Son nom est Bond. Sarah Bond. Si Phil Spencer incarne la vision paternelle de la marque Xbox, Sarah Bond pourrait en être l’incarnation maternelle. Vice-présidente du groupe et à la tête de la division en charge de l’écosystème Xbox dans sa globalité, elle livre un bel entretien dans lequel elle donne sa vision des choses. Récit de la parole rare d’un personnage majeur de l’univers de la marque.
Un écosystème global
Les représentants Xbox n’hésitent plus à s’afficher avec des consoles « concurrentes ». Ici, la Nintendo Switch.
Dans cette interview donnée au site McKinsey & Company, un cabinet international de conseil en stratégie, Sarah Bond revient sur son parcours au sein de la marque Xbox et comment elle voit l’avenir pour la firme de Redmond. Ces dernières années, Microsoft a opéré un changement stratégique en passant d’un fabricant de consoles traditionnel à un écosystème global ; la division Gaming Ecosystem Organization (GEO) a vu le jour en 2020 et a été confiée à la talentueuse Sarah Bond. Cela donne une vision de ce que pourrait être le jeu vidéo de demain selon Xbox.
Dans cet entretien, elle revient sur la manière dont le jeu vidéo s’imbrique avec d’autres industries de divertissement et comment il contribue à rassembler, même au-delà des frontières qu’imposent les différents acteurs du marché (Sony, Nintendo, Stadia, Epic, etc.) notamment grâce au cloud, devenu l’une des priorités chez Xbox :
Notre vision pour l’industrie du jeu est que n’importe qui devrait pouvoir jouer à n’importe quel jeu, où il veut. Ce n’est pas ainsi que fonctionne l’industrie aujourd’hui. [À l’heure actuelle] l’industrie est divisée par plateforme. Il est divisé par type de jeu. Il n’est pas réellement possible de jouer de manière transparente sur tous les appareils. C’est plus un héritage de la façon dont l’industrie a toujours été. Maintenant, surtout avec l’avènement du cloud, avec des ensembles d’outils comme les moteurs de jeu, il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi.
Une culture de globalisation qui irait, toujours selon Madame Bond, au-delà de la simple plateforme de jeu. Elle continue ainsi en expliquant que le jeu vidéo doit, à terme, se séparer de sa vision binaire « une console/un réseau » pour pouvoir évoluer. En somme, c’est la vision d’un marché totalement dématérialisé dans lequel les développeurs auraient accès aux mêmes outils de création pour porter leurs jeux non pas sur des consoles, mais sur des plateformes en ligne. C’est ce qu’elle appelle le « multijoueur inter-réseau » :
C’est la capacité pour vous et moi de jouer ensemble, même si nous sommes sur des réseaux différents. Vous devez activer la sauvegarde croisée, de sorte que si je commence à jouer à mon jeu sur un PC et que je doive emmener mon fils au match de football, je pourrais jouer un peu sur mon téléphone, et alors mon jeu enregistré doit être transféré sur plusieurs appareils.
C’est exactement ce qu’a mis en place la compagnie avec le développement du Xbox Cloud Gaming. À la différence que Sarah Bond souhaite que ce système se généralise, pour tous. C’est ainsi que le Xbox Game Pass est devenu une « plateforme » alors qu’il fut conçu à l’origine comme un « produit » selon les aveux de Bond. Le potentiel de ce service par abonnement a donc été au cœur du changement stratégique chez Xbox et réaffirme la volonté de le développer massivement pour le rendre accessible au plus grand nombre. Boosté par la technologie cloud, il pourrait même constituer le premier pas vers l’avenir de l’industrie.
