Honteux. Je ne vais pas schtroumpfer par des chemins détournés ni schtroumpfer de diplomatie pour dire ce que je pense de ce jeu édité par Ubisoft. Tout ce qu’il nous propose est un manque de respect total vis à vis des parents, des grands-parents, des oncles et tantes qui auront acheté Les Schtroumpfs 2 en pensant faire plaisir. Que l’on ne s’y trompe pas, il s’agit là d’un énième jeu de commande, traité par dessus la jambe, fait à l’arrache, saupoudré d’un gameplay inepte et d’une grande dose de mauvaise foi. Laissez-moi vous schtroumpfer cette catastrophe qui donne envie de prendre un gros sac de salsepareille avariée pour les balancer sur le premier schtroumpf qui passe...
Lalala schtroumpf lala !
Tout avait pourtant bien commencé. En cette chaude matinée de juillet, le facteur, souriant et transpirant, m’avait amené un jeu coloré et tout à fait adapté à ces écrasantes journées de vacances que l’on passe en famille à l’intérieur, volets fermés, en attendant l’hypothétique fraîcheur du soir. Les Schtroumpfs 2 allaient sûrement procurer à moi et à mes enfants quelques bons moments de jeu en famille. Même sans être un cinéphile convaincu par la dernière prestation de schtroumpfs sur grand écran, et ce n’est pas peu dire, l’arrière de la jaquette montrait des visuels propres, colorés et particulièrement soignés. Puis Ubisoft m’avait déjà emballé sur une autre adaptation de film d’animation nommée Tintin qui parvenait à être amusante, didactique, très soignée et tout à fait adaptée aux jeunes joueurs de ma famille qui avaient à l’époque 6 et 3 ans. Comble du bonheur, en regardant un peu plus attentivement la jaquette je découvris qu’il serait possible d’y jouer jusqu’à 4 en coopération ! Joie !
La sieste du début d’après-midi étant une institution chez nous, je me décide à tester le jeu seul pour commencer et d’attendre leur réveil ou leur fin de repos afin de pouvoir leur proposer cette aventure avec moi. Le jeu se lance et le début fait poindre un sourire sur le coin de mes lèvres. C’est plutôt joli et l’ambiance sonore s’avère très satisfaisante. Je me retrouve alors à choisir un schtroumpf pour commencer l’aventure. Une aventure qui part sur les chapeaux de roues vu que la schtroumpfette s’est fait enlever par l’horrible Gargamel et qu’il faudra la libérer, et ce le jour même de son anniversaire ! Horreur ! Dans la confusion générée par ce rapt, le Grand Schtroumpf se fait bousculer et lâche par inadvertance les cristaux de téléportation qu’il tenait à la main -on ne sait pas ce qu’il comptait en faire vu qu’il préparait le gâteau d’anniversaire- et ces cristaux tombent dans la bouche des schtroumpfs qui les avalent ! Mais bon rien de grave car le Grand Schtroumpf précise que cela leur servira à trouver la Schtroumpfette... ouf. On passe sur le scénario capilotracté qui est très secondaire dans ce style de jeu. Les schtroumpfs qui ont avalé les cristaux pourront être choisi pour partir à l’aventure.
On en compte quatre au début du jeu, cinq autres schtroumpfs seront déblocables au fur et à mesure de son avancée dans le jeu. Chaque schtroumpf a une capacité spéciale, le Grand Schtroumpf lance une fiole de potion qui paralyse les animaux contrôlés par Gargamel, le Schtroumpf Maladroit peut tomber et libérer les animaux s’il les touche, le Schtroumpf Grognon peut briser les cailloux au sol, le Schtroumpf Coquet paralyse lui aussi les animaux. Les pouvoirs sont assez redondants et les niveaux ne permettent en rien une utilisation complémentaire de ces capacités. Maintenant parlons du jeu...
Un schtroumpf de massacre...
