bien, l’ascension se fait agréablement et la montée en puissance du petit groupe est fulgurante. De plus, là où Watch Dogs 2 évolue grandement sur son prédécesseur, c’est qu’il propose des missions secondaires toutes différentes et scénarisées ; un excellent point, qui grossit en plus la durée de vie déjà très conséquente.
L’application DedSec n’est pas seule, le téléphone de Marcus est au centre du jeu et il y a une appli pour tout ! Vous cherchez à vous repérer sur la carte ? Téléchargez Nudle Maps ! Une chanson passe à la radio et vous voulez connaitre le titre ? Songsneak est la… Il y a également toute sorte de courses à faire et d’activités diverses : course de motocross dans les collines, bateaux, eKart et même drones, le tout jouit d’une bonne dose de fun avec toujours de nombreux followers à la clé en cas de victoire !
Qui a éteint la lumière ?
Pour ce qui est du gameplay et des possibilités de hacking, ce 2nd opus varie lui aussi pas mal de son prédécesseur. Marcus est énergique, il peut désormais sprinter en appuyant sur le stick droit (plutôt que sur RT) et la caméra, plus loin du personnage (façon Sunset Overdrive), permet d’admirer ses nouvelles compétences de parkour. Malheureusement, dans la pratique c’est toujours assez scripté et surtout très limité. Si les bâtiments et le level design sont plus appropriés à l’escalade, il faut souvent être bien placé pour espérer déclencher l’animation de saut/grimpette… Un simple bouton “sauter” n’aurait pas été de refus pour être beaucoup plus libre de ses actions. Dans le même registre, on note qu’il est toujours impossible de s’accroupir manuellement, Marcus le faisant automatiquement dans les zones avec des ennemis. On aurait aimé pouvoir se dissimuler quand on le souhaite, ne serait ce que par exemple lors des piratages et affrontements multijoueurs. Dommage ! On dispose toujours d’un tas d’armes (létales ou non) mais aussi d’un drone et d’une “voiture radiocommandée”. Cette dernière (rappelant Eugène du DLC Bad Blood de Watch Dogs) est très (trop) utile puisqu’elle permet de pirater et d’attraper presque tout tandis que le drone est efficace pour survoler les zones ennemies et ainsi repérer et marquer des adversaires, dispositifs de piratage ou échappatoires… Si l’implémentation de ces gadgets est une bonne idée, ils sont beaucoup trop efficaces et on se retrouve souvent à tout faire grâce à eux sans jamais entrer dans en territoire hostile. Le challenge est de base restreint, mais c’est de ce fait encore plus marqué ici. Le corps à corps est de la partie avec pour seule arme une boule de billard accrochée à une corde qui fait bien mal. Notons aussi qu’il est possible de finir le jeu sans jamais tuer personne (jamais !), ou même se faire repérer.
Avoir des flingues, c’est bien, mais Marcus a dans sa poche un truc plus dévastateur (non, pas ça…). Armé de son téléphone, le hack est encore plus complet avec des possibilités beaucoup plus nombreuses autour de celles déjà présentes. Si avant on faisait les actions avec “X”, désormais c’est avec la touche LB que ça se passe. Un bref click permet d’effectuer les tricks de base (ouvrir les portes, déclencher l’explosion d’une conduite de gaz, couper les feux de signalisation, pirater le compte en banque d’un passant) et le maintien de la touche, lui, ouvre en bas à droite un menu rapide de 4 actions à déclencher avec A, B, X ou Y ! Très intuitif et facile d’utilisation, là où par exemple nous étions auparavant cantonné à faire exploser un générateur, il est maintenant possible de l’éteindre, le piéger ou attirer l’ennemi dessus. C’est un plaisir à utiliser, surtout que désormais il est aussi possible de hacker les véhicules ! Autant dire que pirater la bagnole de police qui nous colle au train en la faisant partir dans le décor est jouissif.
La vision “Nethack” fait aussi son apparition. Semblable à la vision d’aigle d’Assassin’s Creed, elle indique en surbrillance tous les dispositifs piratables, points d’intérêts et collectibles dans un rayon proche… On retrouve également quasiment le même arbre de compétence pour notre personnage, avec des capacités dans un premier temps à (parfois) trouver sur la map, puis ensuite à acheter avec des points également collectables dans tout San Francisco ou gagnés en montant de niveau.
