Affaire Activision-Blizzard : la Direction répond à la demande salariale de syndicalisation !

À peine quelques jours après avoir annoncé un début de grève illimitée et fait part d’un désir de se syndiquer pour représenter leurs intérêts, les salariés du groupe Activision-Blizzard ont reçu un mail de la part de leur direction. Cette dernière, par la voix du Directeur Général Brian Bulatao, soutient la démarche tout en la condamnant. Analyse.

La bataille juridique est enclenchée

Dans un mail daté du 10 décembre dernier envoyé par Brian Bulatao et partagé par la très suivie Jessica Gonzalez, il est question de revenir sur l’épisode que nous vous relations récemment : les salariés du groupe Activision-Blizzard, réunis sous la bannière « A Better ABK », avaient annoncé démarrer une grève tout en souhaitant se syndicaliser. La Direction du studio a pris sérieusement en compte ce mouvement au point d’avertir le personnel gréviste des conséquences qui en découleraient :

Comme vous l’avez peut-être vu hier, un communiqué appuyé par Communications Workers of America (CWA) demandait aux employés de signer et de soumettre des cartes d’affiliation syndicale. Je veux être clair à ce sujet : la direction d’Activision Blizzard soutient votre droit, en vertu de la Loi Nationale sur les Relations de Travail, de prendre votre propre décision d’adhérer ou non à un syndicat.

Alors que vous prenez cette décision pour votre avenir, nous vous demandons seulement de prendre le temps d’examiner les conséquences de votre signature sur le document juridique contraignant qui vous est présenté par la CWA. Une fois que vous aurez signé ce document, vous aurez cédé à la CWA le droit exclusif « de [vous] représenter aux fins de négociations collectives concernant toutes les conditions d’emploi ». Cela signifie que votre capacité à négocier toutes vos propres conditions de travail sera confiée à CWA, comme le dit le document.

Brian Bulatao agite donc le spectre d’une prise en charge intégrale des problèmes soulevés par les salariés par un organisme représentatif. Alors que la première partie du mail revient sur les avancées proposées par la direction du groupe en ce qui concerne la résolution du conflit qui l’oppose à ses salariés (budget de 250 millions de dollars dédié à l’inclusion, recrutement de 500 travailleurs temporaires au sein de la structure, etc.), Brian Bulatao explique que la négociation directe est le meilleur moyen « de parvenir à la culture d’entreprise » à laquelle Activision aspire. En cas d’échec, il explique que la syndicalisation restera une voie possible, mais il reste « confiant dans la capacité [de l’entreprise] à progresser ».

Cette « main tendue », et appel au dialogue, n’a pas été entendue par le mouvement de grévistes qui a répondu en publiant un guide de règles à suivre durant la grève. La virulente Jessica Gonzalez a, de son côté, enchaîné mème sur mème sur son compte Twitter en réponse au mail de Brian Bulatao. Alors manœuvre politique dissuasive de la part des exécutifs du groupe ou réelle tentative de maintenir une cohésion, une chose est sûre : le dialogue semble rompu entre les deux parties qui vont tout droit vers le conflit.