La première chose qui choque lorsque l’on commence le premier niveau est son rendu visuel. C’est bien simple on joue avec un schtroumpf qui ressemble à un timbre poste. Les visuels présents à l’arrière de la boite présentent un écran de jeu grossi dix fois !!! Sur une grosse télévision ça passe, mais sur une petite le jeu devient un véritable calvaire microscopique ! Pour un jeu de plate-forme où les sauts ont une certaine importance cela devient vite injouable et illisible pour les plus jeunes joueurs. A ce niveau là, on pourrait parler de publicité mensongère vu que les visuels ne présentent pas le rendu final du jeu. Je vous avais parlé de honte au début du test et cela se poursuit par la suite.
Visuellement le jeu semble avoir été pensé pour séduire les papas adeptes de jeu de plates-formes des années 90. Un unique décor en fond d’écran, des animaux interchangeables suivant le niveau (on change juste les couleurs et leur déplacement), des pièges sortis d’on ne sait où (les rochers tombent du ciel), les plates-formes sont toutes identiques avec un même aplat hideux. J’ai eu l’impression de revenir 20 ans en arrière sur mon Atari ST et jouer à ces mauvais jeux de plate-forme qui fleurissaient à l’époque. Même si le schtroumpf se manie bien, même si les sauts s’avèrent précis, enchaîner 5 niveaux identiques d’un même monde est un véritable calvaire. Le deuxième monde enfonce le clou, vu qu’il s’agit d’un autre monde de forêt ou seuls les tons des couleurs changent !!! Honteux ! Alors on saute de plate forme en plate forme, on récupère des baies qui font office d’anneaux à la Sonic -se faire toucher par les animaux ou tomber nous fait perdre toutes nos baies mais on ne meurt pas-, on saute sur les animaux pour s’en débarrasser, on essaye de récupérer quelques pièces en or cachées pour débloquer des schtroumps qui ne serviront à rien à part faire joli dans le village tout pauvre des schtroumpfs, etc... Tout cela dans 6 mondes de cinq niveaux chacun se terminant par un boss, autant vous dire que même si le jeu est court il semblera particulièrement long à finir. D’autant plus qu’il vous faudra finir certains niveaux plusieurs fois pour débloquer tous les schtroumpfs non jouables du jeu.
Alors peut être que je suis trop dur avec ce jeu, que je n’arrive pas à voir le plaisir qu’il peut procurer au public qu’il cible, c’est à dire mes enfants. Au réveil de la sieste je leur propose donc de se joindre à moi pour une petite partie en famille, en prenant soin de ne pas leur dire tout le mal que je pense du jeu. Tout sourires, ils prennent place sur le canapé et se saisissent de leur manette et nous commençons à jouer en famille. Et c’est à ce moment là que je m’aperçois que l’équipe de développement des Schtroumpfs 2 doit fumer de la salsepareille en papier roulé. En coopératif, chaque Schtroumpf fait rebondir l’autre dès qu’ils se touchent. Oui vous avez bien lu. Dans un jeu de plate forme miniature, où l’on doit sauter avec un minimum de précision pour ne pas tomber, se prendre un piège ou se faire toucher par un animal, à chaque fois que deux schtroumpfs se touchent ils s’envoient balader aux quatre coins de l’écran. Soyons clair, à deux c’est frustrant et injouable dans certains niveaux où la précision est de mise comme le premier niveau du monde 3 où l’écran monte tout seul et chaque chute entraîne la mort, à trois ou quatre c’est tout simplement injouable dès le premier niveau. A cela se rajoute le manque total de lisibilité avec une palme d’or décernée au troisième monde pour son décor surchargé et ses animaux microscopiques, ce qui n’aide pas vu que les schtroumpfs sont difficilement identifiables entre eux et que même en rajoutant une petite pastille colorée suivant le joueur au dessus de leur tête la confusion règne en maître. Mon plus grand enfant de 7 ans a tenu 3 niveaux, mon plus jeune de 4 ans a abandonné de frustration dès le premier.