Ouf, les voitures se comportent comme… des voitures !
La conduite quant à elle, a grandement été revue par rapport à l’opus précédent et c’est tant mieux ! Typée GTA (il est d’ailleurs désormais possible de tirer en conduisant), elle est beaucoup plus fun d’utilisation même si quelques lacunes subsistent. Le poids et la direction des différents types de véhicules sont respectés, mais c’est toujours l’impression de vitesse et surtout les “sauts” qui posent problème. En effet, on retrouve cette impression de “bloc” perdant toute inertie lorsque les roues quittent le sol, et peu de sensations se dégagent des hautes vitesses… Le freinage est également un poil abusé (comme dans GTA d’ailleurs) mais c’est quand même une bonne évolution de celle du premier opus dans l’ensemble. Seules les motos restent immondes à piloter. Dépourvus de toute sensation crédible et de fun, leur pilotage n’a pas bougé d’un poil. On note par contre l’arrivée de quelques véhicules sympas comme les quads, ou encore de nacelles mobiles ou fenwick. Ces 2 derniers, piratables et contrôlables à distance, sont bien pratiques pour atteindre des toits de bâtiments ou les points de vue un peu trop hauts à escalader ! Les hélicoptères et avions ne sont toujours pas de la partie, mais à aucun moment leur absence ne s’est fait ressentir.
No more downgrade !
Pour 80% des gens, Watch Dogs premier du nom c’est avant tout le downgrade graphique du siècle… Au delà de ça, il faut avouer que le jeu était tout de même beau (si on oublie les versions 360/PS3). Pour ce nouvel opus, pas de soucis, ce qui fut montré à l’E3 est quasiment la même chose que ce que nous avons sur la galette. Le jeu est beau, on retrouve les chouettes effets de lumière propres à Ubisoft et la plupart du temps on reste ébahi devant la beauté de certains panoramas. Il est globalement propre et stable bien que l’aliasing soit assez marqué (même sur Xbox One S). Heureusement, rien qui entache l’expérience de jeu, ce qui nous laisse prendre plaisir à explorer les moindres recoins de ville, ghetto ou collines qui s’offrent à nous. Les personnages sont soignés, la végétation fournie, et globalement les textures font le travail. En revanche, et c’est une habitude avec les productions Ubisoft, on retrouve encore un tas de bugs de collisions, de physiques ou de scripts.
Côté sonore, c’est de bonne qualité avec une spatialisation convaincante, une ambiance bien retranscrite et un doublage correct. Quelques sons de véhicules laissent par contre à désirer, mais on ressent parfaitement l’atmosphère de chaque lieu ou situation.
Le multijoueur de Watch Dogs 1 était une franche réussite, sous exploité, il permettait (entre autres) de s’introduire dans les parties solos des joueurs sans qu’ils le sachent. On retrouve pour notre plus grand plaisir le mode phare (piratage en ligne) dans ce second opus accompagné cette fois de lobbys et missions coop (comme dans le DLC Bad Blood), et du tout nouveau mode chasse aux primes. Malheureusement, le multi’ est totalement instable, pire, il était tout simplement déconnecté durant la semaine de lancement du jeu. Du coup, si comme nous vous avez fini le “solo” dans cette période, vous êtes passé à côté de l’expérience connecté (pouvoir rencontrer des amis sur la maps etc…) et c’est bien dommage… Après de nombreux billets annonçant le retour du online, on ne peut que constater que ce n’est toujours pas du tout au point… Pirater un ami marche une fois sur dix, et le mode chasseur de prime est difficilement joignable/jouable. Dommage car au delà de ça, il y’a vraiment de quoi s’amuser, quand ça fonctionne...
Enfin, on prend plaisir à découvrir l’histoire mais les personnages qui nous entourent, et plus particulièrement les membres de DedSec, sont vraiment trop caricaturaux. Le scénario et le ton sont désormais beaucoup moins “mature” et “noir” que dans Watch Dogs premier du nom, et il ne fait aucun doute que le côté hip hop/graffiti/trash ne plaira pas à tout le monde. Il en est de même pour les dialogues, un peu “racailleux” en VF, avec parfois des expressions peu convaincantes. Heureusement, et c’est toujours agréable dans les jeux Ubi, on peut choisir de jouer en version originale.